lundi 29 janvier 2024

Les Canadiens de ANDREW MALCOLM


 


Il est assis au sommet du continent américain, colosse méditatif immense, hostile, rébarbatif et implacable envers ceux qui ignorent ses lois naturelles de survie. Avec ses vingt cinq millions d'habitants, la population du Canada paraît modeste aux regards des normes internationales. Le sauvage pays où elle démarre ne l'est pas , lui : Deuxième du monde part sa taille, c'est un parallélogramme déformé, avec près de onze millions de kilomètres carrés de terre et d'eau s'étalant bien au-delà de ce que peut imaginer l'esprit d'un citoyen moyen. D' Est en Ouest , il embrase sept mille trois cent treize kilomètres et , un quart de fuseau horaire du monde. Du Sud au Nord , le Canada se déploie sur près de cinq cent milles kilomètres. Les avions  de ligne réguliers s'élancent du sud du pays, cap sur le nord. Ils touchent terre six heures plus tard, à treize cent kilomètres encore de ses confins. Tout le temps ou presque , ils survolent des terres, et c'est à peine si leurs passagers aperçoivent une agglomération de plus de quelques centaines d'âmes, ils survolent des troupeaux de caribous sauvages, si nombreux qu'il leur faut une journée pour franchir une cime, ils passent au-dessus d'un million de lacs, de rivières et de fleuves, qui renferment trente pour cent des précieuses réserves mondiales en eau douce. Ils planent au-dessus d'immense système nuageux : ici naissent les tempêtes qui une semaine plus tard, déchaîneront les feux du ciel paralyseront les villes américaines et des régions entières .ils survolent d'imposantes cascades gelées à mi-hauteur, une vingtaine de sommets de plus de trois milles mètres, des sites pittoresques et grandiose restés inconnus et sans nom. enfin, l'avion qui apparaît , on ne sait comment atterrit en un lieu isolé et à jamais pris dans les glaces qu'on appelle Resolute , dans des territoires constituant quarante pour cent du Canada, mais qui , cent dix huit ans après la naissance du pays, demeurent en grande partie inexplorés, indomptés, et non intégrés. C'est le Nord , une fois un quart plus vaste que l' Inde, avec si peu d'habitants qu'on les logeraient tous dans un stade. L'impressionnante réalité géographique du pays et les climats rigoureux qui l'accompagnent ont, ensemble le pouvoir de modifier la vie, le travail, les opinions et les valeurs de tout individu. Pour certains, c'est une menace pour d'autres un défi à relever et pour beaucoup une excuse. Les épreuves imposées par la nature compte parmi les rares liens qui les unissent, sur cette terre qui, depuis peu éveille les curiosités, se développent rapidement et en est même arrivée à jouer, à l'insu de ses habitants un rôle profond, influent et croissant, surtout chez son voisin américain, depuis l'immobilier, les livres et les films jusqu'aux bières, aux banques, aux autorails et même à l'indispensable "bras" de la navette spatiale. Si les américains après avoir conquis et apprivoisé la Frontière, sont aujourd'hui  convaincus que tout est possible. Il existe en inuktitut , le langage simple mais plein de finesse des peuples du Grand Nord, une expression courante très révélatrice : ionamut , on pourrait le traduire par " on n'y peut rien ". Pendant un grand nombre de siècles, et aujourd'hui encore, ionamut a permis à ces hardis Canadiens d'accepter, avec un haussement d'épaules libérateur, le choc de ces forces climatiques et géographiques démesurées, inexorables, que sont les glaces mouvantes, la toundra stérile où le gibier fait si souvent défaut, les vents fouettant et cinglants, les blizzards meurtriers, le froid pénétrant. Il a fallu aux Etats Unis plus d'un siècle pour conquérir entièrement leur portion de continent, et devenir une nation à part entière. Aujourd'hui alors que le Canada entre dans sa douzième décennie d'indépendance, il paraît, à des signes de plus en plus nombreux et en dépit de divisions incessantes , approcher lui aussi de la maturité dans un certain nombre de domaines. Durant des siècles, les Canadiens ont peiné sur leurs mers ou leurs vastes territoires pour approvisionner les voraces marchés du monde entier. L'immensité de ses distances et ses marchés minuscules ont toujours contraint le pays à se reposer massivement sur son commerce extérieur. Aujourd'hui encore, il doit vendre beaucoup de sa production à l'étranger pour survivre économiquement; plus d'un quart de son activité est fondée sur ses échanges internationaux , soixante et un pour cent du zinc du pays est acheminé vers l'étranger, de même que quatre vingt cinq pour cent de son blé et quatre vingt huit pour cent de son papier journal. De fait , les premiers véritables colons ne fuyaient pas telle ou telle persécution politique ou religieuse. Ce fut d'abord pour le poisson qu'ils vinrent au Canada, s'attardant peu à Terre Neuve, non à cause de la richesse du pays , mais simplement pour allonger leur saison de pêche en s'épargnant le temps du voyage à la voile depuis l'Europe l'année suivante. Puis les Britanniques arrivèrent dans ce qui allaient devenir les Provinces Maritimes de Nouvelles Ecosse et du Nouveau Brunswick et, plus tard la vallée d'Ottawa, non pour apporter un gouvernement et des manières civilisés au monde sauvage des indigènes d'Amérique du Nord mais pour abattre les hauts arbres verticaux qui, durant  tant de générations, serviraient de mâts aux voiles de la Royal Navy. Plus tard encore, marchands anglais et français rivalisèrent pour s'approprier les riches fourrures dont regorgeaient les grandes étendues sauvages du pays, les castors, visons, loups, loutres et phoques dont les peaux connurent une telle vogue dans tant de pays . Les Canadiens n'ont pas un si grand nombre de héros à mettre sur leurs timbres- poste , mais ils ont leurs ressources; c'est pourquoi l'on peut voir des timbres magnifiques célébrer des choses comme le nickel, sans ses dons de la nature, peu de raisons auraient  pu pousser les hommes à s'avancer dans les immensités hostiles de ce pays. Jamais le Canada, par exemple , n'a accordé d'attention à son Yukon ( les habitants du Yukon aujourd'hui diraient même que c'est toujours le cas ) jusqu'au jour ou le brillant espoir de découvrir un peu de métal jaune dans son sol et dans ses ruisseaux déclencha la course historique effrénée de cent milles individus, la grande ruée sur le Klondike en réalité une ruée de l'or américaine en territoire canadien. La chance du Yukon, sauvage territoire d'une imposante beauté situé à l'Est de l'Alaska et qui encore de çà au vingtième siècle, est que les rochers vieux de quatre cent ans millions d'années n'ont jamais été dérangés par les glaciers. L'érosion naturelle entraîna une partie des roches aurifères jusque dans les ruisseaux où plus tard des prospecteurs grisonnants , munis de leurs batées , trièrent les petits grains tirés de l'eau glacé courant sur les rochers. Beaucoup de concessions aujourd'hui, sont loués par des propriétaires  individuels à des société de prospection disposant de couteux équipement nécessaires , qui leur retournent en échange dix pour cent de tout l'or découvert. Les entreprises apportent leurs haut extracteurs, leurs pompes et leurs lances à eaux géantes; d'une seule poussée, leurs larges lames marquées de cicatrices peuvent déplacer plus de terre que deux hommes munis de pelle en une journée entière voici un siècle. Grâce à la montée en flèche du prix de l'or à l'époque moderne, certains nouveaux mineurs parviennent à gagner de l'argent en se contentant de tamiser les vieux déchets , les rebus qui bordent le fond de nombreuses vallées, en longues chaînes sinueuses de mini montagnes.   Aujourd'hui encore , quatre-vingt pour cent des visiteurs du Yukon sont des Américains.  Mais certaines ressources recherchées par les Canadiens sont toujours sauvages et florissantes. Les fourrures, l'un des attraits originels du Grand Nord, sont encore au centre même de la rude vie de milliers de trappeurs de négociants et d'ouvrier. Et nul n'a joué à travers les siècles de rôle aussi important dans le domaine des fourrures que la Compagnie de la Baie d'Hudson de Lord Thomson , fondée voici trois cent vingt ans. Pour la plupart des Canadiens, la " Baie", comme ils la nomment est une dynamique chaîne de grands magasins à la pointe de la mode situées dans les galeries commerçantes où les centres villes animées. Pourtant la moitié de ses deux cent cinquante point de ventes sont ce que l'on appelle des inland stores, des magasins à l'intérieur des terres, sortes de modernes comptoirs commerciaux dans les zones rurales et écartées, vendant pèle mêle épicerie , fusils, revue , œufs, téléviseurs, clous et éléphants en bois sculptés . Dans les vastes régions du nord du pays ces magasins jouent un rôle encore social et économique unique et souvent dominant. Ils ne se contentent pas de vendre des marchandises : ils en achètent également; leur directeur local est principalement intéressé par les fourrures, mais il paie également pour les splendides objets de stéatites sculptés par certains indigènes de la région. Sur le plan économique, ses hommes d'affaires et ses banquiers après avoir développé et exploité au maximum les ressources du marché intérieur, se libèrent peu à peu des liens psychologiques qui bornaient leurs efforts à l'intérieur du pays. Désormais, ils essaient d'entrer dans l'arène des Etats Unis, d'y imposer leurs produits, leurs sociétés, voire leur philosophie. Les implications pour l'avenir sont évidement imprévisibles, et le seraient dans quelques société que ce soit. Sa vaste et intimidante géographie et ses climats sont compromis, ont été constantes dans toute son histoire. Cependant, en l'absence de guerre civile, le pays est resté soudé comme une entité unique et l'esprit de son peuple, des individus qui le composent, œuvrant souvent dans l'isolement a engendré une longues série de triomphes passant presque inaperçu . Ces victoires remportées sur une terre peu accueillante sont notamment peu remarquées par les Canadiens eux mêmes qui s'en en avoir vraiment conscience, sont parvenus à connaître, utiliser et exploiter leur environnement avec un talent subtil affiné par la nécessité de survivre. De tous les Canadiens, ce sont peut être les Esquimaux qui préfèrent maintenant être appelés Inuit (" les gens ") qui ont élaboré et conservé les rapports les plus étroits avec la géographie. Un de leur proverbe dit : "Notre terre est notre vie" Dans le sud des études novatrices ont surgi, décidées à utiliser les espaces vierges du pays comme des classes de plein air où l'on enseigne aux hommes et aux femmes des villes, l'indépendance, la confiance en soi et meilleures gestions de ses tensions internes. Les enfants, des écoles du Grand Nord eux ont des traditions et des habitudes qui varient selon leurs communautés. Tous les hivers, le directeur, Mike Pombroke, l'un des trois instituteurs à plein temps de l'école engage pour une semaine ou deux quelques hommes du coin pour emmenés les plus âgés de ses élèves " sur la terre" comme disent les Inuits. Ces hommes vieillissants les initient aux techniques de survie tâche qui, jusqu'à la récente désagrégation de leur rôle et de leur autorité était autrefois couramment assumée par les pères. Ils montrent aux jeunes comment construire des igloos, un savoir faire qui peut vous sauver la vie dans les subites tempêtes de l'Arctique, ils leurs apprennent à fabriquer des traîneaux, à s'orienter en observant la manière dont le vent soulève la neige, à trouver les orifices où viennent respirer les phoques, à savoir ce qui s'étend au-delà de l'horizon en déchiffrant les reflets sur les nuages et, science d'une grande importance, à déterminer si une glace est assez ancienne pour ne plus contenir de sel et pour qu'on puisse sans danger la faire fondre et la boire. Et de temps à autre, dans le courant de chaque année scolaire, notre directeur se voit obligé de supprimer les récréations en raison de la présence d'ours polaires, les énormes et puissants animaux aux longues dents et à l'haleine nauséabonde errent alentour quand bon leur semble attirés par l'odeur de la nourriture, des chiens et des gens. Dans certaines communautés plus accessibles, les vagabondages urbaines des ours ont été transformés en attractions pour touristes ; mais à Resolute un panneau dans l'aéroport vous met en garde: Attention ! La main qui nourrit pourrait se faire manger. Les ours sont dangereux , ils sont plus gros et plus rapides que vous ! Ne leur donnez pas à manger ! Les ours , à l'instar de beaucoup d'humains dans le Nord Canadien, vivent sur la glace, un élément faisant là-haut partie de la vie, la dominant même comme la terre dans une ferme ou le béton dans la ville. Pour 99,74% des Canadiens, la glace est une chose qu'on laisse tomber dans son verre ou sur quoi, plusieurs mois par an, l'on répand du sel quand elle recouvre les allées des maisons mais pour soixante trois mille autres Canadiens elle est une brutale réalité géographique, une chose de la vie à la mort. Les Canadiens utilisent à présent la glace plutôt qu'il ne la combattent, si la route Dempster , seule route publique d'Amérique du Nord franchissant  le cercle polaire est ouverte toute l'année, c'est uniquement parce que les ouvriers travaillant par des températures au-dessous de zéro associent rondins entrecroisés et canon à eau pour construire des ponts de glace sur les fleuves Arctic Red  et Mackenzie. De nouveaux canons spéciaux à vapeur ceux-ci peuvent aujourd'hui creuser des orifices extrêmement précis dans une glace épaisse, ou dégager des objets gelés sans risque de destruction, de danger et en faisant l'économie du coût des explosifs. L'étude de la dynamique des glaces et l'utilisation judicieuse de mini ponts d'acier portables ont permis aux sociétés de transport de construire  pour six semaines tous les hivers une route de soixante dix kilomètres, sur le lac Athabasca , dans le nord de la Saskatchewan continuant le seul lien terrestre pour certaines communautés minières isolées . L'attrait des ressources naturelles a toujours été la force historique présidant au développement économique du Canada. D'abord , il y eut le poisson, puis vinrent les fourrures, l'or et le cuivre en attirèrent beaucoup dans le Yukon , l'uranium en amena d'autres dans le Nord de Saskatchewan et en Ontario, c'est l'amiante qui fascina dans le Nord du Québec, de lourds sables pétrolifères commencèrent à être exploités en Alberta ; et les possibilités de production d'électricité à bon marché à partir d'eau douce du Labrador et de toute la partie Nord du Canada firent monter les bulldozers au fil des années .Depuis le XIX siècle, époque à laquelle les habitants Sud-Est du Québec découvrirent dans le sous-sol les fibres embrouillées de l'amiante et commencèrent à en faire des vêtements, l'exploitation de l'amiante est restée la première activité économique de Thetford une communauté de 28.595 personnes dont 27.780 parlent le français et où presque tous sont concernés par l'une des multiples mines de la région. Ici, les garçons grandissent pour suivre les traces de leurs pères  dans les puits. Les hommes travaillent de longues heures dans les ténèbres et la poussières pour un salaire fort honnête, certains hommes périssent de mort violente, d'autres meurent des années plus tard, se plaignant de leur souffle court, que l'on associe toujours à l'âge ici. Le travail est plus rare dans ces mines de nos jours. Les cours des fibres ignifuges ont baissé sur le marché mondiaux, ces fibres tant appréciés pour les garnitures des freins et le ciment, mais qui s'accumulent dans les poumons , et que l'on accuse de provoquer une mort lente, par étouffement : l'asbestose. Ailleurs dans le monde, on intente à l'amiante des procès en responsabilité pour des millions de dollars. La ruée originelle vers l'or du Yukon fut déclenchée un jour d'été de 1898 ; les hommes du Klondike de notre époque , qui peuvent encore extraire une ou deux tonnes de ces légendaires paillettes jaunes en quelques années Les Canadiens ont grandi dans le seul pays du Commonwealth  britanniques contraint de se développer dans l'ombre imposante d'une super puissance . Jour après jour, ils sont soumis à l'écrasante influence culturelle, économique, politique et sportive, d' Etats Unis dynamiques, rustres parfois, qui ont allègrement drainé vers eux une grande partie de ce que la société canadienne produit de meilleur. Ses inventeurs, les célébrités de sa télévision, ses chanteurs, ses hommes d'affaires, ses athlètes, ils les reconditionnent et les lancent sur le marché international sans se soucier de leur identité. De plus en plus de Canadiens savent lorsque une chose , chez eux est bonne ou excellente, mais tout se passe semble t-il comme si la reconnaissance de cette excellence subodorée devrait venir d'ailleurs. Pris individuellement , les Canadiens se signalent aux visiteurs comme l'un des peuples les plus amicaux, les plus ouverts et raisonnables, les moins dogmatiques et, aujourd'hui parmi les plus offensifs et imaginatifs dans le domaine économique. Aucun des traits de ce peuple ne pouvait se déceler, bien sûr, voici plus de quatre cent cinquante ans , en l'une de ces journées d'automne , Jacques Cartier, rude marin breton pourrait bien avoir pressenti quelque chose de radicalement autre en ces lieux, cependant qu'avec lenteur il remontait, au moi de septembre de l'année 1535 un énorme fleuve sans nom. A l'époque François 1er était en quête d'une nouvelle France, de nouvelles colonies, de nouveaux trésors et de voies de navigations inédites." Comment appelle t-on cet endroit demanda Cartier d'un geste du bras balayant sans doute l'horizon" . Les Indiens pensant selon toute apparence qu'il voulait parler de leur ville répondirent naturellement " Kanata" , c'était le mot huron- iroquois pour désigner un village. Cartier retourna en France annoncer la découverte d'une nouvelle terre au nom étrange et dur ; c'est ainsi que fruit d'un malentendu bilingue, le pays reçut toujours le nom de Canada. Le Canada a perdu une  génération entière au cours de ces années; ils vivaient, mais n'étaient pas réellement en vie . Lorsque enfin les choses auraient pu s'arranger et que le pays redémarrait les pires craintes étaient déjà devenues réalités; cela a terriblement retardé l'évolution du pays . A une époque ici, personne n'aurait songé à réclamer de l'aide à un gouvernement , on faisait  les choses soi-même ou on allait voir un voisin . S'il vous fallait un caniveau au bord de la route eh  bien vous le creusiez vous-même et vous déduisiez la somme de vos impôts suivant. Aujourd'hui, il vous faut passer par de dizaines de commissions et, tout cela sape l'esprit d'indépendance et d'initiative. Et puis bien sûr , il y a toujours quelqu'un pour s'opposer à n'importe quoi. La vie quotidienne est de plus en plus encombrée de lois et de règlements. Ils ont complètement transformé le caractère de notre société. Autrefois, les liens sociaux rapprochaient les individus entre eux. De nos jours,  ils relient les individus à un gouvernement lointain. Les gens se préoccupent de leurs intérêts personnels , l'égoïsme à pris le dessus. Les jeunes s'attendent à ce qu'on leur apporte tout sur un plateau . La vie quotidienne et sa routine dans les villes minières du Canada ont quelque chose tout à la fois, de rassurant et de terriblement oppressant . Les agglomérations sont disséminées sur tout le territoire . Les Canadiens ont, c'est certains , des opinions très arrêtées sur les choix politiques, les problèmes courants, et les personnalités en place. Les hommes d'affaires peuvent officiellement faire connaître leur point de vue au gouvernement par la voix de leurs avocats. ceux qui descendent dans la rue pour scander les slogans et manifester pour ou contre les causes diverses, des essais de missiles américains au-dessus des régions isolées, jusqu'aux droits des homosexuels : Toronto commencent à être socialement acceptés, mais dans les années 80 encore on a pu observer des réactions scandalisées et indignées lorsque des foules de manifestants descendirent sur Ottawa pour assiéger la maison d'un ministre fédéral en protestation contre le programme anti-inflationniste du gouvernement. Aussi , ni le gouvernement ni les dirigeants d'entreprise ne se tourne cers les groupes de pression pour faire valoir leurs opinions à Ottawa, encore moins à Washington où tant de décisions affectant le Canada sont pourtant prises , et où les lobbyistes sont bien plus nombreux et influents que les députés .Le Canada a été forcé de miser son avenir économique sur le commerce. les ventes à l'étranger signifient des emplois pour le pays . A leur insu , les rapports qu'ils entretiennent avec les Etats-Unis ont un impact considérable sur leurs relations avec nombre d'autres pays. Beaucoup d'acheteurs et d'investisseurs étrangers perçoivent en effet le Canada à travers  un prisme américain. Les deux pays feraient bien en autre de se rendre à une dure évidence : L'importance du commerce extérieur dans la plupart des économies internes , exaltant encore la relation déjà très intime entre eux . on peut voir des accords indépendants s'élaborer dans un nombre de domaine illimité, comprenant la pétrochimie, les aciers spéciaux, le textile, les transports, les meubles, les produits forestiers, le gros équipement électrique ou de télécommunication et les produits chimiques. pour les Canadiens, ceci pourraient signifier une augmentation importante des ventes aux américains qui tournent déjà autour de soixante milliard par an. toutes les conditions sont réunis pour de graves problèmes en matières d'eau qui surviennent dans le futur. Américains comme Canadiens ont toujours été vaguement conscients que cela constituaient un lien entre eux. La ville de New-York doit régulièrement exhorter ses habitants à se rationner. La Californie et le Sud-Ouest rivalisent pour leurs réserves très limitées, et on a vu le Colorado fleuve jadis puissant se réduire à un filet d'eau salée en arrivant au Mexique. Mais ils ont promis de ne pas en détourner une goutte sans l'accord de leur pair canadien, l'Ontario. Il existe par ailleurs entre les deux pays des ententes plus anciennes régissant l'utilisation des masses d'eau communes à des fin de navigations ou de production d'électricité. Des projets ont été proposé , mais a ce jour très peu d'études ont été effectuées sur les conséquences possibles de tels projets. Il y a d'abord, un problème écologique : quels seraient les effets à long terme sur le climat mondial, par exemple, si l'on détournait de si vastes quantités d'eaux plus chaudes, adoucissantes de leur distinction actuelle : l'Arctique ? Le second problème est, comme d'habitude , le manque de préparation politique vis à vis d'une question vitale pour deux pays qui se rapprochent de plus en plus malgré eux. Les deux camps sont prêt à retomber instinctivement dans leurs rôles accoutumés ! Les Etats-Unis considérant l'accès à des ressources si importantes comme un droit parce qu'ils en ont besoin, bien sûr qu'ils ne voudraient pas à avoir à taper sur la table , mais que part ailleurs regardez un peu tout ce que les Etats-Unis font pour le Canada. Le Canada, lui adoptant une attitude plus possessive encore à l'égard de ses ressources et de ces droits, se redressent raide et fier, et ses vertueux politiciens du jour jouant sur les vieilles craintes pour le pauvre petit pays qui vit dans l'ombre dangereuse de la grande brute d'à côté. Mais à tous et à tout l'eau est nécessaire. Et nul ne sait encore fabriquer cette pure et fraîche substance qui fait tellement partie intégrante de la vie des deux pays. Tous les week-ends, de tous les étés, les riches Canadiens émigrent par milliers vers le " lac" comme s'il ne s'en trouvait qu'un dans tout le pays, ou vers le "cottage" était sous-entendu que le dit cottage se situe quelque part à proximité d'une masse d'eau douce ou d'une autre, car elle peut prendre des aspects variés depuis les haut-fond trouble du lac Dauphin dans le Manitoba jusqu'aux criques étincelantes et virginales de la Baie Georgienne loin au nord de Toronto. Ces reposants lieux de séjour, où les Canadiens se réfugient pour échapper aux tensions de l'existence dans leurs villes immaculées, sont reliés au rivage proche par des bataillons de bateaux de plaisance. Un certains nombre de lacs de l'intérieur des terres sont même raccordés entre eux par des canaux et des écluses. C'est ," le pays du cottage" mal définie qui n'apparaît sur aucune carte . Jamais on n'a déterminé avec précision le nombre de Canadiens possédant un cottage, ni le nombre de ces cottages, ni même celui des lacs qui attirent ainsi les habitants. Il n'existe pas véritablement de définition de ce qu'est un cottage au Canada, une hutte sans chauffage dans les bois, que les humains n'habitent que les week-ends d'été, un poulailler reconverti au bord de l'étang d'une ferme, et loué par un groupe de collègues de bureau, un luxueux chalet, ou une maison en multi propriété , auprès d'un lac. Dans certaines régions, en particulier sur les terres fédérales de l'Arctique, on trouve même des maisons en front de lac n'appartenant à personne, mais à la disposition de tous ceux qui dispose de l'argent nécessaire pour affréter un hydravion pour une heure.
Lors d'un voyage , je refis , sur les pas de mon arrière-grand-père, le chemin de sa migration vers le nord , de Minnedosa à Dauphin, là où mon père avait grandi dans une ferme. En voiture, c'était peu de chose, un siècle après les faits, cent vingt kilomètres peut-être
mais je conduisis lentement, en essayant d'imaginer ces temps où le courrier n'arrivait qu'une ou deux fois par mois, où les cours d'eau sans pouvaient emporter des chariots entiers de ravitaillement et de biens, où les Indiens nomades passaient pour échanger leur savoir faire de tanneurs de peaux contre du lait.