lundi 14 novembre 2016

L'histoire tragique et merveilleuse de l'anesthesie du Dr Georges Arnulf

 

L'Anesthésie m'est toujours apparue comme une des plus merveilleuses découvertes de l'humanité; ses bienfaits sont immenses puisqu'elle nous permets de vaincre la douleur opératoire à laquelle nous risquons d'être exposés à un moment où l'autre  de notre existence. J'ai pu pendant 50 ans en suivre l'essor prestigieux en France et dans le monde et j'en ai vécu la phase d'évolution la plus étonnante et la plus performante . En effet dès le début de mes études médicales en 1925, j'assumai ma première anesthésie, à cette époque, l'anesthésie  était encore en France considérée comme un acte mineur confié à des étudiants ou des infirmiers. Plus tard , en particulier pendant la deuxième guerre mondiale (1939 1945)  j'assumai la responsabilité de l'anesthésie tout comme mes collègues de l'époque, en attendant que se spécialisent dans notre pays les anesthésistes en titre. On comprend  alors comment mon intérêt a pu être éveillé et retenu par cette science et , tout naturellement j'ai voulu en connaître l'histoire remontant à ses origines qui n'étaient peu connues. Cette recherche dans le temps m'a révélé les circonstances qui ont entouré la découverte de l'anesthésie : elle s'est accompagnée de tragédie qui ont souvent divisé et opposés ses protagonistes. Ce fut un drame humain extrêmement poignant où se heurtèrent ces hommes, dépositaires d'un bien inestimable : La victoire sur la douleur. On a peine aujourd'hui à imaginer ce que pouvait  représenter la chirurgie avant l'ère de l'anesthésie. La valeur et la renommée d'un chirurgien se jugeaient alors sur sa dextérité et surtout sur sa rapidité d'exécution. Ce matin de novembre 1843, quatre opérations étaient au programme, chiffre inhabituel à l'époque mais expliqué par la renommée de Warren, patricien méthodique, réservé et ordonné, il est issu d'une famille médicale célèbre à Boston. Ce vendredi matin de novembre 1843, trois ans à peine avant que fût connu l'anesthésie, Warren nous permet de vivre une des dernières étapes de la chirurgie à l'époque pré-anesthésique. Il est 10 heures, le premier patient est étendu sur une table en bois, c'est un gros homme aux traits tirés par l'anxiété, qui présente dit Warren une cuisse déboîtée fixée en mauvaise position, nous dirions aujourd'hui une luxation de la hanche négligée; il importe d'essayer de la réduire, pour cela, courroies et ceintures maintiennent le thorax, une corde sur la cuisse va permettre d'exercer des tractions nécessaires pour essayer de réduire la luxation; quand les aides commencent à forcer les tractions sur la cuisse , le malade hurle de douleur, à chaque nouvelle traction les hurlements reprennent  de plus belle, on entends grincer les dents du patient, on voit son front se couvrir de sueur, mais la hanche ne se réduit pas,elle reste en position défectueuse ; pour lutter contre la crispation et la douleur, Warren fait placer un long cigare dans l'anus du patient , il s'agit d'une décoction de nicotine propre non seulement à apaiser la douleur mais à réduire la contractions des muscles.Arès la pause, les tractions recommencent sans succès, arrachant de nouveau hurlement au patient, c'est un échec, le malade est alors retirés de l'opération. Warren attaque le  deuxième cas, une femme amaigrie présentant un cancer du sein très évolué, accompagnés de douleurs; pour la soulager avant l'opération, on lui a administrée 100 gouttes d'opium; elle est alors installée sur le fauteuil opératoire, avec sa dextérité habituelle Warren incise très largement la peau autour de la tumeur, la malheureuse pousse alors des hurlements de douleur, sans y prêter attention le chirurgien poursuit l'ablation de la tumeur , il éponge le sang et arrête les hémorragies par des ligatures dont les fils sortiront de la plaie; l'opération se termine par une ingestion d'eau de vie dans la bouche de l'opérée à la limite de l'agonie, pantelante elle est reconduite dans son lit. Telle est la chirurgie de l'époque.Toutefois la lutte contre la douleur n'est pas ignorée, comme on peut en trouver de nombreux exemples; un des grands chirurgien du XVI siècle Ambroise Paré , dans son traité " Introduction de la chirurgie" consacre tout un chapitre aux moyens de combattre la souffrance, il donne la première place aux opaciés sous forme de pilules avalées avant l'opération, associés à l'administration de fortes rasades d'alcool. Le froid peut dans certain cas, agir contre la douleur; Le Baron Larrey, chirurgien de Napoléon, a pu au cours de la retraite de Russie amputer sans douleur des membres gelés. L'amputation de membres gangrenés  sous réfrigération a été longtemps classique car outre la douleur , le froid  supprimait le choc.Il fallut attendre la fin du XIII siècle à la première décennie du XIX siècle pour que des efforts coordonnés proprement scientifiques, ce fut  l'oeuvre de chercheurs occasionnels, toujours particulièrement sensible à la douleur et doués d'une féroce curiosité; parmi eux il en eut quatre que l'histoire se doit de retenir, car ils furent les vrais précurseurs de l'anesthésie en découvrant et perfectionnant les éléments de base qui allait rendre possible et cela dans le dessein précis de supprimer la douleur opératoire. La pasteur anglais Joseph Prisesthey (1733-1804) aidé du Châtelain du pays le Conte Shelburne passionné de chimie lui proposa de créer un laboratoire dans son château, il isola l'oxygène de l'air, il eût alors l'idée d'arroser la limaille de fer avec de l'acide azotique, il obtins un nouveau gaz l'oxyde d'azote pur, puis de la protoxyde d'azote qui allait être connu sous le nom de gaz hilarant car pour quiconque le respirait il provoquait le rire. L'oeuvre inachevée de Prisesthey allait être poursuivie par un apprenti pharmacien Hamphry Davy "1778-1829"  Davy utilisa un ballonnet de soie qui sert de récipient  pour les gaz il est muni d'une tubulune qui permet de les inhaler plus facilement; , dans le même laboratoire Michael Farandy "1791 1867"  découvre une autre voie  avec un produit différent  les vapeur d'éther  et Henry Hill Hickem "1801- 1830" il va faire une étude expérimentale rigoureuse de ces gaz sur l'animal. Le 10 décembre 1844 Horace Wells brillant dentiste se verra ce jour là l'un des pionnier de l'anesthésie car il expérimentera sur lui le gaz hilarant et va découvrir qu'il peut arracher une dent sans faire souffrir le patient  , mais ce sera mal maîtrisé  Janvier 1845 William  Green Morton après l'échec de son collègue et associé à Horace Wells après maintes expériences de l'éther sur les insectes et les animaux, il commença à l'expérimenter sur lui même et il resta inconscient pendant quelque minutes , puis il le pratiqua sur ses patients pour extraire les dents il avait seulement 27 ans, puis il fut sollicité par le Dr Warren imminent chirurgien pour opérer un de ces patient. Le Dr Morton  procéda avec un sang froid à l'administration de l'éther sulfurique pour supprimer par anesthésie la douleur opératoire; remplissant  l'inhalateur  d'éther  et le tenant devant les narines du patient, il le maintient quelques minutes pour lui permettrent  d'en respirer les vapeurs. Beaucoup  d'opération survinrent  avec le même succès , on nomma alors cet acte Anesthésie ( en grec insensibilité) . En dépit de différents efforts fait datant des années suivantes pour obtenir  de la part du gouvernement des Etats Unis la reconnaiçance des services rendu par le docteur Morton au pays et au monde entier ne fut jamais fait. D'autres gouvernements  s'étaient hâter  de lui décerner  ordres et décorations. La Russie lui donna la croix de Saint Waldimir, la Norvège et la Suède l'ordre de Vasa ; L'Académie Française  des Arts et des Sciences lui envoya une médaille d'or le prix Mortyon et il reçu une cassette d'argent contenant milles dollars par les membres du Conseil d'Administration du Massachusetts, ses nombreuses décorations se trouvent maintenant à "Historial Room's" de Boston pour la découverte de L'Anesthésie le 3 septembre 1846.