mercredi 9 mai 2018

Seul les enfants savent aimer de Cali


Dans ce livre , on rejoint Cali dans le traumatisme de son enfance, ce petit garçon de six ans à peine vient de perdre sa maman Mireille d'un cancer du sein , et laisse dans ce drame une famille anéantie , le père Vincent et ses quatre enfants , Sandra 12 ans Gina , Aldo 11 ans et Cali . Ce petit garçon entends les pleurs étouffés de son père et de ses sœurs ,et de son frère ta Maman est décédée lui a t-on dit . A l'école de son village à Vernet les Bains tout lui rappelle sa mère qui était institutrice, les enfants le dévisagent , même Carol  Bobé l'observe cette petite fille dont il est amoureux .De sa mère il ne reste plus rien, ils ont décidé de tout brûler, il n'a plus rien d'elle, elle lui manque énormément .Voilà un nouvel élève qui vient d'arriver il s'appelle Alexandre Jolly, il deviendra son confident et en sera aussi un peu amoureux; il est attiré aussi  par sa souffrance caché, son père est très sévère il dirige un collège hôtelier pour des adolescents  à la dérive dont les parents ne sont plus là . Alex est devenu son ami, et il l'emmène chez lui, sa maman qui connaît sa vie, lui donne beaucoup d'amour, elle l'embrasse et il se colle dans ses bras qui lui rappelle tant sa mère, elle donne des cours de catéchisme à tous les enfants du village. Ici les filles et les garçons dansent ensemble heureux de porter le costume qui les changent de la tête aux pieds, ils portent la barretina sur le crâne , un bonnet rouge bien éclatant, ensuite un pantalon côtelé noir ceinturé en rouge d'une faixa , sans oublier la chemise blanche et une veste noire, et aux pieds les vigatames, les fameuses espadrilles rouges qui se lassent , vous enlacent de leurs lacets jusqu'en haut des mollets, Jeannette Gomez dirige grands et petits. Ce jour là Cali se tient debout et regarde son amoureuse Carol coiffée d'un filet de dentelles blanches, les garçons viennent en file indienne se placer les uns après les autres devant leur cavalière respective, les mains sur les hanches il s'agit d'une danse de cour, la danse de la Creu faite à sa bien-aimée, la musique les porte , Carol Bobé accroche son regard, Carol Bobé lui sourit, il est heureux à cet instant seuls les enfants savent aimer, seuls les enfants aperçoivent l'amour au loin qui arrive de toute sa lenteur, de toute sa douceur , pour venir nous consumer. La vie n'attends personne au bord de la route , elle n'admet aucune excuse, Arlette Buzan aussi est toujours là fidèle, une amie à Maman , elle est d'un grand secours, et d'une régularité de métronome, j'aimerai qu'elle reste parfois le soir, qu'elle tarde à rejoindre les siens, Arlette tu es une sauveuse d'âmes, ne pars pas, ,sois des nôtres, Cali continue de passer sa tête dans ses jupes, allez reste Arlette, s'il te plaît !ce soir tu sera ma Maman .Papa rentre tard très tard, toute la journée il dessine des maisons, c'est son métier, là bas de l'autre côté de la grande rue, seulement entre notre maison et son bureau, il y a un café, et il s'y arrête , est ce que ça fait partie de la petite mort qui s'agite en lui ?On l'a espionné l'autre soir Aldo et moi, il se tenait accroché au bar , comme un désespéré, on le regardaient en cachette, on se tenaient là, nos têtes de gosses collées aux barreaux derrière la vitre du fond du café, Frank Guitard est venu nous rejoindre, son père buvait à côté du nôtre, il est triste le chagrin quand il coule comme çà, d'un coup çà a gueulé, c'est mon papa qui hurlait , il a pris par le col le père de Frank, ces deux hommes devenus fantômes d'eux même se sont empoignés, ils sont tombés à terre, le barman n'a pas pipé, il n'a rien fait pour relever nos papas tristes qui se démenaient à terre, épuisés, gisants , un jour ce type je le tuerai, ce lâche, ce salopard au bout d'un temps , les deux hommes se sont relevés avec peine; Oh je le jure, je le crache Maman ce n'étais pas lui; depuis que tu es partie, il s'en est allé lui aussi. La pire des nouvelles, une tragédie, cet été, je vais en colonie de vacances avec ma sœur Gina, une vraie mise à mort, tu vient de partir Maman et en plus je dois m'éloigner de papa, je ne veux pas y aller , Alex aussi s'en vas deux mois dans le Jura, on me dit que je dois voir autres choses , d'autres visages, mais que vont dire les autres quand je ferai pipi au lit ? ils vont se moquer de moi, Oh Maman tu ne les aurai jamais laissez faire ! Avant de partir pour le Jura , Alex vient m'embrasser, je détourne mon visage, et si c'était pareil que le reste , ne plus le revoir, le perdre lui aussi il souffle à mon oreille" On ne vas pas mourir jamais". Deux heures d'une route interminable, papa est silencieux, il décoince un mot de temps en temps, il est contrarié, désespéré de tous les pores de sa peau, il est en train d'abandonner deux de ses enfants vers un lieu inconnu, à des gens jamais vu; Les Abricotiers, c'est écrit en gros à la peinture orange, un adulte salue mon père, et me sourit ensuite, mon moniteur un sorte de papa de vacances dit-il de son air guilleret , la ferme ! un papa je n'en ai qu'un et il vas partir . Christian le mono me tends la main , il n'aura pas la mienne, mon nom ?silence pour toute réponse, un revolver dans mon regard. Je le jure , à toi Maman et à la terre entière je ne dirai pas un mot, on ne me feras pas parler dans cette prison. Des jours de silence, je ne me force pas , et Christian ne me force pas non plus , " Je sais pour ta Maman me dit-il un matin ; "Non tu ne sais rien " je ne lui ai pas répondu, il m'aide à cacher mes draps trempés dans le fond du panier à linge. Juste compter les jours qui restent.Je glisse mes doigts entre les chemisettes rangées dans la petite commode près de mon lit, plus de photos, je fouille , elle n'est pas là, j'étale mes habits sur le lit ,toujours rien, c'est Willy j'en suis sûre , votre photo de mariage est déchirée elle coule au fond des toilettes, je vous regarde en morceaux toi et papa, je m'affaisse la tête dans la cuvette, je pleure, j'éprouve de la haine, un désir de meurtre, cette vie en communauté m'apprends à haïr. Allez file te coucher me demande Christian de derrière le paravent , l'air est saturé, électrique je fixe les morceaux de photo déchirés Christian tourne l'interrupteur, je bondis hors du lit, traverse la chambre à toute allure, je saute sur le lit de Willy, j'empoigne ses cheveux, il hurle à la mort, je le traîne sur le sol, défonce la porte des toilettes à coups de pieds, sa gueule de monstre cogne contre le carrelage, puis sur le rebord de la cuvette, mes doigts sont des serres d'aigles plantés dans son crâne, je hurle, il hurle Christian qui à rappliqué hurle aussi, il essaie de me retenir par les jambes, part la taille comme il peut, trop tard j'ai ,plongé la tête du monstre tout au fond, la bouche ouverte dans la pisse, le sang de Willy se mélange à la pisse. On m'a envoyé dormir chez les grands ce sera la dernière nuit, Gina me murmure des mots de réconfort, elle ne me lâche pas la main, je ne gémis pas , je suis juste saisi du tremblement  continu,  tout à l'heure , on m'a jeté sous la douche froide pour me calmer, j'étais comme un petit oiseau mort; demain papa vient nous chercher. Je serai toujours ton bébé , Maman chérie, un jour j'aurai ton âge, trente trois ans, l'âge ou tu t'es arrêter de vivre, pour rester ton enfant adoré, mon futur ne peut s'écrire qu'avec nos souvenirs. Voilà la triste enfance de Cali Nul ne guérit de son enfance comme le chantait Jean Ferrat , elle revient la souffrance par vagues tout au long de sa vie, remontant à la surface de notre mémoire.