lundi 16 septembre 2019

J'ai choisi d'être médecin chez les Touareg de Soeur Anne-Marie




Anne-Marie Salomon aidé par sa congrégation à fait des études de médecine quelle a entreprise quand elle avait 45 ans parce qu'elle voulait exercer en Afrique de préférence dans le désert.
Anne-Marie Salomon solide et grande femme imposante et curieuse dans son immense boubou bleu ciel que tout le monde connaît ici depuis qu'elle est venu soigner les nomades du désert les Touaregs  et aussi les Songhaïs et les Peuls du Sahel ,toutes ethnies mêlées.
En pirogue ou en 4X4 à dos de chameau ou à pied elle avance , et ils avancent vers elle par caravanes entières, les nomades Touareg et les autres dans ce coin perdu de la boucle du Niger au nord du Mali.
Depuis plus de 30 ans, sœur Anne-Marie docteur en médecine prodigue soins aux enfants squelettiques et aux mamans épuisées , à tous les blessés et les malades. La voilà dans son boubou bleu ciel et parfois violet 'le violet met en relation avec Dieu et le bleu met en relation avec les autres' dit elle en attrapant un gosse de 4 ans, un petit Hassan, qui revient de France où il vient de passer 6 mois , le pied était de travers, on l'a redressée à Montpellier,à peine  émue, elle tâte les os les fait pivoter" Bon travail dit -elle  en reposant le petit  moi je ne peux pas faire la grande chirurgie On l'appelle de partout, nos dispensaires et centres de soins sont dispersés dans un rayon de 150km, ici en outre, je dépends, pour l'administration de Tombouctou, mais pour se rendre à Tombouctou il faut compter 8h, heureusement nous y allons en 4X4 dans chaque centre  , ils nous ont été donner par don des Rotang et d' autres associations.
Mais nous voilà partis pour Gossi 5 heures de route, au Mali on appelle une vrai  route"le goudron", mais jusqu'à Gossi vous ne verrez plus que des tentes disséminés de ci de là, le désert, et puis la ville enfin si l'on peut dire, plutôt un très gros village, blotti contre une mare, pour visualiser Gossi, pensez à un cercle de 10km de rayons, parsemé de tentes de cubes de terre, de ruelles interminables ou courent enfants et animaux 
Ici tout le monde m'appelle Anne-Marie, j'ai rencontré des groupes qui venait du Grand Nord,  du Nord du Sahara, ils avaient été chassé par la sécheresse, deux grandes sécheresse terrible en 1973, 1983 et 1984, la désolation ils sont donc descendu vers le Sud, cette région que l'on appelle le Gourma, dont Gossi est le centre. Vous ne pouvez pas imaginer j'ai secouru des réfugiés qui n'avaient plus rien et ce n'est pas un vain mot ils erraient dans la ville et ils finissaient par aboutir au centre public de soins, là où j'arrivais pour mon stage d'externat en 1984.
J'ai fait un premier stage d'externat qui commence à Bamako, la capitale et qui se poursuivit a Gossi pendant 4 mois.;puis je suis reparti en France ou j'ai fait un deuxième stage d'internat. Quand je suis revenu en 1988, ayant traversé le désert avec médicaments et matériel la ville de Gossi c'était débarrasser de cette foule de réfugiés on les avais mis de l'autre côté de ce qu'on appelle la mare, la ville apparaît comme un oasis; visualise la mare comme un immense étang qui peut parfois atteindre 30 km de long, j'ai demandé à Bamako à mes patrons de médecine, s'il connaissait quelqu'un qui pourrait me servir à la fois d' interprète, de guide et de chauffeur, ils m'ont dit d'aller voir un monsieur nommé Sado, il était chauffeur dans un organisme qui creuse des mares pour y conserver de l'eau de pluie, ça permet aux gens d'abreuver et d'alimenter leur troupeau, cette entreprise avait terminé son projet comme disent les ONG,  les ONG sont souvent comme ça elles ont une idée, elle l'a transforme en projet ,elle touche l'argent pour la réaliser et ensuite au revoir!
Zado, m'a dit demain je vous donnerai la réponse j'ai besoin de réfléchir, et le lendemain quand je suis revenu, il était à la porte et il m'attendait, il m'a dit il faut que vous sachiez, avant de rentrer chez moi, que c'est vous qui venez me chercher, c'est Dieu qui vous envoie, il a laissé sa famille et nous sommes partis ensemble, oui il faut comprendre ici vous savez, on peut avoir de la famille à 500km, n'oubliez pas que vous êtes chez des nomades.
J'ai appris à Zado et à sa femme qui est venu par la suite à mettre des sondes urinaire, je ne soigne jamais un homme toute seule, je veux pas donner la possibilité à quelqu'un de dire quoi que ce soit, il arrive assez fréquemment la nuit, que l'on vienne frapper à ma porte pour une rétention d'urine, je cherche l'accoucheuse,  soit un membre de la famille on met immédiatement la sonde qui permettra au patient d'attendre jusqu'au départ pour l'hôpital. Sado fait aussi les urgences, moi je vois surtout les femmes, parce que je suis la seule dans la région à faire de la gynécologie, je les soigne soit pour avoir des enfants, soit elles voudraient avorter et la je leur explique avec Hadjatou (l'épouse de Zado) qui est comme une sage femme à mes côtés qu'on ne veut pas le faire,on leur explique qu'elle garde l'enfant on l'aidera à l'élever.
Il existe aussi des histoires étranges, un jour, un père arrive avec sa fille et me dit : voilà, ma fille était mariée et son mari l'a divorcé , il me dit pourquoi: parce qu' elle n'a pas de trou ! Je l'examine avec Hadjatou et lui dit votre fille est normale ; je l'examine lundi prochain au laboratoire, et je m'aperçois qu'elle est très infectée je lui fait les prélèvements avec le plus gros spéculum et on y trouve toutes les infections possible on lui prescrit 2 traitements pendant 10 jours.je l' explique au père et il me dit il faut appeler la forgeronne, la forgeronne c'est un peu la griotte, la conteuse de récit et de nouvelles.
J'appelle donc la forgeronne, je lui montre la fille et lui explique que tout est normal et que le traitement sera long, mais la fille refusait de rester, elle voulait que la forgeronne aille d'abord crier dans le campement qu' elle avait un trou, la griotte l'a fait et par la suite, a remarié la fille.
Moi j'avais cru, au début, que le mari avait prétendu qu'elle était anormale , afin de récupérer la dot, qu'il avait donné pour avoir la fille, car c'est la famille du marié qui paie, et si il n'est pas de la même ethnie le prix est plus élevé, la fille, elle, apporte un troupeau, un trousseau , la tente, on dit que les femmes Touareg son chef sous leur tente, c'est vrai pour le temps où elles sont mariées, puisque l'on peut divorcer comme on veut....Avec l'autorisation du marabout mais cette histoire d'absence de trou, c'était pour la salir tout simplement. Le jeudi je vois les tuberculeux, les gens qui ont le sida, viennent aussi une fois par semaine, le samedi, on disait que le Mali était le pays le plus atteint par le sida:  non ce n'est pas vrai, nous n'avons jamais été considéré comme très atteint, mais certaines associations prétendent le contraire pour obtenir de l'aide.
Parfois je fais évacuer en France des enfants, j'envoie un dossier a Espoir pour un enfant ,une association, c'est tout un réseau pour accueillir les enfants et les faire prendre en charge dans la famille, moi je m'occupe du billet d'avion. La compagnie africaine qui me donne en général des billets gratuits je ne paie que les taxes c'est 100 € par enfant, mon adjoint s'occupe du passeport et du visa et puis je les mets dans l'avion, ensuite Aviation sans frontières viens les chercher à Paris.
Voici une question que nous n'avons pas encore abordé, vous faites payer les consultations? oui, pour qu'ils se prennent en charge! Parce qu'il faut bien comprendre que dans nombre de pays africains l'Européen est là pour aider, pour bien des gens, le Blanc est un porte-monnaie... Zado, et ceux qui travaillent avec moi sont gêner de constater cette attitude ce qu'on attend du Blanc, les ONG, humanitaires de toute espèce c'est de l'argent d'abord. On peut à la rigueur considérer cela comme une sorte de compliment " Si tu es riche, c'est que Dieu t'a béni, tu vaux mieux que moi "mais cette quête permanente m'agace, nous ne sommes pas des boîtes à sous.Nous demandons 6 € pour l'hospitalisation et le suivi du patient, à partir du moment où ils ont payés, on leur donne 6 kilos de mil par semaine et du lait qu'on fait payer 3€, cinq fois moins cher que dans le commerce, comprimés compris si il y en a. Quand je suis arrivé en Afrique, il y avait des gros rat jaune couleur sable, énormes qui se promenaient dans la maison, ils m'ont manger des médicaments de réserve, on m'a donné un chat puis un autre qui ont fait le ménage si on peut dire et qui se sont multipliés, le problème ici c'est que les gens ne veulent pas tuer les chats même petit, parce que le prophète avait un chat qui mangeait dans son assiette; et figurez vous que lorsque je partais en France, pour chercher de l'aide, de l'argent, mes chats étaient toujours en état, comme on disait chez nous quand j'étais petite.
Il faudrait que nous revenions au commencement, vous aviez 45 ans quand vous avez entrepris des études de médecine afin de soigner les Africains pourquoi et pourquoi si tard ? Vous apparteniez depuis des années à une congrégation religieuse assez peu connu les sœurs de la Retraite de l'Ouest.Vous êtes bretonne ?  pas tout à fait, l'ordre de la Retraite, c'est vrai, a été créé par deux bretonnes, Catherine de Francheville et Claude de Thérèse de Kerméno .Elles avaient  fondées une maison de Retraite pour que les femmes comme les hommes puissent pratiquer les exercices spirituels de Saint-Ignace, s' imprégner de ce que l'on appelle la spiritualité Ignacienne (Le monde est le lien où l'homme puise ses richesses, ou il est appelé à poursuivre la création, ou l'Homme collabore à l'œuvre divine).Ce qui suppose que l'homme soit formé, à des valeurs comme le respect, l'ouverture aux autres, mais aussi à l'intelligence du monde, et à la volonté. Chacun est appelé à développer ses dons personnels, les développer par la réflexion, sur ce qu'il vit dans son domaine d'activité mais aussi une formation intellectuelle aussi large que possible. Les  sœurs de la Retraite, congrégation à laquelle appartient Anne Marie sont se spiritualité ignacienne ; elles agissent dans des secteurs très variés: accompagnement social , éducation , aumônerie, monde de la santé, retraite ...Moi mon père était originaire de le Rochelle, ma mère  de Lyon, il était médecin,il a connu ma mère qui s'était engagée comme infirmière militante pendant la guerre de 1914 1918 . J'ai fait des études chez les sœurs de la Retraite de Vannes , je me plaisais bien chez elles ,qu'est ce qui vous attirait chez ses religieuses ?  elles étaient toujours joyeuses, on consacrait beaucoup de temps à la prière que j'aimais beaucoup, donc je suis rentré  en novice à Lannion ou se trouvait notre maison mère , on m'a envoyer faire des études de maths, parce que j'étais bonne en maths, pour mes supérieures , je serai professeur de maths , je me suis inscrite à la fac des sciences de Nantes, ou  j'ai obtenu une licence de maths appliquées , ensuite j'ai poursuivi quelques études à Rennes, puis à Angers et j'ai obtenu la maîtrise de physique. Dans votre ordre vous l'avez dit , on vous formait à la spiritualité ignacienne , celle des jésuites ; si on vous demandait de la définir  , que diriez vous ? Pour moi c'est une réponse personnelle à Jésus Christ , on fait voeu d'obéissance , mais ce n'est pas une obéissance aveugle, c'est une réponse à Dieu, après avoir discerné dans la prière le chemin à suivre; une certaine liberté au service du Seigneur . Vous dites  "répondre librement à l'appel du Seigneur et nous avons remarqué que vous parlez à Dieu, jamais à Jésus Christ pourquoi ? en fait , quand je suis arrivée à Gossi  je disais souvent aux gens que j'appartenais au " Seigneur " ; Or un jour , lors d'une campagne de vaccination, je me trouvai seule dans un endroit désertique  en voiture  avec un chauffeur et un guide , le guide , mi sérieux, mi souriant me propose de passer la nuit avec lui ; alors un peu gênée , je lui réponds brusquement " Mais j'appartiens au Seigneur  donc ce n'est pas possible !"alors lui s'en se démonter  réplique , mais tu ne sais pas que c'est nous les seigneurs du désert !A partir de ce jour , j'ai pris conscience de la confusion que le mot " Seigneur" pouvait apporter dans les esprits, et j'ai décidé  de ne parler que de Dieu  , langage plus conforme aux croyances de mes frères musulmans , pour eux Jésus n'est qu'un prophète. Mon père me disait " C'est dommage  que tu ne fasses pas médecine, parce que tu aurais eu un bon diagnostic " parce que quand j'étais jeune fille , je l'accompagnais  chez certains malades  et il m'est arrivé de lui tenir tête en lui disant " Cette personne à telle maladie ....Ma mère n'avait pas beaucoup approchée de religieuses mais semblait parfois regretter de ne pas avoir choisi cette voie ..elle avait aussi la foi, car elle avait demandé à Dieu d'avoir encore un enfant à l'âge ou les autres sont grands mères, elle lui avait dit qu'elle lui laisserait ,après s'il le voulait . Quel âge avait -elle , quand elle vous à eu  ? Quarante trois ans !
Je voulais répondre à ce que Dieu voulait . J'avais une idée en tête , une volonté qui à fait l'unité  de tout mon parcours , de ma vie. 

vendredi 30 août 2019

Une vie de Simone Veil




 Les photos  de mon enfance  le prouvent  nous formions  une  famille  heureuse,  nous voici les quatre frère et sœurs  serrés  autour de Maman, quelle tendresse entre nous ! Au delà des différences qui nous opposaient et des difficultés  qui nous fallait affrontées, nos parents nous offrirent en effet la chaleur d'un foyer unie; et ce qui comptait  plus que tout à leurs yeux, une éducation à  la fois intelligente et rigoureuse. Plus tard , mais très vite , le destin  s'est ingénié à brouiller les pistes, qui semblaient si bien tracées , au point de ne rien laisser de cette joie de vivre. Chez nous comme dans tant de familles juives françaises la mort à  frappée  tôt et fort, aujourd'hui  je ne peux m'empêcher de penser avec tristesse que mon père  et  ma mère  n'auront jamais connu la  maturité de leurs enfants, la naissance  de leurs petits enfants, la douceur d'un cercle familial  élargi. Les années 20  furent pour eux celle du bonheur; ils s'étaient mariés en 1922, mon père André Jacobs avait alors trente deux ans et Maman Yvonne  Steinmetz   onze de moins , mon père est architecte, ma mère irradie de beauté rayonnante qui évoque pour beaucoup  celle de la star de l'époque Greta Garbo, un an plus tard naît  une première fille Madeleine surnommée  Milou, une nouvelle année s'écoule et Denise voit le  jour, puis Jean en 1925 et moi en 1927, Maman est heureuse  ses enfants remplissent sa vie. Deux ans après leur mariage  mes parents avaient quitté la capitale  pour s'installer à  Nice,  Maman ne vécut pas cette transhumance avec joie ,à la demande de son époux, elle avait abandonné  des études de chimie  qui la passionnait, pour se consacrer à  sa maison et à  ses enfants; durant les premières années, les affaires  de Papa  prirent comme il avait prévu, un essor prometteur, il engagea  deux dessinateur, un secrétaire et dessina les plans d'une villa à la Ciotat , selon lui la première d'une longue série. Nous vivions à Nice  dans un bel immeuble bourgeois. Cette situation faste dura peu, la crise économique, la fameuse crise de 1929, allait sévèrement  frapper ma famille comme celle de nombreux français ; les commandes de mon père se ralentirent brutalement, dès 1931 il fallut vendre  notre voiture, il fallut emménager dans un appartement plus modeste, moins confortable , à l'âge de cinq ans, ces petites gênes  matérielles m'affectaient peu, au contraire, j'ai beaucoup aimé cet appartement, la proximité  de la campagne , nous formions  mes sœurs et moi  un trio parfaitement soudé , un peu plus grande   , j'allais volontiers  chercher   le dictionnaire pour trancher un différend sur le sens du mot, Papa m'installait toujours à sa droite à table, au motif  qu'il fallait me surveiller  , il estimait  que trop souvent je n'en faisait qu'à ma tête , que je me tenais mal, qu'il fallait parfaire mon éducation et que lui seul pouvait compenser le laxisme maternel, il n'appréciait  pas mon esprit contestataire. Lorsque  je repense à ces années heureuses de l'avant guerre, j'éprouve une profonde nostalgie. La politique, à cette époque entrait à pas feutrés dans ma vie de  lycéenne , j'étais en septième lorsque le front populaire  remporta les élections en 1936  j'ai conservés des souvenirs précis des premières années de l'Allemagne nationale socialiste et de la montée de l'antisémitisme prévu ou  non par les experts, l'offensive allemande se  déclencha le 10 mai 1940  à ce moment là tout le monde perdait la tête  et la panique qui soufflait sur Paris n'épargnait  pas les grandes villes de province, pendant quelques semaines le phénomène de l'exode  avait pris une ampleur folle. Les Juifs  faisaient désormais l'objet d'une ségrégation administrative parfaitement scandaleuse au pays des droits de l'homme :  était  "juifs" quiconque possédait trois grands parents juifs, mais seulement deux s'il  était lui même   marié à un conjoint juif ! ainsi défini, les juifs se    voyait   interdire toute activité dans le secteur public et la sphère médiatique. Dès 1941 il avait été  fait obligation  aux Juifs de se déclarer, d'abord les étrangers, nombreux à  Nice  puis les Français  qu'est ce que cela voulait dire ? N'étions nous pas Français aux même  titre que les autres ? Cependant  comme  la presque totalité des familles juives, nous nous sommes pliés à cette formalité, habitué à  respecter  la loi, d'ailleurs nous n'avions pas à rougir de ce que nous étions.Après  la chute de Mussolini  dans l'été 1943 les Italiens signèrent une armistice et quittèrent la région, on entra  dans la tragédie le 9 septembre 1943 la Gestapo débarquait en force à Nice, avant même les troupes allemandes ; ses services      s'installaient à l'Hôtel Excelsior, en plein centre ville, et déclenchait sans coup férir la chasse aux Juifs que les Italiens avaient refusé de mettre en oeuvre, les arrestations massives commencèrent aussitôt ; nos papiers d'identité  devaient porter la lettre J. J'ai senti le danger de cette mesure  avant le reste de la famille, et voulu m'opposer   à ce tampon ; convaincus  des dangers  mes parents ont alors décidés de faire front  en se procurant  des fausses cartes d'identités, puis nous nous sommes dispersés, mes parents chez un ancien dessinateur de mon père, Milou et moi  logions dans le même immeuble chez  d'anciens professeurs  , mon frère Jean  était hébergé ailleurs par un troisième couple ; avec cette dispersion , munis de fausses cartes d'identités , nous nous imaginions à l'abri, ma sœur continuait à travailler, je poursuivais mes cours au lycée, et n'hésitais  pas  à sortir en ville avec  mes camarades, disons  le sans détour : nous étions inconscients. J'ai rendez-vous avec des amis pour fêter la fin des examens, je m'y rendais avec un camarade lorsque soudain , deux Allemands en civil  nous arrêtèrent pour contrôle d'identité, et nous conduisit à l'hôtel  Excelsior, on me montra une pile de fausses cartes d'identité semblable   à la mienne ; j'ai donc fourni une fausse adresse    aux Allemands, avant de supplier le camarade non juif  qui s’apprêtait à ressortir   libre de prévenir ma famille, mais il fut suivi par la Gestapo; le coup de filet fut rapide Maman , Milou et Jean  arrivèrent à l'hôtel Excelsior, même si mon frère n'était pas circoncis, nos  fausses cartes suffisaient  à nous dénoncer comme Juifs. Le 7 avril  nous avons donc voyagé pour atteindre Drancy, où  convergeaient  nous l'avons appris par la suite tout les convois de toute la France ; à notre arrivée nous avons tout de suite compris que  nous descendions une nouvelle marche dans la misère et l'inhumanité. Ce  qui est certain , c'est que mon père et mon frère sont partis  ensemble pour Kaunas , car leurs noms figurent sur les listes ils semblent  que tout le monde ait été rapidement assassinés  à l'arrivée, du moins si on en croit les témoignages de la quinzaine de survivants  revenus de cet enfer, quel  fut le sort de mon père et de mon frère ?  nous ne l'avons jamais su ! Le 13 avril nous avons embarqué à cinq heures du matin, pour une nouvelle étape dans cette descente aux enfers, à la gare de Bobigny, on nous à fait monter dans des wagons de bestiaux , nous étions  effroyablement serrés une soixantaine d'hommes , de femmes, d'enfants, de personnes âgées;  le voyage à duré deux jours et demi, le le 13 avril à l'aube au 15 au soir   à Auschwitz - Birkenau, c'est une des dates que je n'oublierai jamais, elles demeurent attachées  à mon être le plus profond, comme le tatouage du numéro 78651 sur la peau de mon  bras gauche; à tout jamais elles sont les traces  indélébiles de ce que j'ai vécu .La seule humiliation que nous n'avons pas connu c'est d'avoir la tête rasée ce qui était pourtant la règle à Auschwitz , certain ont imaginé  que la Croix rouge avait annoncée une visite, et bien sur personne n'a jamais vu le moindre inspecteur de la Croix rouge à  Auschwitz, soixante ans plus, lorsque je pense à la  constance  avec laquelle la Croix rouge  internationale s'est efforcée de légitimer son comportement de l'époque, je reste....à  tout le moins perplexe.Au printemps 1944, les  autorités  du camp  avaient décidé de prolonger la rampe de débarquement des convois pour  la rapprocher  des chambres à gaz, nous portions des pierres  et faisions du terrassement  , puis les S.S  nous ont astreintes à des tâches inutiles porter des rails, creuser des trous, charrier des pierres dont l'objet était de nous affaiblir, un matin, alors que nous sortions du camp    pour aller au travail, la Chef de camp, Stenia, ancienne prostitué terriblement dure avec les autre déportées  , m'a sorti du rang   " Tu es vraiment trop jolie pour mourir  ici, je vais faire quelques chose pour toi  en t'envoyant ailleurs,oui mais j'ai une mère et une sœur je ne peux pas accepter  si elles ne viennent pas avec moi, elle a acquiescé  d'accord elles viendront  avec toi, en effet , elle tint sa promesse, quelques jours plus tard, nous avons été transférées dans un commando moins dur que les autres, à Bobrek , nous étions moins nombreuses, notre groupe de femmes  était caserné dans un grenier au-dessus de l'atelier de l'usine; Maman à commencé  à s'affaiblir  quand à nouveau on nous à déplacée à soixante kilomètres à pied  , nous avons entamé cette longue marche vers la mort, ceux qui tombaient était aussitôt abattu, de Gleirritz , les trains ont commencé à partir dans plusieurs directions, à   Bergen Belsen , il n'y avait presque pas de nourriture, pas le moindre soin médical, l'eau   elle même faisait défaut, la plupart des canalisations ayant éclatés ; Maman  s'est de plus en plus affaibli par la détention, le travail, le voyage épuisant à travers la Pologne, la Tchécoslovaquie ,et l'Allemagne, elle n'a pas tardé à attraper le  Typhus, elle est morte le 15 mars, je me rends compte que je n'ai jamais pu  me résigner à sa disparition, chaque jour Maman , se tient près de moi et je sais que ce que j'ai accompli dans ma vie  l'a été grâce à elle. Début avril, nous avons senti que le dénouement était proche, Milou n'allait pas bien, elle aussi avait contracté  le typhus, je la réconfortais du mieux que je pouvais " Ecoute il faut tenir le coup  et ne pas se laisser aller nous allons  bientôt être libérées. Bergen-Belsen a  été libéré le 15 avril , les troupes   anglaises ont pris possession du camps; la guerre était finie, mes sœurs  et moi  étions vivantes, mais comme tant d'autres, la famille Jacob avait payé un lourd tribut à  la faveur nazie; tout de suite nos oncles et tantes Weisman nous ont accueillie chez eux, à mon retour des camps j'avais appris que j'avais été reçu aux épreuves du baccalauréat passé la veille de mon arrestation en mars 1944, je me suis inscrite  à la faculté de droit, ou j'ai rencontré Antoine qui suivait comme moi des cours de sciences Po, il vivait à Paris depuis sa démobilisation chez une de ses grand-mère; nous nous  sommes mariés à l'automne 1946, j'avais dix  neuf ans et Antoine vingt ans , notre premier fils  Jean  est né à la fin de 1947, Nicolas le deuxième treize mois  après, Pierre François lui s'est  fait plus attendre puisqu'il est né en 1954, afin d'aider notre jeune couple et parce qu'il nous appréciait Michel Boissier à proposé à  mon mari un poste d'attaché parlementaire au Conseil de la République. Mon mari ne voulait pas que je travaille, mais par chance il avait rencontré à travers ses différentes relations politique  un haut magistrat   qui lui avait affirmé " Les femmes ont désormais leur place dans la magistrature" En 1954 l'école de la magistrature n'existait pas, l'accès  à la carrière  s'effectuait par un concours, à l'issue de deux années de stage , j'avais été reçu au concours et affectée à la direction  de l'administration pénitentiaire j'y ai passé sept ans , puis Jean Foyer  m'a affectée  à la Direction  Civiles, puis j'ai accepter le poste moins harassant de secrétaire de Conseil Supérieur de la magistrature auquel m'a nommée le Président Pompidou à sa demande j'ai également  été nommée  à l'un des postes d'administrateur  de l'ORTF  chargé de représenté l' Etat; j'étais la première femme  à siéger dans ce Conseil d'administration, comme d'ailleurs dans celui de la Fondation de France auquel j'ai été nommée à la même époque . Un soir  , alors  que nous dînions chez des amis, la maîtresse de maison m'invita à  sortir de table, quelqu'un désirait de toute urgence  me parler, c'était Jacques Chirac qui me demandai si j'accepterai le cas échéant de faire partie de son gouvernement. C'est ainsi que je me suis retrouvée dès le lendemain ministre de la santé. Ma tâche me paraissait d'autant plus lourde  que la profession médicale, dans l'ensemble m'acceptait avec réticence, face à un milieu au  conservatisme très marqué, je présentais le triple défaut d'être une femme, d'être favorable à la législation de l'avortement et enfin d'être juive . Du moins pouvais je compter sur l'appui inconditionnel du Président, son Premier ministre en revanche, se montrait plus réservé aux yeux de Jacques Chirac, le pays se trouvait confronté à des problèmes autrement plus urgent que l'IVG. Finalement la loi à été votée dans la nuit    du 29 novembre par deux cent quatre vingt voix ; quinze jours  plus tard, elle fut voté au Sénat  quasiment dans les mêmes termes. Quand je levais les yeux de mes dossiers deux ans après la constitution du gouvernement, je m'apercevais  que le climat avait changé; entre Giscard et Chirac une fêlure s'était produite en fin d'année; j'ai ,refusée d'adhérer  au RPR, c'est alors  que je me suis prise peu à peu à ressentir  l'usure du pouvoir. Puis   aux élections européennes de juin 1979  ma liste arriva assez loin devant celle du Parti socialiste ; mon premier discours  se voulut le plus unitaire possible ; je m'y  présentais évidement avec le souhait  d'être   la  présidente   de toute l'assemblée et insistais  sur les trois défis que nous avions à relever, celui de la paix, celui de la liberté, et celui du progrès social. Dans les années 1980    quand je suis arrivée au Parlement européen, j'imaginais  encore une  évolution vers un système  de type fédéral, aujourd'hui les mentalités ont changés  je ne peux constater un attachement  croissant des citoyens à leur cadre  national et aux facteurs historiques qui ont formé des identités singulières  , à cet  égard  nous vivons un paradoxe, l'Européen d'aujourd'hui  voyage beaucoup, l'envie est devenu une réalité   dont la plupart se félicite , Internet est entré dans les mœurs et la dimension de la modernisation domine la pensée contemporaine. Cependant  les citoyens  semblent beaucoup plus attachés à leur identités nationale qu'il y a vingt ans au point que partout  se développent des tentations  communautarismes s'ils tiennent tant à  cette identité, c'est parce qu'ils subissent à jet continu   des chocs mondiaux, leurs racines  devient une valeur refuge, une protection contre toutes les tragédies que la télévision et internet  nous font vivre en temps réel, où qu'elles se produisent .J'ai  aimé que  le Conseil constitutionnel se préoccupe de la lutte contre les discriminations ; je suis favorable  à toutes les mesures de discriminations positives susceptible de réduire les inégalités des chances , les inégalités sociales; les inégalités de rémunérations , les inégalités de promotion dont souffrent les femmes, avec l'âge je suis devenu de plus en plus militante de leur cause ,il est  inutile de la proclamer à son de trompe, il est préférable de la pratiquer, nul besoin pour cela d'employer de grands mots, qui ne peuvent qu'ameuter les idéologues  de l'égalitarisme  républicain, non plus de débattre de quotas sur lesquels personnes ne s'accordera, ici comme ailleurs notre pays s'engage trop volontiers dans des débats théoriques qui portent sur les principes et négligent les réalités de la société, pendant que l'on fait des rond de jambe sur la parité  . La politique me passionne mais dès quelle devient   politicienne,elle cesse de m'intéresser.

jeudi 27 juin 2019

La vallée des rois de Christian Jacq




" La Vallée  des rois .....comment ce seul nom ne ferait-il pas rêver ! "" écrit Howard Carter , le découvreur de la tombe de Toutankhamon  ; " de toute les merveilles de l'Egypte , il n'en est pas une qui frappe autant l'imagination. Ici , loin des bruits de la vie, dans cette vallée désertique, dominée par la "cime" comme par une pyramide naturelle, gît une trentaine de rois ". Site le plus célèbre et le plus visité de l'Egypte pharaonique, la Vallée des rois demeure mystérieuse , de nombreuses énigmes subsistent . La mises à jour des tombes fut une véritable épopées qui méritent d'être contée ; aventuriers, chercheurs de trésors et savants se sont illustrés à titres divers, le plus souvent avec une passion que seul un site aussi puissant pouvait inspirer. Pendant cinq siècles et trois dynasties, les XVIII, XIV et XX  de 1552 à 1069 av J.C la vallée fut utilisée pour abriter les momies des souverains et de quelques dignitaires admis à séjourner à jamais près des monarques qui marquèrent de leurs empreintes cette brillante période de l'histoire égyptienne connue sous le nom de "Nouvel Empire" selon une dénomination inspirée de l'historiographie prussienne du XIX siècles . A cette époque, l'Egypte est un pays riche et puissant, le phare des civilisations méditerranéennes et le centre d'une spiritualité lumineuse , les rois firent de Thèbes leur capitale et de la Vallée leur demeure d'éternité  ; aucune de ses aubes, aucun de ses crépuscules ne se ressemblent et ne sauraient laisser indifférent ; ses pierres ont vu les funérailles des Thoutmosis, des Amenhoteps et des Ramsès , ses pentes arides ont gardés la mémoire de ce moment mystérieux où leur âme à regagnée la lumière d'où elle était issue. Chaque tombe a son génie propre, ses couleurs, son parfum d'au-delà, son message. Chaque pas est une découverte de la divinité à la fois sévère et douce qui protège la Vallée, cette déesse du silence qui fait entendre la grande voix des anciens. Pour l'Egypte, la mort n'existe pas ; c'est pourquoi la Vallée n'est pas un lieu de mort, mais un chant de résurrection et un hymne à la lumière, au soleil qui disparaît dans les ténèbres et renaît après les avoir vaincues ; ainsi en est-il de l'aventure de la Vallée une perpétuelle renaissance. La Vallée est le début d'un oued creusé par les pluies qui usèrent le calcaire et formèrent une cuvette où règne souvent une chaleur intense ; pour y parvenir , il faut suivre la route partant du débarcadère , traverser la zone des cultures puis sans aucune transition serpenter le désert, et s'enfoncer dans un paysage de roches et de collines, ce chemin est celui que suivirent , voici plus de trois milles ans, les processions funéraires conduisant les rois d'Egypte à leur dernière demeure . Au nord du temple de Séthi 1er à Gourna , la montagne devient une barrière protectrice ,elle impose le respect et annonce la grandeur du site, si éloigné du monde des hommes et de  leurs préoccupations quotidiennes . Façonnée à la préhistoire par le lits des torrents et les pluies d'orage, la Vallée se divise en deux branches; celle de l'Ouest la plus vaste, ne comprends que quatre tombes, dont deux sépultures royales; celle de l'Est , est considéré comme la  Vallée des rois  proprement  dite, reçut le nom arabe de Bîban el Moulouk "  les portes des rois " l'entrée du site avant l'élargissement dû  à la construction de la route moderne, était un passage étroit ; il donnait accès à un amphithéâtre qui délimitaient les falaises abruptes, un corps de policiers spécialisés veillaient sur cette porte de pierre. Ici se déploie une vie secrète, immuable, que seul le silence permet de ressentir; la mise en scène de la nature est d'une parfaite efficacité; les murs de pierre semblent très hauts, l'impression d'isolement est absolue, le son circule de manière surprenante, si bien que les pas des promeneurs résonnent de falaises en falaises . L'afflux des touristes et l'intrusion de la modernité n'oblitèrent pas le caractère sacré du site; la Vallée fut crée selon  un esprit et dans un univers radicalement différent du nôtre, que régulaient un roi-dieu , Pharaon, et une économie fondée sur la prospérité du temple et la solidarité ni souci de rentabilité, ni recherche de bénéfice matériel l'essentiel était de découvrir un point de condensation de l'énergie où s'uniraient harmonieusement le ciel et la terre. La Vallée est l'un des endroits de la planète où ce mariage est perceptible de la manière la plus évidente ; comme l'écrit Romer ," il s'agit d'un emplacement soigneusement choisi et contrôlé pour de grands drames cosmiques" dont le principal est la mort et résurrection  de Pharaon ; la Vallée n'est pas funèbre ; au contraire elle accueille la lumière, tantôt de manière apparente dans ses roches et ses falaises, tantôt secrète dans la paix de ses tombes; elle n'est pas humaine, dans la mesure où elle se situe au-delà de l'existence terrestre." Paysage anthropophage " écrit Flaubert avec raison puisqu'il mange l'humain pour faire apparaître le divin . Parvenir à cette vie en éternité au-delà du temps et de l'espace, nécessite  une science de l'au-delà qu'il faut pratiquer ici-bas ; c'est la transmission de cette science ; ce n'est pas le roi un-tel  qui ressuscite , mais Pharaon et à travers lui son peuple. En ce lieu, d'où aucun visiteurs  ne ressort indifférent , est célébré le jeu de la vie et de la mort. La Vallée est un lieu de vie puisque les demeures des Pharaons, loin de se réduire à des sépultures , sont des livres d'enseignements grâce aux hiéroglyphes  et à l'image . Comme l'écrivait Forbin , directeur des musées de la restauration en visitant " la Vallée sacrée tout  disait autour de moi que l'homme n'est quelque chose que par son âme; roi par la pensée, frêle atome par son enveloppe , l'espoir seul d'une autre vie peut le rendre vainqueur dans cette lutte continuelle entre les misères de son existence et le sentiment de son origine céleste. L'Egypte du Nouvel Empire aime la paix et se donne les moyen de la préserver; elle pratique une politique de dissuasion très active, qui se traduit par sa réception de richesse  et de tributs. Nest-ce pas le dieu Karnak , Amon " le caché" qui a rendu Pharaon victorieux ?Rien ne seras trop beau pour son sanctuaire. Le Nouvel Empire célèbre la gloire d'Amon ; Ahmonis " Celui qui est né de la lune et fait le premier pas. L'innovateur Amenthotep 1er pendant vingt ans Amenthotep1er (1526-1506 ) règne sur le double pays  à nouveau uni il est le premier roi à faire figurer Amon dans son nom qui signifie " le principe caché A mon " est en plénitude ( hotep) . Le fondateur Thoutmosis Ier et son maître d'oeuvre, Ineni  bien que le règne de Thoutmosis Ier ne dura qu'une quinzaine d'année( 1506 1499) il est particulièrement important puisqu'il fut semble t-il le premier Pharaon à faire creuser sa tombe dans la Vallée des rois, la tombe  d'Ineni , elle est bien connue, elle fut creusée dans la Vallée des nobles et porte le numéro 21, Ineni architecte puissant et respecté, directeur de la double maison  de l'or et de l'argent, directeur des doubles greniers d'Amon, bâtisseur de la première tombe de la Vallée des rois , de la partie centrale du temple d'Amon de Karnak, maître d'oeuvre sous Amenhotep Ier, Thoutmosis Ier, Thoutmosis II, Thoutmosis III et Hatchepsont  dignitaire âgés chargé d'honneur et sage parmi les sages  ; on sait aussi qu'il aménagea la tombe de son fils Néfer " le parfait" à Dea Abou el Naja . Soixante deux tombes furent creusées dans la Vallée, cinquante huit dans la Vallée des rois proprement dite ; presque toutes les tombes furent plus ou moins pillées, à l'exception de trois celle des parents de la reine Teye, la grande épouse royale d'Amenhotep III père du célèbre Akhenaton ; celle de Maiherpi un soldat ; celle de Toutankhamon découverte en 1922 par Howard Carter ; leurs trésors furent transportés au musée du Caire où ils sont exposés dans des salles voisines, on notera de nombreuses ressemblances entre les magnifiques objets des parents de Teye et ceux de Toutankhamon. La tombe de Ramsès VII son règne est particulièrement mal connu , sa tombe à l'honneur de porter  le numéro 1 selon l'inventaire établi au XI e siècle vidé de son contenu, elle fut visitée dès l'antiquité, Ramsès VII fils de Ramsès VI gouverna peut-être huit ans (1136 1128) la tombe est assez dégradée et ne figure pas sur le circuit des visites, son entrée monumentale s'ouvre au pied d'une colline, dans le couloir, le roi fait offrande au dieu solaire Rê-Horakhty , et la barque du soleil auquel Pharaon  s'identifie descend vers les profondeurs , l'or est la couleur dominante, il règne une impression de clarté de joie sereine dans ce monde ou prime la régénération ; dans la chambre du sarcophage, dont le plafond est décoré de figurines astrologiques et astronomiques, veille une magnifique déesse de la magie, la terrifiante Sekhmet qui devient la douce Bastet pour qui connaît les formules rituelles capable de l'apaisement.Si nous dressons le plan type d'une tombe royale nous empruntons d'abord " le premier passage du dieu" qui correspond à l'escalier d'accès;" le chemin du soleil " est la descente complète à l'intérieur de la tombe, puis vient le couloir , " second passage du dieu " suivi d'un " troisième passage" éventuellement flanqué de chapelles ou résident les dieux de l'Orient et de l'Occident ; ces passages sont aussi nommés "lieu où le dieu est halé" c'est à dire où le sarcophage est tiré sur un traîneau vers la chambre funéraire; "le quatrième passage du dieu " éventuellement encadré par deux chambres des gardiens de portes, marquent l'accès à la partie secrète de la tombe , s'ouvre la salle du secret, ou salle de la règle, qui ne laisse progresser que l'être reconnu juste par le tribunal de l'autre monde ; enfin "la demeure de l'or "ou repose le sarcophage et où s'accomplit la transmutation du corps mortel en corps lumière brillant comme l'or. Certaines tombes comportent un puits  profond d'environ six mètres, il est celui " qui cache", " celui qui arrête " et marque un point de rupture dans le parcours. Les pères  Capucins , Protais et François évoquèrent  l'existence de Bibân el Moulouk " Les portes des rois "c'est au jésuite Claude Sicard qui identifie les ruines de Thèbes et celle de la Vallée des rois entre '1707 et 1712) . La Vallée des rois , haut lieu de spiritualité pharaonique doit beaucoup aux religieux des XVII et XVIII siècles, après les deux capucins et le jésuite, c'est un clergyman  Britannique  Richard Pococke  en 1739  qui s'extasie  devant la fraîcheur des couleurs , dont l'état de conservation le stupéfie ; puis l'écossais James Bruce en 1768 1769 fait un séjour en Egypte  et repère la tombe de Ramsès III, les hiéroglyphes étant indéchiffrables  l 'écossais ne peut lire le nom du roi et identifier le propriétaire de la tombe .Alors que Vivant Denon quitte l'Egypte en compagnie de Bonaparte certain membres de l'expédition poursuivent leurs investigations , tel est le cas des deux ingénieurs Prosper Jollois et le baron Edouard de Villiers du Terrage ils établirent une grande carte de la Vallée des rois, où ils répertorient seize tombes dont onze ouvertes. Puis Antonio Belzoni débarque à Alexandrie le 9 juin 1815 , il est ni un érudit , ni un chercheur en découvrant la Vallée il n'a qu'une idée en tête forcer l'entrée des tombes encore inconnues et en extraire les richesses ; ensuite James Burton peu préoccupé de sensationnel, il songe d'abord à protéger la magnifique tombe de Séthi 1er , il vide le puits qui avait tant gêne l'impatient Belzoni dans sa progression . Le 27 septembre 1822 Jean François Champollion  lit sa lettre à M. Dacier ou il expose les principes de déchiffrement es hiéroglyphes , la fabuleuse découverte de Champollion permettait de lire les noms des rois inscrit dans des oracles nommées " cartouches "de commencer à comprendre donc les bases de la civilisation d'établir une chronologie . Wilkinson en 1827 numérote toutes les tombes connu à cette date celle qui le passionne le plus est la tombe de Ramsès III non à cause de la couleur , mais de la représentation de plusieurs objets utilisés quotidiennement " chaise, vase, panier, poterie etc..., Champollion n'a découvert aucune tombe nouvelle, mais il a vécu et transmis le mystère de la Vallée Wilkinson s'occupait des numéros , Champollion à perçu le Nombre, la réalité secrète. L'expédition de Lepsius le prussien, Carl Richard séjourna à Thèbes d'octobre 1844 à février 1845 il se contenta de dégager quelques tombes et de dresser des panneaux blancs. Alexander Rhind, homme de loi Édimbourg, obligé de séjourné en Egypte à cause de sa mauvaise santé, il décida de pratiquer l'archéologie  avec rigueur et méthode, il fut le premier à appliquer une loi majeure de l'archéologie moderne en notant la position exacte ou il trouvait un objet. Auguste Mariette, l'un des géants de l'archéologie égyptienne de 1857 à 1872 fouilla  un nombre considérable de sites, dès 1857 il proposa une législation afin de faire cesser le pillage des antiquités et envisager la création d'un musée. Gaston Maspero, nommé directeur de la  nouvelle école d'archéologie du Caire ou il arrive en 1881, il interrogea Ahmed Abd el  Rassoul, l'aîné de la famille fut persuadé  que la police les surprendrait de piller , inquiet des représailles sévères , il se rendit et révéla l'emplacement d'une tombe qui contenait à elle seule quarante momies. En 1882 l'armée Britannique  bombarde Alexandrie, le corps expéditionnaire anglais s'empare du Caire et bientôt l'administration britannique règne le pays , pour une longue période la Grande Bretagne va s’intéresser de près aux Pharaons. Victor Lord s'occupe de la tombe de Thoutmosis III, on ne parlera jamais assez de la chance de celui qui la découvrit et ce qui l'attendait était aussi  miraculeux , après avoir franchi la salle à deux piliers, il descendit  un escalier et pénétra dans une grande salle entièrement décorée, parmi les inspecteurs auquel l'expérimenté Maspero accorda sa confiance ; figurait le jeune Howard Carter séjournant en Egypte depuis l'âge de ses dix huit ans pour servir le dessinateur à l'archéologue Newberry , il avait déjà une profonde expérience du pays , Carter parlait arabe , s'était initié à la pratique des hiéroglyphes et connaissait la région de Thèbes, c'est pourquoi quand il fut âgé de vingt cinq ans , Maspero le nomma inspecteur des Antiquités de Haute Egypte ; en tant qu'inspecteur du service des antiquités Carter avait la possibilité d'accorder des autorisations de fouilles  en un lieu précis et pour une période limitée . Âgé de cinquante un ans , Carter reconstitua son équipe, le 28 octobre 1925 , Carter ouvrit le troisième sarcophage que protégeaient de leurs ailes  les déesses Isis et Nephtys, il contempla le célèbre masque d'or et préleva cent quarante trois bijoux et amulettes  sur la momie de Toutankhamon, les ornements en or pesaient  1110,4 kilos , Le prince Toutankhamon " Symbole vivant d'Aton"  fut éduqué à la cour royale d'el Amarna ou régnaient Akhenaton et Néfertiti on ne sait toujours pas avec certitude qui étaient ses parents ; lorsque cette cour vient à Thèbes le nom du Prince fut modifié, il devient Toutankhamon et monte sur le trône d'Egypte qu'il occupa pendant neuf ans ( 1336-1327) . C'est au couchant que le voile se lève un peu, une lumière dorée, apaisante, adoucit les pentes abruptes des falaises . Se lève l'heure d'Atoum, celle de la sérénité des soirs d'Egypte, lorsque le jour se marie à la nuit dans des noces de mort et de résurrection.Chaque tombe royale à son génie propre, ses couleurs, son agencement de textes et de scènes chacune est une création originale, mais conforme à la symbolique traditionnelle. A chaque nouvelle visite, à chaque nouvelle exploration , l'émerveillement est plus intense, la communion plus profonde. Les amoureux de la Vallée peuvent demeurer plusieurs heures devant un bas-relief de Séthi Ier ou de Ramsès VI, dialoguer avec une déesse , méditer sur le scarabée qui symbolise la renaissance du soleil ou contempler , comme Carter, le corps céleste de la déesse Nout. Ces figures étranges , à la beauté secrète, nous parlent d'une vérité sans âge, de cette éternité où s'inscrit le mystère inviolable des pharaons. Jamais ne s'éteindra la grande voix de la Vallée des rois

dimanche 5 mai 2019

Les enfants du soleil de Pauline Gedge



La reine Tii quitta ses appartements , escortée de quatre soldats de la garde impériale et de son héraut ; devant les portes monumentales que Pharaon se plaisait souvent à franchir pour flâner dans les jardins ou contempler les collines du couchant, Tii ordonna à son escorte de l'attendre et s'enfonça dans le vestibule, précédée de son héraut, elle observa rapidement les fresques murales, dont la profusion effrénée attirait toujours son regard , puis la frise  qui courait tout en haut, sous le plafond, et où interminablement se déroulait, gravé à la feuille d'or dans le cèdre odorant, le nom sacré du souverain Nebmaetrâ , le Seigneur de vérité est Râ, il n'existait nul endroit, dans l'immensité du Palais où l'on pût échapper à ces mots. Tii s'arrêta , le chambellan du Roi se leva de son siège et mordit la poussière à ses pieds , Sourero, veuillez annoncer à Sa Majesté que la Déesse des Deux Terres demande à être reçu , dit le héraut ; Le Pharaon  Amenophis III, Seigneur de l'Univers était assis près de sa couche à pieds de lion, seulement vêtu d'un cache sexe de lin royal et d'une perruque a bourse bleue surmonté d'un cobra d'or, aucun fard ne peignait son visage, la mâchoire jadis vigoureuse et carrée, se noyait dans les plis d'une peau molle, les joues creuses et tirées dénonçaient les maux de dents et de gencives qui le torturaient sans trêve, son nez s'était aplati avec l'âge et seul le haut front lisse et les yeux noirs qui avaient conservés même dénudés de leur fange de khôl, leur éclats impérieux disaient encore quel homme superbe et flamboyant il avait été. Son pied reposait sur un tabouret bas, plante offerte au pinceau du cosméticien, qui la badigeonnait de henné. Eh bien Tii, que ma vaut l'insigne honneur de cette visite nocturne? articula Pharaon, vient-tu encore m'ensorceler, ô séductrice ? Comment se porte mon royal époux en ce jour ? le mieux du monde ainsi que tu le sais, ma bouche me tourmente, ma tête éclate et mon dos est au supplice . Je désire te parler en privée Horus ! elle désigna l'adolescent , renvoie le, je te prie, il leva les sourcils, puis se hissant hors de son siège il ouvrit le drap, vas t'en lui dit-il la Reine est ici, le garçon gémit, ouvrit de grands yeux sombres cerclés de khôl, à la vue de Tii il glissa à terre et s'en un mot s'éloigna. Il est plus âgé qu'il ne paraît commenta Pharaon sans aucunement se justifier il a treize ans; elle s'assit au bord du lit, considéra froidement son époux, tu sais fort bien que tu n'a pas le droit, de toutes les lois antiques, celle ci est la plus sévère, et celui qui attire cette malédiction sur sa maison est puni de mort par les Dieux, ainsi que son amant, Aménophis haussa les épaules, c'est moi qui incarne la loi aujourd'hui; elle soupira  et lui tendit une coupe de mandragore, elle choisit soigneusement ses mots; le fils d'Apon est mort depuis longtemps dit-elle, il but, fit la grimace et se mit à rire, il était Oracle du Sphinx et Prophète d'Amon, en outre ses prédictions se sont réalisées pendant près de quatre vingt ans , toutes sauf une Aménophis, Pharaon crispa ses lèvres et s'agita, je suis en danger de mort, alors non! avant que tu me le demande, jamais je ne délivrerai cet enfant ! Mon fils est mort, fit-il d'un ton sec, Touthmônis le chasseur, l'adolescent superbe qui savait si bien manier le sabre, cette roue de chariot brisée, il y a neuf ans, a anéanti  en le tuant tout espoir de succession directe en Egypte Aménophis pourquoi ton chagrin ne peut-il s'apaiser ? Pourquoi ne pas reconnaître que ce garçon qui est enfermé au Harem est ton fils autant que le mien, qu'il est le dernier mâle de notre lignée, et qu'il à droit au trône d'Egpyte après ta mort ! J'ai voulu le tuer lorsque l'Oracle m'a dit ce qu'il voyait dans la coupe d'Anubis, Apon me conseillait de faire étrangler l'enfant et j'en avais donné l'ordre, mais soudain j'ai faibli comment ce nourrisson , ce vermisseau âgé de trois jours à peine, ais je pensé, pourrait-il me faire du mal , Apon protestait : j'ai examiné par deux fois la coupe et j'ai lu les présages cet enfant te tuera !" mais je me suis attendri, je l'ai fait enfermer au Harem ;si tu avais vraiment voulu tuer ton fils , tu aurais poursuivi tes efforts, mais au plus profond de ton cœur , ô Dieu d'Egypte et quelques mépris que tu aies pour cet enfant , tu reconnais en lui ta propre chair ; il sera couronné Roi à ta mort, et j'aimerai mieux que tu le proclame dès maintenant Prince Héritier et que tu l'envoie faire son initiation à Memphis ; si nous l'avions marié à sa sœur dès que Toukhmôsis a été embaumé, ta succession serait assurée à présent, et j'aurais l'âme en paix . Ne m'enfonce plus le visage dans l'amère défaite de mon orgueil , ou par la mort de Toukhmôsis, les Dieux m'ont fait cruellement payer la richesse du pouvoir qui sont mien depuis ma naissance , il eut un pâle sourire , je reconnais mes torts, fais délivrer ton fils , j'ai tout connu , tout possédé, et que ce soit de maladie ou sous le poignard d'un assassin il faut bien que j'en finisse un jour, mais renonce à lui donner Sitamon comme épouse, j'ai besoin d'elle. De retour dans ses appartement la Reine déjeuna au son des luths et des harpes qui l'éveillaient chaque matin, après avoir expédier les affaires courantes en compagnie de son scribe Neb-Amon , elle se fit laver, puis vêtir de lin frais, et convoqua son héraut , rassemble mon escorte , dit-elle nous allons au Harem . Son fils assis en tailleur lui apparut sur une natte de papyrus au bord de l'eau, il était seul et immobile, elle s'installa gracieusement près de lui, il ne la regardait pas , comme absorbé dans le calme du lieu, cette froideur passive elle la connaissais depuis toujours, elle ignorait au bout de dix neuf ans si elle était la marque d'une extrême arrogance, d'une résignation stoïque au destin qui lui  était imposé ou d'une suprême candeur; les femmes du Harem manifestaient à son égard, elle le savait, un mélange de tendresse et de dédain , comme d'un animal indésirable et Tii s'était souvent demandé au fil des années, si son époux avait conscience de la lente corruption qui pouvait ronger, dans une telle atmosphère, l'âme d'un adolescent ; Amenophis? Lentement il tourna vers elle un regard doux, ses lèvres charnues dessinèrent un sourire qui accentua la ligne trop longue d'un menton saillant ; il était laid, seul le fin nez aquilin sauvait ce visage d'une irrémédiable disgrâce, Mère ?Depuis des années je rêve de t'annoncer cette nouvelle , ordonne à ton chambellan et à tes domestiques de rassembler tes objets personnels tu quitte le Harem;  pour aller où ? A Memphis ou tu seras ordonné Grand Prêtre du Pah ; il reste une question à régler tu dois choisir une épouse , je peux prendre Sitamon ? Non Pharaon  tient à la garder auprès de lui, mais elle est ma sœur et de sang royal !bon  je veux Néfertiti, Tii fut prise de cours c'est à elle aussi que je pensais dit-elle, ta cousine sera pour toi une bonne épouse, elle vient me rendre visite parfois, elle m'apporte des papyrus de la bibliothèque et nous parlons des Dieux . Tii reçut un message de Memphis annonçant le retour du Prince, saisissant ses mains moites et glacées , elle vit avec stupeur qu'il portait le pagne plissées des prêtres, noué bas sous son abdomen rebondi ,il avait rougi ses lèvres au henné comme une femme, Amenophis j'ai croisé un étrange soldat aujourd'hui un garde du temple d'On si je ne me trompe, je suppose qu'il t'appartient? J'ai fais venir un bataillon afin de protéger les prêtres qui sont mes amis , rétorqua t-il s'en se troubler Amon est d'une autre nature souffla t-il très vite,il est certain que son pouvoir est grand  dans le Royaume, mais il n'est pas le plus puissant. Alors que Thèbes n'était  encore qu'un tas de huttes de boue séchée et Amon une humble divinité locale enchaînée à son village, ATON le soleil dominait l'Empire dans tout l'éclat de sa gloire, et il doit régner à nouveau, c'est ce que nous désirons ! Ou as-tu appris tout cela ? dit-elle la gorge nouée. Je le suis , je le sais depuis le jour de ma naissance et même si je m'étais fourvoyé les écris anciens auraient guidé mon esprit aveugle, nous les avons retrouvés à la bibliothèque, Pharaon les avaient fait retranscrire à l'occasion de son premier jubilé ; le Maât à été gravement perverti, Mère , et j'ai pour mission de restituer à l'univers son ordre primitif . Comment oses-tu Amenophis ! je te somme de ne plus encourager ces prêtres du Soleil tu m'entends? Tu es le Faucon dans l’œuf et tu incarnera bientôt Amon dans le royaume d'Egypte ! Il y eu un silence Tii haussa les épaules, encore une question Néfertiti ne te plaît-elle pas ? son long visage ne broncha pas, mais sa voix se fit brusquement plus rauque lorsqu'il dit :A la mort de Pharaon je reprendrai son harem , c'est Sitamon qui ta mis cette folle idée en tête , elle est de sang royal et m'appartient de droit j'aime Néfertiti et j'aime Sitamon tout autant . Néfertiti t'adore et elle est belle donne lui donc un fils pour l'Egypte et si tu veux Sitamon à la mort de ton père nomme là simplement épouse royale.Un Dieu n'engendre pas des héritiers à la légère prononça t-il enfin ; tu n'es pas encore un Dieu mon fils, jouis de ton corps et repose un moment ton esprit , renvoie ces prêtres . Il ne répondit pas, et elle n'osa plus insister. Pendant les soixante dix jours que dura le deuil officiel et que les prêtres embaumaient le corps de Pharaon et préparaient son tombeau . Amenophis se penchait sur son trône afin d'y recevoir de l'air le plus gracieux, les paroles qui montaient vers lui ; mais sa pensée semblait ailleurs , Tii s’attendait de jours en jours à ce qu'il renvoie  à Memphis les prêtres du Soleil , apaise les servants d'Amon et visites les bureaux des ministres, mais il n'en faisait rien et continuait a se comporter en jeune prince, comme s'il ne voyait pas encore qu'il eût vraiment droit au titre du Souverain Suprême . Le Couronnement intervint à la fin du mois de Phamenot , selon la coutume Amenophis s'en fut recueillir l'hommage des Dieux du Nord dans le temple de Peah , à Memphis, puis il siégea comme avait fait ses ancêtres, sur le vaste trône du temple de Karnak , que soutenaient le lotus et le papyrus; à la fin de la cérémonie, le gardien des insignes posa sur la tête de Néfertiti la couronne à tête de cobra. Mais lorsque vint le moment de désigner des ministres, heures solennelle où la tradition exigeait que le choix  du jeune Pharaon , aucun changement ne fut proclamé. Au retour du tombeau, il fit arrêter leurs palanquins au pied des colosses Amenophis III entraînant sa mère vers la statue la plus proche , puis dévisagea Tii calmement , il bredouilla , il reste deux mois avant la fin de la saison de Shemon et les fêtes de l'An Nouveau, je veux aller à Memphis avec toi Mère seulement nous deux et quelques domestiques; fort bien mon fils se sera un grand bonheur. Ils quittèrent Malkatta trois jours plus tard, au soir du quatrième jour de voyage , le capitaine vint s'incliner devant Amenophis , ils contemplèrent longuement le lac, les temples puis il se pencha , tira du coffre la Couronne Impériale , le disque poli et les cornes d'argent miroitèrent d'un éclat sourd dans la vibration des étoiles, et palpitaient les deux plumes lorsqu'il posa le diadème sur ses genoux ; c'est à toi que je vais l'offrir dit-il, Tii se mit à trembler, s'agrippa plus fort à son siège; si je comprends bien , tu souhaites qu'un contrat de mariage soit scellé entre nous , qui me ferait Première  Épouse et Impératrice d'Egypte ? en effet, le document peut-être rédigé ici même avant que nous retournions à Malkatta, bien entendu le mariage que tu me propose est de pure forme? Non , il pivota brusquement vers elle, les deux bras enserrant la couronne; tant de choses m'intriguent depuis que j'ai l'âge de maîtriser mes pensées reprit-il d'une voix très paisible ; je me suis longtemps demandé pourquoi j'étais né, pourquoi j'étais reclus parmi les femmes du Harem , lorsque j'étais enfant, j'ai pleuré bien souvent, je faisait des rêves étranges ; j'ai lu alors les papyrus anciens qui étaient conservés au palais du Temple, il y a plusieurs millénaires  vois-tu , les rois d'Egypte régnaient au nom de Râ sur terre , mais les Princes de puissances et les Pharaon qui gouvernaient depuis lors ont oublié qu'AMON n'était qu'une humble divinité locale enchaînée aux limites de THÈBES, tandis que le soleil crée tout ce qui vit et meurt, ton époux le savait , je suis l'Incarnation de Rä-Herakhti ,en choisissant ton corps pour m'engendrer le Dieu de l'Horizon honore l'Egypte d'une ère nouvelle , infiniment glorieuse , et je sais enfin pourquoi je suis né, mais sous la loi du Maât deux formes d'union sont tabou ; celle qui lie entre eux deux hommes , et celle qui accouple un fils à sa mère ce que tu me propose ébranlerait les fondations du Maât en Egypte, tu ne refuseras pas ; le cercle de pouvoir qui me protège n'est pas encore clos , de ton corps je suis né Mère , toi seule peux fermer cette brèche, Tii ensemble nous engendrerons les enfants du Soleil , la toute-puissance de Râ éclipse celle d'Amon et le Maât est depuis longtemps perverti, même ton époux couchait avec un garçon. Au quatrième jour elle avait pris sa décision, j'accepte la Couronne à la condition que le contrat soit rédigé ici même et scellé du cartouche impérial . Au cours de la semaine qui suivit , la dernière qu'ils vécurent à Memphis , il vint la retrouver toutes les nuits et lui fit l'amour, son corps désirait ardemment les caresses fines et savantes de son époux défunt, dont le visage souvent se dressait au-dessus d'elle lorsqu'elle s'abandonnait. Tii donna naissance à une fille , Pharaon pressa fièrement sa petite fille sœur et la nomma Baketaton , servante de l'ATON . J'ai pris deux décision qui vous concernent tous proclama t-il , je parle au nom de l' ATON glorieux que j'incarne " L'esprit de Râ m'ordonne de choisir un nouveau nom , je me nommerai désormais Akhenaton esprit de l'Aton , ma seconde décision est tout aussi irrévocable , je transfère la capitale de l'Egypte et le siège du gouvernement dans un site que le Dieu m'a désigné, à quatre jours de voile de Malhatta, en aval du fleuve. A l'occasion des cérémonies qui devaient célébrer la fondation de la nouvelle cité Akhenaton avait délaissé les longs fourreaux pour revêtir le court pagne blanc, des anneaux d'or alourdissaient son cou grêle, et pendait sur sa poitrine un pectoral d'améthyste figurant le disque solaire cerné d'abeilles d'argent, une haute couronne bleue à tête de vautour et du cobra surmontait sa face plâtré de fards. A Malkatta, d'interminable processions d'esclaves chargés de paquets et coffres commencèrent à s'égrener jours et nuits entre le palais et le fleuve, au bout de quatre ans de grandiose travaux la cité de Pharaon était enfin terminé il l'avait baptisée Akhenaton Horizon de l' Aton . Tii ne voulut pas suivre son fils dans sa nouvelle cité, une dernière fois il s'abandonna sur sa couche, Tii se retrouva à nouveau enceinte , elle donna naissance à un garçon qu'on prénomma Toutankaton . Le règne de son père fût dévoué au Dieu Soleil qui brillait et asséchait les cultures, le Nil, la famine et les épidémies se succédèrent. Lorsqu'il mourût c'est son fils Toutankaton qui prit le règne de l'Egypte, car Néfertiti ne donnait naissance qu'à des filles Il quitta la cité de L'horizon d'Aton , prit place sur son trône, puis de la Double Couronne et de tous les insignes de la royauté, il dicta solennellement le décret par lequel il changeait de nom deToutankamon vivante image d'Amon. Dès que Toutankamon eût atteint sa majorité , Ay abandonna sa fonction de régent . A dix neuf ans il avait les lèvres sensuelles de Tii et sa façon parfois cassante de s'exprimer, et de grands yeux doux inexpressifs qui rappelaient son père Akhenaton.

samedi 16 février 2019

Bakhita de Véronique Olmi



Le visage de sa mère devait être beau, puisqu'elle était belle, sa mère devait être grande, les pommettes hautes, le front large, et les yeux noirs, avec cette lueur bleue comme une étoile plantée au milieu. Comme elle, elle sentait le mil grillé, le sucre amer de la sueur, et le lait ; des onze enfants que sa mère avait mis au monde, quatre étaient morts, deux avaient été enlevés. Elle à cinq ans environ, et c'est la fin du monde, cet après-midi là porte une lumière qui n'est jamais revenue dans son village, les petits jouent à l'ombre du grand baobab, et l'arbre est comme une personne de confiance; il est le centre et l'ancêtre, l'ombre et le repère , les vieux dorment à cette heure du jour, les hommes ramassent les pastèques dans les champs, à la sortie du village les femmes battent le sorgho; c'est la musique tranquille d'un village paisible, une image de paradis perdu qu'elle gardera pour se persuader que ça à exister. Elle vient de là, le lieu de l'innocence massacrée ; cet après-midi là les ravisseurs étaient arrivés au galop avec le feu, les fusils, les chaînes, les fourches et les chevaux et ils ont pris tout ce qu'ils pouvaient, les jeunes surtout, les garçons pour les armées, les filles pour le plaisir et la domesticité, le village reste en désordre plusieurs jours, sa mère la secoue, l'embrasse, la repousse elle lui crie " Dis moi ce que tu as vu !"mais elle reste muette, sa mère sait ce qui s'est passée, elle même est née dans la guerre, elle connait l'organisation de l'esclavage, elle sait pourquoi on a enlevé sa fille et à quoi elle vas servir; mais; elle ne bouge pas, elle se tait, son regard à changé,il porte une connaissance nouvelle et elle n'a pas encore les mots pour la transmettre.Les deux années qui ont suivi la razzia , elle pensait qu'elle se marierait , elle aurait des enfants et elle remplirait le vide laissé par la sœur aîné , elle réparerait le malheur, elle à sept ans maintenant ,elle sait que derrière les collines, sa sœur aîné et d'autres enfants disparus, sont devenus des esclaves, elle ne sait pas ce que sait exactement . Un après-midi elle obéit à sa mère qui lui demande d'aller chercher de l'herbe à la sortie du village, elle est avec son amie Sira , elles voient deux hommes et elles ne se méfient pas, ni poudre ni fusils  ni cheval , ce sont deux hommes dont le village n'est pas si éloigné, des voisins, les deux petites sont seules, si jeunes, une petite fille est ce qui se vend le plus cher, ils sourient, ils saluent dans un dialecte pas si éloigné du sien, l'homme demande à Sira de s'éloigner , à elle l'homme dit d'aller dans le sens opposé vers le bananier , il dit qu'il faut aller chercher un paquet, elle ne comprend pas, l'homme qui tenait sa main sur sa hanche sort un poignard et le met contre sa gorges , de son autre main il couvre sa bouche "Si tu crie je te tue !" elle a marché avec eux jusqu'à la nuit, la nuit est arrivée elle étais seule avec les ravisseurs comment raconter ce qu'elle voudrait n'avoir jamais vécu. La marche a duré deux jours et deux nuits ils sont arrivés dans un village, des hommes sont là ils ont l'habitude des enfants volés; depuis toujours, ils ne regardent pas la petite fille, il n'y a ni pitié, ni curiosité, les ravisseurs ouvrent une porte, ils la jette , elle tombe sur une terre dure et gelée, il n'y a pas de jour, à peine une lumière faible par un trou percé en haut du mur, elle reste là longtemps, un mois peut-être, c'est un temps sans rythme,un temps qui ne fait qu'un avec l'angoisse, parfois elle pense quelle va rester là toute sa vie, avec les ravisseurs qui le soir viennent avec un peu de pain et d'eau, et leur violences aussi; elle dort repliée en fœtus, suce son pouce et parfois chante sa chanson "Quand les enfants naissaient de la lionne "en posant sa main sur sa poitrine, sa peau se déchire, les piqûres des cafards et les morsures des souris y dessinent des signes brûlants qu'elle suit avec les doigts. Un matin, un des ravisseur ouvre la porte, il la traîne dehors, et la lumière est comme un couteau, il y a des voix, il y a des hommes, un brouhaha compact, dans une langue qui n'est pas celle de sa tribu ; un instant elle espère que ces hommes sont envoyés par son père, puis elle voit l'argent passer de main en main ,elle est terrifiée , elle écoute et elle comprends quelques mots , qui disent qu'elle a à peut près sept ans, et qu'elle s'appelle Bakhita son nouveau nom signifie" la Chanceuse" elle ne sait pas qu'elle est prise par des négriers musulmans ; ils sont attachés les uns aux autres, les chaînes autour du cou, tous sont nus, comme elle, les gardiens ont des fouets, des fusils, elle entre dans le monde de la violence et de la soumission, depuis quelle a été enlevée elle a beaucoup marché, elle n'essaye plus d'avoir de repère, les montagnes, les dunes , les collines, les plaines , les forêts, dans ces villages traversés parfois des affaires se concluent, ceux qui n'ont pas d'esclaves à vendre, vendent quelqu'un qu'ils ont volés ou bien un membre de leur famille; Bakhita se bouche les oreilles parfois la connaissance du monde est une grande fatigue, mais elle veut retenir des mots arabes, retenir ce qu'elle voit, ce que la misère et la faim font des hommes.A EL Obeid , plusieurs jours durant on leur à donné à boire et à manger, on les a lavés , on a tondu ou tressé leurs cheveux, tué leurs poux, coupé leurs ongles, on les a vêtus d'un pagne, on a mis des pommades sur leurs plaies, de l'huile de palme sous leurs pieds, on leur a faire boire des herbes amères et mâcher des racines terreuses, on leur a permis de dormir, maintenant ils peuvent être vendus et un matin, on les expose sur le grand marché. En fin de journée Bakhita  est achetée par un civil arabe Binach sa copine aussi , ils sortent du marché quittent les souks, l'homme les amène chez lui, elles le suivent à l'étage, la partie réservée aux femmes, et elles entrent dans la chambre des filles du maître Sorahia et Radia  à peine plus âgées qu'elles elles sont contentes Bakhita va vivre aux côtés des petites maîtresses, elles parlent, elles mangent, jouent aux dominos ou aux cartes, Bakhita les évente avec un grand éventail , quand leurs amies viennent les voir elles leurs montrent tout ce que l'esclave sait faire, le petit singe c'est ce qu'elles préfèrent Bakhita pousse des cris aigus, se gratte sous les bras et attrape avec sa bouche ce qu'elles lancent en l'air, parfois elle fait aussi le cheval qui rue et galope et leurs amies montent sur son dos à tour de rôle. Bakhita à dix ans , sa vie au harem va prendre fin, mais elle ne le sait pas encore, un soir Samir, le frère des petites maîtresses  l'appelle, il lui dit approche, à sa voix elle pense qu'il va la battre , elle se jette à ses pieds, elle se prosterne et dit Asfa (pardon) s'il vous plaît ne ma battez pas Asfa il la repousse d'un coup de pied, et elle tombe, il la gifle encore et encore, il prends sa tête dans ses mains et la cogne contre le sol comme s'il voulait la faire exploser, ce qui se passe après le saccage, être battue dehors et dedans, elle le connaît déjà, s'est le gouffre sans fin, sans secours, c'est l'âme et le corps tenus et écrasés ensemble, le crime dont on ne meurt pas, elle rampe pour sortir de la pièce, le maître la suit et la bourre de coup de pied, Sorahia et Radia sont allongées sur leurs matelas, elles mangent, elle leur demande de l'aide Ainaja Ainaja Samir continu de la battre Bakhia est  maintenant comme un jouet cassé, elle reste allongée sur une natte à attendre de survivre, personne ne la soigne, ni lui parle, le jour ou elle peut se lever toute seule, on estime qu'elle peut travailler de nouveau , plus question pour elle de remonter au harem, elle travaille aux cuisine, des mois passant ainsi chacun fait sa journée avec son bouclier d'indifférence, dans la tumulte des ordres et des coups, et un jour le maître l'envoie chercher, il est avec un homme en tenu militaire qui l'examine , et lui demande de courir dans le jardin , l'homme qui la rachetée est un général turc il dirige des armées d'esclaves au service du gouvernement turcs égyptien qui tient le Soudan sous sa loi , dans sa maison règne deux femmes, la mère du général et son épouse; Bakhita sera au service de son épouse, elle va apprendre à la coiffer et à l'habiller s'en jamais la toucher, elle va apprendre à anticiper les ordres, les désirs , à voir venir les coups et à les accepter, les maîtresses parlent turcs, les esclaves l'arabe. Et puis un matin , la femme du général décide avec l'accord de sa belle mère de tatouer ses trois esclaves ;les doigts de la petite Yebil tremblent dans la main de Bakhita dans la cour deux hommes robustes maintienne la petite Yebil au sol sur le dos tandis qu'on apporte deux bols à la tatoueuse, l'un rempli de farine , l'autre de sel, la petite Yebil tremble tellement que la tatoueuse recommence plusieurs fois les dessins à la farine sur son corps, et puis elle sort un rasoir de son tablier et elle suit les dessins en commençant par le ventre d'ou le sang jaillit, la petite hurle comme un animal sauvage, et une fois que les entailles sont terminées , elle ouvre chaque plaies pour les remplir de sel et puis elle appuie très fort , les cries de la petite s'affaiblisse et elle se tait, le corps se convulse et puis il s'immobilise, d'un signe de tête la maîtresse fait signe qu'on emporte le cadavre, c'est au tour de Bakhita, elle est décorée de cent quatorze entailles sur le ventre, la poitrine et le bras droit, durant trente jours, elle a combattu et survécu à la douleur, à l'infection et à la soif terrible que procurait le sel dans les plaies. Le général à décider de rentrer en Turquie, lui et sa famille vont quitter le Soudan, Bakhita  va partir avec les maîtres, partir pour Bakhita c'est espérer toujours, elle ne comprends pas qu'en quittant Kondofan  elle s'éloigne du Darfour. Quand elle monte sur le chameau, elle cache sa frayeur, elle s'agrippe comme elle peut, la chaleur est dangereuse ils voyagent le plus souvent la nuit; se repérant aux étoiles, c'est à Khartoum qui arrivent au petit matin, le maître fait ses comptes et vends Bakhita pour la cinquième fois elle est achetée par un homme qui s'appelle Calisto Legnami consul italien et c'est homme qui va changer le cours de sa vie, Bakhita le suit le visage baissé, elle ne sait pas ou vivent les esclaves dans cette maison, dans quelle cour on les bats, ce jour là Bakhita est lavée, Aïcha l'a aidée a passer la tunique; la tunique était comme un voile de pudeur, c'est comme ce corps restitué, qui ne sera plus battu, ni convoité, quelle retrouve lentement le monde des humains. Elle a entendu dire que le maître était bon qu'il avait affranchi des esclaves; c'es ainsi qu'il l'emmèneras sur sa demande en Italie et la placera chez des amis à lui , elle a pour la première fois de sa vie une chambre pour elle toute seule. Dans cette lutte permanente , cette vie d'adaptation et de grande honte, cette vie sans amour, ni tendresse, elle va rencontrer un homme, le premier homme après son père qui l'aimera vraiment, c'est homme sur sa route comme une étoile tombée à ses pieds, s'appelle Signore Illuminato Checchini. La maîtresse de maison à déjà perdu deux enfants , Bakhita observe la Parone, elle voudrait lui dire de ne pas s'inquiétée ,elle va accoucher, L'enfant naît le 3 février 1886 ,Bakhita est émue, pourtant elle a tellement vu de naissances, fêtée ou terrifiées, des femmes heureuses ou des fillettes écartelées par la douleur, elle a dix sept ans elle sait qu'elle n'auras jamais d'enfant, son corps d'esclave le lui dit, qui s'est recroquevillé sous les violences. C'est une petite fille la Parona  la nomme Alice ; il faut lui donner les saints sacrements sans attendre la petite ne vivra pas, Bakhita  à le droit de rester, attendre avec la mère que le bébé maintenant qu'il est béni, lâche vers le ciel son âme purifié , Bakhita s'approche du berceau  que la Parona à voulu loin d'elle, elle regarde le visage bleui de la petite Alice, respiration courte, souffle rauque, elle voit que la vie lutte contre la puissance d'une mort déjà accepter, alors elle fait une chose qu'elle n'a fait qu'une fois, il y a si longtemps, elle ne demande pas l’autorisation , elle prends le bébé, lui ôte ses vêtements, allonge la petite sur ses genoux crache dans ses mains et masse le thorax lentement et elle parle le visage contre le visage du bébé, elle reçoit sa toux et ses pleurs, Bakhita soulève la petite, la tient sous les bras, elle suffoque et s'étouffe dans ses glaires, Bakhita l'allonge à nouveau prends sa tête dans sa main, pose sa bouche sur son nez aspire profondément et recrache à même le sol, plusieurs fois de suite, c'est bruyant et sale comme la vie et quand la petite ne pleure plus de douleur mais de faim, elle la porte à sa mère, elle doit la nourrir, elle lui montre comment faire. Bakhita entrera dans les ordres et traversera le tumulte des deux guerres mondiales et du fascisme en vouant sa vie aux enfants pauvres. Elle mourut le 8 février 1947 à l âge de soixante dix huit ans, elle est enterrée au cimetière de Shio. En 1969, son corps est exhumé et transféré à la chapelle de l'institut des Filles de la Charité Canossiennes de Shio. Le 1er Décembre 1978, Jean-Paul II signe le décret d’héroïne de ses vertus; le 6 juillet 1991, Jean-Paul II signe son décret de béatification. Le 17 mai 1992, Jean-Paul II déclare bienheureuse celle qui a laissée " un message de réconciliation et de pardon évangélique dans un monde divisé et blessé par la haine et la violence"; en 1995 il la déclare patronne du Soudan; le 1er octobre 2000 il la déclare Sainte.