vendredi 22 décembre 2023

Diabétiquement vôtre de Bertrand Burgala


 




J'ai 11ans, j'habite Colmar, dans quelques jours la ville va fêter le trentième anniversaire de sa libération; mon père, préfet a participé aux combats dans la Première Armée et le Groupe Mobile Alsace, c'est un grand moment pour lui, on m'envoie passer le dernier weekend du mois chez les Gaillemain, des amis de la famille. Six mois plus tôt j'ai vu Pink Floyd à la Halle aux vins de Colmar. Ce concert m'a bouleversé , tout ce que j'attendais depuis l'enfance, la magie, l'espace, l'électronique et le merveilleux s'était déployé dans un amphithéâtre, que je vais essayer de retrouver toute ma vie, ne se reproduit pas à Mulhouse, pourtant il se passe quelque chose . Je sors de Godspell dans un état étrange, épuisé et assoiffé. Arrivé chez les Gaillemain , je bois et pisse toute la nuit. Le lendemain, de retour à Colmar, on m'examine et j'entends un mot qui n'est encore qu'une hypothèse. Extrait du journal de ma mère: Jeudi 30 janvier 1975 " A 9 heures , j'amène au laboratoire les urines de BB ( mes initiales par lesquelles elle me désigne) A midi , en rentrant de chez le coiffeur je trouve les résultats avec un mot de M. Kelber le pharmacien, me priant de le rappeler : Glucose 69 grammes par litre + acétone. C'est l'affolement. M. Kelber m'indique le spécialiste du diabète à Colmar qui, a son tour nous dirige vers le docteur Lausecker , médecin chef du service pédiatrie. C'est le drame, Bertrand est et sera toujours diabétique. Bertrand ne repart pas à l'école. Dans l'après midi les analyses de sang confirment le diagnostic. A 21 heures Bertrand à sa première piqûre d'insuline. Notre chagrin est immense. Notre merveilleux petit garçon , enfant courageux et innocent est victime de la fatalité et des germes qu'il; porte en lui . Yves est révolté . Je me sens vidée de mes entrailles. Il n'y a pas de diabétique dans la famille. " Après 10 jours d'hospitalisation, effarés par la désinvolture de Lausecker , mes parents m'amènent à Paris consulter un grand spécialiste, le professeur Lestradet , il anticipe le traitement moderne du diabète, mais il le fait à une époque où le matériel est encore très rudimentaire. Aujourd'hui, des injections et des analyses de plus en plus rapides et précise permettent de mieux cerner l'évolution de la glycémie. Mais en 1975, les insulines agissent lentement, les mesures sont incertaines, il ne tient pas compte des réalités humaines non dite et entêté, Lestradet vas fabriquer des générations de diabétiques en mauvais état. Les seringues jetables en plastiques viennent d'apparaitre , elles remplacent rapidement les modèles en verre qu'il faut faire bouillir après chaque usage pour les stériliser . Les aiguilles sont toujours inutilement longues pour des injections sous cutanées. Mes parents en dénichent de plus courtes, fabriqué par Gilette , ni homologuées , ni remboursées en France. Il faudra des années pour qu'elles deviennent norme  , conformément aux présentes de Lestradet je fais des promenades avec ma mère, et ma première hypoglycémie en fin de matinée dans une forêt vosgienne; sueurs froides, vertiges, jambes coupées, les symptômes nous impressionnent. Ils vont pourtant devenir routiniers tout comme l'engourdissement engendré par le sucre. Mes parents ne me le montrent pas, mais ils sont catastrophés . Médecins alternatifs, guérisseurs de HLM ou acupuncteurs des beaux quartiers, tous nous accueillent à bras ouverts, tous affirment à ma mère pouvoir faire quelque chose. Tous se gardent de distinguer le diabète léger et celui qui me concerne, qui a autant de chances de guérir entre leurs mains qu'un moignon de repousser, je vais passer cinq ans à leur rendre visite. Septembre 75 , 12 ans, déménagement à Bobigny, tous les matins je me réveille en sueur avec beaucoup de sucre dans les urines, on augmente l'insuline, au point de devoir utiliser plusieurs seringues. Rien n'y fait. Je commence à accabler mon père, l'accusant d'avoir été trop gros au moment de ma conception. Aujourd'hui, longtemps après la mort de mes parents et de ma soeur, mon ingratitude pèse beaucoup; je m'en veux de leur avoir fait tant de peine. En classe je somnole, après la cantine je lutte pour rester éveillé. A la rentrée 78, mes parents m'envoient à Londres au lycée français ,j'ai 15 ans je suis en première je loue une chambre dans une  famille , je suis livré à moi même et je déconne plein pot. Le mélange alcool sucre insuline est explosif ( persuadé que je ne vivrai pas après 30 ans )j'adopte les conduites les plus aberrantes. En avril 79, mon père est nommé à Dijon, je quitte Londres mais pas mes mauvaises habitudes. Blanc limé , avant d'aller en classe Whisky cola gin tonic, clopes à la chaîne, je passe l'essentiel des cours à lutter contre l'engourdissement provoqué par le sucre; et je finis aux urgences pour des comas diabétiques amplifiés par l'absorption d'alcool. Septembre 80 , après le bac, j'arrive en fac à Paris; je viens d'avoir 17 ans, je n'ai aucune confiance en moi, et je décroche aussitôt ; je me lance dans une agitation politique désespérée , alternant les gardes à vue et le passage aux urgences. Mon père meurt, je viens d'avoir 20 ans, je me pique une à deux fois par jour, c'est tout. De toute façon aucun instrument d'analyse ni aucune insuline ne sont capable de s'ajuster à la vie réelle d'un diabétique. Cette maladie ne me pose aucun problème social, puisque je fais comme si je l'avais pas. Je bois, je fume, je mange n'importe quoi. Dans les hôpitaux, quand les premières analyses de sang au bout du doigt apparaissent la même aiguille fit souvent le tour des services, cette économie de bout de chandelle fait la fierté des responsables, certains départements poursuivront cette pratique jusqu'en 1985. A combien de diabétiques ont-ils transmis, l'hépatite C ou le VIH ? Je suis seul à Paris en ce début d'été, je viens d'être opéré des dents de sagesse, l'intervention et l'anesthésie font explosé la glycémie, le sucre monte, monte, monte, je suis de plus en plus faible, je ne parviens pas à rétablir les doses, l'acidocétose est arrivée , je finis par appelé les pompiers, je finis aux urgences de l'hôpital Louis Mouvier. Aux soins intensifs, je peux répondre à quelques questions, puis je bascule dans quelque chose qui m'est jamais arrivé, mon cerveau ne parvient plus à commander mon corps, je suis conscient d'être inconscient. Cette dissociation est très éprouvante , ce que je vis là n'est pas la mort, mais un moment où mon corps flotte et se résigne. J'ai 22 ans , les carottes sont cuites, je dois payer de ma poche, le traitement de mes ordonnances bidon, les pharmaciens m'envoient souvent promener pour les seringues, par leur fausse rigueur , ils sont entrain de provoquer une hécatombe chez les toxicomanes. Il faudra attendre le printemps 87 pour que le gouvernement leur impose par décret la vente libre. En 88 , j'enregistre en Slovénie, resté sur place plus longtemps que prévu, je vais être en court de traitement. A l'hôpital de Ljabljana, le spécialiste qui me reçoit me parle comme à une personne normale, j'ai l'impression que c'est la première fois. Il m'apprend qu'il y a maintenant des stylos à insuline rechargeables beaucoup plus maniables que les seringues, les Yougoslaves les achètent 20 dollars aux fabricants norvégiens. Londres , printemps 90 , fin de soirée chez Nick, a six heures du matin, je fais une piqûre d'insuline dans la salle de bains quelqu'un entre, un peu plus tard l'ancien chanteur de Birthay Party fait sa morale, arrête la drogue Bertrand, mais je suis diabétique, Nick ! Oui c'est aussi ce que je racontais aux douaniers quand je trimballais mes shsotouses : L'organisme d'un diabétique n'est pas très différent de celui d'un junkie chevronné, mélange de robustesse et de vulnérabilité, car il faut être costaud pour supporter l'enchaînement permanent d'hyper et d'hypoglycémie violentes qui enverraient dans le décor quiconque n'est pas accoutumé. Fin 97 , 34 ans, au volant je vois des mouches collées sur le parebrise , mais je ne parviens pas à les enlever; ces mouches sont l'avant garde de la rétinopathie diabétique proliférante. Ce n'est pas facile d'être un diabétique honnête, il y a quinze ans que je suis un petit Saint, je ne bois pas, je ne fume pas, je me remue, j'évite de manger plein de choses que j'adore, je me pique jour et nuit, au ventre, aux fesses, aux cuisses et sur les doigts. A 52 ans, je semble en forme, pourtant la discipline y contribue, j'ai le corps d'un jeune homme et peut être aussi celui d'un vieillard . Je ne sais pas combien de temps mes reins et mon coeur tiendront, mais je suis résolu à faire mentir les statistiques. Le diabète m'a protégé autant qu'il me ronge. Il m'a appris l'autocontrôle et le dialogue avec mon corps. S'il m'a dégradé, il m'a aussi endurci physiquement, on n'a pas d'immunité on attrape tout, et la moindre infection met la glycémie en pagaille. Il suffit d'une aphte pour tout bousiller pendant des jours. Le diabète a beau être le mal du siècle, il ne date pas d'hier. Les premières descriptions de la maladie parvenues jusqu'à nous datent de quatre millénaires. Deux milles ans avant notre ère, les Chinois parlent de la maladie de la soif, les Hindous évoquent des urines de miel. Cinq siècles plus tard, un papyrus égyptien dépeint la polyurie . Hippocrate aussi au siècle de Périclès . Au XIV siècle les pièces du puzzle s'assemblent. En 1855, Claude Bernard met en lumière le stockage du glucose dans le foie, sa présence dans le sang et la stabilité de cette glycémie chez un sujet en bonne santé; il interprète l'excès de sucre dans les urines comme un symptôme et plus comme une cause. Plusieurs essais vont être réalisé au fil du temps. Le 23 janvier 1923, un brevet américain est déposé sur l'insuline et son procédé de fabrication par Banting, Collipot Best ,ils en cèdent les droits à l'Université de Toronto, les laboratoires du monde entier vont pouvoir produire de l'insuline, sans verser de royautés. Jusqu'à leur intervention, les malades tenaient quelques semaines avant d'être engloutis par le sucre et l'acétone. Des régimes réduits à 450 calories par jour s'efforçaient de retarder le coma. Il a fallu soixante ans pour conditionner l'insuline dans un stylo , concevoir des appareils d'analyses ou d'administration qui suivent les progrès techniques de l'électronique grand public. Les molécules se perfectionnent , l'insuline lente Protamine zinc apparaîtra en 1935, l'insuline intermédiaire NPH en 1950. A la fin du millénaire apparaissent sur le marché de nouveau produits dont la structure a été changé afin de modifier leur durée d'action :les analyses rapides '( Novorapid en 1997 puis lents la Lantus en 2003) Le vœu étrange  d'une insuline en suppositoires ne s'est jamais réalisé, mais la voie nasale n'a pas été abandonné, un spray arrive aux Etats Unis, l' Afrezza, développé par les Américains de Manakin , commercialisé par Sanofi qui compte pulvérisé le marcher .Vers l'an 1700 l'apport en sucre n'était que de quatre livres environ par an et par personne en Angleterre et aux Etats Unis ( alors réduits aux colonies) mais il est plus de cent cinquante livres par an  et par personne aujourd'hui. Un quart de la population américaine moderne consomme plus de deux cents livres de sucre par an, 35 kilos en France. Nous nageons dans le sucre, en nous croyant au sec: sa nocivité n'est pas limitée à la matière blanche qui le symbolise, il prends bien des visages pour endormir notre méfiance, joue sur les mots et sur les emballages. Le sucre au singulier ne désigne qu'une substance de saccharose , les sucres aux pluriels, recentrent tous les glucides, en réalités nous mangeons bien plus que ces 35 kilos officiels, les glucides contribuant en moyenne  à 44% des apports énergétiques quotidien chez l'adulte, tous ont un effet sur la glycémie . Tous sollicitent le pancréas et l'insuline, tous sont à l'origine de l'explosion mondiale sur le diabète. En quarante ans , le discours n'a guère changé: " çà se traite très bien maintenant, à condition bien sûr d'être irréprochable" Cette condition, aucun diabétique n'y satisfait parfaitement. Le diabète mal soigné , ou soigné trop tard peut tuer précocement, il conduit à des infirmités redoutables entraînent l'invalidité . Dans un couple, c'est surtout pour le conjoint vivre avec une troisième personne, cette maladie qui s'insinue partout et à tout heure, y compris la nuit avec des réveils et parfois les malaises. Le diabétique qui se traite convenablement est obligé de penser à lui tout le temps. il doit surveillé sa glycémie, se demander si tel agacement ou tel abattement est sincère, ou est la conséquence d'une surdose quelconque. L'entourage doit faire preuve de beaucoup de patience et de compréhension . Il aura fallu quinze ans pour cette promesse, celle d'une mesure non invasive à la glycémie par un patch et un lecteur, commence à se concrétiser. Au drugstore Publicis où nous nous sommes donnés rendez vous, l'homme assis en face de moi à les larmes aux yeux, c'est la première fois au cours de cette enquête, et c'est un haut responsable de l'industrie pharmaceutique Philippe Emery est le directeur de la division diabète d' Abbett France, six mois plus tôt , le 3 septembre 2014 , il a annoncé la commercialisation d'un nouvel appareil , le Free Style Libre, c'est le premier véritable progrès technique pour le diabète insulinodépendant après le glucomètre au début des années 80 le plus important peut être depuis l'invention de l'insuline. Les témoignages de satisfaction  d'utilisateurs défilent sur son téléphone à flots continus, accompagnés de messages de gratitude. La révolution , plus de piqûre au bout des doigts et de goutte de sang. Un patch au bras, mesure en permanence la glycémie entre les cellules à l'aide d'un filament indolore; ou passe au dessus de lui un lecteur qui fonctionne un scan de caisse enregistreuse et affiche les résultats ainsi que leur évolution , le capteur est changé tous les 15 jours, il résiste à l'eau , le lecteur lui fonctionne à travers les vêtements les plus épais. Philippe Emery " Je ne suis pas diabétique mais j'ai porté le Free Style Libre pendant un mois et demi pour me familiariser avec lui, je n'avais pas idée de l'impact de la nutrition et , de l'activité physique, même pour un non diabétique : par exemple quand on mange des pâtes on se retrouve à 1,40 grammes pendant quatre à cinq heures, quand vous prenez un jus d'orange pressée le matin à jeun çà monte à 1,70, c'est absolument incroyable" C'est pour cela qu'il est difficile de parler objectifs de glycémie rigoureux , sans les outils pour les atteindre. La difficulté, d'être un patient de type 1, c'est que vous êtes constamment obligé d'anticiper , de prévoir, il faut que vous sachiez dès maintenant que vous allez dîner à 20 heures, çà demande d'être extrêmement structuré. Aaaah ! la pompe, un boitier qui ressemble à un système d'alarme ou à un prototype de radiomessagerie , Alphapage 10 centimètres d'électronique embarquée et un moteur pilotant au réservoir d'insuline rapide, au tuyau tubulure relié à un cathéter pour une diffusion en continu, Vous n'aimez pas vous piquer ? Vous serez piquez en permanence. Vous voulez être équilibré ? Raté, c'est à vous de programmer les doses en fonction des glycémie capillaires, que vous devrez réaliser encore plus souvent, vous risquerez l'acidocétose à la moindre défaillance du système, l'action de l'insuline cessant alors instantanément . Comment peut-on croire que cet engin est une libération ? En France depuis quinze ans, ces ustensiles qui frôlent les 4000 euros, sont remboursés à 100% ; prescrits à des patients de première et deuxième catégories, ils sont heureusement moins répandus que dans d'autres pays . Eleni : " J'ai porté une pompe à insuline pendant un an et demi, ce n'est pas une machine intelligente, elle ne calcule pas les doses. Ce qui est compliqué, c'est de se réveiller la nuit en hypoglycémie, ne pas savoir si on est en hypo ou en hyper." Alexandra : " Je n'ai jamais voulu de pompe à insuline, on m'en avait collée une quand j'avais seize ans, elle était énorme, j'avais une aiguille dans le ventre, quand je me retournais la nuit c'était horrible. "Aspartame, cyclamate
   stévia, sucralose :  ces substances naturelles ou synthétiques apportent du sucre sans ses inconvénients
 caloriques, dentaires et vasculaires. Le premier édulcorant, la saccharine , a été découvert à Baltimore en 1879 un chercheur russe allemand, Constantin Fahlberg , travaillait sur des résidus de houille , absorbé par son travail, il partit dîner sans s'être lavé les mains, trouva un drôle de goût à son pain et retourna au laboratoire agiter ses éprouvettes . La diffusion des produits  à base d'édulcorants à été constamment entravé en France. Ce n'est qu'à la fin des années 80 qu'ils ont pu être vendus en dehors des pharmacies et que les industriels ont eu le droit de les utiliser afin de diminuer la teneur en glucides de leurs préparations. Ces produits améliorent grandement la vie quotidienne et la santé des diabétiques comme de ceux qui ne sont pas . Leur usage diminue les besoins en insuline ou le recours aux hypoglycémiants , ils permettent de lisser leur glycémie déjà déstabilisée par le sucre présent dans une grande partie de notre alimentation. A partie des années 80 les inventions technologiques ont fait prendre conscience aux médecins diabétologues qu'ils avaient quelque chose à faire d'intéressant, et ils ont découvert l'éducation thérapeutique. Les associations de diabétiques se sont donc multipliées aux cours des années 80 . Le diabète dans sa forme la plus subreptice et la moins inéluctable, dévaste la Terre. Tant d'existences brisées sur la route du sucre, de générations d'incompris et de méprisés, de drames , de sacrifices inutiles de diabète. Depuis la mise sur le marché de l'Iletin  en 1923 , toutes les morts liées au glucose auraient pu être évitées. Moins grâce aux avancées ultérieure de la science que par l'évolution des esprits. La science justement ne peut plus se dérober. Alors que l'humanité n'a jamais été aussi proche de sa perte, ses rêves d'éternité sont en bonne voie, nous serons bientôt immortels , mais toujours diabétiques ? Les vœux pieux du passé vont finir par se matérialiser : des machines qui accomplissent vraiment ce que le pancréas réalise, l'insuline qui deviendra peut être intelligente, des greffes impeccables et des perspectives encore plus immatérielles sont envisageables et souhaitables . En attendant cessons d'invoquer les grands principes pour des soins qui ne servent que ceux qui s'enrichissent. Négocions les prix des dispositifs innovants, comme les lecteurs de glycémie interstitielle afin d'en faire bénéficier tous les diabétiques du type 1 au détriment des glucomètres antédiluviens . Mettons fin au prosélytisme pour les sucres. Facilitons l'accès aux édulcorants , barrons la route aux propagateurs de fausses rumeurs. Rayons la mention " sans sucres ajoutés "des produits à fortes teneur en glucides. L'espoir , malgré tout . Soigner , traiter , prévenir ; éduquer ! Oui bien sûr avec plaisir . Mais n'oublions pas un autre mot, qui fond à disparaître du vocabulaire médical : Guérir .


Dédicace à mon fils Jacques 




jeudi 23 novembre 2023

L'Odyssée de l'Endurance Ernest Shackleton





Né à Kilkee en Irlande le 15 février 1874, dans une famille de dix enfants dont le père est médecin, Ernest  Shackleton  arrive à Londres à l'âge de dix ans . Après ses études au collège de Dulwich , il s'engage à dix sept ans dans la marine marchande et devient sous lieutenant de la Royal Naval Reserve  en 1901, cette même année il connaît sa première expérience en Antarctique, sous les ordre de Robert Falcon  Scott, en tant que troisième lieutenant à bord du Discovery. Atteint de scorbut lors de cette expédition, il est contraint de rentrer chez lui où il s'essaie à plusieurs métiers :Journaliste, secrétaire de  la Royal Scottish Géographical  Society, hommes d'affaires, il se porte même candidat à des élections parlementaires. Mais l'Antarctique demeure son obsession et la rencontre avec un jeune officier de la Navy l'incite à tenter une nouvelle expédition en direction du pôle. J'avais décidé de quitter la Géorgie du Sud vers le 5 décembre. Pendant les derniers préparatifs, je révisai l'itinéraire de la route qui devait nous conduire au lieu d'hivernage, la glace était descendu très au nord, cette saison là : d'après les conseils des capitaines baleiniers, je décidai de cingler sur le groupe des Sandwich du Sud en contournant Ultima Thulé , de faire route vers l'est jusqu'au 15° méridien et ensuite seulement de me diriger au sud . Leurs prévisions m'inciteront à faire le plein de charbon : s'il nous fallait frayer un chemin dans la glace jusqu'à la côte du continent, nous aurions besoin de tout le combustible que le bateau pouvait porter. J'espérais qu'en nous dirigeant d'abord vers l'est jusqu'au 15° méridien nous pourrions ensuite avancer vers le sud à travers des glaces flottantes gagner le Couts Land et atteindre Vahsel Bay, où Filchner essaya d'atterrir en 1912. Ensuite , si nous pouvions établir sur le continent une base vraiment solide, je maintiendrais le programme primitif . Ce programme consistait à envoyer un groupe au sud, l'Aurora transportera six hommes sur la côte de la mer de Ross. Ils installeront des dépôts sur la route suivie par le détachement transcontinental un à l'ouest l'Endurance déposera  en tout quatorze hommes sur la côte de la mer Weddell  .Le jour du départ arriva . Le 5 décembre 1914, à 8h45 du matin, je donnai l'ordre de lever l'ancre. Le cliquetis du cabestan fut pour nous le dernier écho du monde civilisé. La matinée brumeuse et couverte , avec averses de neige et de grésil, n'empêchait pas les cœurs d'êtres légers à bord de l'Endurance. Finis, les longs jours de préparatifs et d'attente: maintenant commençais l'aventure. J'étais très satisfait des chiens, bien installés dans le bateau, ils étaient dans d'excellentes conditions. Le 6 décembre, l'Endurance avança direction sud, sa course était dirigée par le passage situé  entre l'île Sander et le volcan Candlemans . Le 7 décembre surgit le premier obstacle, en effet, à peine  les îles dépassées nous rencontrâmes des glaces flottantes , les voiles furent carguées et, à la vapeur, le bateau avança lentement .La nuit suivante, la situation devint dangereuse, l'aube naissante nous trouva dans un lac dont les bords de glace se resserraient autour de nous . j'espérais avec anxiété l'indice d'un changement de vent : une brise d'est nous aurais ramenés vers les îles. La proue de l'Endurance, lancée à toute vapeur contre la glace nous fraya un chemin , bientôt nous tournâmes à l'est , espérant trouver une glace moins épaisse. Dans la matinée du 12 décembre, nous manœuvrons parmi des glaces disloquées. Le 14 décembre, la situation s'aggrava; nous affrontions à présent un brouillard obscur et des chutes de neiges intermittentes, à 8 heures du soir , nous fûmes arrêtés par un banc de glace ; il était impossible de continuer sans risques sérieux pour le gouvernail et l'hélice. Pendant 24 heures , l'Endurance resta immobile  . Pendant ces semaines de manœuvres vers le sud , à travers les dédales tortueux de la banquise, il fallait souvent briser  la glace à coup de bateau, quand la route était barrée par des glaces d'épaisseurs moyenne, nous lancions le bateau à mini vitesse et , les machines étaient arrêtées juste avant le choc. Au premier coup , il taillait dans la glace une entaille en forme de V ; l'avant s'élevait presque hors de l'eau , puis le navire glissait en arrière tout en roulant. ensuite , veillant soigneusement à ce que les glaçons flottants n'en dommages l'hélice, nous faisions machine arrière , alors à toute vitesse, le bateau était de nouveau précipité dans le centre du V, une échancrure se découpait dans laquelle le bâtiment venait s'enfoncer à plusieurs reprises. Au quatrième essai généralement, la glace cédait ,une ligne noire et sinueuse comme un trait de plume apparaissait , plus large près du bateau lequel s'engageait sans attendre; par ce moyen , l'Endurance pouvait briser une glace de deux ou trois pieds d'épaisseur. Les trois premiers jours de mars , une rude tempête du nord est souffla qui fit dériver notre pack, plus consolidés que jamais .Les membres des scientifiques de l'expédition étaient tous très occupés, le météorologue ne quittait pas son poste d'observation, installé à la proue, avec anémomètre barographe, thermographe, les cailloux trouvés dans l'estomac des pingouins , quelques fragments de roches ramenés par la drague offraient un intérêt considérable, Clark, le biologiste employait la drague dans les chenaux et ramenait des quantités de plancton et , parfois des spécimens du plus haut intérêt . Dans la première partie d'avril, deux tempêtes du nord est contribuèrent à consolider notre pack, la glace nouvelle s'épaississait rapidement. Le 4 avril on entendait encore la glace craquer et broyer et le bateau vibrait légèrement, le 9 , nouveaux signes de pression à l'arrière du bateau , des entassements de glace nouvelle s'élevèrent à onze pieds, l'alerte en resta là ; mais je compris que c'était le commencement de graves difficultés. Le 11 apparut au nord est un nouvel iceberg qui devait nous causer quelques anxiété; il était énorme. On sent son impuissance devant ce long hiver. Si la fortune avait souri à l'expédition, nous aurions été installés confortablement sur le rivage du sud, dressant des plans pour la longue marche du printemps et de l'été. Où atterririons nous maintenant ? Ce n'était pas facile à prévoir. Le 30 septembre fut un mauvais jour; il commença heureusement par la capture de deux pingouins et de cinq phoques, mais l'après midi à 15 heures, les crevasses ouvertes pendant la nuit le long du bateau commencèrent à travailler latéralement . Le bâtiment eut à supporter de terribles pressions à bâbord, c'était la plus terrible compression que nous eussions ressentie jusque là. Le pont tremblait et sursautait , les poutres s'arquaient, les étançons pliaient J'ordonnais aux hommes de se sentir prêt à tout , quelle tristesse après des mois du combat le plus brave et le plus hardi que le bateau ait jamais soutenu un si vaillant petit vaisseau avait été finalement broyé dans l'étreinte lente et implacable du pack de la mer de Weddell ! L'Endurance méritait toutes les louanges, mais combien de temps pourrait-il soutenir le combat dans de telles conditions ? Nous dérivions dans une partie de la mer congestionné par les glaces, la plus mauvaise fraction de la plus mauvaise mer au monde. Le 1er octobre quelques chenaux s'ouvrirent mais en admettant que l'Endurance fût libérée, ils étaient trop étroits pour la navigation. Le dimanche 24 octobre marqua pour l'Endurance le commencement de la fin, nous avions maintenant vingt deux heures et demi de jour, nous les passions à surveiller la terrifiante avancé des glaces, l'assaut fut terrible, à tribord l'étambot fut tordu , le bordage arraché; tout le bâtiment était ébranlé et gémissait , le navire se tordait littéralement et commençait à faire eau dangereusement . Je mis les pompes en action, les hommes travaillèrent toute la nuit. Les grandes pompes et les pompes à main gelées ne pouvaient pas être employées , Worsley, Greenstreet et Hadson durent descendre dans la cale afin de boucher les fissures, nous pataugions dans l'humidité avec des mains glacées, et il fallait empêcher le charbon de s'échapper par les fentes. Du pont  les hommes versaient des sceaux d'eau bouillante dans les conduits pendant que nous martelions en bas . Dans ce monde étrange nous étions des intrus, tout à fait impuissants , notre vie était le jouet de forces primitives et brutales qui se moquaient de nos faibles efforts. Déjà , je n'osais presque plus espérer la survie de l'Endurance . Nous étions parés à tout événement : provisions, chiens , traîneaux, équipements , tout était prêt à débarquer , à la moindre alerte. Le jour suivant , des bruits de pression nous arrivaient toujours et des chocs se faisaient sentir par intermittence; à l'intérieur se faisait entendre les craquements des charpentes, les "coups de pistolets" produits par la rupture du bordage ou des machines et par là dessus le gémissement indéfinissable de notre bateau en détresse, le bâtiment tout entier se courbait comme un arc sous une pression titanesque. Tout comme une créature vivante il résistait aux forces qui voulaient le broyer, mais le combat était inégal des millions de glaces écrasaient inexorablement le petit navire qui avait ,osé affronter l'Antarctique; de nouveau nous faisions eau de toutes part. A 9 heures du soir , j'ordonnais que les canots , provisions etc....fussent descendus. Après ces long mois d'efforts et d'anxiété, pendant lesquels notre espérance avait résisté à tout, l'Endurance agonisait, nous étions contraints d'abandonner notre bateau broyé sans espoir; mais nous restions vivants et bien portants, désormais il nous fallait une terre tous au complet. Hommes et chiens descendirent sur la glace et s'installèrent à quelques distance sur une surface unie, relativement sûre Nous dressâmes le camp pour la nuit, mais vers 7 heures du soir notre glaçon commença à se fendre et à craquer sous nos pieds; je déplaçait le campement de survie sur un autre glaçon plus grand, il fallait convoyer les canots, nous avions deux tentes pointus et trois tentes à cerceaux. Pendant la nuit , la température tomba à 27° sous zéro et la plupart des hommes souffrirent du froid, je réunis l'équipage et lui expliquais brièvement et clairement la distance qui nous séparait de la barrière et de l'île Paulet . Je proposait d'avancer à travers les glaces avec tout notre équipement dans la direction de l'île. L'intensité de la dérive et l'état atmosphérique amenait à la conclusion que la dérive de notre banquise dépendait uniquement  du vent et non des courants. nous désirions, naturellement dériver vers le nord, afin de retrouver l'eau libre et de pouvoir mettre les bateaux à l'eau. Chaque jour des groupes partaient à la chasse, à la recherche de phoques et de pingouins, en plus des rations de traîneau ( farine, thé, sucre , légumes secs) Le 7 avril à l'aube, le pic tant désiré de l'île Clarence apparut au nord. Le 9 avril un dimanche matin, ce jour là devait voir notre départ du glaçon sur lequel nous avions vécu près de six mois. J'avais décidé de prendre le commandement du James Caird  avec Wild et onze hommes, c'était le plus vaste des canots, en plus de son chargement humains, il porterai la plus grande partie des provisions. Wersleh pris la direction du Dadley Docker avec neuf hommes et Hudson et Grean celle du Stancomb Wills. Les hommes de notre canot paraissaient épuisés et, dans les visages imprégnés de saumure, les lèvres craquelées, les yeux et les paupières rougis, les barbes, mêmes celles des plus jeunes, n'auraient pas déparés des patriarches blanchies qu'elles étaient par la gelée et l'écume salée, les autres hommes de l'autre barque valaient pas mieux. Nous longions à présent des falaises rocheuses et des glaciers qui n'offraient pas la moindre possibilité d'accoster. Enfin à 9h30 nous découvrîmes une plage étroite et rocheuse au pied des falaises à pic. C'était le premier atterrissage jamais réalisé sur l'île de l' Eléphant, les trois bateaux amenés à la plage n'était accessible qu'en deux endroit par des pentes de neige. La mer montante nous obligeait à tirer les bateaux toujours plus haut sur la grève. Il nous fallait atteindre la Géorgie du sud avant que l'hiver nous fermât la mer, il fallait à toute force chercher du secours. Les pieds de Blackborron gelés pendant le voyage en bateau étaient en mauvais états et les deux médecins craignaient  qu'une opération ne fût nécessaire. Les provisions étaient aussi une considération vitale, ces rations pouvaient être prolongés jusqu'à trois mois si l'on en réduisait au minimum , et j'espérait que phoques et éléphants de mer y suppléeraient . Le détachement de secours ne prendrait pas plus d'un mois; Wild restait en tant que commandant chef, je lui confiai le groupe, les hommes sur la plage formaient un pathétique petit groupe, leurs cœurs étaient pleins d'espoir dans le secours que nous allions chercher. Et bientôt le James Caird perdit de vue la plage , le vent d'est nous poussa rapidement dans le pack. Les seize jours suivant ne furent qu'une lutte de chaque instant sur les eaux agitées , l'océan subantarctique  nous rappela à sa réputation diabolique. Nous finîmes par distinguer au milieu des récifs, un passage, le vent s'acharnait sur nous, après cinq tentatives infructueuses la manœuvre réussit enfin, et au crépuscule nous entrâmes dans la large baie .Sautant sur la plage avec le câblot, je retins le bateau, nous découvrîmes un courant d'eau fraîche, buvant à long traits l'eau pure et glacée nous rendait à la vie .Il fallait penser à la dernière étape du voyage, le bateau était moins résistant, cent cinquante milles par la mer nous séparait encore de la station baleinière de Stromness, plusieurs jours passèrent avant que nous eussions retrouvé assez de force, dans l'après-midi Crean et McCarthy  rapportèrent six jeunes albatros, nous étions donc bien approvisionner en viande fraîche . Je projetai d'escalader la pente de neige et ensuite de nous guider d'après la configuration du pays toujours vers l'est entre cette chaîne et le défilé au-dessus de notre camp, un grand plateau neigeux s'élevait vers l'intérieur . Longeant la base de la montagne nous arrivâmes à un gigantesque bergschrund, cet effrayant ravin creusé dans la glace et la neige avait une forme  semi circulaire, il nous fallait  monter, après une pénible ascension nous fûmes au sommet après trente six heures de marche enfin  à 6h30 j'entendis le son d'un sifflet à vapeur, je savais qu'à la station baleinière  les hommes sont réveillés vers ce moment là, deux heures furent nécessaires pour descendre. Nous nous hâtions, tout près de la station , nous dirigeant vers l'entrepôt, je demandai à l'homme préposé à la surveillance la maison de l'administrateur. Mr Storlle nous accueillis sur le pas de la porte il nous offrit du café et des gâteau puis nous conduisit à la salle de bains , nous étions sales en guenilles plein de barbe . Nous discutâmes après le repas des moyens de secourir nos camarades qui étaient restés sur l'île de l'Eléphant .Le capitaine Thom, un vieil ami de l'expédition était à Huswik avec son bateau, il s'offrit à nous accompagner, le 9 mai nous étions en mer mais nous serons bloquer par un immense pack qui formait une barrière impénétrable, il fallait céder devant l'échec. J'avais l'esprit tendu, uniquement occupé par les moyens de délivrer ceux de l'île de l'Eléphant au plus tôt , l'hiver avançait . Un deuxième sauvetage avec le chalutier nommé Institue de Pesca  mais celui-ci échoua  pris dans une glace compacte il fallut rapidement et avec précaution faire machine arrière. Puis un troisième sauvetage avec une goélette Emma  en chêne, forte et résistante à la mer , mais nous échouâmes à nouveau ballotée comme un bouchon elle était plus légère , la sous barbe fût brisée et la conduite d'eau de la machine touche la glace. Je ne pouvais pas prendre mon parti d'attendre inactif six ou sept semaines sachant qu'à six cent milles de là mes camarades enduraient de cruelles privations. Je demandais au gouvernement chilien d'envoyer le Yelco, le gouvernement ayant consenti, le 25 août , je partais au sud pour la quatrième fois, et la providence nous favorisa, la glace n'y séjournait plus, le Yelco approcha l'île dans un brouillard épais; la mer qui se brisait sur un récif m'indiqua que nous étions tout près de l'île. Enfin nous apercevions des hommes sur la plage, plusieurs étaient en piteux états, mais Nild avait su maintenir l'espoir vivant dans les cœurs .    Ernest Shackleton meurt un 5 janvier 1922 d'une crise cardiaque à bord de son bateau. Ainsi disparaît celui qui proclamait " Jamais je ne consentirai à abaisser mon pavillon!" Son corps rapatrié à Montevideo, est enterré en Géorgie du Sud selon les souhaits de son épouse .    

          Je remercie mon guide et ami Steph de m'avoir offert ce livre qui délivre un message , de ténacité , de dépassement de soi , d'endurance et d'instinct de survie



 

samedi 21 octobre 2023

Climat: Comment Eviter Un Désastre de BILL GATES


 


Sur la question du changement climatique, il faut garder à l'esprit deux chiffres ; le premier, c'est 52 milliards , le second, zéro . 52 milliards c'est le volume , en tonnes de gaz à effet de serre, que le monde recrache chaque année dans l'atmosphère. Si ce chiffre peut évoluer légèrement à la baisse où à la hausse d'une année sur l'autre, en règle générale, il augmente. C'est là où nous en sommes aujourd'hui . Zéro , c'est ce que doit être notre objectif .Pour mettre un coup d'arrêt au réchauffement et éviter les pires effets du changement climatique des effets qui s'annoncent terribles. L'être humain doit cesser d'accroître  le volume de gaz à effet de serre dans l'atmosphère . Si ça parait difficile, c'est parce que çà l'est . Jamais le monde n'a entrepris quelque chose d'aussi gigantesque. Chaque pays devra changer sa façon d'être . toute les activités de la vie moderne l'agriculture , l'industrie, les transports libèrent des gaz à effet de serre et plus le temps passe, plus elles prennent de l'ampleur . Or je suis convaincu que les choses peuvent changer . Nous devons parvenir au zéro carbone pour une simple raison ; les gaz à effet de serre retiennent la chaleur, ce qui entraîne une hausse de la température moyenne de la surface de la Terre ; plus il y a de gaz plus la température augmente . Près d'un cinquième du dioxyde de carbone émis aujourd'hui sera encore là dans dix milles ans . J'utilise "zéro" de façon imprécise et je devrai expliquer plus clairement ce que j'entends par là . A l'époque préindustrielle soit environ jusqu'au milieu du XVIII siècle le cycle de carbone de la Terre était probablement à peu près à l'équilibre . Autrement dit, les végétaux et d'autres choses absorbaient plus ou moins autant de dioxyde de carbone qu'il n'en était émis . Puis nous avons commencé à faire brûler des combustibles fossiles. Ces combustibles se composent de carbone stocké en sous-sol grâce aux végétaux qui ont été comprimés au fil des millions d'années avant de se transformer en pétrole, en charbon ou en gaz naturel. Quand nous extrayons ces combustibles pour les faire brûler, nous émettons du carbone supplémentaire et accroissons son volume total dans l'atmosphère. selon toute probabilité dans un avenir à zéro carbone, nous continuerons au contraire à émettre du carbone, mais nous disposons des moyens d'éradiquer ces émissions . Le dioxyde de carbone est le gaz le plus courant, mais il en existe une poignée d'autres, comme le protoxyde d'azote et le méthane. Vous avez peut être déjà pu apprécier le protoxyde d'azote chez le dentiste on l'appelle aussi "gaz hilarant" Quand au méthane c'est le principal ingrédient du gaz naturel que vous utilisez peut être pour faire fonctionner votre cuisinière ou votre chaudière . A la molécule près beaucoup de ces autres gaz provoquent davantage de réchauffement le dioxyde de carbone. Dans le cas du méthane, 120 fois plus dès qu'il se diffuse dans l'atmosphère. Mais le méthane ne subsiste pas aussi longtemps que le dioxyde de carbone. Le problème c'est le surplus de gaz à effet de serre qui provoque une surchauffe du système. Pourquoi tous les gaz n'agissent ils pas de cette façon ? Parce que les molécules qui contiennent deux copies du même atome par exemple les molécules d'azote et d'oxygène laissent passer les radiations directement à travers elles. Seules les molécules composées d'atomes différents, comme celles de dioxyde de carbone et de méthane , présentent la structure qu'il faut pour absorber les radiations et se mettre à chauffer. Voici donc la première partie de la réponse à la question " pourquoi faut-il parvenir au zéro "? parce que le moindre volume de carbone que nous injectons dans l'atmosphère accroît l'effet de serre. La partie suivante de la réponse est liée à l'impact que tous ces gaz à effet de serre ont sur le climat et donc sur nous .La situation évolue ailleurs que dans le monde riche. Presque partout, les gens vivent plus longtemps et en meilleure santé. Le niveau de vie augmente , et il en vas de même de la demande en voitures , routes , immeubles, réfrigérateurs , ordinateurs et climatiseurs et en énergie pour les alimenter . Par conséquent, la quantité d'énergie utilisée par habitants va s'accroître, ainsi que le volume de gaz à effet de serre émis par habitant . Même la construction des infrastructures dont nous aurons besoin pour créer toute cette énergie , des éoliennes, des panneaux solaires, des centrales nucléaires, les installations de stockage d'électricité et ainsi de suite, augmentera la production de gaz à effet de serre. Pendant la plus grande partie de l'histoire de l'humanité, nos muscles ont été notre principale source d'énergie, ainsi que certains animaux capables par exemple de tirer des charrues et des végétaux que nous faisions brûler . Il faut attendre la fin des années 1890 pour que les combustibles fossiles représentent à peine 50 % de l'énergie consommée dans le monde . En Chine, cela ne s'est pas fait avant les années 1960. Il y a des régions d'Asie et d' Afrique subsaharienne où cette transition n'a pas encore eu lieu . Et considérez le temps qui a fallu pour que le pétrole deviennent un élément essentiel de notre ravitaillement en énergie . Nous avons commencer à l'exploiter commercialement dans les années 1860 . Un demi siècle plus tard, il représentait tout juste 10% des sources d'énergie de la planète. Il a fallu trente ans de plus pour qu'il atteigne 25% . Le gaz naturel a suivi une trajectoire comparable. En 1900, il représentait 1%  de l'énergie de la planète. Il lui a fallu soixante dix ans pour atteindre les 20%. La fission nucléaire est allée plus vite, passant de 0% à 10% en vingt sept ans. Nous avons recours à plus de gaz naturel et à moins de charbon pour produire de l'électricité. Pourquoi ? Parce que grâce à de nouvelles techniques de forages , le gaz naturel coûte nettement moins cher , c'est une question économique et non environnementale . En fait la rentabilité du gaz naturel par rapport au charbon dépend de la façon dont on calcule les équivalents en dioxyde de carbone. Selon certains chercheurs, le gaz pourrait en réalité se révéler encore plus néfaste que le charbon pour le changement climatique, selon la quantité qui s'échappe lors de son traitement. Les centrales au charbon  ne sont pas comme des puces informatiques. Vous avez sans doute entendu parler de la loi de Moore , du nom de Gordon Moore qui ,en 1965, avait prédit que la puissance des microprocesseurs doublerait tous les deux ans. L'histoire lui a donné raison, bien sûr , et c'est principalement grâce à cette loi que les secteurs matériels et logiciels ont progressés comme ils l'ont fait . Parfois on invoque la loi de Moore pour affirmer qu'une progression exponentielle du même ordre serait possible dans le domaine de l'énergie, si on parvient à améliorer les puces si rapidement, ne pourrait il en aller de même des voitures et des panneaux solaires ? Malheureusement  non ; les puces informatiques sont un cas particulier , il n'existe aucune percée équivalente qui permettent aux voitures de consommer un million de fois moins d'essence. Les panneaux solaires ne sont pas non plus un million de fois plus performants . Quand les cellules solaire au silicium cristallin ont été lancées dans les années 1970 elles convertissaient en électricité environ 15% de la lumière du soleil qui les atteignait; aujourd'hui, elle en convertissent autour de 25% un progrès indéniable, mais loin de ce que prédit la loi Moore . Presque toutes les solutions zéro carbone sont plus chères que leurs perdant en combustibles fossiles ne reflètent pas les dégâts environnementaux qu'ils infligent et paraissent donc moins chers que les solutions de remplacements ces coûts additionnels sont ce que j'appelle les Greens Premiums , il y a en beaucoup : certains pour l'électricité d'autres pour les carburants divers, d'autre pour le ciment .Si ces solutions ne sont pas déjà mises en œuvres, ce n'est certainement pas à cause de leur coût , quelques chose d'autre, comme des politiques publiques dépassées ou un manque de sensibilisation nous empêche de les appliquer officiellement à grandes échelles . Le ciment zéro carbone ça n'existe pas ( du moins pas encore ) Comment pourrons nous évaluer le coût d'une solution verte dans ces cas là ? On peut le faire en se livrant à un exercice de réflexion " Si nous nous contentions d'aspirer directement le carbone de l'atmosphère, combien cela nous coûterait il?  Cette idée a un nom ; c'est ce que l'on  j'appelle le Direct Air Capture ( DAC ) ou captage direct dans l'air , en bref , avec le DAC vous soufflez de l'air sur un appareil qui absorbe le dioxyde de carbone, puis vous stockez le gaz en lieu sûr. Le DAC est une technologie coûteuse et qui , pour l'essentiel, n'a pas encore été testée, mais si elle pouvait fonctionner à grande échelle , elle nous permettrait de capturer le dioxyde de carbone , peu importe le moment ou le lieu de sa production . Le DAC est une activité aujourd'hui, basé en Suisse absorbé du gaz qui a peut être été recraché par une centrale alimentée au charbon au Texas il y a dix ans . Pour savoir combien cette approche pourrait nous coûter, nous n'avons besoin  que de deux données le volume des émissions mondiales et le coût de l'absorption des émissions grâce au DAC . Nous connaissons déjà le chiffre des émissions 52 milliard de tonnes par an , quant au coût du retrait d'une tonne de carbone dans l'air il n'a pas été fermement établi, mais il serait d'au moins 200 dollars par tonne cela est irréalisable, on ne sait pas comment nous pourrions stocker des centaines de milliard de tonne de carbone de manière sûre ; de plus le DAC ne fonctionne pas pour le méthane ou d'autre à effet de serre seulement pour le dioxyde de carbone .Gardez les Greens Premiums en tête et demandez vous si elles sont assez basses pour que des pays à revenus moyens puissent les payer . Un résumé de cinq conseils : Convertissez les tonnes d'émissions en pourcentage de 52 milliards - Souvenez vous que nous avons besoin de trouver des solutions pour les cinq activités dont proviennent = les émissions : la fabrication , l'électricité , la culture et l 'élevage , les déplacements et la nécessité de se rafraîchir ou de se chauffer . Kilowatt = maison  Gigawatt = ville de taille moyenne Centaine de Gigawatt = grand pays riche . Pensez à l'espace dont nous avons besoin pour développer nos solutions au changement climatique. Fission nucléaire Voici la phase à retenir en faveur de l'énergie nucléaire : c'est la seule source d'énergie sans carbone qui puisse distribuer de l'énergie de manière faible jour et nuit peu importe la saison, presque partout sur Terre, et qui a démontré son efficacité à grande échelle . Au Etats-Unis, près de 20% de l'électricité provient  des centrales nucléaires, dans ce domaine c'est la France la championne du monde puisque le nucléaire lui fournit 70% de son électricité . Souvenez vous qu'en comparaison le solaire et l'éolien  conjugués ne donnent que 9%  de l'énergie mondiale. Ce n'est pas un secret l'énergie nucléaire soulève des problèmes spécifiques ; sa mise en place  et son exploitation coûtent très cher ; une simple erreur humaine peut avoir des conséquences terribles; l'Uranium , le combustible qu'elle utilise , peut-être transformé en armes ; ses déchets sont dangereux et difficiles à stocker. En 1943 , en pleine Seconde Guerre Mondiale , un épais nuage de fumée  s'abattu sur Los Angelès , il était si nocif que les gens avaient les yeux qui piquaient et le nez qui coulaient ; les habitants se mirent à craindre que l'armée Japonaise ait lancé des armes chimiques sur la ville. Or Los Angelès n'avait pas été attaqué  du moins pas par une armée étrangère. Le véritable coupable était le smog, un brouillard engendré par la combinaison malencontreuse de la pollution de l'air et des conditions météorologiques; presque dix ans plus tard , durant cinq jours en décembre 1952 Londres s'est retrouvée elle aussi paralysée par le smog ; là bas les ambulances pouvaient plus circuler la visibilité était faible, même à l'intérieur des bâtiments qu'il fallut fermer les cinémas , les pillages se sont multipliés, car la police ne voyaient au delà d'un mètre. Ce qu'on appelle aujourd'hui le " Grand Smog" de Londres a entraîné la mort d'au moins 4000 personnes  . Ce sont des drames de ce genre qui , dans les années 1950 et 1960 sont à l'origine de la prise de conscience de l'existence de la pollution de l'air ; elle est dès lors devenue une inquiétude majeure de l'opinion publique aux Etats-Unis et en Europe, et les décideurs ont été prompts à y répondre. Le Congrès américain a commencé a financer la recherche sur ce problème et les moyens possibles d'y remédier à partir de 1955 . L'année suivante, le gouvernement britannique à promulgué le Clean Air Act , une loi sur la pureté de l'air qui met en place des zones de contrôle de la fumée dans tout le pays, ou seuls les carburants plus propres peuvent être utilisés ? Sept ans plus tard, le Clean Air américain établit le système moderne de réglementation du contrôle de la pollution de l'air aux Etats-Unis; cette loi fondatrice est encore aujourd'hui la plus exhaustive en vigueur quand à l'impact nocif de la pollution de l'air sur la santé publique .En 1970 pour aider à la mettre en œuvre, le président Nixon a fondé l' Agence de protection de l'environnement . Le Clean Air Act américain a fait ce pourquoi il avait été conçu , à savoir éliminer les gaz toxiques dans l'air, et depuis 1990 , le niveau des émissions de dioxyde de carbone aux Etats-Unis  à chuté de 56%, le monoxyde de carbone de 77%  et le dioxyde de souffre de 88% . Le plomb, quand à lui a presque disparu, bien qu'il reste beaucoup à faire nous avons accompli tout cela alors que notre économie et notre population croissaient. Quand je me suis rendu à Paris en 2015 pour assister à la conférence sur le climat, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander : Peut-on vraiment y arriver ? Je suis heureux de constater que l'intérêt du public pour le changement climatique a évolué bien au-delà de ce que j'imaginais . Ces dernières années , le débit planétaire sur le réchauffement climatique a connu une formidable évolution. De combien de temps disposons nous pour réaliser ce plan ? D'après les scientifiques, il faudrait que les pays riches y parviennent d'ici 2050 . Les gens peuvent faire beaucoup au niveau individuel , municipal aussi bien que national pour s'engager plus dans cette voie. Quand vous vous demandez ce que vous pourrez faire pour limiter le changement climatique, il est normal de penser à des choses comme les voitures électriques ou la diminution de la consommation de viande. Ce genre de décision personnelle est importante, car elle adresse un signal au marché. Le marché est régi par l'offre et la demande et en tant que consommateur, vous pouvez avoir une énorme influence sur la demande. Si chacun d'entre nous entreprenons des changements individuels , dans ce qu'il achète et ce qu'il utilise, le résultat final peut être considérable. Même si la pandémie a détruit l'économie mondiale, le public est prêt à lutter contre le changement climatique tout autant qu'en 2019. Nous sommes manifestement  plus disposés à laisser cet enjeu de côté. La question est désormais la suivante : que faire de cette synergie ? Selon moi , la réponse est claire , nous devons passer les dix prochaines années à nous concentrer sur les technologies, les politiques et les structures du marché qui nous engagerons sur la voie d'une élimination des gaz  à effet de serre d'ici 2050 . Il n'y a sans doute pas de meilleure façon de réagir à la terrible année 2020 qu'en consacrant les dix prochaines années à cet objectif ambitieux .


vendredi 8 septembre 2023

Ta Deuxième Vie Commence Quand Tu Comprends Que Tu N'en As Qu'une de RAPHAELLE GIORDANO






 Les gouttes, de plus en plus grosses, s'écrasaient sur mon pare-brise bientôt, les trombes d'eau furent telles que d'instinct , je levai le pied, pour éviter les bouchons du vendredi soir, j'avais décidée de couper par les petites routes, mes yeux essayaient vainement de déchiffrer les panneaux . Soudain, un bruit d'explosion .. un bruit effrayant qui propulsa mon coeur à cent vingt pulsations minutes et me fit faire une embardée incontrôlable; ma tête cogna le pare-brise, après quelques instant dans les vaps, je repris mes esprits et me touchai le front, rien de visqueux juste une bosse. Je sortis de la voiture en me couvrant comme je pouvais de mon imper pour aller constater les dégâts, un pneu crevé et une aile cabossée. Je me jetai sur mon téléphone, évidement il ne captait pas ! Les minutes s'égrenèrent , rien , personne , seule perdue dans ce sous bois désert . Je quittai mon habitacle protecteur, au bout d'une dizaine de minutes qui me semblèrent une éternité, je tombai sur une grille de propriété, j'appuyai sur la sonnette du visiophone comme on compose le 15 ; un homme me répondit , Oui ? C'est pour quoi ? Bonsoir , Monsieur ...Désolé de vous déranger, mais j'ai eu un accident de voiture dans le sous-bois derrière chez vous .... Un bruit métallique du portail en train de s'ouvrir me fit sursauter. le perron s'alluma, puis la porte d'entrée, s'ouvrit au bout de l'allée, une silhouette masculine de belle stature s'avança vers moi, sous un immense parapluie, il m'invita à le suivre à l'intérieur . Entrez ! vous êtes trempée jusqu'au os . A ce moment là une femme élégante que je devinai être sa femme s'avança vers nous; cette dame à eu un accident, elle à juste besoin de téléphoner et de se remettre un peu; me voyant glacée , elle me proposa aimablement une tasse de thé que j'acceptai sans me faire prier, son mari descendit les escaliers une serviette à la main, merci ,Monsieur c'est gentil ! Claude ; je m'appelle Claude. Ah ...moi c'est Camille . Tenez Camille ; le téléphone est là . Parfait je ne serai pas longue . Prenez votre temps. Je décrochai le combiné et composai le numéro d'assistance de mon assurance ; on m'annonça  une intervention dans une heure; j'appelai ensuite la maison, mon mari décrocha , je lui expliquai mes déboires , il ponctua mes phrases d'onomatopées agacées et de claquements de langue contrariés, puis me posa des questions techniques. dans combien de temps allait t'on venir me dépanner Combien cela allait t'il coûter ?J'avais les nerfs à vifs et son comportement me donnait envie de crier dans le combiné ! Je raccrochai furibonde en lui disant que j'allais me débrouiller et qu'il ne m'attende pas pour dormir . Mes mains tremblaient malgré moi et je sentais mes yeux s'embuer . Je n'entendis pas Claude s'approcher de moi , ça vas ? vous vous sentez bien ?demanda t'il d'une voix bienveillante, la voix que j'aurai aimé entendre à mon mari , un peu plus tôt. Mes lèvres se mirent à trembloter et je ne pus contenir mes larmes sur mon visage, je laissai alors s'échapper le trop plein de frustrations  accumulées ces dernières heures, ces dernières semaines , ces derniers mois même ....Il plongea son regard dans le mien, pas un regard scrutateur, ni intrusif, un regard bienveillant grand comme des bras ouverts. Mes petits verrous intérieur lâchaient , les uns après les autres. Tant pis. Ou tant mieux ? Je lui confessai les grandes lignes de mon vague à l'âme, les microfrustations que j'avais accumulées et qui avaient fini par gangréner ma joie de vivre, alors que j'avais tout ,a priori, pour être épanouie ....C'est comme si le coeur n'y étais plus? Je ne sais plus si tout ça a un sens ! Mes paroles semblèrent l'émouvoir au point que je me demandai si elles ne le renvoyaient pas à quelque chose de très personnel. A vous écouter parler , je crois même savoir de quoi vous souffrez ... Ah oui , vraiment ? Demandais je en reniflant. Oui...Il hésita un instant à poursuivre, comme s'il essayait de deviner si j'allais être réceptive ou non à ses révélations...Il dut juger que oui, car il enchaina sur le ton de la confidence : Vous souffrez probablement d'une forme de routinite  aigüe. Une quoi ? Une routinite aigüe . C'est une affectation de l'âme qui touche de plus en plus de gens dans le monde, surtout en Occident. Les symptômes sont presque toujours les mêmes, baisse de motivations, morosité chronique, perte de repères et de sens, difficulté à être heureux malgré une opulence de biens matériels désenchantement, lassitude ...Mais ...Comment vous savez tout ça ? Je suis Routinologue . Routino quoi  ?  Il m'expliqua alors en quelques phrases, ce qu'était la routinologie , cette discipline novatrice encore méconnue en France, mais déjà bien répandue dans d'autres parties du monde. Comment , sans être en dépression, on pourrait ressentir malgré tout une sensation de vide, un vrai vague à l'âme et trainer la désagréable impression , d'avoir tout pour être heureux , mais pas la clé pour en profiter. Vous voyez Camille, la plupart des choses qui vous arrivent dans la vie dépendent de ce qui se passent là haut, enchaina t'il, se tapotant le crâne . Les pensées qui placent un filtre entre la réalité et vous même et la transforment au gré des croyances, des a priori et des jugements ...Et qui fabrique tout ça ? Votre mental !Uniquement votre mental !J'appelle ça la fabrique à pensées . Broyer du rose ou broyer du noir n'est pas indépendant de notre volonté ....Vous pouvez travailler votre mental pour qu'il arrête de vous jouer de mauvais tours !Il suffit d'avoir un peu de constance, de persévérance et de la méthode ...Il se leva et se dirigea vers un joli petit secrétaire en bois de cerisier. Il en sortit une carte qu'il me tendit . Passez me voir , à l'occasion, dit-il avec un doux sourire Je lus.   Claude Dupontel  , Routinologue 15, rue la Boétie 75000 Paris 
Je me saisis de la carte sans savoir encore quoi en penser. Ce ne fut que le neuvième jour, en sortant d'une réunion houleuse au bureau durant laquelle mon boss m'avait publiquement rabrouée que je décidai que ça ne pouvait plus durer : Il fallait que les choses changent ! Je ne savais pas vraiment comment, ni par où commencer mais je me disais que Claude lui, le saurait peut-être ....Au bout de quelques sonneries il décrocha. Le jour de notre rendez-vous, j'arrivai au pied d'un bel immeuble façade haussmannienne . A peine eus je sonné qu'une petite femme menue m'ouvrit, c'est vous Camille ?me demanda t'elle s'en préambule avec un grand sourire . Oui c'est moi répondis je , un peu interloquée. Vous avez rendez-vous avec Claude ? Oui . Vous allez voir il est extraordinaire !Claude m'expliqua que cette méthode puise ses sources dans les enseignements de divers courants de pensées philosophiques , spirituels et même scientifiques, et s'inspire des techniques les plus éprouvées de développement personnel à travers le monde .  Un condensé de ce que les hommes ont pensé de mieux pour évoluer en bien. "Donner un sens à sa vie", c'est le fil rouge du changement. Dans la pratique , on procède étape par étape. C'est pourquoi j'applique la théorie des petits pas pour faire progresser mes élèves par paliers. Il m'installa sur un petit bureau secrétaire dans un angle de la pièce et me proposa de noter noir sur blanc tous ce que j'aimerai changer dans ma vie, même les choses les plus anodines, les plus essentielles, ne censurez rien . Je trouvai l'exercice assez simple et commençai à noter tout ce qui me venait à l'esprit, passant au crible le film de ma vie . J'étais en train de prendre conscience du nombre d'insatisfaction que j'avais accumulés, et j'en éprouvais un choc . Soyez fière de vous ,c'est très difficile d'avoir le courage de coucher sur le papier tout ce qui ne vas pas dans sa vie ! Combien de temps dure un accompagnement en général ? Le temps qu'il faut à la personne pour redessiner le projet de vie qui fera son bonheur ...Hum, je vois. Encore une question :Vous n'avez pas parlé de prix et je ne sais pas si j'ai les moyens d'un tel suivi . La routinologie a un mode de fonctionnement unique et très particulier à ce niveau là, mais qui a largement fait ses preuves : Vous paierez que ce que vous estimerez me devoir et seulement quand vous aurez réussi. Je me retrouvai dans la rue comme une étrangère à moi même : cet entretien m'avait chamboulée .Mes mains tremblaient un peu, et je ne savais pas si c'était de peur ou d'excitation. Tandis que je me dirigeais vers le métro pour rentrer chez moi , les pensées se bousculaient à une allure folle dans mon esprit. A chaque pas , je me remémorais les paroles de Claude , et ma détermination grandissait : " Chacun a un devoir vis à vis de la vie , ne croyez vous pas ?  Apprendre à se connaître soi même, prendre conscience que le temps est compté, faire des choix qui engagent et qui ont du sens. Et surtout, ne pas gaspiller ses talents .. ".Camille, il est toujours urgent de se réaliser !"  Pendant la soirée, je ressassai ce que ma vie était à ce jour : une planque, celle de mon travail, celle de mes amours ....Des caches misère ..Il était temps pour moi de cesser de me voiler la face et d'oser reprendre les choses en main . "Changez tout, changez tout, pour une vie qui vaille le coup . Changez tout, changez tout, changez tout ", chantait Jonasz. Je devais, moi aussi , en faire ma chanson.. Trois jours plus tard, je reçus enfin le courrier tant attendu. Bonjour Camille, je suis heureux, de votre décision de repartir a la conquête de votre vie. Chaque fois que vous aurez franchi une étape décisive, un palier de changement, vous recevrez un nouveau lotus Charms, d'une nouvelle couleur , blanc débutant puis jaune , vert ,bleu , violet ...jusqu' au lotus noir qui marquera votre stade ultime de changement. Il sera l'indication que vous aurez atteint tous vos objectifs. Ma première mission fut opération blanc, le ménage , in/out je dus identifier dans mon environnement tout ce qui me paraissait toxique, néfaste, sclérosant dans mes relations et mon organisation, je devais aussi jeter dix objets inutiles , rangez, trier et améliorer mon intérieur. Je sortais, tout du placard et devant cette immense monticule plein de poussière, je l'avoue, je faillis jeter l'éponge. Mais au et à mesure que j'élaguais, c'était fou je récupérai de l'espace vital dans mon esprit ! Cette thérapie par le vide me faisait le plus grand bien. A la fin de la semaine, la maison ressemblait presque à un appartement témoin, je jubilais. Puis il me demanda de faire la liste de toutes mes qualités et de toutes les expériences les plus réussies de ma vie...Un autre jour, il m'invita à tester le jeu de l'appareil photo imaginaire , quand vous sortez, au lieu de vous focalisez sur les choses désagréables, laides ou contrariantes, vous tenterez de fixer votre attention sur des choses jolies et agréables, des clichés imaginaires dans la rue, dans les transports partout ou vous baladerez . Ainsi, je devais m'entrainer à être a l'affût du Beau. Au fil des semaines constatant que mes symptômes de routinite aigus s'estompaient lentement mais sûrement, je commençai à vraiment croire en la méthode. Claude m'appris aussi l'art de la modélisation: Quelle femme admirez vous le plus et pourquoi ? J'adore Isabelle Huppert , je trouve qu'elle a un charme fou! Alors étudiez ses attitudes, sa manière de marcher, de sourire ...Entrainez vous à reproduire ses gestes, fermez les yeux, visualisez vous en train de marcher dans la rue et jouez à être Isabelle Huppert . Comment vous sentez vous ?Belle, sûre de moi, posée. Super !gardez ces sensations en tête, et n'hésitez pas à le faire pour de vrai. Courageusement, je continuai, jour après jour à appliquer les conseils de Claude. A la fin du quatrième mois, j'eus l'impression d'avoir passé un seuil critique, je commençais réellement à apprécier ma nouvelle façon de vivre, manger, bouger, penser .Je touchai du doigt cette fameuse réconciliation  corps/esprit dont parlent toutes les disciplines orientales. Lorsque je marchais dans la rue, je m'appliquais par instants à imaginer mon corps comme un trait d'union entre le Ciel et la Terre, à me sentir reliée à un grand Tout et non plus à me considérer comme un élément isolé, perdu dans la nature. Claude m'envoya un message. Bonjour Camille ! Au programme des trois prochaines semaines ,pensée positives, autosuggestion et méditation . Je demandai : Pourquoi trois semaines ? Il me répondit : C'est le minimum de temps qu'il faut pour qu'un changement se mette en place et commence à devenir une habitude ...Je reçu aussi un petit colis,  c'était une sorte de bonbonnière en verre transparent , Claude avait glissé à l'intérieur un rouleau de papier, je dévissais le couvercle et me saisis du message . "Camille voici votre rumingotte , ce sera votre cagnotte anti rumination et pensées négatives, vous mettrez 1 euro dedans chaque fois que vous aurez des pensées négatives ou des paroles négatives ou stériles ; je ne peux que vous souhaiter de ne pas devenir riche par ce biais ! La pensée positive à un réel impact sur votre corps et votre psychisme : Il faut faire attention à son dialogue intérieur autant qu'à ses propos extérieurs . Pourquoi pas commencer dès aujourd'hui ? A bientôt Claude.  Je m'évertuais à pratiquer la pensée et l'autosuggestion positives . A changer mes tournures de phrases. A les formuler non plus de manière négative, mais positive. Non plus à la forme passive , mais active. Une vraie gymnastique de plasticité cérébrale ! Je m'étais imprimé une courte fable que Claude m'avait envoyée et la relisais souvent. C'est l'histoire d'un homme qui vas trouver un sage pour apprendre auprès de lui . Dites moi , qui vous êtes sage , qu'est ce qu'il a dans votre esprit ? Dans mon esprit ,il y a deux chiens, un noir et un blanc. Le noir est le chien de la haine, de la colère et du pessimisme. Le blanc est celui de l'amour, de la générosité et de l'optimisme. Ils se battent tout le temps. Le disciple est un peu surpris. Deux chiens ? Qui se battent ? Oui pratiquement tout le temps . Et lequel gagne ? Celui que je nourris le plus . Il était clair que depuis des années , mes pensées avaient dû bien plus ressembler à un noir Cerbère qu'à un joli petit bichon maltais ! Mais j'étais résolue à changer le registre canin de mon esprit Mon pot de départ à l'agence m'emplit d'un sentiment mitigé, mélange de libération jubilatoire et d'une certaine  anxiété. Ma décision avait surpris tout le monde, la plupart de mes collègues me prenaient pour une gentille mère de famille, installée sur des rails d'une vie bien popote et voilà que je me transformais en une entrepreneuse audacieuse, au projet professionnel improbable ! Ma victoire me valut un quatrième lotus Charms violet , celui là je n'aurai jamais cru gravir ainsi les échelons du changement, mais force était de constater que la méthode fonctionnait . Maintenant que j'avais les fonds, je pouvais enfin mettre en œuvre ce qu'il fallait pour concrétiser mon concept de leasing de vêtements haute couture pour tout petits à des prix très accessibles. Le lancement de la boutique était prévu six mois plus tard . Claude suivait mes avancées comme un papa poule. Et puis ..et puis le grand jour arriva. L'inauguration, enfin !La boutique était pleine à craquer. Tous les invités se tenaient autour de moi , une flute de champagne à la main. Ma mère me couvait d'un regard admiratif, a côté d'elle mon père qui avait fait tout spécialement le déplacement ne pouvait cacher son émotion. Mon fils avait raconté à tous ses copains que sa mère allait ouvrir une boutique de haute couture pour enfant et qu'elle allait devenir célèbre ! Ma seule déception , Claude n'était pas encore là; il allait rater mon discours, dans lequel j'avais bien entendu prévu de lui rendre un bel hommage. Soudain , un brouhaha se fit entendre au niveau de la porte d'entrée et une grosse agitation sembla gagner l'assemblée . Je ne comprenais pas ce qui se passait, crépitements de flashs , de cris ...Le  flots de visiteurs s'ouvrit petit à petit jusqu'à moi offrant le passage d'une stupéfiante apparition : Jean Paul Gaultier en personne ! Et juste derrière lui Claude, me souriait à belles dents, heureux de voir sa surprise faire tout son effet. Je n'en revenais pas !Je tendis à mon idole une main tremblante, qu'il serra chaleureusement, je l'entendis, comme à travers un brouillard , expliquer à l'assemblée qu'il était heureux et fier d'être le parrain de ma boutique, dont le concept l'avait beaucoup séduit. Quand Claude lui avait envoyé la présentation du projet , il n'avait pas hésité longtemps pour offrir son image médiatique, afin de donner à mes fées modes, une plus grande visibilité : Camille a un grand talent de styliste, poursuivit -il . Ses modèles petite enfance possèdent une véritable originalité  et offrir la possibilité aux familles d'accéder à des vêtements uniques et haut de gamme à des petits prix, grâce au leasing , c'est incroyablement malin . Vraiment bravo Camille ! J'étais au comble du bonheur ! Claude ! Je ne sais comment vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi ... Il me tendit alors la fameuse petite boîte entourée cette fois d'un joli ruban doré , je devinais aussitôt ce qu'elle contenait le lotus noir, le dernier des talismans . Avant de partir , il me glissa une petite enveloppe blanche dans le creux de la main . Le mot disait : Ma Chère Camille , Permettez moi de vous fixer un ultime rendez-vous . J'ai quelques révélations à vous faire. Puis j'aurai fini ma mission auprès de vous et vous pourrez continuer votre chemin, en étant sûre d'être sur le Bon chemin ! Rendez-vous donc après-demain à 14 heures en haut de l'Arc de Triomphe . Encore , bravo, et belle nuit , votre dévoué , Claude . J'approchai du monument, admirant sur ses flancs les allégories éclatantes de la victoire. Oui quel meilleur endroit vraiment , pour célébrer l'achèvement de mon projet personnel et rendrez hommage . Claude se tenait là et m'accueillit à bras ouvert. Vous savez Camille , j'aime à penser que nous sommes tous citoyens du monde , mais peu de gens en ont vraiment conscience . Chacun pourrait devenir " ambassadeur de la paix "rien qu'en agissant à son niveau, en œuvrant à sa sérénité intérieure et à son bonheur . Son visage s'assombrit , peut-être que quand je vous aurai fait mes révélations , vous n'aurez plus envie de me voir ....de quoi parlez vous ? Quelle révélations ? Je dois vous dire un secret qui va peut-être vous bouleverser . Je ne suis pas Routinologue , en vrai je suis architecte , j'ai quitté la France à la suite d'une rupture brutale et douloureuse avec celle que je pensais être la femme de ma vie. Elle est partie avec mon meilleur ami ...Une  trahison qui m'a complètement mis par terre ; un océan entre elle et moi me semblait pas de trop! Mais une fois aux States , ma dépression n'a fait qu'empirer . Un homme Jack Miller s'est occupé de moi et m'a remis sur les rails pour m'aider à devenir ce que je suis aujourd'hui ; sans lui , je n'aurai jamais repris l'architecture, je ne croyais plus en moi. C'est mon mentor, mon routinologue ! Camille il est temps que je vous explique ... La routinologie , en soi ,est une invention ...il s'agit en réalité d'une sorte de chaîne d'entraide , de relais de la réussite ! Celui qui a été aidé devient routinologue à son tour et doit transmettre ce qu'il a appris , en venant en aide à une autre personne de son choix . et votre cabinet ? Votre assistante ? Une mise en scène montée de toute pièces, en réalité, ce cabinet est mon bureau d'architecte et Marianne mon assistante habituelle; j'ai dû la mettre dans la confidence, et la convaincre de jouer le jeu. Mais alors vous n'avez pas vraiment de compétences, ni de légitimité pour jouer au coach avec moi ? il toussota . C'étais la première fois que je le voyais perdre contenance . Oui et non , Camille . Car chaque nouveau "routinologue " a reçu comme vous un apprentissage qu'il reproduit ensuite scrupuleusement . Pour vous ça a marché non ? Ne croyez pas que je ne sais pas ce que vous ressentez, Camille . Pour moi aussi , ça a été un choc , quand j'ai appris que Jack Miller n'était pas routinologue ...Certes , la méthode n'est pas classique , pas très orthodoxe même, mais elle en vaut la peine , vous ne croyez pas ? Je capitulai . Oui , çà en vaut la peine . Souriant , il farfouilla dans sa sacoche pour en extraire quelque chose . Alors vous êtes prête à recevoir ceci ....Il me tendit un épais cahier . A l'intérieur je retrouvai toutes les étapes de mon programme, les expériences , les apprentissages, les instructions détaillées. C'est un support qui vous sera précieux pour accompagner , plus tard celui ou celle que vous choisirez . Sur un regard , une parole , vous saurez que c'est la bonne personne ....ça s'est passé comme ça pour moi ? Oui , ça faisait quatre ans que j'attendais de trouver qui j'aurais envie d'accompagner !Puis il me tendit des cartes de visite de routinologue imprimées à mon nom , comme s'il n'avait pas douté un seul instant que je dise oui , ainsi que de fausses pochettes de dossiers , des photos et des témoignages de remerciements que j'aurai à afficher au mur de mon futur cabinet de consultation ...;Toute la panoplie du parfait routinologue ! Je vous en prie . Prenez les. A votre tour de transmettre tout ce vous avez appris . Vous le ferez, n'est ce pas ?  Vous ne laisserez pas la chaîne des routinologues se rompre ? Sa voix avait pris l'accent de la supplication . J'étais chamboulée . Son regard soutint le mien avec insistance . Tout ce que nous avions vécu me revint en mémoire . L'émotion me serre la gorge . Je tendis le bras pris le matériel ....Je lui devais bien ça non ?




lundi 31 juillet 2023

Je plante donc je suis de Alain Baraton




 Les jardiniers aiment à se lever tôt , au Moyen âge , les moines vivent coupés du monde. Le jardin leur est indispensable pour méditer mais aussi pour se nourrir. Les cloitres, les jardins des monastères, étaient carrés ou rectangulaires divisées en quatre parcelles. Au centre du jardin des poissons qui sont mangés le vendredi ou pendant les périodes de carême. Le moine plante utile : il préfère les plantes potagères, légumes en graines tels les pois, les pois chiches et les fèves ; à la modeste pitance s'ajoutent  quelques plantes condimentaires et médicinales, comme l'anis, le fenouil , la menthe, le persil, le pavot et la ciboulette ainsi que quelques plantes tinctoriales notamment le rouge garance et les jaunes genêts ou safran. A côtés du jardin se dresse un verger, le lieu choisi pour cultiver des fruits, des fleurs et enterrer les morts. Il est utile de préciser qu'au Moyen âge les fleurs dans les églises sont tenues  pour sacrilèges évoquant les orgies romaines. Pour les hommes d'Eglises , la fleur est associée à la Vierge Marie, pour laquelle sont plantés des lis d'un blanc immaculé ou des roses rouges, la couleur du sang du Christ , n'oublions pas la vigne, à la destination  du vin de messes uniquement . Conjuguant esthétique et utilité, les vergers étaient installés dans des endroits que je trouve sublimes , ils devaient être beaux et ordonnés. Pas d'anarchie dans les plantations, de l'ordre et de la vigueur, comme là haut. Les allées sont encadrés par des buis de bordure, bénis lors de la fête des Rameaux. Ces jardins évoquent le paradis perdu et la quête d'un monde parfait, ils sont aussi l'endroit propice à la méditation. Que l'on soit croyant ou non , les visiter est toujours un moment délicieux. Bioéthique rime souvent avec manipulation génétique. Qu'en est-il des plantes ? Ont-elles été bonifiées, altérées ou juste modifiées ? Les premières plantes travaillées par les hommes sont les céréales. Les premiers à récolter des graines sont les populations du Moyen-Orient qui améliorent la production  de blé en sélectionnant les meilleures semences. C'était il y a 8 000 ans. La nécessité de nourrir une population toujours plus nombreuses a conduit à développer d'autres méthodes de reproduction comme le bouturage, opération consistant à planter en terre une feuille, une partie de tige ou une racine pour obtenir un nouveau plant. Toutefois le bouturage n'améliore pas les végétaux. Les Chinois le savaient: ils lui préfèrent le greffage, inventé , selon les spécialistes, il y a 4 000 ans. La pratique est déjà un peu moins aisée : il s'agit d'introduire dans les tissus d'un végétal un élément d'une autre plante, le plus souvent une partie de branche ou un bourgeon .L'intérêt de la greffe est d'associer, par exemple, une plante réfractaire à un sol calcaire à un végétal qui l'apprécie. Il est aussi possible de greffer une plante sensible à une maladie sur un pied résistant à cette même maladie. Grâce au greffage, un arbre ou un arbuste peut être adapté au climat d'une région, ou un sol et sa production de fleurs ou de fruits améliorée. Le greffage ne mélange pas les végétaux; vous greffez un rosier rouge sur un rosier blanc, les nouvelles fleurs seront rouges . Le semis, le bouturage, le greffage sont des techniques longue à donner des résultats, des résultats parfois décevants. C'est pourquoi les chercheurs travaillent depuis les années 1950 la culture in vitro. Réalisé en laboratoire, elle régénère les plantes à partir des tissus  végétaux ou des cellules. On parle alors de culture cellulaire. Dans un laboratoire, les noms deviennent aussitôt abscons : les chercheurs pratique la culture des méristèmes, d'apex ou d'embryogenèse somatique. Nous quittons le domaine du jardinage pour celui de la science. L'avantage de ces techniques est d'optimiser la production et de fournir des plans indemnes de tout virus? Le premier inconvénient est que les végétaux produits sont le plus souvent stériles ,le second, quoique cela soit aussi valable pour le greffage, que notre environnement végétal en est transformé. Quantité de plantes vivent aujourd'hui à la place d'essences régionales. Je ne sais si c'est le progrès, en tout cas, il s'agit d'une nécessité : il y a 2 000 ans , les pommes avaient la grosseur d'une cerise, pas de quoi nourrir des milliard de Terriens ! Les hommes n'ont de cesse d'exploiter la nature pour en tirer ce qu'elle offrait de plus maléfique; c'est ainsi que les plantes furent souvent employées à des fins criminelles. Nous sommes dans les années 200 avant J.C et Hannibal est en difficulté , Hannibal grand général carthaginois fut capable de conduire à la mort une armée de  38 000   soldats; il osa franchir les Alpes avec des éléphants pour affronter les Romains et mit à maintes reprises les légions italiennes en déroute. La victoire n'est pas toujours au rendez-vous, Hannibal est en Afrique et son armée est en sous nombre, la défaite semble inévitable; en bon stratège, il ordonne le repli des troupes tout en laissant sur place tous les tonneaux de vin dont il dispose; les barriques ne contiennent pas que du raisin: il y a ajouté des racines de mandragore , une plante vivace provoquant malaises et hallucinations , les ennemis envahissent le campement et savourent leur victoire en buvant jusqu'à la dernière goutte de vin abandonné, Hannibal revient quelques heures plus tard et massacre sans avoir à combattre des soldats incapables de se défendre, la plante fit alors une entrée remarquée dans la carrière militaire, elle est loin d'être la seule . Les premiers soldats kamikazes furent ismaéliens; l'ismaélisme est un courant minoritaire de l'islam chiite , ils étaient entraîner à tuer et à repousser leurs limites de la peur, pour qu'ils soit encore plus efficaces, les chefs donnaient aux combattants des doses de haschisch . Ces hommes étaient s'en doute des fanatiques, ils étaient aussi complètement drogués; ils atteignirent le paradis c'est sûr, mais celui-ci était artificiel. Le haschisch est issu d'une plante, le chanvre, aux utilisations multiples, grâce à elle, les candidats à la mort ne redoutaient rien et enduraient la douleur s'en se plaindre. L'arbre est riche de symboles : L'arbre de la liberté planté à la Révolution française, l'arbre de justice sous lequel les monarques redirent leur décision, l'arbre de rassemblement sous lequel on se jurait fidélité et fraternité avant le combat, l'arbre cosmique qui relie la terre et les cieux la vie et la mort. L'arbre contient en lui tous les éléments: l'eau circule dans son bois, la terre enfouie entre les racines, l'air nourrit les feuilles, du frottement de ses branches jaillit le feu. Pour certains musulmans , les chiites de rites ismaélien, l'arbre symbolise le hakitat, la béatitude qui dépasse le mystique des apparences et rejoint la réalité suprême. L'arbre de la Bodhi, sous lequel Bouddha méditait .L'arbre de vie porte les fruits défendus . Il existe en Chine l'arbre Kien-Mou, planté au centre du monde, qui ne produit aucune ombre. Il possède 9 branches et 9 racines avec lesquelles il touche aux 9 dieux et aux sources, séjour des morts. L'arbre est présent dans toutes les religions. Son tronc nous offre l'encens: le ou les dieux sont sensibles aux fumées qui montent vers le ciel en signe de sacrifice. L'encens est une résine sécrétée par le boswellia , un arbre originaire du Sultanat d'Oman , qui se trouve en Somalie, en Ethiopie, au Yémen et en Inde. ; c'est un petit arbre qui atteint 8 mètres à l''âge adulte, l'arbre est symbole de sagesse. L'olivier, bien sûr , est porteur de paix. La famille est réunie sur un arbre généalogique. Le Canada et le Liban ont mis l'érable et le cèdre sur leur drapeaux . Le sapin de Noël est là pour apporter la paix dans les chaumières, à défaut des nations .Lorsque on évoque Israël et les territoires palestiniens, on pense au figuier, à l'oranger, à l'olivier ou à l'avocat. Mais la flore de cette région ne se limite pas à quelques arbres fruitiers . Deux milles ans avant J.C, les hommes exploitaient le grenadier et fabriquaient avec la pulpe du fruit la grenadine, boisson connue pour étancher la soif. Dans le désert, le palmier dattier est un arbre apprécié des nomades; ils l'apprécient pour les fruits mais surtout parce qu'il indique la présence d'oasis et donc d'eau. En Israël et en Palestine, on cueille le cédrat aussi appelé pomme d'Adam ou pomme du Paradis; le fruit est acide mais dégage une odeur merveilleuse. Avec les myrtes et par la distillation des feuilles , on obtient un liquide précieux utilisé en pharmacie; les fleurs distillées entrent dans la composition de produits de beauté. Le myrte a un quasi homonyme la myrrhe . La myrrhe est produite par une plante appelée Commiphora ; sa sève entre dans la composition des huiles saintes, de certains produits de beauté et de parfum d'intérieur. Je voudrais aussi évoquer l'aloès vrai, cette plante est capable de s'adapter à des sols qui affichent au soleil 60 degrés, dans les régions sèches, elle est une véritable manne. Et la manne justement, d'où vient elle( hormis de la main de Dieu , bien sûr )Elle est due à une variété de tamaris qui abrite des colonies de cochenilles, celle-ci se nourrissent de la sève de la plante, en réaction, l'arbuste produit à l'emplacement des piqûres une sorte de miellat jaune appelé manne; cette substance est depuis toujours récoltée par les habitants et consommée. Une plante et un insecte permettant aux hommes de se nourrir dans un endroit aussi désertique, nul doute qu'il s'agisse d'un miracle et rien d'étonnant à ce que la manne terrestre soit aussi nommée le pain du ciel. Plus de 2 000 ans avant J.C , les Chinois constatent que la chenille d'un papillon, le bombyx, fabrique ses cocons dans un arbre, le mûrier. La chenille sécrète une bave qui se durcit et se transforme en un long fil pouvant atteindre 1,5 km ;mon histoire vous dégoute ? Sachez que ce filet de bave n'est autre que la soie . Les Chinois comprennent vite l'importance de la découverte et exploitent la chenille, le papillon et le mûrier; pour conserver le monopole de la commercialisation de la soie , ils gardèrent pour eux et pendant 3000 ans les secrets de la fabrication , il faut dire que tous les empereurs de Chine qui se sont succédé punissaient de mort ceux qui osaient parler. Un autre secret de fabrication a fait gagner beaucoup d'argent à un agriculteur ; nous sommes en 1830 en Belgique. La période est trouble et Jan Lammers doit quitter sa maison car le pays connaît de graves dissensions .  Il protège ce qu'il peut et enterre dans sa cave des racines de chicorée. Lorsqu'il revient quelques semaines plus tard, il découvre les plants qui ont poussé et qui , en l'absence de lumière, ont produit des jeunes feuilles blanches et jaunes, il goûte les curieux légumes, il est séduit: il vient d'inventer les endives . Pendant presque vingt ans, il ne divulgue pas l'origine de sa production et vend sur tous les marchés ses endives; il gagne des sommes colossales . Cette culture intrigue Breziers, le jardinier en chef de la Société d'horticulture de Belgique. Il réussit avec beaucoup de persévérance à percer le mystère de l'endive dont il améliore la culture. Là encore, et pendant trente ans la production reste régionale. Les Français découvrent la plante en 1875 grâce à Henri de Vilmorin, il faut toutefois attendre les années 1920 pour que les endives soient cultivées en grande quantité dans le nord de la France. Comment les plantes font-elles pour résister aux agressions ? L'affaire est loin d'être simple.  Les végétaux se sont adaptés à certaines situations et ne peuvent que limiter les dégâts . Prenez l'exemple d'un arbre, il est attaqué par un virus ou par un champignon, le malheureux n'a pas les moyens de prendre la fuite!  Il va sectoriser l'organe où siège la blessure, quitte à se séparer d'une branche pour éviter la propagation . Il est donc capable d'isoler une partie contaminée. En période de canicule, pour résister aux températures élevées et limiter leurs besoins en eau, les arbres réduisent le nombres de leurs feuilles; ils reproduisent les effets de l'automne, lorsque les feuilles tombent pour se prévenir du gel rendant impossible l'absorption de l'eau. C'est la raison pour laquelle les plantes qui vivent sous les tropiques restent vertes toute l'année. On dit souvent que la taille donne du " tonus " à un arbuste, elle lui donne surtout du stress, la plante craint pour sa survie et se hâte de recréer en quantité les branches et les feuilles qui lui font défaut. Certains pensent que l'arbre serait capable de sentir la mort arriver, pour assurer sa descendance, il fournit plus de fruits que d'ordinaire. On a souvent vu des pommiers, des cerisiers ou des pruniers qui ne donnaient que quelques fruits en être subitement couverts une année, comme par miracle. Puis vient l'automne et l'arbre n'y survit pas. Les anciens l'avaient compris lorsqu'ils tapaient avec un manche sur le tronc des arbres pour leur faire croire que le vent ou la hache allait leur être fatal  Les récoltes l'année suivantes étaient, paraît il, exceptionnelles. Les vendanges qui commencent aux premiers jours de septembre ne sont plus exceptionnelles , en à peine cinquante ans la date des vendanges a été avancé en fonction des régions et en moyenne de 18 jours à 1 mois, c'est énorme, et non s'en conséquence. dans son livre Histoire du climat, Emmanuel le Roy Ladurie établit un parallèle entre la date des vendanges et les mouvements des glaciers. L'auteur se fonde sur des documents vieux de plusieurs siècles, dont le plus ancien date de 1370. Le résultat est riche d'enseignements, les scientifiques étudient l'impact du réchauffement climatique sur la fructification des arbres fruitiers et de la vigne pour les décennies à venir , rappellent qu'un vin n'est bon que si la vigne a mûri lentement, une maturation accélérée  par une élévation brutale des températures nuit à la qualité du vin. Les conclusions sont les mêmes: les vins deviennent durs c'est à dire qu'ils deviennent plus acide, leurs qualités aromatiques baissent tandis qu'augmente leur taux d'alcool. Lorsque les températures moyennent sur une année de 1°, le taux d'alcool augmente de 2°, le réchauffement climatique se confirmant , il y a fort à parier que nos grands crus de Bordeaux présenterons demain un taux d'alcool identique aux vins d'Afrique du nord. Mais ce n'est pas la seule conséquence, il ne serait pas impossible que nos voisins russes et scandinaves se mettent eux aussi à produire, ils le font déjà en petites quantités certes, des vins vendus au détriment de nos grands crus . A la fin des années 1970, les vignerons d'Australie, des Etats-Unis, d'Argentine et d'Afrique du Sud produisaient moins de 2% de la consommation mondiale de vin; ils en produisent aujourd'hui un quart . La Chine se lance à son tour dans la grande viticulture. En permettant aux pays situés à proximité des pôles de planter des milliers d'hectares de vignes sur des sols actuellement inexploités le réchauffement climatique va profondément et durablement transformer la carte du monde de la viticulture. Ceux qui vont le plus en pâtir seront les viticulteurs français . Les premières plantes sur terres furent les algues, les champignons et les mousses; puis les prêles, les fougères, les conifères et les plantes à fleurs. Tout ce petit monde végétal vit depuis pas moins de 510 millions d'années, se reproduit tranquillement et laisse de temps en temps apparaître de nouvelles variétés si bien qu'aujourd'hui ce sont 13 à 14 millions ' il s'agit d'une estimation d'espèces de plantes  qui peuplent la planète ) Les scientifiques n'ont pas de temps à perdre s'ils veulent décrire avec précision les 15 000 espèces de mousse, les 14 000 fougères, les 100 000 champignons et les 10 000 espèces de lichen qui poussent sur la terre ; après ils pourront s'attaquer aux algues, arbres, fleurs et graminées etc....Il aura fallu des millions d'années pour que la terre ressemble à ce que nous connaissons et quelques décennies pour la détruire en partie. Depuis toujours les espèces se sont éteintes, mais aujourd'hui, elles nous quittent à une vitesse 100 à 1000 fois supérieure; pour moi, c'est un drame , voire une catastrophe car les arbres ont permis à l'homme d'élaborer quantité de médicaments comme la quinine ou l'aspirine. Récemment, sur l' île de Bornée, des scientifiques ont découvert une substance utile dans la lutte contre le sida, elle provient d'un arbre, le Callophyllum lanégerun ; hélas lorsque les savants ont décidés de revenir sur l'île afin d'exploiter le remède, les coupes forestières avaient fait disparaître  l'arbre, il a fallu de longs mois pour en retrouver quelques spécimens.  Il n'est guère besoin d'imagination pour comprendre que, s'il avait définitivement disparu, l'affaire aurait été étouffée. A ce jour les constituants chimiques de seulement 10% des espèces végétales de la planète ont été étudiés. Les fleurs sont elles amoureuses ?  En tout cas elles ne flirtent pas avec n'importent qui, si la couleur importe peu; il faut être de la même famille, les marguerites ne badinent pas avec les coquelicots ou les bleuets ; quant à leurs couleurs chatoyantes, à leurs parfums envoûtants, ils sont là uniquement pour attirer les insectes butineurs. Les fleurs ne sont pas des amoureuses, ce sont des séductrices; deux espèces à ne pas confondre. Dans un jardin il y a des fleurs  mais il y a aussi des petites bêtes; prenons l'exemple de l'Argiope auvinta , une araignée du jardin qui tisse des toiles superbes et compliquées; sa femelle est insatiable : de petite corpulence, elle a une fâcheuse tendance à être volage; le mâle, petit, est jaloux , un vrai Sicilien; pour être certain que c'est bien sa semence qui donne naissance à la descendance du couple, il s'accroche avec force sur la femelle et enfonce dans son corps ses pattes porteuse de sperme, puis il réduit son rythme cardiaque et se laisse mourir. La femelle se retrouve avec un cadavre sur le dos profondément fixé et interdisant tout accès aux organes génitaux , dans la famille araignée on sait mourir par amour ! Cet exemple souligne, entre autres , l'intérêt qu'il y à observer la nature. Pline l'Ancien le savait, le naturaliste romain ; né en l'an 23 à consigné par écrit le fruit de ses observations et elles ne manquent pas de piquant, surtout lorsqu'il décrit le hérisson . La question est vieille comme Hérode : Comment fait le hérisson lors de sa copulation pour ne pas se blesser avec ses quelques 5 000 piquants ?  Pline a trouvé la réponse, il écrit, et je n'invente rien : les hérissons s'accouplent debout en s'embrassant , délicieux ! Aujourd'hui , 1,1 milliard de personnes n'ont pas accès directement à l'eau potable, en conséquence, les eaux de mauvaises qualités tuent chaque jour plus de 5 000 enfants de moins de 5 ans et plus de 2 millions d'humains souffrent de maladie dues à une eau impropre à la consommation. Pourtant, l'eau ne manque pas : 90% des catastrophes naturelles y sont liées, quand sera t'il demain ?  En 2030, demain donc, la population mondiale aura besoin de 55% de nourriture en plus. Or, il faut 1000m3 d'eau pour produire 1 tonne de blé et dix fois plus pour produire 1 tonnes de viandes : nul n'a besoin d'être un spécialiste pour comprendre la gravité de la situation . Comment trouver de l' eau ?  D'où vient elle ? Gislain de Marsilly , membre de l'Académie des sciences, professeur de géologie à l'Université Paris VI a publié en 2005 un rapport passionnant dont voici un extrait : " L'évaporation des océans représente 425 000 km3 par an er celle des continents 71 000 km3 . Sur ces 496 000km3 annuels , 385 000 retombent sur les océans et 111 000 km3 sur les continents . Sur ces 111 000 km3, 71 000 s'évaporent et constituent l'eau verte qui alimente naturellement toute la végétation en l'absence d'irrigation . Il reste 40 000km3 d'eau qui se répandent dans l'environnement. Gislain de Marsilly estime que 13 000 km" d'eau sont récupérables annuellement. La situation ne serait donc pas dramatique. Mais la répartition des ressources en eau varie d'une région à l'autre et le réchauffement climatique perturbe la donne . Demain, il pleuvra davantage dans les zones déjà humides et les zones arides vont s'agrandir. La ceinture désertique va se déplacer vers le Nord. Les Nations Unies estiment que , compte tenu de l'augmentation  démographique d'ici 2025, le Moyen Orient, l' Afrique du Nord et l'Inde vont connaître des situations dramatiques. Les sources souterraines , de créer des barrages, d'installer des usines de désalinisation, ces procédés sont souvent polluants et toujours hors de prix. Il y aurait bien un début de solution : il n'est pas interdit de rêver ; le pétrole extrait de terre est mélangé à part égale à de l'eau ,une eau impropre sans traitement approprié bien entendu . Sachant que ce pétrole est souvent exploité par des régions arides, on peut imaginer qu'il serait possible aux populations locales de récupérer l'équivalent de 70 millions de barils par jour, soit 4 km3 par an . Encore faudrait t'il que l'opération intéresse les compagnies pétrolières : rien n'est mois sûr. Le Pentagone va jusqu'à prétendre que , dans les années à venir  de nombreux pays se doteront d'armes nucléaires, pour défendre leurs ressources en eau ou pour s'emparer de celles de leurs voisins. L'eau source de vie sera demain source de conflits.