jeudi 21 avril 2022

La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben

 


     


Quand j'ai commencé ma carrière de forestier , j'en savais à peu près autant sur la vie secrète des arbres  qu'un boucher sur la vie affective des animaux. la sylviculture moderne produit du bois , en d'autres mots elle abat des arbres puis replante des jeunes plants . La lecture des revues spécialisées permet de comprendre que la bonne santé d'une forêt n'a d'intérêt que dans la mesure où elle participe d'une gestion optimale . Cette perception suffit également au quotidien du forestier qui finit par avoir une vision déformé des choses . Une large part de mon travail consistent à estimer les qualités intrinsèques ou la valeur marchande de centaines d'épicéas, de hêtres, de chênes ou de pins , je ne voyais les arbres que sous cet angle. Il y a une dizaine d'années , j'ai commencé à organiser des stages de survie en forêt et des circuit " cabanes forestières "pour le public. Vinrent ensuite la création d'un cimetière forestier naturel et le la mise en réserve de bois vert où la nature allait pouvoir reprendre ses droits. Les nombreux échanges que j'ai pu avoir avec les visiteurs ont corrigé mon regard sur la forêt . Quand on sait qu'un arbre est sensible à la douleur et a une mémoire , que des parents arbres vivent avec leurs enfants , on ne peut plus les abattre sans réfléchir ni ravager leur environnement en lançant des bulldozers à l'assaut des sous-bois . Cela fait déjà vingt ans que ces engins sont bannis de mon district . Si quelques troncs doivent néanmoins être récoltés, les ouvriers forestiers procèdent au débardage en douceur, avec des chevaux de trait. Une forêt en bonne santé , voir osons le dire, une forêt heureuse est nettement plus productive, donc plus rentable . Une poignée de terre forestière contient plus d'organisme vivants qu'il y a d'êtres humains sur terre. Une cuillère à café contient déjà à elle seule un kilomètre de filaments de champignons. Tout ces organismes ont une action sur le sol, ils le modifient, l'amende, lui donne sa valeur pour des arbres. Sans terre, il ne peut y avoir de forêts car il faut que les arbres puissent s'enraciner quelques part , de la roche ne le permettrait pas, quant à la rocaille, les racines pourraient s'accrocher mais elles ne retiendraient pas suffisant d'eau et de nutriment . Des phénomènes  géologiques, comme les glaciations avec leur période de gel ont fait éclater la roche, puis l'action abrasive des glaciers a transformé les morceaux en sable et en poussières jusqu'à ce que ne subsiste plus qu'un substrat léger . A la fonte des glaces, ce substrat à été transporté par l'eau à des altitudes inférieures ou dans des dépressions ou bien balayer par le vent , il s'est accumulé pour formé  des dépôts épais de plusieurs mètres. La vie y est apparue sous forme de bactéries , de champignons et de végétaux qui en se décomposant  se sont transformé en humus. Au fil des millénaires, ce sol qui ne peut s'appeler ainsi qu'à compter de ce stade à pu être colonisé par des arbres. Grâce à ces arbres, l'érosion ne l'a plus atteint et les couches d'humus qui s'empilaient ont commencer à former une roche préliminaire du lignite. L'érosion est l'un des grands ennemis naturels des forêts . Tout phénomène extrême , le plus souvent de fortes précipitations, use un peu le sol . Si la terre forestière ne peut pas immédiatement absorber la totalité de l'eau, le surplus s'écoule sur la surface en emportant des petites particules. les ruissellements brunâtres que l'on observe parfois après la pluie charrient de précieux sédiments. Cela peut représenter jusqu'à 10 000 tonnes par an en kilomètres carré. Un jour que je parcourais l'une de mes anciennes réserves de hêtres de mon district ; je me trouvais en présence de très anciens vestiges d'une immense  souche d'arbre, il ne subsistait que quelques fragments de ce qui avait jadis été l'écorce tandis que l'intérieur s'était depuis longtemps décomposé et transformé en humus , deux indices qui permettaient de conclure que l'arbre avait dû être coupé en 400 et 500 ans auparavant , mais comment est-il possible que les vestiges survivent aussi longtemps ? Les cellules se nourrissent de sucres, elles doivent respirer, se développer , or s'en feuilles donc s'en photosynthèse , c'est impossible . Aucun des êtres vivants de notre planète ne résiste à une telle privation de nourriture de plusieurs centaines d'années; elle bénéficiait de l'aide des arbres voisins ils lui apportaient par l'intermédiaire des racines. Mais pourquoi les arbres ont-ils un comportement social, pourquoi partage t'ils leurs nourritures avec des congénères, pour les mêmes raisons  que dans les sociétés humaines; à plusieurs, la vie est plus facile. Un arbre n'est pas une forêt , il ne peut pas à lui seul créer des conditions climatiques équilibrées il est livré sans  défense au vent et à la pluie. A plusieurs en revanche les arbres forment un écosystème qui modère les températures extrêmes, froides ou chaudes, emmagasine de grandes quantités d'eau et augmentent  l'humidité atmosphériques. Si chaque individu ne s'occupait que de lui même, nombre d'entre eux n'atteindrait jamais un grand âge. Les morts successives provoqueraient de grandes trouées dans la canopée par lesquelles les tempêtes pourraient s'engouffrer et endommager la forêt. Même les individus malades sont soutenus et approvisionnés en éléments nutritifs jusqu'à ce qu'ils aillent mieux . Le langage des arbres, une chose est sûre , ils ne parlent pas et n'émettent aucun son ; les branches qui craquent quand il y a du vent , le bruissement du feuillage sont des phénomènes passifs indépendant de leur volonté . Les arbres disposent cependant  d'un moyen pour attirer l'attention; l'émissions des odeurs. Dans les années 70 , des chercheurs ont mis en évidence l'étonnant comportement d'une espèce d'acacia de la savane africaine dont les feuilles sont broutées par les girafes ; pour se débarrasser de ces prédateurs très contrariants, les acacias augmentent en quelques minutes la teneur en substances toxiques de leurs feuilles ; dès quelles s'en redent comptent , les girafes se déplacent et ne recommencent à brouter qu'une centaine de mètres plus loin ; la raison est surprenante ; les acacias agressés émettent un gaz avertisseur ( dans ce cas l'éthylène ) qui informe leurs congénères de l'imminence d'un danger, les messages olfactifs étant transportés d'arbre en arbre par l'air, si elles se déplacent dans le sens contraire au vent le premier arbre voisin n'aura pas été informé de leur présence, et elles n'auront pas à interrompre leur repas. Les arbres sont toutefois capable de se défendre seuls ; les chênes envoient des tanins amers et toxiques dans leur écorce et leurs feuilles; si les ravageurs ne sont pas exterminés au moins cela transforme t-il la succulente salade en verdure immangeable. Les arbres  évitent de se reposer par leur seule voie des airs ;ils préfèrent assurer leurs arrières en envoyant aussi leurs messages aux racines qui relient tous les individus entre eux et travaillent avec la même efficacité qu'il pleuve ou qu'il vente . Les racines d'un arbre s'étendent sur une surface qui dépasse de plus du double l'envergure de la couronne . Il en résulte un entrelacement des ramifications souterraines qui crée autant de point de contact et d'échange entre les arbres ; ce n'est pas systématique, car une forêt héberge aussi des solitaires et des individualistes réfractaires à toute idée de collaboration . les arbres ne sont pas les seuls à communiquer ainsi  entre eux , les buissons, les graminées échangent aussi et probablement toutes les espèces végétales présentent dans la communauté forestière. En revanche dés que l'on pénètre dans une zone agricole, la végétation devient très silencieuse , la main de l'homme à fait perdre aux plantes cultivées beaucoup de leur aptitude à communiquer par voie souterraine ou aérienne ; quasi muettes et sourdes , elles sont une proie facile pour les insectes; l'utilisation massive de pesticides par l'agriculture moderne trouve là une de ses explications. Les signaux agréables existent et vous en avez sûrement perçu ou précisément senti ; je veux parler des messages olfactifs envoyés par les fleurs ; le parfum qu'elle émettent n'est ni fortuit ni destiné à nous séduire . Les arbres fruitiers, les saules ou les châtaigniers diffusent des messages olfactifs pour attirer l'attention et inviter les abeilles à faire le plein chez eux; Les essences forestières préfèrent fleurir toutes en même temps car cela favorise le brassage des gènes d'un grand nombre d'individus . Les conifères ne dérogent pas à cette règle , mais les feuilles ont une raison supplémentaire à s'accorder : la présence de sangliers et de chevreuils , ces animaux sont particulièrement friands de faines et de glands grâce auxquels ils se constituent une épaisse réserve de gras pour l'hiver ; leurs appétits pour ces fruits qui contiennent jusqu'à 50% de lipides et de glucides .Ces années là , la forêt leur offre de quoi se nourrir tout l'hiver le taux de reproduction des sangliers est multiplié par trois .Autrefois les années de grandes fainées ou de glandées appelées aussi années grasses étaient une bénédiction pour les paysans qui menaient  les porcs domestiques pâturer dans les bois pour les engraisser avant de les abattre , Ces années fertiles n'ont qu'un temps, l'année suivante, les arbres reprennent une année sabbatique , aucun fruit ne jonche le sol des sous-bois et la population des sangliers s'effondrent à nouveau. Pins et sapins produisent d'énorme quantité  de pollen ; à croire qu'en matière de fécondation ils veulent faire encore mieux que les feuillus. Sans écorce  un arbre se dessècherait et serait très vulnérable aux invasions de champignons qui pourraient s'installer et prospérer ; la prolifération des insectes dépend elle aussi d'une baisse d'humidité, mais sans faille dans l'écorce, toute tentative d'intrusion est vouée à l'échec . Un arbre est constitué  à peu de chose prés du même pourcentage d'eau qu'un corps humain ; en condition normale, il n'intéresse pas les parasites qui pourrait s'y développer faute d'oxygène. . Un trou dans l'écorce est pour l'arbre au moins désagréable qu'une lésion de la peau pour nous et il va utiliser des mécanismes similaires aux nôtres pour s'en prévenir. Outre l'aspect de l'écorce et la présence de nombre d'autre modifications  corporelles nous renseignent sur l'âge des arbres. Le houpier par exemple , à partir d'un certain âge, selon les espèces entre 100 et 300 ans les pousses annuelles deviennent toujours plus courtes ; chez les feuillus, la succession de ces pousses raccourcies  induit la fonction de branches crochues comme des doigts déformés par les rhumatismes , chez les conifères la flèche s'arrête sur une pousse apicale qui finit par afficher une croissance zéro. Si les épicéas en restent là, le haut des houpiers des sapins blancs poursuit sa croissance en largeur au point qu'il n'en vient à ressembler au nid d'un grand oiseau , ce phénomène que les spécialistes nomment en conséquence " cime ou nid de cigogne ". Quand au pin , il modifie si tôt sa croissance qu'avec l'âge l'ensemble de sa couronne présente une forme étalée sans flèche apparente . Quelle que soit la forme que prend le phénomène tous les arbres cessent progressivement de croître en hauteur , le jour où propulser  l'eau et les aliments nutritifs toujours plus haut solliciteraient leur système vasculaire au-delà de leur capacités au fil des années leurs forces vont décliner . La première tempête qui survient nettoie le houpier de ses rameaux morts , un coup de balaie qui a pour effet de rafraîchir temporairement la silhouette ,le processus se répète et chaque année le houpier perd imperceptiblement en ampleur ; quand tout les rameaux du haut ont été balayés ,il reste les branches maîtresses, elles aussi meurent mais ne tombent pas si facilement que cela . Désormais l'arbre ne peut cacher ni son grand âge ni son dépérissement .C'est le moment que choisit l'écorce pour refaire son entrée en jeu , les petites plaies suintantes ont offert autant de portes ouvertes aux champignons ; ils signalent leurs avancées victorieuses par de superbes fructifications en formes de demi soucoupes qui adhèrent au tronc  et grossissent d'années en années ; à l'intérieur ils franchissent toutes les barrières et pénètrent jusqu'au duramen, le bois parfait jusqu'au cœur du tronc ; selon les espèces ,ils y dévorent les glucides qui y sont stockés ou pire encore , la cellulose et la lignine . De part et d'autre de la blessure qui ne cesse de grandir , du nouveau bois se forme qui évolue en épais bourrelets destinés à renforcer sa structure . Cela permet au corps en décomposition de résister encore un temps aux assauts des tempêtes hivernales ; puis un jour , c'est la fin , le tronc se brise et l'arbre rend son dernier souffle . 
Une grande forêt profonde est un immense supermarché, tous les délices y sont en rayons, du moins du point de vue des animaux, des champignons ou des bactéries. Un seul arbre représente des millions de calories sous forme de sucre, cellulose, lignine et glucides , auxquels s'ajoutent encore de l'eau et des minéraux rares. Il serait juste de parler de "coffre-fort" la porte verrouillée , l'écorce étanche et l'on accède pas facilement à toutes ces douceurs. A moins d'être un pic, la structure originale de son bec, combiné à des muscles de la tête qui amortissent les chocs, lui permet de piquer les troncs et de tambouriner sans craindre la migraine ni de se fatiguer. Au printemps ; quand l'eau chargée de milles substances appétissantes fuse dans les arbres et gagne les bourgeons, les pics font des petits trous de faibles diamètres ou les branches , ces minables fissures forment des lignes pointillées par lesquelles l'arbre commence à saigner. Le sang de l'arbre n'est pas spectaculaire, il ressemble à de l'eau, la perte de ce liquide organique n'en est pas moins aussi préjudiciable pour l'arbre que peut-être l'hémorragie pour nous. C'est ce liquide que les pics convoitent , l'arbre supporte l'agression . Au fil des années , ces alignements de trous évoluent en stries ou en anneaux caractéristiques qui s'enroulent autour du tronc comme des colliers. Chaque espèces d'arbres à ces parasites attitrés , pucerons verts pour les épicéas ,phylloxera   coccinea  pour les chênes ou pucerons laineux pour les hêtres . Ces pucerons de l'écorce, comme la cochenille du hêtre signalent leurs présence par un feutrage cireux blanc argenté; pour l'arbre ces dépôts sont l'équivalent de la gale pour nous ; ils provoquent des lésions suintantes qui peinent à se résorber er entraîne la formation de boursouflures et de rugosités . Les lésions permettent aussi l'invasion de champignons et de bactéries qui peuvent affaiblir l'arbre au point de le tuer . Pas étonnant qu'il produise des substances répulsives pour se protéger  des intrus. Si malgré tout l'infestation persiste l'arbre renforce  son système de défense en formant une écorce plus épaisse qui finit par ce débarrasser des pucerons ; la protection ainsi acquise perdure. Les pucerons n'en sont pas moins une bénédiction pour de nombreux animaux ; certains espèces s'en délectent dont la coccinelle qui avale un puceron  après l'autre. Les oiseaux, les martes et les chauve-souris ont une préférence marquée pour les troncs des vieux individus , au diamètre plus large. En effet ces derniers possèdent d'épaisses parois qui isolent correctement de la chaleur et du froid. Le premier coup de pioche , c'est le cas de le dire est habituellement donné par un pic épeiche ou pic noir ; il creuse un trou dans le tronc, mais seulement de quelques centimètres de profondeur, les pics préfèrent que leurs maisons soit solides et dure dans le temps. Ils sont maîtres dans l'art de piquer et de creuser le bois sain , mais devoir achever les travaux en peut de temps serait au-dessus de leurs forces ; ils piochent donc un peu le tronc puis s'accordent une pause de plusieurs mois et comptent sur l'aide des champignons . Pour ces derniers , c'est une aubaine , car en temps normal ils ne peuvent pas franchir la barrière de l'écorce , ils s'empressent de coloniser l'ouverture et commencent à dégrader le bois; pour l'arbre c'est une double agression ; pour le pic , un partage bien compris du travail. Quelques temps plus tard en effet , les fibres du bois sont si tendres que les travaux peuvent reprendre sous les meilleurs auspices . Mais le pic noir , qui est gros comme une corneille , à de grandes exigences et il construit encore plusieurs cavités avant d'emménager . Une première sera destinée à la couvaison , une deuxième au repos et les autres à changer de décor , les cavités sont rafraichies tous les ans , ce dont témoignent les éclats de bois au pieds des arbres ; ces travaux de rénovations sont une nécessité car une fois dans la place, plus rien n'arrête les champignons; ils progressent toujours un peu plus dans le tronc où ils transforment le bois en mull , au terreau humide peu adapté à la nidification. A chaque fois qu'il entreprend de nettoyer ce surplus indésirable , le pic agrandit un peu sa loge ; arrive un jour ou celle-ci est trop grande et surtout trop profonde pour les oisillons qui doivent grimper jusqu'à l'ouverture pour prendre leur envol . C'est le moment de laisser la place aux suivants ; les nouveaux occupants sont des espèces qui ne savent pas construire dans le bois  comme la sittelle torchepot , elle est plus petite que les pics  mais elle leur ressemble pique de la même façon le bois mort pour en extraire des larves coléoptères et installe volontiers son nid dans les loges qu'ils ont abandonnées . Il faut toutefois quelle procède à quelques modifications notamment quelle réduise la taille du trou d'entrée si grand qu'il permettrait le passage de ses ennemis ; elle enduit artistiquement l'orifice de boue argileuse jusqu'à qu'elle seule puisse passer. Les fibres du bois ont la particularité de propager des sons de manière remarquable d'où l'emploi du matériau pour les instruments de musique comme les violons et les guitares. Les oiseaux qui nichent dans les cavités attribuent cette propriété  du bois comme système d'alarme . Dès qu'une marte ou un écureuil  grimpe dans l'arbre, le bruit de leurs griffes se propage jusqu'en haut de l'arbre et les oiseaux ont une chance de leurs échapper . Durant ce laps de temps, l'arbre continu de se dégrader parfois le tronc s'ouvre un peu plus et l'entrée s'agrandit , le processus est plus rapide quand il s'agit d'arbres à trous , nom donné aux arbres-immeubles dans lesquels les pics ont creusés des loges les unes au dessus des autres; la détérioration par la pourriture se poursuit agrandissant ces loges qui finissent par communiquer les unes avec les autres et former une belle cavité prête à accueillir hulottes et autres chouettes . L'arbre tente désespérément de résister, à vrai dire , il y a longtemps , qu'il est trop tard pour agir contre les champignons qui prennent leurs aises depuis des années . mais s'il réussit à maîtriser l'expansion de ses blessures externes, il peut prolonger sa vie de nombreuses décennies . Il continuera de pourrir intérieurement , mais il demeurera aussi droit et stable qu'un tube d'acier et pourra encore vivre cent ans . Ses efforts sont reconnaissables aux bourrelets qui bordent les trous d'entées des loges de nidifications. L'atmosphère de la forêt est synonyme d'air pur et sain . Quoi de mieux que la forêt pour s'aérer , les poumons , l'air est effectivement beaucoup plus pur sous les arbres, car ils ont d'excellents filtres . Les feuilles et les aiguilles qui baignent en permanence dans le flux d'air captent nombre de particules qui  y sont en suspension . Le volume qu'elles interceptent peut s'élever à 7000 tonnes par an aux kilomètres carré. Les arbres ne filtrent pas uniquement des substances polluantes , comme des particules de suie; ils filtrent aussi des poussières soulevées par le vent et des pollens , même si la part imputable à l'activité humaine est particulièrement novice . Acides, hydrocarbures toxiques et composés azotés se concentrent sur les arbres comme la graisse dans le filtre d'une hotte aspirante  d'une cuisine. Les forêts ne sont pas des usines à produire du bois ou des stocks de matières premières et accessoirement l'habitat de milliers d'espèces ,ainsi que la sylviculture moderne a  tendance à penser . Quand elles peuvent se développer naturellement , dans le respect de leurs besoins spécifiques, elles remplissent des fonctions que de nombreux règlements forestiers placent juridiquement au-dessus de la production du bois , notamment la protection  ( contre les risques naturels , les catastrophes etc....) et la détente . Les échanges actuels entre associations de défense de l'environnement  et exploitants forestiers ainsi que les premiers résultats encourageants sont de bonne augure pour l'avenir. Nous pouvons espérer que la vie secrète des arbres sera préservée et que les générations futures pourront demain encore parcourir les bois avec le même étonnement émerveillé : car c'est dans la profusion de vie que réside la spécificité de cet  écosystème , dans les dizaines de milliers d'espèces liées et dépendantes les unes aux autres .