lundi 23 avril 2018

Mon rêve d'or et de neige de Martin Fourcade écrit en collaboration avec Jean Issartel



L'envie de faire du sport est venu très tôt, il à grandi dans une famille de passionnés de sport, avec une préférence pour les sports nature et les Pyrénées comme terrain de jeux Hockey, ski de fond; kayak, VTT. Il fait six heures de vélo en montagne en enchaînant plusieurs cols! c'est un rouleau compresseur ! Il serait certainement exagéré de dire que tout c'est joué là, dans cette jeunesse libre et joyeuse que nous ont offerte nos parents, avec pour moi cette place que le destin m'a réservé au milieu de la fratrie , Brice le benjamin et Simon  l'aîné. Ma mère , orthophoniste et mon père accompagnateur en montagne, ont pris la gestion d'un gîte très isolé à une demi heure de Font Romeu , quant j'avais 6 ans. Bien que mes parents  étaient très occupés entre le gîte et leurs activités professionnelles , ils trouvaient du temps pour que partions en vacances tous ensemble; ainsi en 1996 , nous avons passé l'été au Quebec c'était l'année des jeux Olympiques à Altanta et Simon et moi regardions à la télé dans le  salon des amis canadiens qui tenaient une miellerie du côté de l'île Saint Laurent , ma mère prétend que notre vocation  s'est nouée là face à l'écran qui retransmettaient les exploits de Michael Johnson ou Marie José Pérec . C'est naturellement que nous avons opter pour le ski de fond avec le ski club, nous avions trouvé le prolongement de ce que nous faisions en famille, les éducateurs insistaient plus sur le plaisir, la découverte du milieu que sur la technique. Mais déjà on voyait les trois frères Fourcade avaient quelques capacités, et dans mon cas, un goût certain pour la compétition , je faisais partie de l'équipe des Pyrénées Orientales et nous partions régulièrement en stage où en compétition dans les Alpes, c'est là que j'ai rencontré Hélène c'est fou de penser qu'Hélène est aujourd'hui ma compagne , la mère de mes enfants, notre relation à connu quelques interruptions depuis nos 14 ans. En fait mon frère Simon était devenu mon idole, il faisait partie d'une filière d'excellence , il était le meilleur biathlète junior français, je n'envisageais même pas de pouvoir marcher sur ces traces. Spontanément , ma progression et mes résultats dépassaient mes attentes, je gagnais des titres en biathlon , en ski de fond je faisais partie du top 5 français , et je m'étais qualifié sur les championnats d'Europe en Autriche. Mais je supportais mal l'internat et j'ai décidé d'abandonner le biathlon , mais cette démarche correspondait à ce dont j'avais besoin à ce moment de ma vie, peut-être aussi que les titres de champion du monde junior de Simon m'ont paradoxalement  effrayé , j'étais conscient de la somme de travail et de sacrifices qu'il avait du consentir pour en arriver là , pour ma part je n'étais pas capable à 16 ans , de serrer les dents pendant six mois. L'entraîneur de la section biathlon de Font Romeu avait changé à mon retour , Denis  Boissière avait pris les rennes du pôle, il connaissait mon parcours. J'ai opter pour le biathlon pour plusieurs raisons , d'abord pour faire comme mon frère mais aussi parce qu'au biathlon on peut éclore plus vite en haut niveau avant d'avoir 25 ou 26 ans . Je me suis qualifié pour disputer tout le circuit de la Coupe d'Europe 2007 durant cette période j'ai affronté régulièrement ceux qui allaient devenir mes adversaires principaux chez les seniors Tarjei Boe , Simon Schemp, Erik Lesser et toute cette génération 1988 très représenté aujourd'hui  en Coupe du Monde. Depuis ma deuxième année en Cadets j'ai été à la lutte, saison après saison et c'est en mars 2008 que j'ai été convoquer pour disputer ma première Coupe du Monde à l'occasion des finales dOblo , j'avais fait un bon début de courses, un tir couché correct avec une seule petite faute, au tir debout je n'étais pas trop mal placé, j'ai lâché cinq balles en dix neuf secondes! dont trois hors cible; le soir même, Jean Guillaume et moi étions dans l'avion pour rentrer en France avec une 61ième place pour moi et une 71ième pour lui ; dégoûtés, mais j'avais goûté à la magie de la Coupe du Monde. Je me suis luxé l'épaule gauche , un chirurgien  de Lyon m'assurait qu'il fallait m'opérer, j'ai fait le calcul dans ma tête opération égal six moi pour revenir, la saison commence dans un mois, si je me laisse opérer la saison 2008 2009 est foutu pour moi , c'est dur à 20 ans d'aller contre l'avis d'un médecin réputé , j'ai dit foutu pour foutu on tente le coup sans opération, si j'avais suivi la recommandation médicale j'aurais raté les jeux et je ne serai probablement jamais devenu celui que je suis aujourd'hui, quelques semaines plus tard, j'avais retrouvé l'intégralité de mes moyens et je battais tous les seniors lors de l'épreuve de sélection nationale pour aller en Coupe d'Europe ; je me suis retrouvé à Obertilliech avec l'équipe de France B , j'ai terminé deuxième derrière le Norvégien Lans Berger, cette place me donnait le droit de rejoindre les A pour disputer une Coupe du Monde , le directeur des équipes de France , Christian Dumont m'a dit finalement on ne vas pas te prendre avec les A, mais ce n'est pas grave, tu es jeune, tu auras d'autre opportunités , en sortant j'ai raconté ça à Vincent  Pornet l'ancien du groupe B il m'a dit ne te fait pas avoir Martin, vas gueuler , ne laisse pas passer ta chance, on passe trop vite de trop jeune à trop vieux, cette place tu l'a gagnée, personne n'a le droit de t'en priver .Grâce à lui, j'avais mis le doigt sur la vérité essentielle du haut niveau, il ne faut surtout pas croire ceux qui te disent " Tu es jeune tu as le temps" on n'a jamais le temps , il faut prendre tout ce qui est à prendre, maximiser à l'instant T , ta chance passe vite et parfois elle ne revient jamais. Je suis donc aller gueuler, et Christian Dumont ma donner ma place en groupe A Mes primes de courses en Coupe du Monde depuis le début de ma carrière m'ont rapporté  environ un million et demi d'euros , dont 380 000 la saison dernière, celle de mon record de victoires. Les tarifs sont connus, le vainqueur d'une Coupe du Monde empoche 13 000 euros brut, le deuxième 10 000, le troisième 7 000 jusqu'au 15ième qui se contente de 500 euros.Il faut ajouté à cela les primes données par le comité olympique français pour les médailles des jeux 50 000 euros pour l'or, 20 000 pour l'argent et 13 000 pour le bronze. Martin n'a pas encore 30 ans et il a déjà marqué l'histoire du sport il est un vrai modèle pour des millions de Français et de fans de sport partout dans le monde. Son rêve d'or et de neige s'est réalisé à force de sacrifices, de courage, de rage , d'obstinations il n'a rien lâché .