samedi 17 novembre 2018

La guerre du feu de J.H Rosny Ainé



Ce voyage dans la très lointaine préhistoire aux temps où l'homme ne traçait encore aucune figure sur la pierre, ni sur la corne, il y a peut être cent mille ans . Les Oulharmrs fuyaient dans la nuit épouvantable , fous de souffrance et de fatigue; le Feu était mort ; ils l'élevaient dans trois cages, depuis l'origine de la horde; quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour, sa face puissante éloignait le Lion noir et le Lion jaune, l'Ours des cavernes et l'Ours gris , le Mammouth, le Tigre et le Léopard; ses dents rouges protégeaient l'homme contre le vaste monde ; toute joie habitait près de lui , il tirait des viandes une odeur savoureuse, durcissait la pointe des épieux, faisait éclater la pierre dure, il rassurait la horde dans les forêts tremblantes, sur la savane interminable, au fond des cavernes.C'était le Père, le Gardien , le Sauveur plus farouche cependant, plus terrible que les Mammouths, lorsqu'il fuyait de la cage et dévorait les arbres. Il était mort ! l'ennemi avait détruit deux cages, dans la troisième pendant la fuite , on l'avait vu défaillir, pâlir et décroître, il s'était évanoui et les Oulhmars fuyaient dépouillés dans la nuit d'automne . Fuouhm leva les bras vers le soleil du matin, avec un long hurlement : Que feront les Oulhmars sans le Feu ? Criât-il, Comment vivront-ils dans la savane et la forêt , ils devront manger la chair cru et la plante amère , ils ne réchaufferont plus leurs membres, la pointe de l'épieu demeurera molle . Le Lion, la Bête aux Dents déchirantes , l'Ours , le Tigre , la Grande Hyène les dévoreront vivant dans la nuit ; alors Naoh, fils du Léopard, se leva et dit " Qu'on me donne deux guerriers aux jambes rapides et j'irai prendre le Feu chez les fils du Mammouths où chez les Dévoreurs d'Hommes , qui chassent au bord du double fleuve; Faouhm n'a qu'une langue , si tu ramène le Feu tu auras Gammla  pour femme c'est la mieux construite parmi les filles , elle sait porter une biche sur son  épaule , marcher sans défaillir du soleil du matin  au soleil du soir, apprêter la peau des bêtes, traverser un lac à la nage; elle donnera des enfants indestructibles , la fille du marécage servira celui qui nous rendra le Feu; la horde veut qu'il en soit ainsi .Naoh, Gawn , Nam marchèrent tout le jour sur la savane, les guerriers se nourrissaient de chair crue , ce fut un repas chagrin, Naoh prit les premières veilles , il distinguait au loin le glapissement du chacal, le rire de la hyène, la hurlée des loups , cette vie n'était pas gratuite, mais dure et pleins de menace, tout ce qui la construisait pouvait la détruire , elle ne persistait que par la vigilance, la force, la ruse , un infatigable combat contre les choses Naoh guettait les ténèbres , les crocs qui coupent, les griffes qui déchirent, l’œil en feu des mangeurs de chair , beaucoup discernaient dans les hommes, de bêtes puissantes et ne s'attardaient point. Une lune avait passé , depuis longtemps Naoh avançait toujours vers le sud, avait dépassé la savane, il traversait la forêt, sur ce territoire redoutable, les Nomades découvrirent la nourriture en abondance, ils trouvèrent aussi une cavité si étroite qu'ils durent s'aplanir au sol pour y rentrer, Naoh s'allongea dans l'herbe et tournant la tête entra sans effort, c'est abri était plus sûr, car les blocs étaient si lourds, et si durement  incrustés qu'un troupeau de Mammouths n'auraient pu les disjoindre, la perspective d'une nuit parfaite réjouit les Nomades,ils pourraient se rire de tous les carnivores, ils mangèrent de la viande crue d'un faon, avec des noix cueillis dans la forêt; Mais le Lion  Géant arriva sur le territoire, lorsqu'il s'approcha, il sut que la proie était là, et l'espoir accéléra  son souffle, les Oulhmars considéraient avec une palpitation la haute silhouette du carnivore, quand il arriva devant l'orifice par où s'étaient glissés les hommes, il se baissa , il tenta d'introduire sa tête et les épaules, il se mit à gratter la terre quoique le Lion Géant ne fut pas un animal fouineur, il savait élargir une issue ou renverser un obstacle, sa tentative consterna les hommes, si bien que Naoh s'accroupit  et frappa de l'épieu , le fauve atteint à la tête, poussa un rugissement furieux et cessa de fouir, il se remit à rôder, tâtant les issues, toujours il revenait à celle où s'étaient introduit les hommes, il recommença à fouir, un nouveau coup d'épieu interrompit sa besogne et le fit reculer, après une dernière inspiration et un dernier regard, il sembla ignorer l'existence des hommes ,il se dirigea vers la forêt. Quand le matin erra sur la terre, le Lion Géant et la Tigresse étaient toujours là, ils sommeillaient auprès de la carcasse du daim, dans un raie de soleil pâle et les hommes ensevelis sous le refuge de pierre ne pouvaient détournés leurs yeux des voisins formidables, le Lion Géant et la Tigresse ne seront pas toujours ensemble, la faim les séparera, quand le Lion sera dans la forêt , nous combattrons avec la Tigresse mais Nam et Gawn doivent obéir à mon commandement, . La Lune coula dans les ramures , si la force de Nam et de Gawn étaient comparable à la sienne , Naoh aurait peut-être risqué l'aventure, il souffrait de la soif , Nam en souffrait davantage encore, le retour de la Tigresse le fit réagir elle ne ramenait pas de proie, elle semblait lasse, le Lion Géant s'était levé , et se mit en chasse à son tour, Naoh toucha l'épaule de ses compagnons et lorsqu'ils furent debout, il murmura il faut combattre , les jeunes guerriers s'étaient assurés que leurs armes étaient en état, Naoh commença à pousser son harpon et sa massue, elle arriva sur les trois hommes comme un bloc, Gawn  s'écroula atteint d'un coup de griffe sur la mamelle, mais la pesante massue de Naoh avait frappée, la Tigresse hurlait une patte rompue, tandis que Nam attaquait avec son épieu, la massue s'abattit encore, hurlant de douleur le fauve eut un vertige qui permit au nomade de se dégager et de disloquer la deuxième patte. Naoh a rompu les pattes de la Tigresse, Nam et Gawn ont bien combattu , nous ramènerons le Feu ! Dix jours avaient passés depuis le combat des nomades et de la Tigresse, le Lion  Géant partit en chasse son absence serait longue, les Oulhmars étant remis de leurs blessures auraient le temps de franchir la rivière, la bruine favoriseraient leur retraite, elle détremperait la terre, elle effacerait l'odeur des traces, Le Lion Géant est au bord de la rivière ! ils hâtèrent leurs marche, maintenant les rugissements se suivaient saccadés, stridents, plein de colère, les nomades comprirent que la bête courait à travers leurs traces enchevêtrées , leurs cœurs battaient contre leurs poitrine; ils marchèrent très longtemps, les Oulhmars s'arrêtaient pour saisir les bruits et les senteurs. Depuis trois jours , ils suivent la piste des Dévoreurs d'Hommes, ils tuèrent des chacals pour tromper les Dévoreurs d'Hommes , car l'odeur des chacals est plus puissante que la leur, Naoh apparut dans la pleine lumière, fit un bon de Léopard, tendit la main et saisit le tison, avant qu'aucun Dévoreurs d'Hommes n'eut pris sa course, Naoh avait dépassé la ligne par ou on pouvait lui couper sa retraite, poussant un cri de guerre, les Kzams le suivaient éparpillés avec des grognements de sangliers, malgré leurs jambes courtes, ils étaient agiles, mais pas assez pour atteindre Naoh . La braise rouges'était rétrécie, elle se fonçait, elle se ternissait, voilà qu'à peine conquise  elle était morte. Ils se réfugièrent près du Grand fleuve Naoh vit un mammouth énorme qui les regardait passer , il y avait une mare ou poussait des nénuphars, Naoh n'ignorait pas que les Mammouths aimaient leurs tiges souterraines, il fit signe à ses compagnons,ils se mirent à arracher les plantes roussies et les portèrent vers la bête colossale il s'approcha des racines , il les connaissait bien, elles étaient à son goût. Puis Naoh décida d'aller voir les Kzams , leur stupeur ne dura guère ils levèrent la hache de pierre la massue et la sagaie Naoh clama, le fils du Léopard est venue à travers la savane, la forêt, les montagnes et la rivière parce que sa tribu est sans Feu, si les Kzams les laissent prendre quelques tisons à leurs foyers il se retirera s'en combattre, voyant qu'il était seul ils ne songèrent qu'à le massacrer l'arme effleura l'épaule de Naoh et retomba à terre, Naoh est plus rapide que les Kzams ,il bondit encore, leva sa hache et sa massue il accepta le combat; atteint en plein crâne, il plia sur ses jarrets et vit tourbillonner la terre, les arbres,  le feu , dans cette seconde mortelle, l'instinct ne l'abandonna pas, une énergie suprême s'éleva du fond de son être, il se ressaisit, il lança sa massue, des os craquèrent, le Kzams croula, son cri se perdit dans la mort . Il prit la cage de Feu , c'était une sorte de nid en écorce, garni de pierres plates,une petite flamme scintillait encore .

dimanche 16 septembre 2018

Aborigènes de Eddie Mittelette



Né en 1979, Eddie Mittelette a découvert la culture aborigène en prenant part à la coupe du monde de boomerang à Melbourne, en 2000. Il a ensuite effectué trois voyages en Australie, dont deux à la rencontre des Natifs du désert. Il a parcouru 11000 kilomètres en solitaire à vélo sur les pistes de l'Ouest Australien. Sa fascination pour l'existence des Aborigènes la mené auprès des Martu . " Il est temps pour moi d'avancer, même si la bienveillance des habitants de Wiluna m'encourage à poser mes valises, beaucoup de personnes m'ont ouvert les portes de leur maison , ont accueilli ma sincérité sans délai ni contrepartie ; ils me prouvent d'une belle manière que les préjugés ont bâti de solides remparts entre les Aborigènes de cette région et leurs détracteurs . Je suis un coup de vent dans leur vie, pourtant tous m'ont vanté leur spécialités, Randall porté, par une profonde ferveur, j'ai en mémoire ses paroles : Quand je pars chasser le kangourou , j'en rapporte quatre ou cinq tous ficelés sur la capot de ma Toyota , avant de les cuire, je bois leur sang , c'est le meilleur médicament çà soigne tout, s'ils ne sortent pas de leur cachette, j'attrape parfois un émeu, quand la nuit tombe, on campe tous ensemble autour d'un grand feu dans lequel ma mère cuit les bêtes et le pain traditionnel, on mange avec les enfants et les vieux, on rit , puis on raconte des histoires de monstres terribles, enthousiasme partagé par sa mère, chasseuse aguerrie de varans, quelle sort du terrier par la queue avant de leur fracasser le crâne au sol. C'est pour moi une certitude je reviendrai. L'air de Port Hedland est suffocant, ma tente devenu une étuve , je m'en extrais dés les premières lueurs de l'aube, après avoir mit de l'ordre dans mes sacs, je me rends dans la localité  voisine South Hedland , à mi parcours de mon voyage, ce premier lundi de mai est un jour particulier, je m'apprête à rejoindre la communauté de Warralong afin de partager la vie quotidienne des Aborigènes Martu ; ainsi j'interromps mon itinéraire pour un temps indéterminé, pour plusieurs mois je l'espère, Kate la directrice de l'école communautaire m'a succinctement  expliqué que je travaillerai en tant que bénévole auprès des enfants, je m'occuperai aussi des repas pour les enfants, et assisterai les professeurs durant leur cours . Dans une proportion comparable à celle de l'ensemble du continent , la population Aborigène d'Australie s'élève à 3% , seul le territoire du Nord en dénombre plus de 30% ; l'Australie a commis un long et lent génocide envers les Aborigènes en retirant les enfants nés d'union de père européens  et de mère indigènes afin d'interrompre la transmission de leur culture; ces enfants ne revoyaient jamais leur mère et étaient contraints de rejeter toutes les manifestations de leur aboriginalité ; cela à duré un siècle.Dans le dialecte, Martu signifie " personne" mais également " l'un des nôtres" Ce nom porte en lui toute l'importance du partage qui relie les êtres : le don de soi pour la communauté, l'absence d'ego ; ces facultés apparaissent tôt chez les enfants et je m'étonne toujours de certaines réactions, à un âge qui révèle les premières jalousies, la mise en commun est d'usage, d'ailleurs, je n'ai jamais entendu de " merci" depuis mon arrivée car ce mot n'existe tout simplement pas dans leur dialecte. A l'origine, les Aborigènes ne croyaient pas que la mort puisse être un fait naturel ; leurs superstitions  nous apprennent que les causes peuvent venir de vengeances, d'actes de sorcelleries lancés par des clans rivaux ou des esprits malveillants comme le Malbu,cet esprit se déplaçait à la faveur des nuits noires, chaussés de plumes d'émeu qui ne laissaient pas d'empreintes, afin de mener des expéditions punitives ; une période de deuil est nécessaires laissant le temps à l'esprit de quitter le corps, une habitation est interdite tant que les Aînés n'ont pas levée l'interdiction la bâtisse nourrit les craintes de ceux qui s'en approchent. A l'ère du Mangung , les êtres chantèrent au fil de leurs créations ; des chants de deux à douze mots destinés aux hommes pour leur succéder . Ils leur enseigneraient ainsi la connaissance pratique des choses et des lieux mais aussi la manière de les honorer par des rituels pareilles à un cryptogramme , les pistes chantées renfermaient des secrets, dont une traduction littérale n'aurait fait qu'égarer l'étranger non initié. De fait, ces réseaux étaient un puissant outil de paix qui amoindrissait les conflits inter claniques  et rendait inepte tout instinct de conquête, puisque s'en les clés de compréhension et d'usage une terre n'apporte rien aux hommes et aucun rituel associé ne peut y être célébré . Les ancêtres qui parcouraient la longue chaîne des lacs, du Percival à  Dora en passant par Auld transportaient avec eux le jangi , un bâton dont le bout se consumait lentement et qui permettait de démarrer un brûlis sur Spinifex ou d'allumer le feu de camp à l'étape ; gage de vie, cette braise ne devait jamais s'éteindre, surtout lors des périodes froides et pluvieuses . L'étincelle à l'origine de tout feu comme celle émise par mon allume feu Firesteel , un silex à frottement s'appelle tiiru; elle donne naissance au tili la flamme ; bien que waru symbolise le feu tel que nous le représentons il devient nyuyula lorsque l'on le ravive , puis taaru lorsque ses flammes atteignent leur apogées . Le soleil s'aligne sur mon cap lorsque j'atteins l'épaisse chênaie qu'enceignent les collines de Dovers ; la piste sinue le long des flancs escarpés qui servent de toiles de fond à un décor surréaliste ; sur un tapis de spinifex et de buffelgrass les chênes du désert composent un tableau oasien , un jaillissement de vie inattendu dans cet univers minéral . La sylve s'épaissit  encore au détour d'un relief  et forme un courent sous lequel des armées de fourmis travaillent à renforcer leur habitat ; l'activité reptilienne est pareillement féconde, les empreintes à l'entrée des terriers trahissent de récentes allées et venues ; au gré du vent , les allocasuarinas aux branches graciles bruissent dans un ondoiement majestueux , leurs feuillages est si duveteux q'il  dissipe un pastel estompé du bout des doigts , je jouis un moment de l'ombre rare, en flânant je surprend une vingtaine de dromadaires qui se dirigent à pas chaloupés vers une colline proche, leur caravane se fige à ma vue, ignorant si ma présence est une menace, plusieurs mâles s'interposent pour parer une éventuelle attaque, ma première crainte est que l'un d'eux soit en rut et me charge, mais pour l'heure je leur inspire de la crainte, ils se remettent en chemin , gardant sur moi un œil défiant ; exalté et le cœur battant j'ai un plaisir d'être dans un tel lieu exceptionnel  qui est en mesure de provoquer de telles rencontres et engendrer autant de beauté ; chaque jour passé dans le désert s'accompagne en effet d'émerveillement, ils sont la récompense de l'effort et de l'incertitude qui ne me quitte jamais, le sentiment de vulnérabilité magnifient mon expérience. Malgré l'envie de camper là , je décide de poursuivre dans le jour déclinant, car la végétation est dense et l'activité animale trop vive. Je déniche rapidement un havre de paix sur la crête d'une dune et m'offre ainsi une vue imprenable sur les confins nord du désert de Gibson . Le bout du monde semble alors à ma portée ; je le tiendrai dans ma main lorsque bientôt  j'atteindrai Kiwirrkurra ; la communauté aborigène réputé comme étant la plus isolée d'Australie! " Bloody long may way, mate!" une manière typiquement australienne d'entamer la discussion, car ici on se préoccupe davantage des distances parcourues que du temps qu'il fera le lendemain ! l'accueil qui m'est réservé est particulièrement chaleureux, nos hôtes sont affables leurs paroles pleine d'attention . Trois jours et plus de 230 kilomètres me séparent de la communauté pentu , à peine ai-je parcouru un kilomètre qu'une douleur fulgurante au genou droit me contraint à l'arrêt, chaque coup de pédale produit une décharge électrique dans sa rotule et se propage dans toute la jambe , c'est la guigne ! L'aube n'est porteuse d'aucune amélioration la douleur persiste et signe , mes réserves de nourritures sont suffisantes pour séjourner  ici plusieurs jours , pourtant je ne peux me résoudre à pareille inaction alors je me remets en selle sans réfléchir , avec pour seul objectif de rejoindre le dispensaire  de Kanawaarrilji en limitant la casse . Un couple d'Australien m'interpelle à l'instant où j'appuie mon vélo contre le mur du dispensaire. " Vous voilà enfin s'exclament -ils en s'approchant pour me serrer la main ; on a suivi votre trace depuis Alice Springs ; çà fait déjà deux semaines. Dimanche 7 juillet , veille de carnival de Panmungurr, pour l'heure du miel et quelques amandes calmerons ma fringale, trouver de l'eau m'importe bien plus, je ne dispose que de 2 litres pour rejoindre la pompe qui se trouve à  25 kilomètres à la lisière méridionale du parc, il m'est impossible de progresser en demeurant sur le sable , ni de couper dans le bush tant la végétation s'épaissit ; j'atteins péniblement la source au terme de six heures d'effort aveuglé par la sueur, je noue sans tardé un tissu autour du robinet pour filtré l'eau qui va en jaillir, mais rien ne viens ! l'état du sentier s'améliore et annonce bientôt un visiteur que je n'espérai plus , une Toyota apparaît dont sort un couple surprit de me croiser, Tonia et Rob lisent sur mon visage défait l'épreuve que je viens de subir , au bord de la nausée, j'engloutis sans attendre 2 litres d'eau  ainsi que la pomme savoureuse qu'ils me tendent ; avant de me confondre en remerciements ; ils remplissent ensuite mes outres plus que je ne pourrais boire. Auprès de mes bons samaritains, je bénéficie de l'entraide qui fait la réputation et la fierté des Australiens de l'arrière pays . S'enquérir du bien-être du voyageur , le secourir si nécessaire, est pour eux un devoir , un principe moral ; Le désert , par son âpreté inhérente, exhorte à la solidarité. Mes pensées se tournent à présent vers l'est . Bien que cela puisse relever du paradoxe, je quitte le " cœur " des Martus avec regret, car je sais déjà que la fin du voyage ne l'égalera pas en splendeur.


samedi 14 juillet 2018

Les femmes de la principal de Lluis Llach



Andreu Roderich  propriétaire d'une belle bâtisse  La Principal ; après ses études à la capitale il épousa la senyora  Blanca Basses qui lui donna cinq enfants , Robert , Ernest ; Lluis  , Maria  et Joan , Ursula avait été engagée à 14 ans à la Principal comme bonne à tout faire, et lorsqu'elle eut  17 ans elle fût justement amené à tout faire avec M. Andreu, elle se retrouva enceinte en même temps  que la senyora  mais elle ne fût pas chassée  et allaita sa fille et les enfants de la maîtresse  de maison. Après la mise au monde de son cinquième  enfant la senyora tomba malade et décéda  , une catastrophe pour la famille , un cataclysme pour le maître de la Principal ; la mort de sa femme laisse  Andreu Roderich accablé , abattu ,anéanti , ce fût comme si la tristesse s'était définitivement invitée à l'intérieur  de cet homme. Tout le monde savait que les enfants de la Principal furent heureux grâce à Ursulla qui mue sa condition de nourrice et d'autres complicités plus secrètes. On ne décela qu'un petit soupçon de bonheur chez Andreu Roderich que le jour où son fils aîné Robert entreprit ses études de médecine, à l'époque en 1893 il y avait à peine deux ans que Robert avait obtenu son diplôme de médecin, son père le félicita, et lui acheta un cabinet de consultations à Barcelone. Un matin  de 1993, lorsque Raül arriva du Mas Gran pour annoncer le fléau qui s'était abattu sur la Principal, Maria avait 20 ans, Monsieur, le contremaître est là annonça Ursulla ; la mine décomposée , le pauvre homme triturait sa casquette avec ses doigts nerveux, Monsieur Andreu, le Coteau aux magnolias est contaminé  par le phylloxéra  de haut en bas , et les journaliers du Mas Gran disent qu'ils ont vu des ceps infectés un peu partout sur les autres parcelles . Mes enfants , Raül  vient de nous annoncer que le phylloxéra s'est invité chez nous, vous devez comprendre que ses vignes sont mortes, et par conséquent , notre cellier aussi ; que les cuves , les pressoirs , les tonneaux ; les courtiers; les commissionnaires , toutes ces choses et toutes ces personnes qui ont fait la richesse de notre famille pendant toute ces années n'ont plus lieu d'être. Raül passe à la paroisse et demande à l'abbé Génis de faire sonner les cloches pour réunir  tout de suite tout les habitants du village." Messieurs, madame , ce matin sur mes terres du Mas Gran exactement mes ouvriers ont découvert que les ceps de vigne étaient infectés par le phylloxéra, certains d'entre nous avaient espérés que cela ne nous arrive jamais , ni à Pous , ni  a toute la région de l'Abadia , le fait certain miraculeux , que pendant trente ans cette maladie se soit propagée à toutes les vignes d'Europe et se soit arrêtée aux limites de notre région sans l'infecter nous a fait croire que Dieu nous avait épargnés ou élus ...;mais j'ai bien peur d'être entrain de vous annoncer notre prochaine descente aux enfers ; aujourd'hui une nouvelle ère commence pour les gens de Pous et de l'Abadia en général pleine d'incertitudes et d'obscurité bon après midi et que Dieu et Sainte Bassilissa vous gardent ". Quelques jours après cette réunion à la chapelle , le phylloxéra se propagea  dans la région de l'Abadia, où qu'on portât son regard , les feuilles étaient couvertes de galles et de taches elles perdaient leurs belles couleurs vertes pour devenir jaunâtres, épaisses et granuleuses; les ceps n'étaient que des fantômes agonisants , des êtres sans vie transformants les coteaux cultivés en vision apocalyptique qui annonçait les terribles temps à venir. Il envoya Maria sa fille à l'internat de Mercè de la Bonavora elle n'avait nul besoin de faire d'études, ni d'avoir une profession , un bon mari lui suffirait, malgré tout il s'assura, ce fut presque une obsession que sa fille reçut une éducation en matière de commerce , chose que ses frères et tout les habitants de Pous trouvèrent étrange. Il prévit également une stratégie économique progressive , en quelques années , il acquit cinq maisons à Barcelone en plus des trois qu'il possédait déjà . Et puis un jour il réunit ses enfants pour leur annoncer sa décision . " J'ai  tout capitalisé pour franchir le pas et prendre les rênes d'une nouvelle entreprise qui s'établira loin de cette maison, je vous annonce qu'à partir de maintenant nous allons nous installer à Barcelone , vous finirez vos études Robert s'y est déjà mis, il peut se faire un nom dans la médecine; à partir de l'an prochain , la future pharmacie d'Ernest sera une magnifique source de revenus, la charge d'avocat de Lluis nous mettra en relation avec les entreprises et les cercles influents , toi aussi , Joan  ton métier auprès du pouvoir ecclésiastique tu auras beaucoup à dire et à faire pour la famille ; Maria j'ai décidé que toi, ma fille tu resterai ici , je suis sûr
que tu es la personne qu'il faut pour rester à la tête de la Principal , aucun de tes frères n'a ton tempérament , ni ton fort caractère, tu es la seule à pouvoir mener cette mission , j'ai besoin de toi  ici, en échange de ton obéissance à ce que je te demande d'accomplir, je fais solennellement le serment devant tes frères qu'au  moment de ma mort la Principal et tous ses biens de Pous seront pour toi et pour toi seule. Il m'a enterrée pensa Maria tout en se levant , il vient de m'enterrer vivante sous les pierres de cette maison , avec les champs stériles autour, le cellier fermé et le village dans la misère, il me demande de devenir la gardienne  de cette misère, et tout ça parce que je suis une femme. A la mort de son père Maria  hérita de la Principal, son cellier , ses terres ainsi que de s'occuper de toutes les transactions commerciales elle s'est brouillé  avec presque toute sa famille, cette gamine si jeune est devenu vieille en quelques jours, un an et demi plus tard grâce à la vente des bouteilles entreposés dans le cellier, elle put replanter des ceps américains, La Principal redevint un symbole de puissance et de richesse. Elle épousa  un riche héritier dont les parents étaient les commerçants les plus aisés de Rieu , ils eurent une fille Maria Blanca Bassilia Magi Roderich  nous étions en 1910 après la naissance de la gamine son mari tomba malade et mourut  la vieille comme on l'a surnommait fut profondément accablée Narcis son mari lui légua une fortune , de l'argent , des propriétés, mais aussi des tableaux, des sculptures , un piano  et des livres , la vieille les mis dans une grande bibliothèque quelle fit faire dans laquelle on accrocha un portait du défunt.La gamine sa fille qui à  maintenant 15 ans découvre un jour que Llorenç le fils de la cuisinière qui à été élevé avec elle se trouve avec le contremaître Ricard  dans les écuries , les deux hommes  poussaient de tels gémissements de plaisir qu'ils n'avaient pas vu Maria, lorsque Ricard découvrit la présence de l'adolescente , il se retira brusquement et fila comme un dératé, elle le dit à sa mère qui convoque immédiatement le contremaître, sa fille et l'Abbé Salvador, tu quitte la Principal dès ce soir , tu partira du village pour rejoindre ton frère en France. Mais le 18 juillet 1936 le cadavre  de l'ancien contremaître à été déposé devant la maison de la Principal sur le banc de pierre , dans un sac ,le ventre lacéré, on avait comptabilisé cet assassinat parmi les pertes de la guerre. Le jeudi 7 novembre 1940, un inspecteur se présente  à la Principal pour rouvrir l'enquête sur le meurtre , Ursula le conduit à la maîtresse des lieux la senyora Maria Magui qui le reçoit en souriant car elle sait quelle est une personnalité très protégé de Pous avec son héritage depuis des générations ils font vivre le village . Mais l'inspecteur est tenace , il va lui faire avouer que c'est bien un meurtre lié à la Principal, car elle était présente le jour où sa mère l'a renvoyé ,il y avait aussi la présence de l'Abbé Salvador, elle avait aussi surpris une conversation assez houleuse , l'Abbé reprochait au contremaître de lui avoir été infidèle avec Llorenç. Maria à toujours été amoureuse de Llorenç et quand sa mère est morte ( La Vieille ) elle entraîne Llorenç dans sa chambre et lui demande de devenir son amant, Ursulla est outrée et lui rappelle les déviances sexuelles de ce garçon , mais le couple s'entends bien et trouve un compromis . Puis les choses vont aller très vite l'enquête va être étouffée, car on a découvert que c'était l'Abbé qui avait tué le contremaître , le gouverneur civil et le chef du mouvement National donne l'ordre expresse d'abandonner immédiatement l'enquête et de brûler ou détruire tous les dossiers qui se trouvent au commissiériat . On retrouve le curé pendu dans la salle à manger du Presbytère Llorenc et Maria étaient allés la veille au presbytère parce qu'ils pensaient que l'inspecteur soupçonnait  Llorenç  qui était l' amant du contremaître revenu en cachette au village ils l'ont pendu pour en finir avec ce curé jaloux devenu meurtrier , mais ils ne seront pas inquiétés car l'affaire avait été classée sans suite. Ils eurent aussi une fille Maria qui continue à exploiter La Principal, Llorenç à la mort de sa femme  écrira ses mémoires et les confies à sa fille pour qu'elle sache les secrets de la Principal.

mercredi 9 mai 2018

Seul les enfants savent aimer de Cali


Dans ce livre , on rejoint Cali dans le traumatisme de son enfance, ce petit garçon de six ans à peine vient de perdre sa maman Mireille d'un cancer du sein , et laisse dans ce drame une famille anéantie , le père Vincent et ses quatre enfants , Sandra 12 ans Gina , Aldo 11 ans et Cali . Ce petit garçon entends les pleurs étouffés de son père et de ses sœurs ,et de son frère ta Maman est décédée lui a t-on dit . A l'école de son village à Vernet les Bains tout lui rappelle sa mère qui était institutrice, les enfants le dévisagent , même Carol  Bobé l'observe cette petite fille dont il est amoureux .De sa mère il ne reste plus rien, ils ont décidé de tout brûler, il n'a plus rien d'elle, elle lui manque énormément .Voilà un nouvel élève qui vient d'arriver il s'appelle Alexandre Jolly, il deviendra son confident et en sera aussi un peu amoureux; il est attiré aussi  par sa souffrance caché, son père est très sévère il dirige un collège hôtelier pour des adolescents  à la dérive dont les parents ne sont plus là . Alex est devenu son ami, et il l'emmène chez lui, sa maman qui connaît sa vie, lui donne beaucoup d'amour, elle l'embrasse et il se colle dans ses bras qui lui rappelle tant sa mère, elle donne des cours de catéchisme à tous les enfants du village. Ici les filles et les garçons dansent ensemble heureux de porter le costume qui les changent de la tête aux pieds, ils portent la barretina sur le crâne , un bonnet rouge bien éclatant, ensuite un pantalon côtelé noir ceinturé en rouge d'une faixa , sans oublier la chemise blanche et une veste noire, et aux pieds les vigatames, les fameuses espadrilles rouges qui se lassent , vous enlacent de leurs lacets jusqu'en haut des mollets, Jeannette Gomez dirige grands et petits. Ce jour là Cali se tient debout et regarde son amoureuse Carol coiffée d'un filet de dentelles blanches, les garçons viennent en file indienne se placer les uns après les autres devant leur cavalière respective, les mains sur les hanches il s'agit d'une danse de cour, la danse de la Creu faite à sa bien-aimée, la musique les porte , Carol Bobé accroche son regard, Carol Bobé lui sourit, il est heureux à cet instant seuls les enfants savent aimer, seuls les enfants aperçoivent l'amour au loin qui arrive de toute sa lenteur, de toute sa douceur , pour venir nous consumer. La vie n'attends personne au bord de la route , elle n'admet aucune excuse, Arlette Buzan aussi est toujours là fidèle, une amie à Maman , elle est d'un grand secours, et d'une régularité de métronome, j'aimerai qu'elle reste parfois le soir, qu'elle tarde à rejoindre les siens, Arlette tu es une sauveuse d'âmes, ne pars pas, ,sois des nôtres, Cali continue de passer sa tête dans ses jupes, allez reste Arlette, s'il te plaît !ce soir tu sera ma Maman .Papa rentre tard très tard, toute la journée il dessine des maisons, c'est son métier, là bas de l'autre côté de la grande rue, seulement entre notre maison et son bureau, il y a un café, et il s'y arrête , est ce que ça fait partie de la petite mort qui s'agite en lui ?On l'a espionné l'autre soir Aldo et moi, il se tenait accroché au bar , comme un désespéré, on le regardaient en cachette, on se tenaient là, nos têtes de gosses collées aux barreaux derrière la vitre du fond du café, Frank Guitard est venu nous rejoindre, son père buvait à côté du nôtre, il est triste le chagrin quand il coule comme çà, d'un coup çà a gueulé, c'est mon papa qui hurlait , il a pris par le col le père de Frank, ces deux hommes devenus fantômes d'eux même se sont empoignés, ils sont tombés à terre, le barman n'a pas pipé, il n'a rien fait pour relever nos papas tristes qui se démenaient à terre, épuisés, gisants , un jour ce type je le tuerai, ce lâche, ce salopard au bout d'un temps , les deux hommes se sont relevés avec peine; Oh je le jure, je le crache Maman ce n'étais pas lui; depuis que tu es partie, il s'en est allé lui aussi. La pire des nouvelles, une tragédie, cet été, je vais en colonie de vacances avec ma sœur Gina, une vraie mise à mort, tu vient de partir Maman et en plus je dois m'éloigner de papa, je ne veux pas y aller , Alex aussi s'en vas deux mois dans le Jura, on me dit que je dois voir autres choses , d'autres visages, mais que vont dire les autres quand je ferai pipi au lit ? ils vont se moquer de moi, Oh Maman tu ne les aurai jamais laissez faire ! Avant de partir pour le Jura , Alex vient m'embrasser, je détourne mon visage, et si c'était pareil que le reste , ne plus le revoir, le perdre lui aussi il souffle à mon oreille" On ne vas pas mourir jamais". Deux heures d'une route interminable, papa est silencieux, il décoince un mot de temps en temps, il est contrarié, désespéré de tous les pores de sa peau, il est en train d'abandonner deux de ses enfants vers un lieu inconnu, à des gens jamais vu; Les Abricotiers, c'est écrit en gros à la peinture orange, un adulte salue mon père, et me sourit ensuite, mon moniteur un sorte de papa de vacances dit-il de son air guilleret , la ferme ! un papa je n'en ai qu'un et il vas partir . Christian le mono me tends la main , il n'aura pas la mienne, mon nom ?silence pour toute réponse, un revolver dans mon regard. Je le jure , à toi Maman et à la terre entière je ne dirai pas un mot, on ne me feras pas parler dans cette prison. Des jours de silence, je ne me force pas , et Christian ne me force pas non plus , " Je sais pour ta Maman me dit-il un matin ; "Non tu ne sais rien " je ne lui ai pas répondu, il m'aide à cacher mes draps trempés dans le fond du panier à linge. Juste compter les jours qui restent.Je glisse mes doigts entre les chemisettes rangées dans la petite commode près de mon lit, plus de photos, je fouille , elle n'est pas là, j'étale mes habits sur le lit ,toujours rien, c'est Willy j'en suis sûre , votre photo de mariage est déchirée elle coule au fond des toilettes, je vous regarde en morceaux toi et papa, je m'affaisse la tête dans la cuvette, je pleure, j'éprouve de la haine, un désir de meurtre, cette vie en communauté m'apprends à haïr. Allez file te coucher me demande Christian de derrière le paravent , l'air est saturé, électrique je fixe les morceaux de photo déchirés Christian tourne l'interrupteur, je bondis hors du lit, traverse la chambre à toute allure, je saute sur le lit de Willy, j'empoigne ses cheveux, il hurle à la mort, je le traîne sur le sol, défonce la porte des toilettes à coups de pieds, sa gueule de monstre cogne contre le carrelage, puis sur le rebord de la cuvette, mes doigts sont des serres d'aigles plantés dans son crâne, je hurle, il hurle Christian qui à rappliqué hurle aussi, il essaie de me retenir par les jambes, part la taille comme il peut, trop tard j'ai ,plongé la tête du monstre tout au fond, la bouche ouverte dans la pisse, le sang de Willy se mélange à la pisse. On m'a envoyé dormir chez les grands ce sera la dernière nuit, Gina me murmure des mots de réconfort, elle ne me lâche pas la main, je ne gémis pas , je suis juste saisi du tremblement  continu,  tout à l'heure , on m'a jeté sous la douche froide pour me calmer, j'étais comme un petit oiseau mort; demain papa vient nous chercher. Je serai toujours ton bébé , Maman chérie, un jour j'aurai ton âge, trente trois ans, l'âge ou tu t'es arrêter de vivre, pour rester ton enfant adoré, mon futur ne peut s'écrire qu'avec nos souvenirs. Voilà la triste enfance de Cali Nul ne guérit de son enfance comme le chantait Jean Ferrat , elle revient la souffrance par vagues tout au long de sa vie, remontant à la surface de notre mémoire.

lundi 23 avril 2018

Mon rêve d'or et de neige de Martin Fourcade écrit en collaboration avec Jean Issartel



L'envie de faire du sport est venu très tôt, il à grandi dans une famille de passionnés de sport, avec une préférence pour les sports nature et les Pyrénées comme terrain de jeux Hockey, ski de fond; kayak, VTT. Il fait six heures de vélo en montagne en enchaînant plusieurs cols! c'est un rouleau compresseur ! Il serait certainement exagéré de dire que tout c'est joué là, dans cette jeunesse libre et joyeuse que nous ont offerte nos parents, avec pour moi cette place que le destin m'a réservé au milieu de la fratrie , Brice le benjamin et Simon  l'aîné. Ma mère , orthophoniste et mon père accompagnateur en montagne, ont pris la gestion d'un gîte très isolé à une demi heure de Font Romeu , quant j'avais 6 ans. Bien que mes parents  étaient très occupés entre le gîte et leurs activités professionnelles , ils trouvaient du temps pour que partions en vacances tous ensemble; ainsi en 1996 , nous avons passé l'été au Quebec c'était l'année des jeux Olympiques à Altanta et Simon et moi regardions à la télé dans le  salon des amis canadiens qui tenaient une miellerie du côté de l'île Saint Laurent , ma mère prétend que notre vocation  s'est nouée là face à l'écran qui retransmettaient les exploits de Michael Johnson ou Marie José Pérec . C'est naturellement que nous avons opter pour le ski de fond avec le ski club, nous avions trouvé le prolongement de ce que nous faisions en famille, les éducateurs insistaient plus sur le plaisir, la découverte du milieu que sur la technique. Mais déjà on voyait les trois frères Fourcade avaient quelques capacités, et dans mon cas, un goût certain pour la compétition , je faisais partie de l'équipe des Pyrénées Orientales et nous partions régulièrement en stage où en compétition dans les Alpes, c'est là que j'ai rencontré Hélène c'est fou de penser qu'Hélène est aujourd'hui ma compagne , la mère de mes enfants, notre relation à connu quelques interruptions depuis nos 14 ans. En fait mon frère Simon était devenu mon idole, il faisait partie d'une filière d'excellence , il était le meilleur biathlète junior français, je n'envisageais même pas de pouvoir marcher sur ces traces. Spontanément , ma progression et mes résultats dépassaient mes attentes, je gagnais des titres en biathlon , en ski de fond je faisais partie du top 5 français , et je m'étais qualifié sur les championnats d'Europe en Autriche. Mais je supportais mal l'internat et j'ai décidé d'abandonner le biathlon , mais cette démarche correspondait à ce dont j'avais besoin à ce moment de ma vie, peut-être aussi que les titres de champion du monde junior de Simon m'ont paradoxalement  effrayé , j'étais conscient de la somme de travail et de sacrifices qu'il avait du consentir pour en arriver là , pour ma part je n'étais pas capable à 16 ans , de serrer les dents pendant six mois. L'entraîneur de la section biathlon de Font Romeu avait changé à mon retour , Denis  Boissière avait pris les rennes du pôle, il connaissait mon parcours. J'ai opter pour le biathlon pour plusieurs raisons , d'abord pour faire comme mon frère mais aussi parce qu'au biathlon on peut éclore plus vite en haut niveau avant d'avoir 25 ou 26 ans . Je me suis qualifié pour disputer tout le circuit de la Coupe d'Europe 2007 durant cette période j'ai affronté régulièrement ceux qui allaient devenir mes adversaires principaux chez les seniors Tarjei Boe , Simon Schemp, Erik Lesser et toute cette génération 1988 très représenté aujourd'hui  en Coupe du Monde. Depuis ma deuxième année en Cadets j'ai été à la lutte, saison après saison et c'est en mars 2008 que j'ai été convoquer pour disputer ma première Coupe du Monde à l'occasion des finales dOblo , j'avais fait un bon début de courses, un tir couché correct avec une seule petite faute, au tir debout je n'étais pas trop mal placé, j'ai lâché cinq balles en dix neuf secondes! dont trois hors cible; le soir même, Jean Guillaume et moi étions dans l'avion pour rentrer en France avec une 61ième place pour moi et une 71ième pour lui ; dégoûtés, mais j'avais goûté à la magie de la Coupe du Monde. Je me suis luxé l'épaule gauche , un chirurgien  de Lyon m'assurait qu'il fallait m'opérer, j'ai fait le calcul dans ma tête opération égal six moi pour revenir, la saison commence dans un mois, si je me laisse opérer la saison 2008 2009 est foutu pour moi , c'est dur à 20 ans d'aller contre l'avis d'un médecin réputé , j'ai dit foutu pour foutu on tente le coup sans opération, si j'avais suivi la recommandation médicale j'aurais raté les jeux et je ne serai probablement jamais devenu celui que je suis aujourd'hui, quelques semaines plus tard, j'avais retrouvé l'intégralité de mes moyens et je battais tous les seniors lors de l'épreuve de sélection nationale pour aller en Coupe d'Europe ; je me suis retrouvé à Obertilliech avec l'équipe de France B , j'ai terminé deuxième derrière le Norvégien Lans Berger, cette place me donnait le droit de rejoindre les A pour disputer une Coupe du Monde , le directeur des équipes de France , Christian Dumont m'a dit finalement on ne vas pas te prendre avec les A, mais ce n'est pas grave, tu es jeune, tu auras d'autre opportunités , en sortant j'ai raconté ça à Vincent  Pornet l'ancien du groupe B il m'a dit ne te fait pas avoir Martin, vas gueuler , ne laisse pas passer ta chance, on passe trop vite de trop jeune à trop vieux, cette place tu l'a gagnée, personne n'a le droit de t'en priver .Grâce à lui, j'avais mis le doigt sur la vérité essentielle du haut niveau, il ne faut surtout pas croire ceux qui te disent " Tu es jeune tu as le temps" on n'a jamais le temps , il faut prendre tout ce qui est à prendre, maximiser à l'instant T , ta chance passe vite et parfois elle ne revient jamais. Je suis donc aller gueuler, et Christian Dumont ma donner ma place en groupe A Mes primes de courses en Coupe du Monde depuis le début de ma carrière m'ont rapporté  environ un million et demi d'euros , dont 380 000 la saison dernière, celle de mon record de victoires. Les tarifs sont connus, le vainqueur d'une Coupe du Monde empoche 13 000 euros brut, le deuxième 10 000, le troisième 7 000 jusqu'au 15ième qui se contente de 500 euros.Il faut ajouté à cela les primes données par le comité olympique français pour les médailles des jeux 50 000 euros pour l'or, 20 000 pour l'argent et 13 000 pour le bronze. Martin n'a pas encore 30 ans et il a déjà marqué l'histoire du sport il est un vrai modèle pour des millions de Français et de fans de sport partout dans le monde. Son rêve d'or et de neige s'est réalisé à force de sacrifices, de courage, de rage , d'obstinations il n'a rien lâché .

dimanche 21 janvier 2018

Le maître de midi de Chiristian Quesada avec Nicolas Torrent


Mes parents sont tous deux issus de familles espagnoles installées en Algérie département français à partir de 1889, ces Espagnols qui portaient l'Andalousie dans leur chair devinrent des pieds-noirs comme les autres. Lorsque mes parents se marient en 1950, ma mère travaille comme coiffeuse, mon père, lui travaille comme comptable pour la compagnie des tramways électriques d'Oran. En 1952; la naissance de Marc le premier de ses quatre fils, maman quitte son travail , pour accomplir la mission ancestrale que lui ont transmis toutes les femmes de la famille, faire tourner la maison, Roger, le deuxième fils viendra au monde un an plus tard et maman s'épanouit dans cette nouvelle vie. Sur le moment comme la plupart des pieds-noirs, mes parents ne saisissent certainement pas la portée de ce qu'ils entendent à la radio aux premiers jours du mois de novembre 1954 :"Heures troublées en Algérie où en plusieurs endroits du territoire une séries d'attentats ont été commis dans la nuit qui précède la Toussaint ; mes parents ne se sont pas imaginés, lorsque naît leur troisième enfant Patrick en 1958 que l'Algérie à déjà bien changée en quatre ans, il y a des quartiers où mieux vaut pas traîner le soir. A l'été 1962  mes parents se retrouvent entassés avec leurs trois marmots sur un paquebot débordant de pieds-noirs direction la métropole . Né le 20 mai 1964, je suis l'enfant de l'exil un "pied-vert"comme on disait à l'époque par référence à la couleur du nouveau drapeau algérien ; une expression qui raconte mes racines, dans un pays qui n'est plus le notre. Je suis le dernier de la lignée, et donc une fierté, la mascotte de la famille. On habite à Antony dans les Haut de Seine la banlieue sud de Paris, dans cet immense bâtiment qu'on appelle le grand L, les pieds-noirs replantent les graines de leur vie passée. Le samedi matin, papa prépare la paëlla qu'on mange chaude à midi et froide le soir, le dimanche c'est poulet rôti, et dans la semaine maman prépare toujours le couscous et les mantecados, ces parfums de semoule et de cannelle cuite sont mes premiers repères dans le monde des pieds-noirs ; toutes les femmes parlent comme Marthe Villalonga, quand aux hommes , leurs mots sont rares, quelques métaphores que j'entends de la bouche de mon père " Une main devant, une main derrière" "La valise où  le cercueil ! " Mon grand frère Marc m'apprendra à lire, écrire, compter, classer , lister ,relier ,analyser ,comparer et recommencer  ;tous les soirs, il s'assied près de moi pour m'apprendre à lire B et A= BA  P et A = PA Marc assumera ce rôle de précepteur durant toute mon enfance, avec un brio et une dévotion absolument hors du commun. L'été c'est le temps des retrouvailles chez ma tante et son mari qui ont deux enfants ils habitent à Perpignan dans un petit appartement au Moulin à vent, on s'entasse à dix dans la 404 bleue   de mon oncle jusqu'à la plage du Racou à Argelès sur Mer .Et lorsque Neil Armstrong fait son premier pas sur la Lune, je lis dans le regard de mes cousins et de mes frères une émotion que je n'avais jamais vu jusque là , cette émotion me fait prendre conscience que nous assistons à quelque chose d'historique le premier pas de l'homme sur la Lune, la conquête de l'espace, pour être sûr de ne pas l'oublier, je demande à Marc la date et l'heure exacte , nous sommes le 21 juillet 1969 , il est 3h56  du matin, et pour la première fois de ma vie , j'accède à "ce tiroir de rangement" au fond de mon cerveau ce plaisir de mémoriser ne fera que grandir. C'est une drôle d'aventure, le Dictionnaire, la première fois que je l'ai ouvert, j'étais tout petit, c'était le " Larousse", j'ai trouvé ça magique que quelqu'un ait pensé à regrouper tout les mots dans un même ouvrage ; alors j'ai commencer à le lire. Au collège l'histoire et la géographie vont me passionner, les cours de français aussi, mais pour tout ce qui touche aux sciences, ça se révèle plus compliqué, avec les maths, ce sera carrément la guerre! pourtant je suis très doué en calcul mental, je m'entends très bien avec les chiffres, mais les mathématiques pures, les théorèmes, les équations, les problèmes, tout cela m' horripile . J'ai enfin trouvé mon sésame, la clé pour lire le dictionnaire, il faut y aller doucement, j'ai jaugé le volume des pages pour chaque lettres, et j'ai réalisé qu'il ne fallait surtout pas commencer par le A; le A c'est 4 992 mots j'ai donc fait mon tri, et pour la première mise en jambe j'ai choisi le U 450 mots, ensuite je suis passé au N 13000 mots, j'en suis à peu près là; lorsque nous quittons la cité, l'appartement est plus grand au cinquième étage de la cité Guillebard, les deux aînés Marc et Roger ont chacun leur chambre , Patrick partage la sienne avec moi, et dans cette chambre, on a accès à une petite pièce, une sorte de cagibi sans fenêtre dans lequel on commence à stocker tous nos livres, très vite cet endroit devient mon territoire, j'y passe des heures le nez plongé dans mes livres, mon atlas mes albums et mon dictionnaire. Les définitions défilent sous mes yeux et m'emmène dans un voyage chaque fois différent, le Larousse devient ma nouvelle obsession ; il m'arrive même de lire autre chose, notamment le Quid . L'Histoire, la Géo c'est l’autoroute pour moi, je connais tous les pays,tous les fleuves, toutes les frontières, toutes les dates, toutes les statistiques, population, PIB, taux de natalités et mortalités, je suis imbattable; je ne suis pas le garçon le plus populaire du collège, je suis solitaire, je vis en parfaite harmonie avec moi même. En janvier , le Proviseur nous convoque mon père et moi pour nous annoncer mon exclusion définitive, c'est vrai que je sèche les cours pour aller au musée regarder des cassettes vidéos sur l'intelligence collectives des fourmis. Et que fait-on quand on n'a plus ni devoirs, ni horaires , ni aucune obligations, à première vu, rien, en fait je traîne beaucoup au centre Pompidou, et dans le quartier de la fontaine des Innocents, je fais le tour des disquaires, qui me dévoilent toute l'étendu du Rock progressif, et puis je reprends le Quid, je me passionne pour la partie qui traite les célébrités et je m'invente un jeu , en prenant une page au hasard, j'en récite à voix haute tout le contenu, je passe des nuits entières dans mon cagibi, et je fais tourner ma matière grise à plein régime, mon ambition? devenir incollable . Souvent en fin de journée,  je sors de mon cagibi, et je m'assied près de ma mère sur le canapé du salon pour regarder des chiffres et des lettres, contrairement à ma mère, je n'ai pas besoin de prendre des notes, je fais tout de tête et assez rapidement, je m'aperçois que je suis souvent meilleur que les candidats, je suis loin d'imaginer à quel point ce jeu vas chambouler ma vie. J'ai gagner un voyage à Las Vegas en répondant à un jeu à la radio, mais de retour à la maison l'ambiance n'est plus la même, mon frère Marc ne vas pas bien , il est dépressif , et finira par ce défenestré de notre cinquième étage, Marc m'avait tout transmis, en particulier sa quête d'excellence , je retourne dans mon cagibi, je suis en colère, comme si j'avais besoin de répondre à cette injustice, Marc m'avait donner le goût des mots, des fiches, de la gymnastique cérébrale, alors à ma manière je vais lui rendre hommage ; et sur la couverture de mon bloc notes j'écris en lettres capitales : BE THE BEST ! Ma Mission dans un premier  temps consiste à décortiquer tous les mots de la langue française, le moteur qui m'anime depuis le décès de Marc vas me  faire tenir quatre mois, sans lâcher la moindre page, et c'est en automne 85 que je vais me faire sélectionner aux jeu des chiffres et des lettres, puis je dois faire mon service militaire, lors des permissions il m'arrive de disputer un tournoi . A la fin de l'année j'ai l'heureuse surprise d'être convoquer par Antenne 2 pour le trophée des champions à Monaco , puis tout au long de l'année je vais participer à de nombreux jeux qui me permettront de m'installer seul dans un studio. c'est la débâcle, une trentaine de personnes vienne faire la fête presque tous les soirs, ils ont tous vingt ans , je fais la connaissance d'Alexandra et là je tout craquer pour elle, elle est accroc à la cocaïne . En juillet 2014 je suis à sec, j'ai plusieurs crédits conso sur le dos , je n'ai plus un seul ami, mon appartement est devenu une décharge, je ne sais plus à quand remonte la dernière fois où j'ai sorti les poubelles, les huissiers arrivent et je suis expulsé , où aller, je n'ai même plus de téléphone, je me retrouve à la rue; je suis entrain de somnoler quand mon voisin de paillasse "dégoupille" à cause d'une bière disparut, ça braille dans tous les sens, c'est ça  le plus désagréable dans la rue les embrouilles. Le destin va me faire un petit sourire, je retrouve mon copain Christophe mon copain d'armée, qui voyant mon état physique et vestimentaire comprends très vite que je suis en galère et l'air de rien il m'invite à passer quelques jours chez lui, il me file des fringues et une serviette pour que je puisse prendre une douche. J'ai retrouvé ma superbe, ma vie de clochard est bel et bien derrière moi, j'ai disputer six tournois  pour cinq victoires, je suis retourné chez mes parents, et j'ai retrouvé ma chambre d'ado, je me suis acheté un ordinateur, j'ai une quantité d'informations illimitées , plus besoin de tourner les pages  d'un livre pendant des heures. Je vais refaire des compétition , des chiffres et des lettres, dans quelques villes et c'est là que je vais rencontrer Emilie , ma femme, et que Clément naîtra le 26 août 2009 et c'est moi qui couperai le cordon, le 25 décembre 2010 naîtra Robin notre second fils, ma femme travaille et c'est moi qui m'occupe des couches, biberons,balades en poussettes . A quatre vingt six ans maman n'est pas au mieux de sa forme, papa nous à quitter en février 2012 , moi non plus je ne tiens pas la grande forme, mon couple n'a pas tenu, la différence d'âge peut être , les horaires de boulot décalés,ou simplement l'amour fané trop vite, notre divorce à été prononcer en mai 2012 après quatre ans de mariage. Je n'ai trouvé que des petits  boulots, je n'étais qu'un vieux quinquagénaire sans diplôme, je me suis retrouvé sans emploi, et surtout sans chômage, sans indemnités juste au RSA. Maman nous quitte le 8 mars 2015 , elle en profite pour me chuchoter  un dernier conseil à l'oreille toujours avec son accent de Marthe Villalonga , il faut que tu ailles à la télé pour les 12 coups de Midi c'est un jeu pour toi. C'est vrai qu'il n'est pas mal fichu ce jeu, des questions de cultures générales, avec une épreuve de rapidité en plus .Dans la salle de sélections nous sommes une bonnes soixantaines de personnes; " Bonjour je m'appelle Christian, je vais avoir cinquante un  ans , j'ai deux petits garçons, j'habite en Alpes de Hautes Provence." Deux mois après les sélections, je reçois un coup de fil de la production, bonne nouvelle je suis pris, hélas on m'annonce aussi que je suis pas convoqué avant l'année suivante, sans date précise. Enfin je décroche un CDD  d'un mois à ALDI un poste à tout faire. Fin mai on m'appelle, je suis euphorique, il me faut de l'argent pour monter à Paris, et me munir de huit tenue différentes pour pourvoir en changer à chaque émissions enregistrées; Emilie et  Roger mon frère me prête de l'argent, juste avant de partir je cherche l'alliance de Maman, je la mets à l'auriculaire de la main droite depuis son décès , je m'agace, je ne la retrouve pas, et puis en rangeant mon sac , je la trouve là, c'est un miracle, c'est un signe je m'endors sereinement .210 412 euros de cadeaux çà fait une sacré liste au Père Noël, j'ai gagné sept voitures moi qui n'ai pas le permis , et un chèque de 599 250 euros quand on à connu la misère ça change sa vie .