jeudi 29 décembre 2016

Les Dames de Paulilles de Nicole Yrle





A quelques encablures du Cap Béar,  nichée entre Banyuls et Port-Vendres, la baie de Paulilles, joyau de la Côte Vermeille, recèle tout ce pan d'histoire du Roussillon.  Quatre générations retrace dans ce livre le quotidien des femmes de Paulilles, à la fois humble et nobles confrontés au mépris de quelques intérêts particuliers et à la violence d'un XXème siècle traversé par les guerres. Marie épousa Augustin qui travaillait à la dynamiterie , mais il dut partir au front, et elle du faire comme sa mère et sa grand-mère  travailler aussi à la dynamiterie le sort de la guerre en avait décidé, elle serait encartoucheuse, les bâtiments légers, reliés par des tunnels et isolés les uns des autres par des merlons; ces levées de terres protectrices.Plusieurs ateliers d'encartouchage étaient alignés le long des trois allées, Marie enfila une longue blouse en toile , chaussa des sandales à semelles de corde, gagne l'atelier qui allait devenir son quotidien, l’exiguïté la surpris presque carré, il ne mesurait pas plus de quatre à cinq mètres, du plomb et du bois partout, une épaisse couche de sciure sur le sol,  pour la sécurité,  explique Madeleine sa mère, laconique, faut pas qu'il y ait d'étincelle, tu vois il faut être deux, une qui bourre et une qui ferme, la poudre était fine comme de la farine et Marie comprit pourquoi on parlait de pétrin comme dans une boulangerie! Ouvriers et ouvrières, tous parlaient de " matière" et non de dynamite. Ceux qui la manipulaient devinaient-ils d'instinct qu'elle tirait son nom de la "puissance" grecque? en tout ils savaient quelle était dotée d'un pouvoir destructeur sans rapport avec son apparence. Les mois  et les saisons passaient, la guerre , dont on avait cru quelle serait de courte durée, semblait devoir s'éterniser ; les échos de terribles batailles glaçaient d'effroi toutes les familles. A l'usine , les départs successifs des hommes avaient dégarni de nombreux postes, il fallait recourir à une main d'oeuvre  de remplacement; et l'on vit arriver à Paulilles de nombreux ouvriers espagnols, surtout des Castillans; l'amertume était perceptible sur les visages fermés et dans les paroles presque agressives." On se demande à quoi on sert la-bas et ici on serait de trop," dit Augustin la mine sombre, il venait d'arriver pour une petite semaine on était en février 1916, les permissions étaient rares et plus courtes, Marie ne reconnaissait pas son  Augustin, lui si gai, si bavard,  il était devenu taciturne. A la dynamiterie, les nouveaux venus monopolisaient l'attention; les Catalans du Sud apportèrent leur exubérance  naturelle , un jour ou un contingent d'Annamites fit son entré à Paulilles  encadrés d'une escorte de tirailleurs Sénégalais, l'étonnement se lut sur tout les visages. On avait vaguement entendus parler de l'arrivée imminente de coloniaux mais on ne s'attendait nullement à ces drôles de petits hommes jaunes coiffés de curieux chapeaux en forme d'arapèdes! Les Annamites furent rapidement attelés à des tâches dont ils avaient pas la moindre idée ; la poudre fabriqué était destinée essentiellement aux mortiers de tranchées . On prit l'habitude de côtoyer  les Annamites certains d'entre eux connaissaient un peu le français mêlés de catalan, parce qu'ils déjà au cantonnement d'Olette pour la construction d'une route dans le conflent. Marie, Augustin elle ne l'oubliait pas, elle était s'en nouvelle de lui, sa dernière permission il l'avait passée à dormir, elle l'avait trouvé hagard, plus absent que jamais il était repartie s'en la touchée, pratiquement s'en la voir. Des rumeurs couraient, un responsable technique rapporta que lors d'un incendie auquel il avait assisté plusieurs Annamites s'étaient retrouvés les pieds collés au sol et avaient été atrocement brûlés, certains s'étaient  transformés en torches vivantes. Des explosions et des incendies ils s'en produisaient aussi dans les ateliers de lavage de la nitroglycérine . Marie croisa Dan, elle éprouvait de plus en plus de sympathie et de compassion pour cet Annamite. Marion petite fille de Marie pénètre avec sa mère Maria dans le tunnel envahi d'un brouillard  cotonneux; elle tenait sa fille par les épaules et la guidait devant elle, beaucoup d'ouvriers et d'ouvrières empruntaient quotidiennement cet itinéraire dangereux pour rentrer chez eux plus vite. Marion devenu une très jolie jeune fille qui aurait du vivre son adolescence dans l'insouciance à la fin des années cinquante  va vivre la dernière grande tragédie meurtrière de Paulilles. Maria était chez elle quand les carreaux tremblèrent, des débris de verre tombèrent par terre, un énorme champignon se forma aussitôt au-dessus de la dynamiterie. Dehors, des gens affolés courraient en tout sens, Maria allait de l'un à l'autre,il y a des blessés ?  vous avez vu mon mari , mon fils, Maria croisa deux femmes hébétées, que le souffle avaient complètement déshabillées, enfin elle vit venir  vers elle son fils , indemne mais choqué, il la conduisit auprès de son mari Etienne blessé , son visage couvert de sang, des éclats de verre incrustés dans la chair, sa blessure à la cuisse très profonde et il avait perdu plusieurs doigts à la main droite, on avait entendu l'explosion depuis Banyuls . J'habite là hurla Marion qui venait de se frayer un passage, le portail s'ouvrit soudain pour laisser passer une seconde ambulance, Marion craqua, elle s’effondra, pleurait et murmurai des mots s'en suite. A Paulilles, les habitants présents sur le site de l'explosion n'arrivaient pas à se remettre. De nombreux changements s'en suivirent; à commencer par le déménagement de toutes les familles qui habitaient encore à proximité de l'usine, elles rejoignaient dans de nouvelles casernes celles qui vivaient de l'autre côté de la route près de la voie ferrée  Marion qui n'avait que seize ans eut l'impression d'abandonner son enfance, l'explosion de 58 demeura dans les mémoires. Marion perdit son père il n'avait que cinquante ans; elle travailla  à la dynamiterie  elle n'eut pas son pareil pour rouler en un tour de main la cartouche en papier, ou pour la bourrer prestement. Au début des années 60, l'activité de l'usine fut en effet intense, c'est ainsi que Paulilles fabriquait et expédiait  des explosifs pour la construction du tunnel  du Mont-Blanc qui s'étala sur sept ans. Marion épousa François elle avait vingt huit ans quand sa fille Marine naquit ; Maria devenu grand-mère  eut l'impression de jouer à la poupée, Marion put reprendre son travail, la population de Paulilles ,se réduisit comme peau chagrin, une grève éclata, on réclamait de meilleurs salaires. Marine elle avait dix sept ans , quand l'usine avait fermé , trois ans plus tôt , elle était toute contente d'habiter en ville à Banyuls. Un jour de pluie, Marine s'ennuie et monte au grenier, contre le mur  se trouve une grande  malle  qui appartenait à sa grand-mère, elle découvre des livrets militaires ,portefeuilles et portes cartes en cuir usés tous vides, deux paquets de lettres attachées ensembles , au fond de la malle un grand cahier attire son attention, il est épais c'est un herbier ! il sent le moisi, en le retournant des feuilles éparses sur le sol , elle découvre des dessins sans signatures, sans dates, elle reconnait la baie de Banyuls c'est l'arc de sa plage, celle de Port-Vendre; soudain elle reçoit un choc, le sourire éblouissant d'un jeune homme occupe toute la page, l'expression de la joie à réduit les yeux à deux minces fentes étirées jusqu'au tempes, les cheveux raides et sombres, le nez presque épaté achève de donner à l'ensemble du portrait une physionomie orientale, Marine est troublée, elle devine qu'une vérité ancienne à été enfouie; Qui est-ce? demanda la jeune fille en brandissant le portrait à sa mère; c'est un Annamite, je sais Maria appelé par ses proche "Iaia" m'a parlé des Annamites qui travaillaient à Paulilles . Marine pousse la porte de sa grand-mère  appelle Iaia ou es tu? c'est maman et moi ! la grand mère sort de sa chambre, souriante et légère, elle est minuscule à côtés de sa petite fille qui doit se pencher pour l'embrasser; elle montre le dessin à sa grand-mère, d'un coup le visage de Maria se ferme, se durcit, les lèvres pincées, elle se détourne, sans prendre le dessin entre ses mains. Marion raconte que sa grand mère Marie lui avait confié le secret de Dan le père de Maria qui mourut dans un incendie, et quand son mari rentra de la guerre , il accepta l'enfant qui ressemblait trait pour trait à l'Annamite. Marine lui ressemblait aussi avec ses cheveux noirs raides , ses yeux en amandes , et son sourire éblouissant.

lundi 14 novembre 2016

L'histoire tragique et merveilleuse de l'anesthesie du Dr Georges Arnulf

 

L'Anesthésie m'est toujours apparue comme une des plus merveilleuses découvertes de l'humanité; ses bienfaits sont immenses puisqu'elle nous permets de vaincre la douleur opératoire à laquelle nous risquons d'être exposés à un moment où l'autre  de notre existence. J'ai pu pendant 50 ans en suivre l'essor prestigieux en France et dans le monde et j'en ai vécu la phase d'évolution la plus étonnante et la plus performante . En effet dès le début de mes études médicales en 1925, j'assumai ma première anesthésie, à cette époque, l'anesthésie  était encore en France considérée comme un acte mineur confié à des étudiants ou des infirmiers. Plus tard , en particulier pendant la deuxième guerre mondiale (1939 1945)  j'assumai la responsabilité de l'anesthésie tout comme mes collègues de l'époque, en attendant que se spécialisent dans notre pays les anesthésistes en titre. On comprend  alors comment mon intérêt a pu être éveillé et retenu par cette science et , tout naturellement j'ai voulu en connaître l'histoire remontant à ses origines qui n'étaient peu connues. Cette recherche dans le temps m'a révélé les circonstances qui ont entouré la découverte de l'anesthésie : elle s'est accompagnée de tragédie qui ont souvent divisé et opposés ses protagonistes. Ce fut un drame humain extrêmement poignant où se heurtèrent ces hommes, dépositaires d'un bien inestimable : La victoire sur la douleur. On a peine aujourd'hui à imaginer ce que pouvait  représenter la chirurgie avant l'ère de l'anesthésie. La valeur et la renommée d'un chirurgien se jugeaient alors sur sa dextérité et surtout sur sa rapidité d'exécution. Ce matin de novembre 1843, quatre opérations étaient au programme, chiffre inhabituel à l'époque mais expliqué par la renommée de Warren, patricien méthodique, réservé et ordonné, il est issu d'une famille médicale célèbre à Boston. Ce vendredi matin de novembre 1843, trois ans à peine avant que fût connu l'anesthésie, Warren nous permet de vivre une des dernières étapes de la chirurgie à l'époque pré-anesthésique. Il est 10 heures, le premier patient est étendu sur une table en bois, c'est un gros homme aux traits tirés par l'anxiété, qui présente dit Warren une cuisse déboîtée fixée en mauvaise position, nous dirions aujourd'hui une luxation de la hanche négligée; il importe d'essayer de la réduire, pour cela, courroies et ceintures maintiennent le thorax, une corde sur la cuisse va permettre d'exercer des tractions nécessaires pour essayer de réduire la luxation; quand les aides commencent à forcer les tractions sur la cuisse , le malade hurle de douleur, à chaque nouvelle traction les hurlements reprennent  de plus belle, on entends grincer les dents du patient, on voit son front se couvrir de sueur, mais la hanche ne se réduit pas,elle reste en position défectueuse ; pour lutter contre la crispation et la douleur, Warren fait placer un long cigare dans l'anus du patient , il s'agit d'une décoction de nicotine propre non seulement à apaiser la douleur mais à réduire la contractions des muscles.Arès la pause, les tractions recommencent sans succès, arrachant de nouveau hurlement au patient, c'est un échec, le malade est alors retirés de l'opération. Warren attaque le  deuxième cas, une femme amaigrie présentant un cancer du sein très évolué, accompagnés de douleurs; pour la soulager avant l'opération, on lui a administrée 100 gouttes d'opium; elle est alors installée sur le fauteuil opératoire, avec sa dextérité habituelle Warren incise très largement la peau autour de la tumeur, la malheureuse pousse alors des hurlements de douleur, sans y prêter attention le chirurgien poursuit l'ablation de la tumeur , il éponge le sang et arrête les hémorragies par des ligatures dont les fils sortiront de la plaie; l'opération se termine par une ingestion d'eau de vie dans la bouche de l'opérée à la limite de l'agonie, pantelante elle est reconduite dans son lit. Telle est la chirurgie de l'époque.Toutefois la lutte contre la douleur n'est pas ignorée, comme on peut en trouver de nombreux exemples; un des grands chirurgien du XVI siècle Ambroise Paré , dans son traité " Introduction de la chirurgie" consacre tout un chapitre aux moyens de combattre la souffrance, il donne la première place aux opaciés sous forme de pilules avalées avant l'opération, associés à l'administration de fortes rasades d'alcool. Le froid peut dans certain cas, agir contre la douleur; Le Baron Larrey, chirurgien de Napoléon, a pu au cours de la retraite de Russie amputer sans douleur des membres gelés. L'amputation de membres gangrenés  sous réfrigération a été longtemps classique car outre la douleur , le froid  supprimait le choc.Il fallut attendre la fin du XIII siècle à la première décennie du XIX siècle pour que des efforts coordonnés proprement scientifiques, ce fut  l'oeuvre de chercheurs occasionnels, toujours particulièrement sensible à la douleur et doués d'une féroce curiosité; parmi eux il en eut quatre que l'histoire se doit de retenir, car ils furent les vrais précurseurs de l'anesthésie en découvrant et perfectionnant les éléments de base qui allait rendre possible et cela dans le dessein précis de supprimer la douleur opératoire. La pasteur anglais Joseph Prisesthey (1733-1804) aidé du Châtelain du pays le Conte Shelburne passionné de chimie lui proposa de créer un laboratoire dans son château, il isola l'oxygène de l'air, il eût alors l'idée d'arroser la limaille de fer avec de l'acide azotique, il obtins un nouveau gaz l'oxyde d'azote pur, puis de la protoxyde d'azote qui allait être connu sous le nom de gaz hilarant car pour quiconque le respirait il provoquait le rire. L'oeuvre inachevée de Prisesthey allait être poursuivie par un apprenti pharmacien Hamphry Davy "1778-1829"  Davy utilisa un ballonnet de soie qui sert de récipient  pour les gaz il est muni d'une tubulune qui permet de les inhaler plus facilement; , dans le même laboratoire Michael Farandy "1791 1867"  découvre une autre voie  avec un produit différent  les vapeur d'éther  et Henry Hill Hickem "1801- 1830" il va faire une étude expérimentale rigoureuse de ces gaz sur l'animal. Le 10 décembre 1844 Horace Wells brillant dentiste se verra ce jour là l'un des pionnier de l'anesthésie car il expérimentera sur lui le gaz hilarant et va découvrir qu'il peut arracher une dent sans faire souffrir le patient  , mais ce sera mal maîtrisé  Janvier 1845 William  Green Morton après l'échec de son collègue et associé à Horace Wells après maintes expériences de l'éther sur les insectes et les animaux, il commença à l'expérimenter sur lui même et il resta inconscient pendant quelque minutes , puis il le pratiqua sur ses patients pour extraire les dents il avait seulement 27 ans, puis il fut sollicité par le Dr Warren imminent chirurgien pour opérer un de ces patient. Le Dr Morton  procéda avec un sang froid à l'administration de l'éther sulfurique pour supprimer par anesthésie la douleur opératoire; remplissant  l'inhalateur  d'éther  et le tenant devant les narines du patient, il le maintient quelques minutes pour lui permettrent  d'en respirer les vapeurs. Beaucoup  d'opération survinrent  avec le même succès , on nomma alors cet acte Anesthésie ( en grec insensibilité) . En dépit de différents efforts fait datant des années suivantes pour obtenir  de la part du gouvernement des Etats Unis la reconnaiçance des services rendu par le docteur Morton au pays et au monde entier ne fut jamais fait. D'autres gouvernements  s'étaient hâter  de lui décerner  ordres et décorations. La Russie lui donna la croix de Saint Waldimir, la Norvège et la Suède l'ordre de Vasa ; L'Académie Française  des Arts et des Sciences lui envoya une médaille d'or le prix Mortyon et il reçu une cassette d'argent contenant milles dollars par les membres du Conseil d'Administration du Massachusetts, ses nombreuses décorations se trouvent maintenant à "Historial Room's" de Boston pour la découverte de L'Anesthésie le 3 septembre 1846.

jeudi 20 octobre 2016

Un peu de soleil dans l'au froide de Francoise Sagan






Gilles, journaliste parisien,à trente cinq ans, il était encore beau. Cet "encore"tenait au fait qu'il avait été d'une beauté rare à vingt ans, beauté  dont il n'avait jamais eu conscience d'ailleurs mais  dont il s'était joyeusement servi et qui avait indistinctement fait envie longtemps aux femmes comme  aux hommes ces derniers en vain. Quinze ans plus tard, il était plus maigre, plus mâle, mais avec quelques chose encore dans sa démarche, ses gestes de l'adolescents triomphant qu'il avait été. Jean qui l'avait follement aimé, en ce temps là, sans le lui dire et sans d'ailleurs se le dire à lui même,eut un petit choc au coeur en le voyant entrer dans son bureau. Cette maigreur, ces yeux bleus, ces cheveux noirs un peu longs, cette nervosité, il devenait de plus en plus nerveux, Jean écrasa sa cigarette à demi consumée dans le cendrier, s'assit et croisa les mains, il fixa  Gilles une seconde toussa et dit sobrement. "Alors ? " "Alors quoi dit  Gilles" "Alors ça ne vas pas n'est ce pas? Non, Depuis un  mois ou deux  hein ? Trois cela fait trois mois que je vis mal . Raisons précises ? demanda  Jean . Aucune. Rien je n'ai rien, je n'ai plus envie de rien, c'est tout. Voilà reprit il avec effort. Je n'ai plus envie de travailler, je n'ai plu envie de faire l'amour, je n'ai plus envie de bouger; ma seule envie, c'est de passer mes journées seul dans mon lit, les draps sur ma tête, J'ai envie de me tuer le soir à neuf heures, le lit me semble sale, ma propre odeur m'exaspère, tu trouve ça normal toi ? Et Eloise ? elle ne me supporte plus, de plus je suis impuissant .  Viens  on vas se balader . Ils sortirent  Paris était ravissant bleu à pleurer en ce début de printemps. Il était blessé, mais  du moins cette blessure avait-elle un visage. Et si on partait ? dit  Jean  On se trouverait  bien un reportage à faire quelques part, quinze jours ? Je n'ai pas envie dit  Gilles. Je vais te dire ce que tu as, dit la voix de Jean près de lui, une voix apaisante, insupportable. Tu es fatigué, tu ...Tu ne vas pas me dire ce que j'ai, hurla Gilles brusquement au milieu de la rue, les gens les regardaient et il rougit soudain puis se détourna  et partit très vite vers les quais  sans dire au revoir . Eloise l'attendait ; elle était mannequin dans une maison de couture , elle s'était installer chez lui deux ans auparavant , un soir que le souvenir de  Maria le faisait trop souffrir et qui ne supportait plus la solitude. Bonne journée ?  Très! Et toi ? Moi aussi .  Nicolas a téléphoné, il demande si on veut le rejoindre au Club ce soir, on verra, dit-il je viens de rentrer; Le téléphone sonna et il ne bougea pas. Il y avait eu un temps où il bondissait vers le téléphone c'était l'amour ou la fortune ou l'aventure qui l'appelait, mais maintenant c'était Eloise qui décrochait. Elle cria de la chambre c'est pour toi, c'est Jean. C'est toi Gilles? ça vas? Oui dit-il La voix de  Jean était chaleureuse , inquiète, une vrai voix d'ami. Gilles s'émut. Je suis désolé pour ce matin, on en parlera demain dit Jean.Le médecin  était intelligent et cela n'arrangeait rien. Il avait ausculté les poumons de Gilles,écouté son coeur, posé des questions banales avec l'air excédé de l'homme qui ne s'illusionne pas sur ses propres manigances . A présent Gilles était assit en face de lui, dans un grand fauteuil Louis XIII et il le regardait fixement , avec le vague espoir  que cette assurance, cette résolution ne cachait pas une totale impuissance à le guérir. Vous souffrez de cette atonie généralisée qu'on appelle dépression. C'est mental, c'est sexuel etc... Je peux vous envoyer à un psychiatre , si vous voulez, quelques fois ça marche, quelques fois pas. Il alla voir Gilda , elle devait être chez elle , elle était toujours là prête pour les plaisirs des autres, elle était entretenue depuis des années,à quarante huit ans , elle était superbe,elle accueillit Gilles avec milles tendresses et milles reproches, elle revenait des Bahamas, elle avait un nouvel amant  de dix neuf ans avec qui elle jouait mais la soeur lui plaisait bien aussi, au bout de dix minutes, elle s'arrêta, le considéra gravement toi tu nous couve quelque chose ! Je viens de voir un médecin. Toi qu'est ce que tu as ? J'ai le cafard ! Ah une dépression, tu te rappelle  dans quel état j'étais en soixante deux, Gilles écouta donc le récit de la dépression de Gilda qui s'était terminer miraculeusement un beau matin à Capri semblait-il , tu pense que toi c'est pas pareil  et bien tu te trompe, tu te réveilleras un  beau matin gai comme un pinson, comme avant  ou tu  te tirera une balle dans la tête ; elle lui parlait tendrement la main sur son genou, son beau corps incliné vers lui et il s'étonnait de ne pas la désirée il n'avait qu'une idée ,c'était de ne pas bouger, de ne pas se rejeter dans Paris, à la recherche d'un taxi à sept heures du soir, au milieu d'une foule pressée .Lorsqu'il rentra chez lui  il trouva Jean et son ami Marthe  je suis ici parce que Eloise s'inquiétait  elle te savait chez le docteur et n'avait pas de nouvelles depuis quatre  heures, tu es nerveux et fatigué , déprimé comme les neuf dixièmes de la population parisienne. Tu devrais changer d'air Ah, ah le journal va m'offrir une croisière aux Bahamas?  Tu vas en parler au boss? Il riait, riait  à perdre haleine il riait trop, il ne pouvait pas articuler un son..;il gémissait de rire Arrête , disait Jean, arrête Il ne savait  même pas pourquoi il avait ri. Pas plus  qu'il ne savait, à présent pourquoi des larmes chaudes ,douces ,intarissables inondaient son visage.Gilles se repose  chez sa  soeur et son beau frère dans le Limousin à la campagne , il avait décidé de partir , le lendemain de cette pénible journée .Gilles pêchait ou plus exactement il regardait avec nonchalance  Florent . Il va rencontrer Nathalie  une ami que lui présente sa soeur  et il tombe amoureux de cette femme marié ils sont envahies par la passion et décident de vivre ensemble et de revenir sur Paris . Nathalie va laisser tout derrière elle son passé , son enfance, ses amis sa famille Mais les vieux démons de Gilles resurgissent et il traîne à nouveau dans les bars, les clubs après son travail  et Nathalie va être retrouvé dans une chambre d'hôtel et sa tentative de suicide lui sera fatale. 


                                        Inconnue, elle était ma forme préférée,
                                        Celle qui m'enlevait le souci d'être un homme,
                                        Et je la vois et je la perds et je subis
                                        Ma douleur, comme un peu de soleil dans l'eau froide.
                               
                                                                                               Paul Eluard

dimanche 11 septembre 2016

Comme un enfant perdu de Renaud




Je suis né le 11 mai 1952 dans une famille heureuse et dont j'ai longtemps ignoré les secrets , cinquième enfant d'une famille qui allait en compter six, mon père  Olivier  Séchan, écrivain et  professeur d'Allemand , ma mère Solange dévouée aux tâches de la maison, Christine ma sœur aînée maman de substitution quand la première est débordée car il y a  Nelly, Thierry, David mon faux jumeau et Sophie notre souffre douleur que nous traitons de chouchoute et de petite pisseuse. Nous habitons Porte d'Orléans au numéro 6 de l'avenue Paul- Appell dans les immeubles en briques de la ville de Paris ancêtre des HLM à cent mètres de là vivent mes grands parents paternels Louis et Isabelle Séchan, Louis enseigne la poésie grecque à la Sorbonne tandis que sa femme est une illustre pianiste. A partir de la 9ième nous rentrons seul de l'école par la rue du Père-Corentin, ce qui nous permet de faire une longue escale à la boulangerie, c'est en me rappelant ces retours d'école, ces moments de merveilleuses insouciance, d'éternité trompeuse que j'écrirai vingt cinq ans plus tard Mistral gagnant pour ma fille LOLITA. Je me souviens comme si c'était hier du bouleversement de nos parents le soir du 8 février 1962, ils viennent de participer à la manifestation contre l'OAS et pour la paix en Algérie,ils ont été chargés par la police, 8 morts au métro Charonne durant des jours nous les entendons évoquer ce drame.J'ai neuf ans et je prends subitement conscience de ce que signifie l'engagement politique; à la veille de mes dix ans je me range donc résolument à gauche, comme mes parents ma sympathie pour le Partie communiste , il y a d'un côté les bons, les généreux dont nous sommes, et de l'autre les méchants, et parmi les bons il y a mon grand père Oscar Mériaux le père de notre mère il est ajusteur à la veille de sa retraite , il est une force de la nature, large comme une armoire normande, un croissant de lune et une fleur tatoués sur l'épaule, le verbe haut et parlant une langue étrange, dont un mot sur trois m'échappe, c'est qu'il est du Nord , mon grand père Oscar, fils et petit fils de mineur, expédié lui même à la mine à l'âge de 13 ans, puis il est venu à Paris dans les années 70 pour s'embaucher chez  Renault  à Billancourt , il est abonné à l' Humanité ce qui fait de lui à mes yeux une sorte de modèle, de maître à penser, je l'écoute avec passion me raconter ses souvenirs " Gabilot que j'étais" devant ma bouille perplexe il m'explique que les gabilots, c'étaient ces "p'étiots" employer à pousser les wagonnets de charbons dans les boyaux trop étroits  pour les adultes, puis  soldats dans les tranchées en 14-18  revenu entier  par miracle. Par la suite , c'est chez Renault qui se politise et se met à lire Marx, Engels et Lénine. J'admire cet homme dont les mots me touchent , dont la fibre sociale rencontre mon attirance pour les gens simples, ceux qui vivent de peu et ont le sens du partage. Au début des années 80, quelques années après sa mort qui me laissera longtemps orphelin, j'écrirai une chanson à sa mémoire "Oscar il était ch'timi jusqu'au bout des nuages". Mai 68 arrive à point pour moi celle qui va marquer un tournant dans ma vie, à la maison, je suis condamné à prendre tous les repas à la cuisine sous prétexte que je porte les cheveux longs,au lycée Montaigne où je redouble ma 3e après mon exclusion de Gabriel Fauré dès les premières manifestations on me retrouve en tête des cortèges, point levé; je suis à la veille de mes 16 ans et je peux enfin donné libre court à mon ardent désir de changement pour un monde plus ouvert, plus fraternel, plus solidaire. Mon père me laisse accéder à sa machine à écrire et tandis que je tape la chanson d'Evariste, je leur raconte des bribes de ce que je vis à la Sorbonne, et pourquoi nous devons réussir la révolution, d'ailleurs j'ai embarquer au passage  la guitare de ma sœur Nelly sur laquelle je m'essaie parfois à jouer et chanter du Bob Dylan et du Hugues Aufray , ma guitare sur les genoux, un tract retourné pour bloc note, j'écris et je compose ce jour là en une petite heure Crève Salope cette chanson sera reprise dans les lycées occupés et dans plusieurs universités , je l'ai même  chanter à mes parents,quand j'y songe aujourd'hui , un demi siècle plus tard, j'en ai les larmes aux yeux, comment j'ai asséner de telles insultes à mon pauvre père? je le vois pâlir, se décomposer "'c'est ignoble!" Une chanson de petit voyou !Tu me fait honte" grince t-il avant de quitter la pièce, également consterné ma mère lui emboîte  le pas , et moi je me réfugie dans ma révolte pour trouver la force de sourire. Plus je prendrai la décision d'arrêter les études en 2ième, mes parents sont effondrés ," c'est un mauvais choix, mais c'est le tiens tu en assumeras seul les conséquences pour le restant de ta vie".Et pour mon premier travail ,je parvins à me faire embaucher  dans une librairie, c'est d'ailleurs à cette période que j'apprends que mon père à travaillé durant toute la guerre pour Radio Paris, la radio propagande allemande, c'est là qu'il rencontre ma mère qui est secrétaire et lui employé comme traducteur puisqu'il parle allemand couramment , il est en train de divorcer de sa première femme et il a deux enfants Nicolas et Christine, c'est un cousin qui ma traité un jour de fils de collabo et j'ai appris après  qu'il avait été arrêté à la fin de la guerre comme la plupart des employés de Radio Paris il sera retenu une journée et aussitôt blanchi de tout soupçon par le tribunal. J'apprends aussi que mon grand père Oscar fut membre du parti populaire français (PPF), comment l'ancien mineur communiste à 20 ans , de nouveau communiste au soir de sa vie a-t-il pu se retrouver militant d'un parti fasciste sous l'occupation? être condamné à la Libération et emprisonné pendant plusieurs mois, la révélation est si choquante que je n'aborderai jamais le sujet avec ma mère. Je lis, j'écris, je fréquente les cinémas , je prends plaisirs à bavarder avec les clients et consulter les auteurs que j'aime , je me cherche,  le désir de devenir comédien m'amène à m'inscrire au cours d'art dramatique de la grande Tania Balachova il faut croire que je me débrouille pas trop mal  on me proposera des petits rôles dans des télé films. J'ai 18 ans je devrai partir au service militaire, mais j'échappe à la punition grâce à la mort de Nicolas, ce frère que je n'ai pas connu l'Etat considère que  Nicolas est mort pour la France le 7 mai 1944, ce qui donne droit à mon père de dispenser l'un de ses fils au service militaire.C'est à l'été 1971  que je me pointe à Belle Ille en mer avec six potes nous avons louer une maison pour une quinzaine de jours et j'ai pris soin d'emporter ma guitare; un matin en me promenant sur le port je vais rencontrer Patrick Dewaere  je lui ai demandé une cigarette et on discute de politique et bien  sûr  d'amour  je l'invite chez nous. De retour à Paris je retrouve Dewaere qui me présente à sa troupe, un certain Coluche, une fille qui se fait appeler Miou-Miou et il me propose de remplacer un certain Gégé  qui veut partir en Amérique. C'est là que je ferai mes premiers pas sur scène en jouant dans une pièce de Théâtre. Puis j'ai quitté la librairie ,je ne joue plus au café de la gare.J'ai vingt ans je traîne ma guitare sur le dos, comme un enfant perdu je traîne mes sanglots; Michel Pons mon pot va chercher son accordéon, et l'on chante sur les trottoirs du Brassens, Léo Ferré , Bob Dylan, Hugues Aufray ; c'est désormais notre quotidien chanter dans les cours d'immeubles , et le soir aux terrasses des cafés de Montparnasse; j'ai quelques chansons personnelles qui me valent des applaudissements , en tête  desquelles Hexagone,Camarade bourgeois. Et voilà qu'un jour prés du parc Montsouris j'entends qu'on me hèle" Hé Renaud " je me retourne Coluche , il joue tout seul sur scène du nouveau Café de la Gare, rue du Temple avec son "Histoire d'un mec" Au moins quatre cent personnes patientent dans la cour du Café de la Gare en attendant qu'on veuille bien les faire rentrer  et ça nous donne une idée avec mon pot Michel on vient chanter tous les soirs et ça marche, le public rigole, applaudit et nous file trois sous, un jour un type nous aborde, il s'appelle Paul Lederman il est le manager de Coluche et ça lui plaît ce que l'on chante, il nous propose d'intervenir en première partie de son nouveau spectacle à la rentrée.A l'automne 1974 , nous voilà au Café concert à deux pas des Champs Elysées , en première partie de Coluche, on s'appelle les P'tits Loulous et j'apparais  sur scène dans ma tenue habituelle de Gavroche; Michel est appelé au service militaire et je pense arrêter, mais Paul Lederman m'encourage à chanter mes propres chansons avec un guitariste qui remplace Michel. Puis un soir on me propose de faire un disque, j'ai vingt trois ans et je pénètre  pour la première fois dans un studio professionnel, j'enregistre Hexagone, Camarade bourgeois, Société tu m'auras pas et Amoureux de Paname. Automne 1975 je chante tous les soir  à la Pizza du Marais, et c'est là que je vais rencontrer ma femme Dominique et son mari Gérard Lanvin ,ils sont tout les deux comédiens, mais ils sont sur le point de se séparer. Dominique est la première femme que je présente à mes parents . Le succès de Laisse Béton est bien là, je paye mon appartement avec mes droits d'auteur , le troisième album  ; Ma Gonzesse se vend à cinq cent cinquante mille exemplaires . Le 9 août 1980  naîtra ma fille Lolita, Salomé, Floriana c'était la St Amour il faisait beau. Rien ne semble pouvoir entraver un succès, ma vie est sous les projecteurs, je donne des interviews , je fais la une des magazines, je passe en boucle à la radio, on  m'invite à venir chanter sur les plateaux de télévisions, en l'espace de cinq années seulement, j'ai gagné plus d'argent, bien plus d'argent que mon père durant toute sa vie et d'ailleurs après la mort de mon père qu'est ce qui m'a pris un dimanche, d'entrer dans son bureau et d'ouvrir son journal intime et une phrase me saute aux yeux; "Je n'en peux plus le succès de mon fils me tue"; il me semble que mon cœur se glace, mon père que je place si haut,se peut-il que je sois en mesure de lui faire si mal. Le 26 juillet 1985, je m'envole pour Moscou et je serai déçu, car un mouvement protestataire en fond d’hémorragie je n'en termine pas moins le concert, mais je me suis senti angoissé de cette réaction du pouvoir, je me suis senti soulager  en rentrant en France.En 1991 je tourne Germinal et interprète le rôle d'Etienne Lantin eu côté de Depardieu, Miou-Miou , Jean Carmet. En 1997 à Cuba je retrouve la même angoisse douze ans après mon séjour à Moscou, ce n'est pas le peuple qui me fait peur , mais les services secrets les KGbistes sont des assassins. Je m'alcoolise pour calmer ses angoisses et Dominique ne supporte plus cette vie et on décide de se séparer. 1997 à 2002 je fais des cures de désintoxications qui me permettent  de reprendre mon métier de saltimbanque; en 2001 j'enregistre avec la merveilleuse Axelle Red Manhattan Kaboul sur une musique de Jean Pierre Bucolo; j'écris aussi une chanson pour Ingrid Bettancourt qui se trouve aux mains des FARC Colombiens. L'Album Docteur Renaud Mister Renard j' y évoque l'ambiance dont je suis la proie, gentil poète aux merveilleuses chansons d'un côté comme disent mes fans, mais de l'autre grand mélancolique, angoissé et colérique, soignant son mal par l'alcool. Quand sort ce treizième album, j'ai déjà   rencontrer Romane Serda à la deuxième rencontre , nous devenons amants, et je me réconcilie avec l'amour, le bonheur, le désir de reprendre soin de moi et de tourner le dos à l'alcool, je suis amoureux d'elle , j'ai écouté ses chansons, je suis tombé sous le charme de sa voix et j'ai donc décider de produire son premier album; le 5 Août 2005 nous nous sommes mariés à Châteauneuf de Bordette dans la Drôme provençale , notre fils MALONE vient au monde le 14 juillet 2006; nous habitons une belle villa à Meudon avec un grand jardin et une piscine; Romane est enthousiasmée et notre vie se présente sous les meilleurs auspices , si je n'étais pas rattrapé  par ce sentiment  de culpabilité qui m'a fait imaginé que l'on veut m'a peau et me précipite dans une angoisse affreuse et j'ai besoin d'alcool pour ne pas sombrer. Au tournant des années 2010, Romane commence en avoir assez de m'entendre rentrer beurré un soir sur deux; mon couple avec Romane se fracasse sur les mêmes écueils que celui que nous formions avec Dominique;(ma paranoïa, ma peur des Cubains,mon angoisse, que je noie sous des flots d'alcool pour supporter le quotidien". Un après -midi du mois d'Avril 2015 Grand corps malade aparait  soudain, il remonte lentement l'allée en direction de ma maison, sourit, me tend la main chaleureuse comme si rien d'anormal ne se lisait sur mon visage, sur mon corps devenu aussi chenu que celui d'un vieillard, il me demande si je suis d'accord pour faire un slam avec lui; Grand corps malade m'a remis au travail, puis je décide de me faire soigner à force d'entendre mes fans, ma fille Lolita , Dominique d'arrêter de boire, d'arrêter de me détruire; le docteur Hariga me fait admettre à la clinique St Elisabeth de Brouilles .Quand je quitte ces infirmiers et ces médecins extraordinaires , après trois semaines entre leurs murs , je ne bois plus et je suis remis sur pied Toujours Debout comme je l'écrirai quelques jours plus tard dans une chanson. Octobre est là,  nous rejoignons le studio et cette fois je peux commencer à enregistrer j'ai retrouvé un peu d'appétit et j"ai récupérer ma voix.L'assassinat de mes amis de Charlie-Hebdo le 7 janvier 2015, puis deux jours plus tard le massacre d'innocents dans l'épicerie Hyper Cacher m'avait profondément atteint.Dans ce monde en feu et a sang ma petite fille Héloise fille de Lolita et Renan Luce marche dans les rues  sereinement en serrant bien fort la main de son grand père.Eh bien dans les mois qui viennent , je vais m'efforcer de vous rendre le sourire. Eh qui sait? Peut-être même allons-nous pleurer ensemble du bonheur de nous retrouver vivants, et sous le même ciel ? Toujours debout.

lundi 18 juillet 2016

Mitsou de Colette





Mitsou est une jeune femme de vingt quatre ans qui joue à l'Empyrée-Montmartre, elle à l’œil  très grand,  noir comme le cheveu,  point de nez si peu,  la joue ronde,  la bouche étroite,  boudeuse et fraîche , elle est mince, avec la jambe longue et noble, le sein bas et petit. Petite chose sa voisine de music-hall est un bout de femme , ni laide, ni jolie, elle a un incessant et  astucieux tortillement qui défend toute estimation sérieuse, un soir elle demande à Mitsou de cacher dans sa loge deux jeunes sous-lieutenants, car on vas les flanquer dehors et lui coller une amende si on les trouve dans sa loge, car elle n'est pas la vedette , et Mitsou royale lui réponds rien qu'une minute, les voici dans son placard , l'un en uniforme kaki et l'autre en bleu; Mitsou s'en son habilleuse peine à s’agrafer une ceinture, le Bleu sortant du placard "Puis je vous aider Madame? "Ce n'est pas de refus" "Et ... vous êtes contents de vos rôles dans cette Revue Madame ( il parle froidement, mais regarde Mitsou avec feu) La difficulté pour jouer ici, c'est l'âge la direction n'engage pas une seule femme qui ait plus de vingt cinq ans, moi je peux recevoir dans ma loge , c'est sur mon contrat. Les deux hommes doivent partir car ils sont surpris par un ami de Mitsou qui s'indigne de voir qu'elles les cachent dans son placard. Plus tard Mitsou  reçoit de la verrerie et un mot du lieutenant bleu et elle vas demander l'adresse à petite chose pour lui répondre et le remercier. " Monsieur , je ne sais comment vous remercier des jolies choses que vous m'avez envoyez. Si vous me faîtes le plaisir de revenir me voir , vous verrez que vos cristalleries y occupent une place d'honneur. Recevez, Monsieur, l'assurance de mon meilleur souvenir " Mitsou"  Madame, " Vous avez fait de moi un marché de dupe. Dépêcher , vers vous ,le plus modeste, le plus banal bibelots, et recevoir en échange un billet où l'humour, la spontanéité, la grâce parisienne fleurissent ensemble.D'avance je m'en excuse Madame, avec toute la modestie d'un homme qui bien que vous le connaissiez par ses noms et prénoms, s'obstine  à rester l'anonyme et respectueux " Lieutenant Bleu "L'Homme étant repartit pour le front (l'Histoire se passe pendant la guerre  1914'18 ) la tendresse naîve qu'elle montre dans ses lettres enflamme le guerrier si bien qu'à sa permission il se précipite chez Mitsou. Il l'amène dîner, mais le comportement de Mitsou qui n'a aucune éducation et aucune discussion va le désespérer , il ne la désire même pas, il n'a qu'une envie s'en aller, il rêve, il se retranche dans un isolement morne, s'il osait, il jetterait là sa serviette, un billet de banque, allumerait une cigarette et ...adieu. Il entends soudain, avec un soulagement indicible, Mitsou lui demander l'heure, et il triche de cinq minutes Oh déjà il faut que j'aille à l'Empyrée et ma tête qui tourne. Puis à la fin du spectacle , le lieutenant la ramène chez elle en taxi et s'aperçoit qu'il tombe de sommeil, il préfère l'attendre sur le fauteuil pour éviter de s'endormir et dès qu'elle sort de la salle de bains il vas aussi se laver et ainsi ragaillardit il entre dans les draps et fait l'amour sans passion avec Mitsou . Le lendemain Mitsou reçoit une lettre du lieutenant bleu " je ne sais pas quand je reviendrai, encore un aveu et guère plus prudent ,si lasse de moi, avant de m'avoir revu, vous faisiez fête , dans quelques semaines , à un autre lieutenant de bleu vêtu. Mitsou au lieutenant Bleu, " Dans votre milieu on ne dit pas à une femme " Vous êtes le dernière des dernières on lui dit Madame, mes respectueux hommages et pourtant j'avais bien peur de ne jamais vous voir revenir même en lettre..Ne crois pas que je mendie Si tu réponds adieu Mitsou  je ne mourais pas j'ai un petit cœur dur pour qu'on le nourrisse avec un chagrin. Mitsou est une jeune femme de luxe qui n'aime pas plus l'amour que la complication.

jeudi 16 juin 2016

Terre courage de Djalla-Maria Longa





Nous sommes à Massat, au coeur de l'Ariège, de nombreux jeunes hippies ont choisi de s'installer dans ces hameaux du bout du monde, le relief, la rigueur du climat rende le quotidien particulièrement difficile  . Ainsi, l'effarement fut total, quand ces gens si rudes , virent débarquer, au début des années soixante dix de jeunes contestataires, en rupture avec les villes rejetant toutes règles, et contraintes. Enfants d'une révolution lointaine Paris en mai 68, voire plus lointain  pour certains mouvement hippies californien , ils refusaient les artifices citadins, mais ignoraient tout des lois les plus élémentaires de la nature; inconnu du pays, inconnus au pays  au sein d'une nature puissante que tant d'autres avaient fuie , c'était beaucoup , beaucoup d'effort à fournir; incapable de se nourrir, ils volèrent les poules et les lapins des paysans,  scandalisés les villageois commencèrent à les regarder de travers et  à les mépriser tous , sans distinction ; puis les choses se sont calmé, mais certain villageois était encore sur leur garde , comme ce couple vivant à l'entrée du village, ils étaient aigris et méfiants , ils regardaient les cheveux longs avec mépris, un jour Janine dit à son mari " tu te rends compte; il vas louer les cabanes à des voleurs sans foi ni loi; " "Des peluts chez nous?" Bah cesse donc de t'énerver et attends de les connaître , pardi ! répondit prudemment le mari, ce sont des bons à rien à coup sûr !Des faiénants dont nos montagnes avorteront au premier grand froid ! Les cabanes étaient situés au dessus du village et l'on y accédait par un étroit chemin de terre. Au marché, sur la place on riait car contrairement aux prédictions de Janine, l'hiver n'avait pas fait fuir les nouveaux venus. Puis d'autres vinrent s'installer , Pierre un gersois qui acheta la ferme des Rieux, le vieux paysan qui lui à vendu est surpris , car le terrain est pentu et dangereux, il ne pourra rien travailler, si ce n'est à l'ancienne, mais tout heureux de voir revivre la maison de son enfance, le paysan ne cessa d'apporter son aide ,et partager ses secrets de bâtisseur ,il avait transmis au novice bon nombre de savoir  faire indispensables à la vie à une ferme de montagne, comme battre la faux , observer le ciel, choisir le jour de fauche etc....Louis était heureux, il estimait Pierre  "Ah se disait -il si tous les jeunes gens se ressemblaient nos terres ne seraient pas en friches. Une année , l'hiver fut plus rigoureux, un bon mètre recouvrait le sol,on en avait jusqu'au nombril, plus de chants d'oiseaux, seul quelques  craquements sinistres de branches brisaient parfois le silence; Mila Dious! qu'allaient devenir nos vaches, coincées là haut par au moins deux mètres de neige? Les toits des granges tiendraient t-ils?Ils se saisirent de pelles, tracèrent un passage dans la neige qui montait jusqu'à la poitrine,la sueur dégoulinait de leur front mais ils allaient obstinés , sans la moindre plainte, soucieux de leur bétails, les dix derniers mètres furent les plus difficiles , les bâtisses méconnaissables étaient ensevelis sous la neige,ils furent rassurés par les sourds meuglements des bêtes qui rouspétaient. La vie reprenait peu à peu dans la vallée  avec tout ces jeunes qui s'installent,ils sont une dizaine de familles,les jours de marché c'est folkorique  , assis en rang d'oignons, sur un long banc de pierre attenant à la façade de l'église , les anciens fixaient tantôt médusés,tantôt gouialleur, les groupes  de néo, cheveux virevoltants, habits multicolores, certains avaient une guitare, d'autres tenaient un étals d'artisanat ou de produits de leur jardin. Les années avaient passées et Josette âgée de quatre vingt dix huit ans, observait toujours ,une larme à l'oeil , la vallée de son enfance, elle pouvait être tranquille sa vallée était repeuplée. Mais il ne restait plus grand chose  de l'ambiance des année soixante dix ; les témoins de cette époque n'était plus qu'une douzaine. Toute une nouvelle génération, pour qui l'idéal hippie n'avait que peu de sens.Des gens en quête de tranquillité et de nature les avaient remplacé pour acquérir quatre murs dans ces vallées du bout du monde. La guéguerre entre anciens et nouveaux est bien finie; ceux là même qui se battaient dans la cour de récréation,en se traitant de hippies crasseux ou de fachos . Je crois que nous avons appris à nous connaître, pardi! au tout début on était sur nos gardes, c'est normal les gens c'est comme les champignons, il y a de tout, des bons et des mauvais, nous étions méfiants, non prudents ! rectifie Janine, le dos voûté , appuyé sur son bâton.

jeudi 5 mai 2016

Courir ou mourir de Kilian Jornet






Kilian Jornet né en 1987 est un sportif professionnel espagnol, spécialiste  de ski alpinisme , d'ultra- trail  et de course en montagne. Ses parents vivaient dans un refuge à 2000 mètres d'altitude sur le versant nord de la  Cerdagne, entre les sommets frontaliers de la France et d'Andorre, son terrain de jeu n'a jamais été une rue, ou une cour mais les bois de la Cap del Rec, les pistes de fond et les pentes de la Tossa Plana c'est là qu'il commence à découvrir le monde de la nature ; tous les soirs avant de se coucher, avec sa soeur, sa mère ils sortaient faire une promenade en pyjama dans le bois; sans lampe frontale, et ainsi peu à peu leurs yeux s'adaptaient  à l'obscurité et leurs oreilles au silence , ils écoutaient vivre le bois et devinaient les mouvements du terrain sous leurs pieds. Dès l'âge de trois ans Kilian avait avec ses parents atteint le sommet de la Tossa Plana( 2916 mètres) de Pérafina (2752 mètres) le pla de la Muga(1186 mètres) et aussi le pic d'Aneto(3404 mètres) " J'ai gravi mon premier sommet de 4000 mètres à sept ans, le Breithorn (4164 mètres) en Suisse et nous avons fait la traversée des Pyrénées en quarante deux jours  quand j'avais dix ans nous devions ma soeur et moi découvrir le chemin par nous même, en cherchant la signalétique, les informations, et comprendre pourquoi il passait par ici et non par là.  C'est ainsi qu'à l'âge de dix huit ans, je choisis de m'entraîner aux ski de montagne, je vivais dans un studio de dix huit mètres carré dans la Grand hôtel de Font Romeu, j'étais en collocation avec un ami . Les enregistrements  et analyses des courses  des plus grands skieurs alpinistes de l'époque; les regarder avant de nous entraîner nous apportaient la motivation d'y aller à 200% et tenter d'imiter les virages de Stéphane Brosse où le planté de bâton de Guido Guicomelli ; notre vie  tournait autour de la compétition , nous dormions et mangions juste ce qu'il fallait pour pouvoir nous entraîner pour pouvoir participer aux compétitions. Tout ce que nous gagnions bourses ou primes de compétitions servait à payer le loyer et à acheter du matériel plus performant ; on changeait régulièrement de magasins pour acheter nos chaussures de ski de honte de montrer que nous en étions à la quatrième paires en un mois. Ce sont des journées, de plaisir et de bon temps, de découverte de nouvelles vallées, de partage et d'entraînements avec les amis, mais il y avait aussi de mauvais jours durant lesquels il faut courir sous une pluie battante, dans le froid ou dans la boue lorsque le corps épuisé, supplie de pouvoir rester au lit. Ce sont aussi de nombreuses journées de solitude, répétitives, avec pour seule compagnie la musique de l'ipod et quelques chamois curieux de vous voir monter et descendre. Alors semaines après semaines, jour après jour je cherche de nouveau objectifs plus excitants pour satisfaire les exigences  de mon corps .Les championnats et les coupes du monde et d'Europe,  les championnats d'Espagne, des courses prestigieuses en hiver et en été. Dans ces moments là , il n'existe rien d'autre que la course; la course c'est la vie, et cette vie se termine au moment de franchir la ligne d'arrivée; l'après n'existe pas, mes jambes sont à bout de force, ma respiration se coupe  à chaque pas, alors que j'essaie de minimiser chaque impact, je ne pense plus à rien, j'ai la tête vide, je continue juste à chercher les émotions que j'ai envie de ressentir à nouveau, et quand elles envahissent mon esprit, mes jambes s'accélèrent , elles s'emballent entre rochers et racines, mon coeur bat plus fort, il n'y a plus ni pieds, ni genoux à préserver, il n'y a plus de force à conserver, mon corps à atteint la limite supérieure de sa vitesse potentielle, et mon esprit la limite de sa concentration afin de m'épargner une chute à chaque pas . Finalement, malgré mes craintes, les tests étaient parfaits, avec des paramètres m'indiquant que je n'avais pas récupéré de la fatigue des dernières courses; c'est ainsi que sous les encouragements de l'équipe nous nous sommes lancé  dans la traversée des Pyrénées, en empruntant ses vallées et ses sommets et en suivant la frontière Franco-Espagnole nous reliant de l'Atlantique à la Méditerranée. Pendant  huit  jours , étapes après étapes, les problèmes rencontrer les premiers jours de la grosse quantité de neige en altitude nous ont amenés à changer d'itinéraire plusieurs fois  et à rallonger notre trajet , je souffre d'ampoules au talon, mes genoux commencent à tirer et mes muscles se fatiguent ,sans parler de mon coeur, mais une fois arrivé au village de Tor il me lâche, plus d'énergie, mon corps n'ai ni lourd ni léger, il est simplement vide, j'essaie de manger un peu, mais mon estomac se révolte, je n'ai pas la force d'ouvrir la bouche, ni celle de parler à environ cinq kilomètres de dénivelé se trouve l'Andorre, je connais le chemin, mes jambes me mènent droit aux sentiers et aux raccourcies tant de fois parcourus , je suis chez moi au bord du lac des  Bouillouses , le lendemain me voici à nouveau en train de courir sous les parois du Canigou derrière moi le soleil  darde ses derniers rayons entre les crêtes du Carlit, pour la première fois  depuis que j'ai quitté l'Atlantique il y a sept jours, je vois à nouveau la mer. Se réveiller au refuge des Cortalets à 200 0 mètres au dessus de la mer est une véritable motivation, je me remets à courir en sachant que ce matin est le dernier, c'est un soulagement énorme après une longue descente en arrivant à Arles-sur-Tech je me sens prêt à affronter les cent derniers kilomètres qui me restent ;huit jours et trois heures après avoir quitter les eaux du Cap Higuer, mes pieds foulent le sable des plages deLlanca avant d'entrer dans l'eau salée de la Méditerranée. La pluie d'Eiva, la neige de Goriz, les fougères du pays Basques,Tor, Andorre la chaleur, le froid, les ampoules, la joie, la souffrance. J'aime sentir le goût du sang dans ma bouche lorsque je dispute un relais ou une course verticale en ski alpinisme tout comme j'aime la sensation de vide dans une course de longue distance. Chacune de ces expériences me fait découvrir une partie de moi. Il y a cette ascension et la descente du Kilimandjaro  une de mes plus importante et pleine de souvenirs intenses, après un contrôle médical pour mesurer la saturation en oxygène de notre sang, notre fréquence de respiration et notre pouls pour vérifier que nous nous adaptons correctement et éviter le mal des montagnes, l'atmosphère est totalement différent de ce du reste du monde, c'est un peu comme un retour à nos origines, la nature impose ses lois et l'homme doit s'adapter pour y survivre, nous avons passé une semaine dans des campements pour nous acclimater ; l'agilité des porteurs qui slaloment entre les blocs de roche volcaniques et d'énormes racines, avec des sacs d'environ 20 kg en équilibre sur la tête est ahurissante depuis les premiers jours je me suis bien adapter , je n'ai jamais eu mal à la tête,et j'ai pu courir facilement en 4000 et 5700 mètres d'altitude, il semble que mon corps réagisse bien au manque d'oxygène. Je suis resté bouche bée devant l'ombre du Kilimandjaro que projetait le soleil à 4000 mètres sous mes pieds l'ombre dessine un triangle parfait assombrissant le voile d'or  brillant qui auréole la montagne, nous avons l'impression de survoler le continent africain ;où que nos yeux se posent, il n 'y avait que le ciel. Le jour de la course je me lance à fond sur le chemin rocailleux devant moi se dresse la paroi imposante du Kilimandjaro 200 mètres de roche verticales , d'où dévalent quelques rares glaciers, de là j'ai de nouveau l'impression qu'il m'est impossible d'atteindre le sommet en trois heures et quelques, car jusqu'au bout je dois me remettre en question, impossible de me concentrer sur mon corps, ni sur le rythme , ni sur le paysage alentour, je veux juste m'extraire de ce vide, mais je ne peux pas m'arrêter, j'ai l'impression d'avancer lentement ,mes jambes sont lourdes et molles, on dirait qu'elles pèsent 100 kg chacune, puis je me remets à trottiner doucement, le terrain est moins pentu ce qui me permets de récupérer et de me libérer du poids qui alourdissaient mes jambes,je m'arrête quelques minutes au sommet , j'en profite pour contempler encore une fois la vue époustouflante , je me prépare à descendre sans m'arrêter jusqu'à 4500 mètres plus bas , mes jambes sont légères et mes pieds se posent exactement là où mon cerveau l'ordonne , il n'est même plus question de courir, je m'apprête à voler, je saute entre les gros rochers, je vais vite et en un peu plus d'un quart d'heure, j'ai parcouru 1000 mètres de dénivelé négatif, les pierres, les murs, le sable et les plantes défilent sous mes semelles, j'accélère de toutes mes forces, j'allonge la foulée, mes pieds touchent à peine le sol, je regarde ma montre 7h 14 j'y suis , un dernier effort , des gens crient, j'aperçois la ligne signalant la fin de la course je ressens une émotion immense. "Sommes nous fait de chair et d'os ou bien fait de sentiments et d'émotions? Qu'est ce que la vraie vie ? Celle de notre corps ou de notre esprit, parfois je pense que nous avons des vies parallèles qui s'alimentent naturellement. Le  bonheur est le but de tout être humain et il l'atteint à travers son ressenti : de petits plaisirs, de grandes conquêtes,des émotions fortes, des amours et du dépassement de soi , qu'il se traduise dans son corps, dans son imagination, ou qu'il soit redéfini par sa mémoire.

lundi 29 février 2016

Mon enfance sauvage de Djalla-Maria Longa






Lala est le diminutif de mon prénom, je m'appelle Djalla-Maria, enfant j'étais un vrai garçon manqué, les cheveux coupés court, et une voix imposante et grave qui étonnait tout le monde, je ne jouais ni à la poupée, ni à la dînette , on me retrouvais toujours en compagnie des garçons où perchée sur un arbre, à me balancer comme un singe à plus de dix mètres de hauteur, j'aimais prendre des risques, mais je passais aussi beaucoup de temps à réfléchir; déjà du haut de mes huit ans, je me demandais pourquoi nous vivions pas comme les autres. Nous sommes une famille de huit enfants, mes parents surtout ma mère Barbara est contre tout produits de consommation c'est sa philosophie de vie il n'y a ni eau courante,ni salle de bain, ni toilettes chez nous, mon père Patrice est un agriculteur ,ils ont acheter la maison des Figuets, la plupart des gens ne comprenaient pas la démarche du couple et pointaient plus particulièrement Barbara du doigt elle qui s'autorisait parfois un petit joint ils vivent de leurs produits poules, lapins, légumes du jardin, nous n'allions pas à l'école c'est mon père qui faisait les cours.J'avais tendance à parler tellement fort qu'on pouvait m'entendre à cent mètres , mes proches me disaient Lala arête de hurler! en fait j'étais sourde mais je ne le savais pas, le spécialiste qui m'a vu un jour me confirma que j'étais sourde à cent pour cent de l'oreille gauche, la droite fonctionnait parfaitement. J'étais maintenant presque une jeune femme, la voix soprano de ma mère me fit sursauter " Tiens Djalla  voilà quinze draps supplémentaire à laver ! me lança t'elle " J'en ai mare de passer mes journées à laver le linge de toute la famille, je sentis la colère monter en moi, c'en était trop, d'un coup je jette la brosse de toute mes forces et ne peux pas me retenir " Merde, merde , merde j'arrête tout . A partir de ce jour l'envie de quitter ma famille pour aller travailler en bas dans la vallée ne me quitte plus, je pris donc la décision de chercher du travail, mes parents voyant ma ma détermination prirent conscience et souhaitant mon bonheur demandèrent au boulanger de me prendre comme apprentie, j'étais ravie, j'allais aussi aller une semaine au collège , je fus surprise de voir autant de jeunes devant le CFA ; on me demanda d'où je venais de Massat, la classe entière éclata de rire et chacun y alla de sa moquerie , mais c'est le village où les plantes vertes poussent sur les toits! non ? il paraît qu'on fume des joints dès le berceau  là bas !Ah oui c'est le fameux village hippies ? Puis le métier de boulanger ne me faisait plus rêver je décidais donc d'arrêter et de passer le Bafa ,ce ne fus pas facile car j'avais des lacunes scolaires , mais je le réussis et j'obtins ma formation dans les Alpes , à partir de ce moment ma vie vas changer  le goût des voyages  me prit et je partit après la saison avec un collègue à Caracas une semaine non stop à travers le Venezuela, la Colombie, où l'armée nous fouillait à tout bout de champ j'avais quitter l'Ariège pour une folle aventure mais je découvrais des paysages magnifiques, tantôt désertiques, tantôt exubérants de végétation amazonienne, c'est là que je rencontre mon mari Sébastien   la vie nous a donné trois magnifiques trésors Sébastien a fini par adopter l'Ariège, après avoir occupés plusieurs postes à responsabilités dans l'animation, j'ai finalement décidé de consacrer plus de temps à nos enfants et à ma passion de l'écriture; nous avons également créer une petite affaire de location de VTT.

lundi 1 février 2016

Mémoires de Jean Gauthier



J'ai maintenant quatre vingt huit ans , âge auquel la mémoire , n'est pas au mieux de sa forme , si dans mon récit se glissent quelques inexactitudes chronologiques , elles ne concernent certainement que des 
événements  secondaires , tant je souviens bien des principaux. Mes parents se marièrent en 1916, durant la guerre,au cours d'une courte permission de mon père, mais moi j'attendis le 5 août 1920 pour naître. Mes grands parents paternels tenaient une petite épicerie à Estissac à vingt kilomètres de Troyes, c'est eux qui m'élevèrent; car mes parents tenaient une boucherie à Troyes et ils avaient énormément de travail .Je travaillais très bien à l'école, le directeur, Monsieur Cavalier vint trouver mes parents pour leur conseiller de transférer leur génie de fils au lycée, sans cette intervention, peut être aurais je fais des études de boucherie, je rêvais déjà de faire des études de médecine et plus précisément  de chirurgie . Mes parents ont toujours favorisés mes activités et mes fréquentations religieuses évidement baptême, première communion, confirmation , mais aussi catéchisme de persévérance, adhésion à une troupe de scoute catholique,et même vacances  chez un curé de campagne ; Monsieur l'abbé Florentin, curé de  Merrey sur Arce, curé intellectuel, très cultivé, recevait des enfants de la haute société parisienne pour essayer de leur inculquer le latin et pour améliorer leur français; chez lui je fis la connaissance du fils du consul de France à Lausanne et les deux fils de l'Ambassadeur de France au Japon qui devinrent pour moi de très bons amis au point d'être invité plusieurs fois à la table de l'Ambassadeur à Paris, il me fallut apprendre entre autre bonnes manières, à peler les fruits avec fourchettes et couteaux . Dés ma plus tendre enfance, j'avais déclaré que je serai médecin,j'étais fasciné par ce Monsieur bien habillé qui , périodiquement lors de ma rougeole ou de ma varicelle ou d'un simple rhume, venait me redonner la santé. Plus tard lorsque j'appris qu'il existait des médecins qui enlevaient le mal avec des petits couteaux et des petites pinces, j'affinais mon orientation " je serai chirurgien" . Je vais donc maintenant évoquer mon ascension jusqu'à ce noble métier et les obstacles que je dus surmonter à cause en particulier , de l'époque à laquelle elle se situait. Les études de médecine devaient en ce temps là être précédées par un certificat de physique, de chimie, de biologie( PCB) dont la préparation  demandait un an à la facultés des sciences à Paris elle avait lieu rue Cuvier près des jardins des plantes; je réussi mon examen, me voici donc le pied à l'étrier pour poursuivre les études de médecine, mais la guerre fut déclarée, et je dus m'inscrire à Dijon, je fus reçu en deuxième année, et dut m'inscrire à la fac de Lyon ;je trouvais deux internes l'un "médical" et l'autre "chirurgical" s'installe alors le rythme de mon emploi du temps, matinée à l'hôpital, après midi à la fac, deux conférences d'externat par semaine. Je fus reçu vingtième sur deux cent candidats admis en troisième année de médecine externe des hôpitaux de Lyon je fis la connaissance de ma femme élève infirmière qui me donnera deux enfants. J'obtins ma qualification de chirurgie  "ancien interne des hôpitaux de la région parisienne" associés au Docteur Goreki  dans la ville de Troye à proximité de ma famille, mais malheureusement une condition que je ne pouvais accepter , mon patron voulait exiger par contrat que nous rompions l'association dans le cas ou sa fille épouserait un chirurgien. Je me suis mis en quête d'annonce, j'épluchait tout ce qui pourrait être intéressant ; je tombais sur une annonce ainsi libellée" Petite ville industrielle du Sud Ouest cherche chirurgien" je me rendis sur place, il s'agissait d'une petite ville d'Ariège, située au pied de la montagne pyrénéenne, où toute la journée bruissaient des métiers à tisser, la région me plaisait, me voici donc à Lavelanet, je pris connaissance des locaux dont je pourrai disposer à l'hôpital, ils comprenaient une vingtaine de lits, dont cinq en " clinique ouverte". Ma clientèle devenaient de plus en plus importante, je drainais alors une grande partie de la clientèle de la haute Ariège et donc la nécessité d'avoir de locaux suffisants et adaptés pour satisfaire , je travaillais de plus en plus de jour et de nuit, lorsque se présenta une circonstance heureuse, le docteur Dhomps décida d'abandonner la médecine générale et de passer le diplôme d'anesthésiste réanimateur pour devenir mon anesthésiste particulier. Et voici donc mon activité encore suractivée, pour mieux la satisfaire, je suggérai à la municipalité et à la préfecture d'agrandir l'hôpital et de mieux en répartir les lits; jusqu'au jour où il me fut répondu " Faîtes plutôt une clinique" mais je n'avais pas les moyens de la réalisée . Je compris bien vite, qu'il me faudrait  littéralement quêter , quêter auprès de ma famille , quêter auprès de mes amis , quêter aussi auprès des industriels de la région . Je décidai de faire deux sociétés, une société civile immobilière pour la construction dans laquelle je ne serai pas gérant majoritaire , et une autre société à capital moins importante dont je serai gérant majoritaire . C'est ainsi que naquirent la C.E.S.P.O  ( Construction d'un établissement de soins du pays d'olmes ) au capital de 16 millions de Francs et la Soulano société d'exploitation au capital de 6 millions de francs . En novembre 1953 eut lieu l'inauguration de la clinique sa marraine fut une institutrice connue de la région pour ses travaux en langue occitanes, son mari directeur d'école et préhistorien chevronné, c'est lui qui m'a initié et guidé mes pas pour la visite des grottes des environs il s'agissait de Monsieur et Madame Tricoire,  c'est elle qui choisit de l'appeler La Soulano en raison de son exceptionnelle exposition, sise sue le soula du Plantaurel, au fil des années elle fut agrandit ,si bien que quatre ans après son inauguration des vingts lits initiaux, leur nombre avait été porté à cent quatre répartie sur trois étages. La Soulano était la seule clinique du seul département, elle intéressait les pouvoirs publics, à tel point que nous eûmes un jour la visite d'un Ministre de la Santé Mme Michèle Barzach. De la dizaine d'employés du début nous atteignirent  progressivement cent dix , j'étais évidement obligés de déléguer une partie de mes activités de direction, de gestion à deux jeunes femmes sur lesquelles je pus reporter toute ma confiance. J'acquis une propriété à Mirepoix nommée le Domaine de Bize , je venais de divorcer de ma première femme, en juillet 1960 j'épousais ma deuxième femme une jeune radiologue, mais elle se tua en voiture en 1966. Neuf ans plus tard , je me mariai avec Suzanne Baron divorcée et mère de deux garçons  elle travaillait à la clinique dans le service rapport avec les malades et le corps médical. Mon association avec le docteur Bocage fonctionnait correctement et se posa bientôt la nécessité d'un troisième associé  en  février 1977  le Docteur Faizon ancien interne des hôpitaux de Nice. Donc le Docteur Bocage se voua à l'orthopédie, le Docteur Faizon à la chirurgie digestive et moi je me réservai les autres spécialités chirurgie, gynécologie urinaire, et vasculaire. Nous laissons maintenant fonctionner la clinique avec ses trois chirurgiens, ses deux gynécologues obstrètriciens , ses trois  anesthésistes, ses deux radiologues, son ophtalmologiste, son otorhino ,ses quelques spécialistes médicaux et deux kinésithérapeutes . Les années passèrent , et à 65 ans et trois mois en octobre 1985 je pris ma retraite de chirurgien et trois plus tard celle de PDG de la clinique après l'avoir vendu à mes confrères successeurs.