lundi 2 mars 2015

L'appel sauvage de Jack London



Il s'appelle Buck son père était un énorme Saint Bernard et sa mère appartenait à la race des bergers écossais il était le chien du juge Miller, et habitait une spacieuse maison dans la vallée ensoleillée de Santa Clara. Buck n'était pas un chien d'intérieur, ni un chien de chenil, son royaume était l'ensemble du domaine,il se baignait dans la piscine où allait à la chasse  avec les fils du juge, durant les soirées d'hiver il se couchait aux pieds de son maître devant le feu de cheminée dans la bibliothèque. Mais un  soir Manuel l'un des aides jardinier vendit Buck  à un homme qui achetait des chiens à muscles fort et au pelage long et chaud pour aller chercher de l'or vers le Grand Nord. Manuel plia en deux une corde solide et la passa autour du cou de Buck, la tendit à l'homme ,quand la corde se serra et l'empêcha de respirer il fut d'abord surpris, puis il se lança sur l'homme dans un  accès de rage, jamais on l'avait traité de façon abominable , il ne comprenait rien à tout cela que voulaient ces gens qui ne connaissait pas, On l'enferma dans une caisse, deux jours et deux nuits il fut entraîné par des locomotives hurlantes, on le débarqua pour le charger dans un camion; ce n'était pas la faim qui le faisait le plus souffrir, c'était la soif, on l'avait débarrasser de la corde, ses yeux étaient injectés de sang, une rage monstrueuse bouillonnait en lui, Lorsque le camion s'arrêta, on descendit la cage et un homme robuste s'approcha ,et eût un sourire sinistre, il revint portant une hachette et un bâton ; Buck sortit de la cage le pelage hérissé, la gueule blanche d'écume, un éclair de folie dans les prunelles et droit sur l'homme il lança ses soixante dix kilos, il reçut un coup qui l'arrêta net et ses crocs claquèrent dans le vide, comme on ne l'avait jamais frappé avec un bâton il ne comprenait pas , la douleur lui arracha un cri, il se dressa, repartit à l'attaque un deuxième coup l'atteignit et le précipita à nouveau sur le sol, à dix reprises au moins il chargea, sa truffe , ses oreilles, et sa gueule étaient ensanglantées; Buck fut assommé quand il revint à lui , il restait sans force, l'homme lui apporta de l'eau et de la viande crue qu'il lui donna morceau par morceau ,puis lui caressa la tête. Buck fut alors vendu une nouvelle fois à un petit homme ratatiné qui l'emmena avec une chienne terre neuve nommée Curly ils ne furent pas les seuls dans l'entrepont du  Narval ; bien que les jours fussent tous semblables Buck sentit que la température devenait de plus en plus froide Buck avait été arraché à la civilisation et précipité au cœur de la vie primitive , les hommes et les chiens ne connaissaient d'autre loi que celle des crocs et du gourdin , il assista à un combat un chien esquimau contre la chienne Curly il combattait à la façon des loups; Buck en restait cloué sur place par la stupeur. On lui mit un harnais et il devait tirer le traîneau avec ses compagnons, il dormait en faisant un trou  dans la neige pour ne pas avoir froid, il apprit très vite les ruses, son corps amaigri se muscla énormément, il devait combattre pour garder sa place, Au printemps, les chiens n'avaient rien à faire sauf à traîner  dans le camp . Il y avait aussi l'appel qui sans cesse venait de la profondeur de la forêt chaque fois qu'il l'entendait Buck était la proie d'un grand trouble; il levait la tête, restait un instant les oreilles pointées, puis il se dressait d'un bond pénétrait, au galop dans la forêt , l'explorait de tous côtés  il s'embusquait dans un buisson et observait les allées et venus des oiseaux à la cime des arbres.Une nuit il fut tiré en sursaut de son sommeil, un long hurlement semblable à ceux que poussent les chiens esquimaux très vite en silence il traversa le camp endormi et s'enfonça dans la forêt jusqu'au moment où il découvrit au centre d'une clairière un loup très maigre, cependant Buck ne l'attaqua pas ,il se contenta de décrire des cercles autour de lui ,brusquement le loup se détourna et s'enfuit, la poursuite commença, il galopait jusqu'à ce que  Buck l'ai rejoint  puis repartit dans une autre direction ,puis le loup s'arrêta et frotta sa truffe contre celle de Buck, l'amitié était scellée , ils partirent côte à côte dans le crépuscule, puis  Buck revint au  camp, de plus en plus souvent il s'absentait, parfois plusieurs jours, une semaine entière, il cherchait en vain les empreintes du loup, il pêchait des saumons dans un large torrent, il égorgea un grand ours noir de plus en plus  Buck se sentait avide de sang, grâce à sa force et son habileté, il réussissait à survivre dans un milieu hostile où les faibles sont voués à l'anéantissement. Buck revint au camp avec ses nerfs tendus et ses sens en alerte il s'était passés quelque chose ,il découvrit les chiens et les hommes morts et agonisants criblés de flèches, les Yeehats dansaient lorsqu'ils entendirent l'effrayant grondement de Buck ils s'interrompirent et virent se ruer sur eux un animal tel qu'il n'en avaient jamais vu auparavant, un ouragan de fureur, une bête qui semblait résolue à les anéantir tous. Buck attaqua le chef de la tribu indienne ,il lui trancha la veine jugulaire le sang jaillit comme une fontaine, il sauta sur un autre Yeehat et au passage lui trancha aussi la gorge , il se sentait fier de lui même, il avait tué des hommes le plus noble de tous les gibiers.Après quoi ,ce dernier s'assit, pointa son museau vers la lune et fit entendre un hurlement prolongé ,les autres loups l'imitèrent, l'appel était si proche si facile à déchiffrer le concert terminé, il s'avança et la bande forma un cercle autour de lui, on le flaira presque s'en méfiance, quelques loups lancèrent un jappement et filèrent vers la forêt tous les autres le suivirent, jappant en chœur ; Buck jappa lui aussi, en galoppant côte à côte avec le frère sauvage.