lundi 16 septembre 2019

J'ai choisi d'être médecin chez les Touareg de Soeur Anne-Marie




Anne-Marie Salomon aidé par sa congrégation à fait des études de médecine quelle a entreprise quand elle avait 45 ans parce qu'elle voulait exercer en Afrique de préférence dans le désert.
Anne-Marie Salomon solide et grande femme imposante et curieuse dans son immense boubou bleu ciel que tout le monde connaît ici depuis qu'elle est venu soigner les nomades du désert les Touaregs  et aussi les Songhaïs et les Peuls du Sahel ,toutes ethnies mêlées.
En pirogue ou en 4X4 à dos de chameau ou à pied elle avance , et ils avancent vers elle par caravanes entières, les nomades Touareg et les autres dans ce coin perdu de la boucle du Niger au nord du Mali.
Depuis plus de 30 ans, sœur Anne-Marie docteur en médecine prodigue soins aux enfants squelettiques et aux mamans épuisées , à tous les blessés et les malades. La voilà dans son boubou bleu ciel et parfois violet 'le violet met en relation avec Dieu et le bleu met en relation avec les autres' dit elle en attrapant un gosse de 4 ans, un petit Hassan, qui revient de France où il vient de passer 6 mois , le pied était de travers, on l'a redressée à Montpellier,à peine  émue, elle tâte les os les fait pivoter" Bon travail dit -elle  en reposant le petit  moi je ne peux pas faire la grande chirurgie On l'appelle de partout, nos dispensaires et centres de soins sont dispersés dans un rayon de 150km, ici en outre, je dépends, pour l'administration de Tombouctou, mais pour se rendre à Tombouctou il faut compter 8h, heureusement nous y allons en 4X4 dans chaque centre  , ils nous ont été donner par don des Rotang et d' autres associations.
Mais nous voilà partis pour Gossi 5 heures de route, au Mali on appelle une vrai  route"le goudron", mais jusqu'à Gossi vous ne verrez plus que des tentes disséminés de ci de là, le désert, et puis la ville enfin si l'on peut dire, plutôt un très gros village, blotti contre une mare, pour visualiser Gossi, pensez à un cercle de 10km de rayons, parsemé de tentes de cubes de terre, de ruelles interminables ou courent enfants et animaux 
Ici tout le monde m'appelle Anne-Marie, j'ai rencontré des groupes qui venait du Grand Nord,  du Nord du Sahara, ils avaient été chassé par la sécheresse, deux grandes sécheresse terrible en 1973, 1983 et 1984, la désolation ils sont donc descendu vers le Sud, cette région que l'on appelle le Gourma, dont Gossi est le centre. Vous ne pouvez pas imaginer j'ai secouru des réfugiés qui n'avaient plus rien et ce n'est pas un vain mot ils erraient dans la ville et ils finissaient par aboutir au centre public de soins, là où j'arrivais pour mon stage d'externat en 1984.
J'ai fait un premier stage d'externat qui commence à Bamako, la capitale et qui se poursuivit a Gossi pendant 4 mois.;puis je suis reparti en France ou j'ai fait un deuxième stage d'internat. Quand je suis revenu en 1988, ayant traversé le désert avec médicaments et matériel la ville de Gossi c'était débarrasser de cette foule de réfugiés on les avais mis de l'autre côté de ce qu'on appelle la mare, la ville apparaît comme un oasis; visualise la mare comme un immense étang qui peut parfois atteindre 30 km de long, j'ai demandé à Bamako à mes patrons de médecine, s'il connaissait quelqu'un qui pourrait me servir à la fois d' interprète, de guide et de chauffeur, ils m'ont dit d'aller voir un monsieur nommé Sado, il était chauffeur dans un organisme qui creuse des mares pour y conserver de l'eau de pluie, ça permet aux gens d'abreuver et d'alimenter leur troupeau, cette entreprise avait terminé son projet comme disent les ONG,  les ONG sont souvent comme ça elles ont une idée, elle l'a transforme en projet ,elle touche l'argent pour la réaliser et ensuite au revoir!
Zado, m'a dit demain je vous donnerai la réponse j'ai besoin de réfléchir, et le lendemain quand je suis revenu, il était à la porte et il m'attendait, il m'a dit il faut que vous sachiez, avant de rentrer chez moi, que c'est vous qui venez me chercher, c'est Dieu qui vous envoie, il a laissé sa famille et nous sommes partis ensemble, oui il faut comprendre ici vous savez, on peut avoir de la famille à 500km, n'oubliez pas que vous êtes chez des nomades.
J'ai appris à Zado et à sa femme qui est venu par la suite à mettre des sondes urinaire, je ne soigne jamais un homme toute seule, je veux pas donner la possibilité à quelqu'un de dire quoi que ce soit, il arrive assez fréquemment la nuit, que l'on vienne frapper à ma porte pour une rétention d'urine, je cherche l'accoucheuse,  soit un membre de la famille on met immédiatement la sonde qui permettra au patient d'attendre jusqu'au départ pour l'hôpital. Sado fait aussi les urgences, moi je vois surtout les femmes, parce que je suis la seule dans la région à faire de la gynécologie, je les soigne soit pour avoir des enfants, soit elles voudraient avorter et la je leur explique avec Hadjatou (l'épouse de Zado) qui est comme une sage femme à mes côtés qu'on ne veut pas le faire,on leur explique qu'elle garde l'enfant on l'aidera à l'élever.
Il existe aussi des histoires étranges, un jour, un père arrive avec sa fille et me dit : voilà, ma fille était mariée et son mari l'a divorcé , il me dit pourquoi: parce qu' elle n'a pas de trou ! Je l'examine avec Hadjatou et lui dit votre fille est normale ; je l'examine lundi prochain au laboratoire, et je m'aperçois qu'elle est très infectée je lui fait les prélèvements avec le plus gros spéculum et on y trouve toutes les infections possible on lui prescrit 2 traitements pendant 10 jours.je l' explique au père et il me dit il faut appeler la forgeronne, la forgeronne c'est un peu la griotte, la conteuse de récit et de nouvelles.
J'appelle donc la forgeronne, je lui montre la fille et lui explique que tout est normal et que le traitement sera long, mais la fille refusait de rester, elle voulait que la forgeronne aille d'abord crier dans le campement qu' elle avait un trou, la griotte l'a fait et par la suite, a remarié la fille.
Moi j'avais cru, au début, que le mari avait prétendu qu'elle était anormale , afin de récupérer la dot, qu'il avait donné pour avoir la fille, car c'est la famille du marié qui paie, et si il n'est pas de la même ethnie le prix est plus élevé, la fille, elle, apporte un troupeau, un trousseau , la tente, on dit que les femmes Touareg son chef sous leur tente, c'est vrai pour le temps où elles sont mariées, puisque l'on peut divorcer comme on veut....Avec l'autorisation du marabout mais cette histoire d'absence de trou, c'était pour la salir tout simplement. Le jeudi je vois les tuberculeux, les gens qui ont le sida, viennent aussi une fois par semaine, le samedi, on disait que le Mali était le pays le plus atteint par le sida:  non ce n'est pas vrai, nous n'avons jamais été considéré comme très atteint, mais certaines associations prétendent le contraire pour obtenir de l'aide.
Parfois je fais évacuer en France des enfants, j'envoie un dossier a Espoir pour un enfant ,une association, c'est tout un réseau pour accueillir les enfants et les faire prendre en charge dans la famille, moi je m'occupe du billet d'avion. La compagnie africaine qui me donne en général des billets gratuits je ne paie que les taxes c'est 100 € par enfant, mon adjoint s'occupe du passeport et du visa et puis je les mets dans l'avion, ensuite Aviation sans frontières viens les chercher à Paris.
Voici une question que nous n'avons pas encore abordé, vous faites payer les consultations? oui, pour qu'ils se prennent en charge! Parce qu'il faut bien comprendre que dans nombre de pays africains l'Européen est là pour aider, pour bien des gens, le Blanc est un porte-monnaie... Zado, et ceux qui travaillent avec moi sont gêner de constater cette attitude ce qu'on attend du Blanc, les ONG, humanitaires de toute espèce c'est de l'argent d'abord. On peut à la rigueur considérer cela comme une sorte de compliment " Si tu es riche, c'est que Dieu t'a béni, tu vaux mieux que moi "mais cette quête permanente m'agace, nous ne sommes pas des boîtes à sous.Nous demandons 6 € pour l'hospitalisation et le suivi du patient, à partir du moment où ils ont payés, on leur donne 6 kilos de mil par semaine et du lait qu'on fait payer 3€, cinq fois moins cher que dans le commerce, comprimés compris si il y en a. Quand je suis arrivé en Afrique, il y avait des gros rat jaune couleur sable, énormes qui se promenaient dans la maison, ils m'ont manger des médicaments de réserve, on m'a donné un chat puis un autre qui ont fait le ménage si on peut dire et qui se sont multipliés, le problème ici c'est que les gens ne veulent pas tuer les chats même petit, parce que le prophète avait un chat qui mangeait dans son assiette; et figurez vous que lorsque je partais en France, pour chercher de l'aide, de l'argent, mes chats étaient toujours en état, comme on disait chez nous quand j'étais petite.
Il faudrait que nous revenions au commencement, vous aviez 45 ans quand vous avez entrepris des études de médecine afin de soigner les Africains pourquoi et pourquoi si tard ? Vous apparteniez depuis des années à une congrégation religieuse assez peu connu les sœurs de la Retraite de l'Ouest.Vous êtes bretonne ?  pas tout à fait, l'ordre de la Retraite, c'est vrai, a été créé par deux bretonnes, Catherine de Francheville et Claude de Thérèse de Kerméno .Elles avaient  fondées une maison de Retraite pour que les femmes comme les hommes puissent pratiquer les exercices spirituels de Saint-Ignace, s' imprégner de ce que l'on appelle la spiritualité Ignacienne (Le monde est le lien où l'homme puise ses richesses, ou il est appelé à poursuivre la création, ou l'Homme collabore à l'œuvre divine).Ce qui suppose que l'homme soit formé, à des valeurs comme le respect, l'ouverture aux autres, mais aussi à l'intelligence du monde, et à la volonté. Chacun est appelé à développer ses dons personnels, les développer par la réflexion, sur ce qu'il vit dans son domaine d'activité mais aussi une formation intellectuelle aussi large que possible. Les  sœurs de la Retraite, congrégation à laquelle appartient Anne Marie sont se spiritualité ignacienne ; elles agissent dans des secteurs très variés: accompagnement social , éducation , aumônerie, monde de la santé, retraite ...Moi mon père était originaire de le Rochelle, ma mère  de Lyon, il était médecin,il a connu ma mère qui s'était engagée comme infirmière militante pendant la guerre de 1914 1918 . J'ai fait des études chez les sœurs de la Retraite de Vannes , je me plaisais bien chez elles ,qu'est ce qui vous attirait chez ses religieuses ?  elles étaient toujours joyeuses, on consacrait beaucoup de temps à la prière que j'aimais beaucoup, donc je suis rentré  en novice à Lannion ou se trouvait notre maison mère , on m'a envoyer faire des études de maths, parce que j'étais bonne en maths, pour mes supérieures , je serai professeur de maths , je me suis inscrite à la fac des sciences de Nantes, ou  j'ai obtenu une licence de maths appliquées , ensuite j'ai poursuivi quelques études à Rennes, puis à Angers et j'ai obtenu la maîtrise de physique. Dans votre ordre vous l'avez dit , on vous formait à la spiritualité ignacienne , celle des jésuites ; si on vous demandait de la définir  , que diriez vous ? Pour moi c'est une réponse personnelle à Jésus Christ , on fait voeu d'obéissance , mais ce n'est pas une obéissance aveugle, c'est une réponse à Dieu, après avoir discerné dans la prière le chemin à suivre; une certaine liberté au service du Seigneur . Vous dites  "répondre librement à l'appel du Seigneur et nous avons remarqué que vous parlez à Dieu, jamais à Jésus Christ pourquoi ? en fait , quand je suis arrivée à Gossi  je disais souvent aux gens que j'appartenais au " Seigneur " ; Or un jour , lors d'une campagne de vaccination, je me trouvai seule dans un endroit désertique  en voiture  avec un chauffeur et un guide , le guide , mi sérieux, mi souriant me propose de passer la nuit avec lui ; alors un peu gênée , je lui réponds brusquement " Mais j'appartiens au Seigneur  donc ce n'est pas possible !"alors lui s'en se démonter  réplique , mais tu ne sais pas que c'est nous les seigneurs du désert !A partir de ce jour , j'ai pris conscience de la confusion que le mot " Seigneur" pouvait apporter dans les esprits, et j'ai décidé  de ne parler que de Dieu  , langage plus conforme aux croyances de mes frères musulmans , pour eux Jésus n'est qu'un prophète. Mon père me disait " C'est dommage  que tu ne fasses pas médecine, parce que tu aurais eu un bon diagnostic " parce que quand j'étais jeune fille , je l'accompagnais  chez certains malades  et il m'est arrivé de lui tenir tête en lui disant " Cette personne à telle maladie ....Ma mère n'avait pas beaucoup approchée de religieuses mais semblait parfois regretter de ne pas avoir choisi cette voie ..elle avait aussi la foi, car elle avait demandé à Dieu d'avoir encore un enfant à l'âge ou les autres sont grands mères, elle lui avait dit qu'elle lui laisserait ,après s'il le voulait . Quel âge avait -elle , quand elle vous à eu  ? Quarante trois ans !
Je voulais répondre à ce que Dieu voulait . J'avais une idée en tête , une volonté qui à fait l'unité  de tout mon parcours , de ma vie.