La mère est une ancienne institutrice du nord de la France, jadis marié à un instituteur. Impatients et séduits à la fois par les affiches de propagandes et par la lecture de Pierre Loti tout deux vont tenter l'aventure coloniale. Après des années relativement heureuse, le père meurt, et la mère reste seule avec ses deux enfants Joseph et Suzanne . Elle joue du piano à l'Eden -Cinéma , fait des économies, obtient après d'infinies démarches, une concession à la Direction générale du cadastre, laquelle Direction n'ayant pas reçu de dessous de table lui attribue à dessein une concession incultivable. La mère qui n'a d'autre but que de laisser un bien à ses enfants s'entête. Elle a l'idée de construire contre les grandes marées du Pacifique un barrage qui protégerait ses terres et celles de ses voisins. Son veuvage, son ancienne appartenance au corps enseignant et la charge de ses deux enfants lui donnaient droit prioritaire sur une telle concession. Dès la première année elle mit en culture la moitié de la concession ; elle espérait que cette première récolte suffirait à dédommager en grande partie des frais de construction du bungalow . Mais la marée de juillet monta à l'assaut de la plaine et noya la récolte. Croyant qu'elle n'avait été victime que d'une marée particulièrement forte, et malgré les gens de la plaine qui tentaient de l'en dissuader, l'année d'après la mère recommença , la mer monta encore . Alors elle dû se rendre à la réalité; sa concession était incultivable. Il est vrai que la mer ne montait pas à la même hauteur chaque année ; mais elle montait toujours suffisamment pour brûler tout, directement ou par infiltration. Exception faite des cinq hectares qui donnaient sur la piste, et au milieu desquels elle avait fait bâtir son bungalow, elle avait jeté ses économies de dix ans dans les vagues du Pacifique. Le choix des attributions leur étant laissé, les fonctionnaires du cadastre se réservaient de répartir, au mieux de leurs intérêts, d'immense réserves de lotissements incultivables qui, régulièrement attribués et non moins régulièrement repris, constituaient en quelques sorte leur fonds régulateur. Sur la quinzaine de concessions de la plaine de Kam, ils avaient installé, ruiné chassé, réinstallé, et de nouveau ruiné et de nouveau chassé, peut-être une centaines de familles. Les seuls concessionnaires qui étaient restés dans la plaine y vivaient du trafic du pernod ou de celui de l'opium, et devaient acheter leur complicité en leur versant une quote-part de leurs ressources irrégulières, " illégales" disaient les agents du cadastre. La juste colère de la mère ne lui épargna pas, deux ans après son arrivée, la première inspection cadastrale. Ces inspections toutes formelles se réduisaient à une visite au concessionnaire auquel on venait rafraichir la mémoire , on lui rappelait que le premier délai était passé. Il serait étonnant, rétorquait l'agent, que notre gouvernement général ait mis ,en lotissement un terrain impropre à la culture. La mère, qui commençait à mieux y voir dans les mystères de la concussion , fit valoir l'existence de son bungalow . Celui-ci n'était pas achevé mais représentait quand même, incontestablement, un commencement de mise en valeur qui devait lui valoir un délai plus long? Les agents s'inclinèrent , elle avait un an de plus devant elle. Forte du délai que lui avait valu son bungalow, la mère mit les agents de Kam au courant de ses nouveaux projets . Ceux-ci consistaient à demander aux paysans qui vivaient misérablement sur les terres limitrophes de la concession de construire, en commun avec elle , des barrages contre la mer. Ils seraient profitables à tous. Ils longeraient le Pacifique et remonteraient le rac jusqu'à la limite des marées de juillet. Il fallait étayer les barrages avec des rondins de palétuviers . De ces frais là, naturellement, elle devait se charger seule. Elle venait alors d'hypothéquer le bungalow qui n'était pas terminé. Elle dépensa tout l'argent de l'hypothèque à l'achat des rondins et le bungalow ne fut jamais terminé. Le docteur n'avait pas tellement tort, on pouvait croire que c'était à partir de là, que les crises de la mère, par l'évènement de cette nuit fatale que ces barrages amoureusement édifiés par des centaines de paysans de la plaine enfin réveillés de leur torpeur millénaire par une espérance soudaine et folle et qui en une nuit, s'étaient écroulés comme un château de cartes sous l'assaut élémentaire et implacable des vagues du Pacifique. " On vient cria-t'-il gueule pas comme ça ." Il se dépêchait d'arriver près d'elle, elle était rouge et larmoyante comme toujours depuis qu'elle était tombée malade , tu ferais mieux de prendre tes pilules dit Suzanne au lieu de gueuler. Il leur avait semblé à tous trois que c'était une bonne idée d'acheter un cheval , puis ils se sentiraient moins seuls, cela dura huit jours , le cheval était trop vieux, il essaya de faire le travail qu'on lui demandait, et qui était bien au-dessus de ces forces, il en creva . Pour essayer de se consoler , ils décidèrent qu'ils iraient tous les trois à Ran pour voir du monde et se changer les idées. Ils allaient faire une rencontre qui allaient changer leur vie , en arrivant à la cantine de Ran ils virent stationnée dans la cour une magnifique limousine à sept places de couleur noire . C'est là que Suzanne rencontre pour la première fois M. Jo, un jeune homme qui paraissait avoir vingt cinq ans habillé d'un costume de tussor grège , quand il but une gorgée de pernod , elle vit à son doigt un magnifique diamant, Suzanne sourit au planteur du nord, il l'invita à danser. Sur sa demande elle le présenta à sa mère. Et c'est ainsi que M. Jo venait régulièrement au bungalow voir Suzanne. Dès les premiers jours la mère lui fit entendre qu'elle attendait sa demande en mariage. Il la tint en haleine par des promesses et surtout par divers cadeaux qu'il fait à Suzanne. Ces tête à tête enchantait la mère et s'il elle exigeait qu'il laisse la porte du bungalow ouverte, c'était pour laisser à M. Jo aucune issue que le mariage à l'envie très forte qu'il avait de coucher avec sa fille . Si M. Jo savait pas mal de choses, il savait qu'il ne pouvait pas épouser Suzanne, on ne se décide pas à épouser quelqu'un en quinze jours .M. Jo se faisait de plus en plus pressant et demandait à Suzanne de se montrer nue juste un instant quand elle se douchait, elle le fit et refermait immédiatement la porte de la salle de bains . La mère changea d'avis , elle décida qu'ils ne devaient plus rester seuls même avec la porte ouverte, elle lui avait parlé et lui donnait huit jours pour faire sa demande, il lui avoua enfin que son père avait d'autres projets pour lui, il lui promit cependant d'employer toutes ses forces pour y arriver à lui faire changer d'avis. Il promit à Suzanne de lui offrir un diamant si elle venait avec lui pendant trois jours à la ville . Et un soir il lui dit : Je l'ai ai apportés , vous pouvez choisir , trois bagues s'étalèrent au creux de sa main, ça vient de ma mère . Combien ça vaut demanda Suzanne ? Je ne sais pas , peut-être vingt milles franc . Je vous la donne, elle prit , ne la passa pas à son doigt, mais l'enferma dans sa main et sans dire aurevoir à M. Jo , elle courut vers le bungalow. Elle brandi la bague et dit à sa mère regarde il me l'a donné, vingt mille franc ça vaut !La mère demande à Suzanne de la lui confier pour qu'elle la voit mieux , puis s'en s'expliquer elle était allée dans sa chambre et lorsqu'elle était sorti de la salle à manger , Joseph et Suzanne avaient compris, elle était allée la cacher , elle cachait tout la quinine, les conserves, le tabac tout ce qui pouvait se vendre ou s'acheter. Maintenant la bague devait être entre deux lattes de la cloison ou dans un sac de riz ou dans le matelas ou bien attachée par une ficelle autour de son cou ; çà avait éclaté lorsque Suzanne était sorti de table, la mère s'est jetée sur elle et elle l'avait frappée avec ses poings de toute ce qui lui restait de force, Joseph n'avait pas protesté et l'avait laissée battre; dis le moi et je te laisserai : je n'ai pas coucher avec lui , Suzanne ne faisait plus que se protéger dis le moi répétait t'elle , Suzanne ne répondit plus . A l'heure habituelle , M. Jo déboucha du pont, assis à l'arrière de sa magnifique limousine, Suzanne se tenait debout devant lui, il lui prit la main et l'embrassa elle retira sa main de celle de M. Jo . Je suis venue vous dire de ne plus venir me voir , faut plus venir du tout, il paraissait mal entendre , qui à décidé çà , c'est elle ? votre mère ? C'est elle et Joseph est d'accord, vous ne leur plaisez pas et aussi à cause de la bague. Puisque je je vous l'ai donné, comme ça pour rien . C'est difficile à expliquer , faut que vous partiez. Vous êtes profondément immoraux dit M. Jo, on est comme çà . L'hôtel central où descendirent la mère , Suzanne et Joseph se trouvait au premier étage d'un immeuble en demi cercle qui donnait d'une part sur le fleuve et d'autre part sur la ligne de tramway de ceinture et dont le rez de chaussée était occupé par des restaurants, des fumeries d'opium et des épiceries chinoises. Cet hôtel était tenu par Carmen une fille de trente cinq ans , une brave fille pleine de respect . La mère demanda de l'aider à vendre le diamant de M. Jo . Dès le lendemain elle en avait parler à quelques uns , de plus elle mit dans le bureau de l'hôtel bien en vue, accroché par une pancarte suivante : A vendre magnifique diamant, occasion exceptionnelle s'adresser au bureau de l'hôtel . Elle conseilla à la mère d'essayer de son côté de le vendre soit à une bijouterie, soit à un diamantaire. Au bout de trois jours , toute cette stratégie n'avait donné aucun résultat . Le premier diamantaire auquel elle le proposa en offrit dix milles francs, et lui annonça que le diamant avait un grave défaut, " un crapaud" qui en diminuait considérablement la valeur. Joseph rentra encore chaque soir chez Carmen et chaque matin, la mère l'apercevait encore . Mais bientôt , Joseph ne rentra plus du tout, il disparut complètement, il avait réussi à vendre quelques peaux fraîchement tannées à quelques clients de passages à l'hôtel . Carmen s'est occupée de Suzanne, elle la coiffa, l'habilla, lui donna de l'argent, elle lui conseilla de se promener dans la ville en lui recommandant toutefois de ne pas se laisser faire par le premier venu. Suzanne s'appliquait à marcher avec naturel, on la regardait , on se retournait, on souriait , aucune jeune fille blanche de son âge ne marchait seule dans les rues de haut quartier, elles marchaient en groupe, elles étaient toutes environnés du parfum des cigarettes américaines, des odeurs fraîches , de l'argent . Elle trouvait toutes ces femmes belles, surtout elles marchaient comme des reines, parlaient, riaient. Elle ne trouva pas Joseph, mais tout à coup une entrée de cinéma, un cinéma pour s'y cacher. Un après-midi, comme elle sortait de l'hôtel Central, elle trouva la limousine arrêté , M. Jo alla vers elle , lui dit bonjour d'un ton triomphant je vous ai trouvée. on est venu vendre votre bague dit Suzanne ça sert à rien . je m'en fou dit M. Jo ou allez vous comme çà, je vais au cinéma. Si vous voulez je vous accompagne, ils y allèrent , de temps en temps il lui prenait la main, la serrait , se penchait pour l'embrasser, je t'aime lui dit il tout bas , une fois dehors seulement elle lui dit : Je ne peux pas, c'est pas la peine avec vous je ne pourrais jamais. Il ne répondit pas, c'est ainsi qu'il disparut de sa vie. Mais personne n'en sut rien, même pas Carmen, sauf la mère, mais beaucoup plus tard .Joseph se manifesta car il avait trouvé la personne qui devait acheté le diamant. Suzanne trouva la mère devant sa chambre , elle avait dans sa main une liasse de billets de mille francs; c'est Joseph annonça t'elle triomphalement Vingt milles francs ce que j'en voulais . Lorsqu'elle furent seules , Carmen apprit à Suzanne que c'était la femme qu'il avait rencontrée que Joseph avait vendu le diamant. Le lendemain la mère courut à la banque payer une partie de ces dettes , au bout de quelques jours ils ne restaient que très peu d'argent .Joseph revint un matin vers six heures et ils partirent à la plaine . Après leur retour le caporal qu'avait engagé la mère il y a déjà six ans n'avait plus rien à faire . La mère abandonna ses bananiers et elle ne planta plus rien, ils étaient devenu tous paresseux et parfois dormaient jusqu'à midi . Pendant les huit jours qui avaient suivi leur retour Joseph était fatigué et triste; il ne se levait que pour les repas, il ne se lavait guère. Un des projets les plus constants de la mère avait été de pouvoir un jour faire remplacer la toiture de chaume du bungalow par une toiture en tuiles, une de ses craintes que les vers se mettent au chaume avant qu'elle ait assez d'argent pour le faire remplacer et ses craintes se réalisèrent, lentement , régulièrement, ils commencèrent à tomber du toit, ils crissaient sous les pieds nus, tombaient dans les jarres, sur les meubles, dans les plats, dans les cheveux . Cependant ni Joseph , ni Suzanne, ni même la mère n'y firent la moindre allusion ; il n'y a que le caporal qui s'en émut, il se mit à balayer toute la journée durant, les planchers du bungalow. Il était huit heure du soir un long coup de klaxon se fit entendre sur la piste du côté du pont. Joseph fit un bond comme s'il venait de recevoir une décharge . Joseph partit un long moment, puis il revint s'arrêta devant la mère et la regarda, je m'en vais pour quelques jours je ne peux pas faire autrement, merde dit Joseph je te jure , je reviendrai, je laisse tout, même mes fusils, elles étaient sûres qu'il partait pour toujours ; seul lui en doutait encore. Il se passa ainsi trois semaines, pendant lesquelles rien n'arriva, ni une lettre de Joseph , ni une lettre de la banque, ni même un avertissement du cadastre. Suzanne attendait sur le pont , un matin elle vit arriver le fils d'Agosti , ta mère m'a envoyer un mot par le caporal elle a un service à me demander, elle voulait qu'il vende le diamant à M. Bart. Il revint quelques jours plus tard, il avait vendu le diamant à M. Bart Onze mille, j'ai l'argent dans ma poche. Qu'est ce que vous allez faire maintenant ? Je ne sais pas peut-être partir . Alors qu'il l'embrassait, elle fut dès lors entre ses mains, à flot avec le monde, et le laissa faire comme il voulait, comme il fallait. La mère eut sa dernière crise un après-midi en l'absence de Suzanne, Agosti était revenu le lendemain, la mère le savait, elle lui avait dit qu'elle pouvait se passer d'elle, qu'elle prendrait ses pilules toute seule. Suzanne pénétra dans la chambre le cercueil était posé sur quatre chaises ; Joseph portait un pantalon long, de beaux souliers en cuir roux et ses cheveux étaient coupés très courts, il était soigné et élégant .On va partir, dit Joseph; ça n'a pas d'importance qu'elle soit avec moi ou un autre, pour le moment, dit brusquement Agosti. Je crois que ça n'a pas tellement d'importance, dit Joseph, elle n'a qu'à décider. Je pars, lui dit Suzanne, je ne peux pas faire autrement. Joseph se leva et les autres firent de même. La femme mit la voiture en marche et Agosti et Joseph chargèrent le cercueil. La nuit était tout à fait venue. Les paysans étaient toujours là attendant qu'ils s'en aille pour s'en aller à leur tour. Mais les enfants étaient partis en même temps que le soleil.
mardi 17 décembre 2024
vendredi 15 novembre 2024
Le murmure des ancêtres d'Alexandrine Loubet
Alexandrine est morte ; elle est morte un jour de grand soleil dans sa maison , à Cominac, deux mois avant mon installation au village; une Alexandrine qui part, une autre qui arrive. Après mon déménagement, ma vie de professeure fonctionnaire dans les Hautes Pyrénées, un nouveau chapitre demande à s'écrire en Ariège. Je souffle à chaque bûche pour témoigner de ma fatigue, mon père ne réagit pas, mais d'où lui vient cette énergie ? A 76 ans, c'est impensable, je n'ai plus le coeur à l'ouvrage; mon père continue à la même cadence, sans présenter la moindre fatigue , il sifflote . C'est ridicule, je ne peux pas avouer que je n'en peux plus au bout d'à peine 1 heure . Le bourdon du tracteur, l'odeur de l'essence, le métal de la fendeuse, l'épaisseur ce ces gants en cuir qui ne sont pas à ma taille, le tas de bois à débiter qui ne semble jamais diminuer tout m'insupporte ! Et mon père qui sifflote et maintient le rythme .... L'hiver s'annonce dans cette grange mal isolée il faudra en mettre du bois dans la cheminée ! Je voudrai lire la fierté dans les yeux de mon père, qui voit que ça aussi elle sait faire, qu'elle n'est pas qu'une intellectuelle, que le fossé entre nous n'est pas profond. Je voudrai être parfaite, pour être sûre qu'il m'aime et qu'il me le dise . Etre parfaite à Cominac , c'est être vaillante . C'est dans les gênes, c'est la montagne . C'est qu'ici on est paysans, même si on n'a pas de vaches, ni de cochons on est paysans . Paysans c'est un état d'être, c'est une mentalité; paysans, parce que on est loin de tout et qu'on a du courage dans les veines, de père en fils et de mère en fille. Paysans parce que la vie c'est le travail et que le travail c'est la vie .Ailleurs ce pourrait être une insulte, ici c'est une qualité . Longtemps "Ariège ! Terre Courage" a été le slogan du département. Le temps est passé, les campagnes de promotion départementale aussi , après " Ariège les Pyrénées avec un grand A " ou encore " l'Ariège ça monte et ça descend mais ça n'est jamais plat " on vit désormais en " Ariège libre comme l'air " mais dans les esprits l'Ariège est restée " Terre Courage" comme une façon de rendre hommage aux habitantes et habitants . Le sang des montagnes ariégeoises qui coule dans mes veines infuse cela en moi, parfois comme une lourde charge, un fardeau qui tasse le dos . Dans mes gênes il y a la nécessité de se lever tôt pour s'occuper des bêtes même si le corps dit non, de déblayer la neige pour dégager les chemins, de faire les foins à la faux en plein soleil des jours durant dans les prés en dévers :l'habitude de faire soi-même une bête de somme et l'idée qu'il ne pourrait être autrement de peur du " qu'en dira t'on " L'injonction de se montrer respectable, et respectable ici ça veut dire vaillant . Ma peau frissonne sous l'air frais de ce petit matin d'automne et la contemplation me prends aux rêveries. Quarante ans que l'on se connaît, que l'on s'observe quarante et bien plus; avec la mémoire de mes ancêtres vibrant dans mes cellules , on peut parler en siècles . Alexie mon arrière arrière arrière grand père montreur d'ours à lui aussi grandi dans ce décor; c'est abyssal ! Me voici , donc ici accrochée à " flanc de montagne", à 850 mètres d'altitude dans le village natal de mon père; Cominac. Sur ce plateau que baigne le soleil de l'aube, jusqu'au crépuscule. Je suis venue à reculons dans ce décor idyllique, je voulais m'inventer une nouvelle existence dans l'Ariège artistique, l'Ariège bohême pas celle du creuset familial .Cette jeune fille de seize ans qui se prénommait Renée elle aussi est partie comme ses frères avant elle , tenter sa chance aux Etats-Unis. Elle travaillait près de Time Square dans le french restaurant de Marie Rose où elle servait les plus grands jazzmans qui lui réservaient toujours un accueil chaleureux, lorsqu'elle venait les écouter au club après son service , notre petite française s'est vite retrouvée avec une trompette entre les mains et il s'est avérée qu'elle avait d'incroyables dispositions, alors elle vécut quarante ans d'une double vie, un rythme joyeusement effrénée de serveuse trompettiste . Lorsque sonna l'âge de la retraite, son mari décida qu'il était l'heure de cesser ses activités new-yorkaise (qui n'était pas à son goût) pour rentrer au pays ; la mort dans l'âme elle l' a suivi, elle a bien tenté de faire vivre sa passion ici , mais le jazz à Cominac, ça n'a pas pris . Ce n'est pas un détour, c'est une rencontre qui se propose au visiteur, la maîtresse de cette bâtisse est une véritable figure archétypale "une dame au tablier" pour les accoutumés du monde rural, ces quelques mots suffisent à faire naître des images et jaillir quelques prénoms. A lui seul ce tablier raconte un pan d'histoire, un bout de montagne qui s'éteint petit à petit. toujours l'œil pétillant, un brin rieur, traduisait le germe d'enfance à jamais resté intact, et les joues rouges qui racontent toute une vie au grand air, aux quatre vents, dehors tous les jours, par tous les temps que connaisse ces villages de montagnes . Parce que ces femmes là, n'ont pas suivi la vague de l'exode rural et sont restées au pays, comme un coquillage accrocher sur un rocher qui vacille pas sous l'influence changeantes des marées. Bien souvent , elles étaient femmes de paysans et œuvraient vaillamment dans l'ombre de leurs maris. Je sursaute le tintement des cloches me sort de ma rêverie contemplative . Cette église est à l'image de son peuple vaillante , éclairée par la lune ou le soleil, saupoudrée de neige ou battue par les vents imper tuable, elle sonne chaque heure et demi heure des 365 jours que compte une année . Le tintement des cloches relie rythmiquement l'esprit au temps qui passe. Cominac New-York c'est un mariage qui dure et prends racine en 1870, lorsque mon arrière arrière arrière grand père Alexie Auriac ( de Roc) décide de voir plus grand, plus loin et de poursuivre ses activités de saltimbanque Outre Atlantique . Avec deux collègues montreurs d'ours et leurs fidèles plantigrades, ils se rendent à pieds jusqu'à Bordeaux , ils se déplaçaient en longeant les voies de chemins de fer. A l'arrivée au port, c'est l'aventure maritime qui débutait : des semaines de traversées en troisième classe, sur des navires à vapeur. Il y faisait noir même en plein jour, les matelas étaient rembourrés de paille autant que de petits insectes bien vivants. Les oursailhers trouvaient parfois à se soustraire quelques instants à leurs misérables conditions en s'octroyant l'autorisation de promener leurs ours sur le pont, récoltant au passage un peu d'argent que les riches passagers leurs concédaient pour le divertissement. C'est ainsi que cette immigration a commencé, par un ancêtre qui a eu la folie de donner corps à ses rêves d'aventure; une fois que les montreurs d'ours avaient goûté à l'Amérique, c'était difficile de s'en passer: les grands espaces au lieu de l'étroitesse de leur petit village, la liberté au lieu des tracasseries familiales ou des ennuis de bornages avec les voisins, amuser les gens dans les rues plutôt que s'épuiser à faucher. Pour autant il leur fallait aussi bien du courage, car ces voyages comprenaient de nombreux risques . D'ailleurs les oursailhers avaient coutume de rédiger leur testament avant de partir et de s'acheter un révolver, une fois arrivés Outre Atlantique . Lorsque en 1921, une loi américaine interdit ces spectacles animaliers, les éplucheurs de pomme de terre partent en exil et succèdent aux montreurs d'ours. Cent cinquante ans plus tard, il y a deux french restaurants Cominacois sur Broadway et des dizaines de descendants Outre Atlantique qui ne connaissent pas un mot de français et des octogénaires ariégeois qui parlent anglais. Il faut que tu dises " Daniel de Roc" parce que Daniel Loubet, ils ne connaissent pas, moi je suis un Roc, j'y ai passé du temps dans cette maison me dit papa, le visage éclairé de fierté et voilé de mélancolie. Ici il y a autant de Loubet que de rats taupiers, alors pour s'identifier on doit passer par le sobriquet. Les gens du village, pour la plupart, je ne peux les nommer que de cette façon : les Blanchards, les Gabatch , le Moussur ....je n'ai jamais entendu leurs prénoms , ni même leurs noms de famille . En fait il s'agit du nom de la maison, souvent le patronyme des premiers occupants. Ainsi , j'ai découvert un jour que le voisin que mon père a toujours appelé Peyot , recevait son courrier au nom de Francis Dejean ; quand on arrive à Cominac, on change donc d'identité, on brouille les pistes ; ce langage codé, ça me plaît. papa un Roc, ça lui va bien et moi aussi par extension , je suis de Roc , d'Ariège Terre Courage. Mon prénom est un hommage a Alexandre, mon grand-père adoré de mon père Alexis Auriac de Roc , encore un fil qui tisse sa toile entre mon ancêtre montreur d'ours , et moi, un lien qui éveille ma curiosité. Je ne connais de lui que sa profession et son exil américain, rien de plus, l'histoire ne s'est pas transmise. Je décide de profiter de cet hiver à Cominac pour mener l'enquête sur mes racines, je veux en savoir plus sur cet homme et peut-être sur moi en filagramme . Que reste t-il de lui dans ce que je suis ? Il est encore un peu là, sa maison n'a pas bougé surplombant Bénazet , cette bâtisse se démarque par sa taille massive, fruit des devises qu'Alexis envoyait à son frère resté au pays, qui s'est chargé d'agrandir la demeure familiale ; c'est la première qui a été couvertes en ardoises, tandis que toutes les autres étaient en chaumes, la première enduite de crépis, quand les autres exhibaient encore leurs pierres et la première dotées de deux fois plus de fenêtres que celles du voisinage, autant de signes de distinction, signe de réussite de l'aventure américaine. Je dévale la pente sans retenue, mes pieds surfent sur l'épais lit de feuilles mortes et ravivent l'odeur de la terre et de serpolet; mon escapade mycologique sur la piste forestière est couronnée de trois coulemelles , le champignon des feignants qui dresse sa tête blanche en plein coeur du vert des prairies, comme un phare indulgent pour les bredouilles des cèpes, les grands perdants de la course à la girolles, et ceux qui n'ont ni patience pour sortir vainqueur de ce jeu de cache cache, ni les jambes assez musclées pour assumer de longues marches, dans les dévers acérés de nos sous-bois montagnards . De toute façon , je pensais à autre chose, absorbée que j'étais dans l'abyssale spirale du passé, les lieux me murmuraient un souvenir d'enfance. J'arrive du sentier en contrebas, mes pieds se fraient un chemin entre pierres et orties, picotements des mollets à travers le fin pantalon, elles m'ont eues. Je les entends, ils ignorent ma présence le généreux buisson d'hortensias me sert de paravent; je m'énivre du son de leurs voix qui chantent cette langue que j'aime tant , Marius et Ginette parlent en occitan, comme ils l'ont toujours fait, comme ils le faisaient à l'école en cachette pour éviter le bonnet d'âne. Lorsque ma tête émerge enfin du monticule fleuri, ils s'arrêtent net, pris en flagrant délit, saisis en plein coeur d'une proximité qui ne partagent pas avec moi, la fille de Daniel, celle qui n'a pas grandi ici, celle qui a pris des cours pour apprendre l'occitan, tandis qu'ils ont été biberonnés au patois. Comment leur dire ? Je garde précieusement le souvenir nostalgique des veillées de ce temps où la vie se vivait en trois dimensions, du temps ou l'écran n'avait pas encore parqués chacun chez soi et grignoté la vie sociale ; réunis en famille, un soir chez l'un, un soir chez l'autre , ça palabrait jusque tard Dans ce que laisse filtrer ma mémoire, j'étais la seule enfant, ces instants me laissent un goût joyeux, celui qui diffusent le partage, la fraternité, la joie d'être ensemble et cette saveur de mystère familier que le patois diffusait dans l'air, chaude mélodie à jamais nichée dans le creux de mon oreille. L'enfance de mon père ne s'est pas vécut en français, pour lui le patois, c'est la langue d'une époque, la langue de l'intime, il est chargé de tout l'amour qu'il a reçu de ses grands-parents maternels, Alexandre et Julie, dont la maison trône en haut de Bénazet . Au fur et à mesure que le cimetière grossit, ces sonorités s'endorment doucement ; réprimé, déprécié ce patrimoine ne s'est pas transmis, mon père ne m'a jamais parlé le patois. Quand je lui ai demandé pourquoi ? il m'a dit qu'il n'en voyait pas l'intérêt, j'ai pris des cours pendant deux ans , puis arrêter parce que je n'avais personne avec qui le parler, douloureux constat . J'ai tenté de communiquer avec mon père qui s'est trouvé un peu gêné de cette main tendue, ça ne lui a pas trop plu, il a prétexté que ce n'étais pas le même patois, qu'il ne le comprenait pas. Pour lui j'ai appris une langue d'érudits, des gens de ville, de ceux qui écrivent des livres dans cette langue, j'avais appris l'occitan, mon père parle le patois, dans ces montagnes ariègeoises ce terme n'a rien de dépréciatif , il s'exprime couramment mais ne sait ni le lire, ni l' écrire , le patois, c'est l'archétype de la transmission orale, ce n'est pas quelque chose que l'on apprends à l'université ! J'ai versé quelques larmes, accepter que le lien ne se ferait pas ainsi. Pourtant je continue à maintenir en moi une petite étincelle de cet héritage en profitant du joyeux renouveau des bals trad et continu d'entonner à l'occasion quelques chants occitans, histoire de faire résonner encore un peu la langue de mes ancêtres Assise à écouter le silence dans l'âtre de la cheminée, mes yeux ne peuvent se détourner de cette affiche qui orne ce pan de mur de la maison, du plus loin qu'il m'en souvienne, on y voit un ours, les pattes dans la neige dans un paysage de montagne ; et c'est à travers lui que je pense à nouveau à mon ancêtre oursailhers , et à Marie Joséphine son épouse, cette femme sédentaire qui a épousé un nomade . L'itinérance , Alexis avait cela dans le sang puisque son père exerçait l'antique métier de scieur de long ambulant ;sabots aux pieds et baluchon chargé d'outils sur l'épaule, il parcourait des centaines de kilomètres pour proposer ces services. Couper, abattre, débiter, équarrir placer le tronc sur l'échafaudage et enfin scier dans le sens de la longueur pour réaliser des planches. Longtemps j'ai entendu parler du même discours élogieux sur cette ville d'Outre Atlantique , mon père fou de New-York, il y est allé pas moins de trois fois ! Lui qui s'apparente plus à un ours ariégeois, qu'à un rat des villes, lui qui est tout à son aise à jouer avec son tracteur et sa tronçonneuse, ce même homme des bois me parlait de cette ville avec des yeux d'enfants émerveillés . J'y suis allée, je n'ai pas fait figure d'exception, j'ai succombé au charme de cette ville curieusement, je ne me sentais pas comme une fourmi menacée d'écrasement, j'étais plutôt à l'aise à serpenter les buildings le nez au vent à la recherche de ce parfum Cominacois infusé depuis plus d'un demi siècle et demi dans ces murs de cette ville. Lorsque l'on est enfant des montagnes sauvages d'Ariège cette improbable évidence de se sentir un peu chez soi à New-York vient sans doute du joyeux murmure de nos ancêtres. Depuis plusieurs semaines, le tourbillonnements des blancs flocons à succédé à celui des feuilles mortes ; je réponds à l'appel des racines des ancêtres , j'écoute la sagesse de leurs murmures, je m'observe en kaléidoscope dans ces miroirs de famille le temps d'une saison ici à Cominac : Le temps que la chenille se transforme en papillon, à l'arrivée des premiers bougeons .
jeudi 3 octobre 2024
Les enfants d'Elisabeth de Hélène Legrais
Elne (Pyrénées Orientales, 24 décembre 1939 ) Teresa resserra le col de sa vielle vareuse sur son cou, l'humidité glaciale de la plage lui collait à la peau même ici à des kilomètres de la mer plombée de décembre. Teresa se dévissa le cou, juste le temps d'apercevoir du coin de l'œil, le portail qui se refermait derrière la voiture , une nouvelle prison, une de plus qui ne disait pas son nom. Dans un crissement de pneu, d'une double volée de marches, qui s'enroulaient de part et d'autre d'une terrasse circulaire faisant office de perron, au dessus se dressait la masse sombre d'un grand bâtiment de trois étages surmonté d'une verrière en forme de campanile. Oué maravilla !" Quelle merveille " , une main soutenant ses reins douloureux, Susana s'extirpa de l'Opel avec un cri d'admiration; Mira Teresa , un vrai château! Teresa dédaigna répondre. Depuis Argelès, Susana s'était extasiée, devant les coquettes villas nichées au coeur des pinèdes, indifférentes, au sort des réfugiés parqués à quelques centaines de mètres de leur jolie clôture peinte en blanc; les champs et les vignes, ou choux frileux et ceps dénudés s'alignaient en rang impeccables, quelques boutiques aperçu en traversant Elne, et les femmes qui échangeaient devant leurs étals les dernières nouvelles. En cette saison la nuit tombait très tôt et à cinq heures de l'après-midi, le crépuscule noyait déjà d'ombre la campagne environnante. La directrice de cette maternité mise sur pied dans l'urgence par l'Ayada suiza a los niño de España( le Secours Suisse aux enfants d'Espagne) ne ressemblait pas à l'image que Teresa s'en était faite, à peine plus âgée qu'elle même, vingt cinq ans peut-être, elle était tout sauf impressionnante : Un petit bout de femme menu aux yeux limpides et au large front intelligent. Deux jeunes femmes en bonnet et tabliers blancs, dévalèrent l'escalier de gauche à leur rencontre. La première offrit son bras à Susana pour l'aider à monter les marches, Teresa refusa, l'aide de l'infirmière blonde, un combattant marche seul ! Chaque pas lui coûtait, c'est ainsi vacillante et fière qu'elle franchit le seuil du bâtiment. Des flammes claires dansaient dans la cheminées répandant une douce chaleur, sept ou huit femmes étaient réunis autour d'une grande table de bois blanc, certaines tenaient des nouveaux nés dans leurs bras, les autres semblaient sur le point d'accoucher. La directrice fit signe aux deux nouvelles de la suivre : Que diriez vous d'un bain bien chaud avec une serviette de toilette et du savon? Vous vous sentirez bien mieux une fois propre! Eh bien vous n'êtes pas encore déshabillée? Je vais vous aider à retirer cette vieille veste d'uniforme ,elle est raide de crasse et elle grouille sans doute de vermine, il vaudrait mieux la brûler, Jamais !Teresa fit deux pas en arrière, alors nous la laverons ! C'est s'en doute un souvenir, peut-être appartenait elle à un soldat de vos amis , quelqu'un qui vous est cher? C'est la mienne, je suis milicienne, je me suis engagée le jour de mes dix huit ans annonça fièrement Teresa. Vous étiez brancardière ?Chargée de transmissions ? Combattante ! les sourcils de la directrice se froncèrent , Teresa porta l'estocade avec un fusil, dans une brigade d'infanterie. J'ai combattu à Teruel et sur le front de l'Ebre , j'ai été blessé au bras , voulez vous voir ma cicatrice ? Vous avez tué ? Teresa haussa les épaules, quelquefois je suppose, quand ça mitraille de partout, comment savoir qui a touché...Mais on me confiais surtout des missions de liaisons. Elle avait aussi couper ses cheveux à ras, quand elle avait vu les gendarmes mobiles séparer les hommes des femmes, avait refuser de quitter ses compagnons de combat, une trentaines de miliciens, s'était ainsi dissimulée au milieu des hommes soldats, le calot rabattu sur les yeux , Teresa avait ainsi partagé pendant plusieurs mois une chabola ( hutte) faîte de roseaux et d'un bout de tôle ondulée à moitié enterré dans le sable avec une demi douzaine de ses frères d'armes. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus leur dissimuler sa grossesse et c'était Andrés lui même qu'il l'avait supplié de ce dénoncer afin de rejoindre l'îlot des femmes et de bénéficier ainsi des conditions de vie un peu meilleures. Une maigre paillasse dans une baraque glaciale sans même un plancher pour isoler du sable, cinquante grammes de pain et un verre de lait en plus , valaient ils de se retrouver ainsi seule et abandonnée ? Désormais elle n'était plus une combattante, juste une femelle pleine qui attendait de mettre bas... Le groupe des femmes réunis dans la salle octogonale du rez de chaussée s'était amenuisé, les plus valides devaient aider à préparer le repas et à mettre la table. Seules restaient autour de la table une Andalouse dont le ventre énorme semblait sur le point d'éclater et les mères berçant toujours leurs progénitures. Ce qui ramena à Teresa des images dont elle avait gravée dans sa mémoire , la bombe larguée par l'avion italien avait frappé l'immeuble de plein fouet, et puis les sirènes avaient sonné la fin de l'alerte et la population, s'était répandue hagarde dans les rues de Barcelone dévastée, Teresa et son unité avaient l'ordre de rechercher des survivants dans ses décombres; ils s'étaient mis au travail avec ardeur, de tous ses amas de briques et les blocs de béton, jusqu'à cette petite main minuscule pendait inerte , par dessus le bras de sa mère. A Table ! Señora c'est l'heure du repas, la vie de la maternité d'Elisabeth était maintenant son quotidien, l'histoire de femmes solidaires, dans le désespoir et l'espoir l'emmène vers une autre page de sa vie, elle fait la connaissance de Remei cette couturière, professeur de coupe dans un atelier de Badalona avait passé la frontière en camion par la côte à Portbou , l'accueil de la population de Cerbère, le premier village français après la frontière, Remei avait passé quelques mois à Argelès avec son mari Joan et ses parents avait été transférés dans un autre camp sur la plage de Saint-Cyprien . Remei était en plein travail au Marruecos ( Maroc) c'était le nom que les femmes avaient donné à la salle de l'accouchement parce que l'on y transpirait et qu'on y souffrait beaucoup. Et puis les cavaliers maures de France ne revenaient ils pas les terroriser encore dans leurs rêves? elles avaient baptisé chacune de ses chambres du nom d'une ville espagnole , Madrid la nursery, Séville la pièce pour les enfants malades, Cordoue celle pour les femmes enceintes et aussi Barcelone, Bilbao, Santander , Saragosse , San Sebastian etc...un peu d'Espagne en terre d'exil pour leur tenir chaud au coeur. Mercedes avait donné naissance à une petite Rosa Maria et Remei voulait y voir un bon présage, lors d'une distribution de vêtements collecté par des associations d'entraide, elle avait récupéré des pulls en laine fine, la laine détricotée, le fil lavé et rembobiné en pelote, elle avait pu ainsi confectionner une brassière rayée rose et blanc et de minuscules chaussons. Teresa ne faisait pas de travail de couture, car sa mère ne lui avait pas enseigné et disait: " L'Espagne à suffisamment de femmes habiles à tirer l'aiguille au coin du feu, maintenant ce dont elle a besoin c'est des femmes instruites, capables de prendre des responsabilités et de participer à la vie du pays, il faut construire une Espagne neuve" lui répétait sa mère en brandissant sous son nez, avec une moue de dégoût , comme s'il s'agissait d'un torchon malpropre et puant, une de ses merveilles de napperon en dentelle qu'elle confectionnait les yeux fermés. Llibertat "Liberté en Catalan" c'est le prénom que Teresa à choisi pour sa fille, Isabel resta la plume en l'air au dessus de la feuille du papier ou s'apprêtait à noter toutes les indications nécessaires pour aller déclarer cette nouvelle naissance à la mairie d'Elne; Teresa ne lui laissa pas le temps d'objecter quoi que ce fût " Et ne dites pas que ce sera un fardeau trop lourd à porter pour une petite fille! N'est ce pas au contraire le plus beau programme qu'on puisse lui proposer pour sa future vie de femme. Comment savoir à présent l'état d'esprit de son "homme" Ils s'étaient rencontré au fond d'un fossé , un tir nourri d'artillerie les avaient obligés à plonger à l'aveuglette pour se mettre à l'abri. Ce n'était qu'une fois le calme revenu qu'ils s'étaient dévisagés avec stupeur, avant d'éclater de rire, un obus avait fait exploser non loin d'eux un geyser d'argile et leurs visages étaient recouverts d'un masque rouge qui trouait seulement leurs yeux écarquillés et les dents blanches d'Andrès . Teresa avait trouvé ce sourire irrésistible! Elle n'avait guère eu de nouvelles de lui depuis son arrivée à Elne, juste un petit mot de remerciement par le biais d'un conducteur de camion pour le chocolat et la boîte de gâteaux qu'elle lui avait fait parvenir en début d'année. Remei qui va à Argelès va lui apporter une lettre de Teresa lui annonçant la naissance de sa fille. La réponse d'Andrès lui parvint une semaine plus tard; il s'inquiétait de savoir si sa fille tétait bien, si elle prenait du poids, il approuvait sans réserve le choix de son prénom et demandait que lors de sa prochaine venue à Argelès, la señorita Isabel lui apporte les papiers nécessaires pour pouvoir reconnaître Llibertat , afin que la petite porte son nom; il ajoutait qu'il avait pensé un moment s'engager dans la Légion étrangère française pour continuer à se battre contre le fascisme, puisque la France était désormais en guerre contre l'Allemagne , mais bien sûr maintenant qu'il était père, il avait changé ses plans, il concluait par des mots tendres, qui firent monter des larmes dans les yeux de Teresa. Bien qu'elle voulut partir rejoindre Andrès en cherchant dans le bureau de la directrice ces papiers, elle fût dissuader car elle courrait un grand risque avec le bébé de se faire arrêter. Elle restait à la maternité et on lui avait confier la tâche d'aller chercher les courses en vélo en trainant une carriole qui servait aussi à ramener la sage femme quand un accouchement se précipitait et que la voiture était occupée ailleurs, durant le trajet en luttant contre la tramontane, elle avait dévorée des yeux le paysage, elle mit pied à terre à l'approche des premiers étals, elle venait quasiment tous les jours à Elne, elle préférait les jours du marché le vendredi, les odeurs fortes de fromage, d'épice, de morue séchée et d'anchois, les couleurs vives des fruits et des légumes , tous le monde la connaissait à présent et certains pas tous bien sûr, lui rendaient son salut et échangeaient quelques mots avec elle ,chez la souriante Maguy aux grands yeux noirs elle achetait ses légumes apprenant que sa cliente venait du château d'En Bardou , elle lui avait demandé si elle avait un enfant et depuis elle lui demandait des nouvelles de la petite Llibertat, son amabilité envers " l'Espagnole" suscitait parfois chez ses voisins du marché quelques réflexions acides , cette fille avait du cran ! et Teresa aimait çà, un vieux bonhomme bourru qui proposait ses tresses d'ail et d'oignon à deux étals de là avait fini par lui confier entre deux longs silences que Maguy était déjà la cible de certaines critiques bien avant de l'avoir rencontrée, elle était en effet ce que l'on appelait " une fille mère " Elle avait aussi appris à cette occasion qu'il pourrait être profitable de ne pas dévoiler sa connaissance du français, dont elle était si fière; devant une étrangère, on ne se gênait pas pour parler ! " Que voulez vous qu'elle y comprenne Elle avait ainsi pu se tenir au courant de la débâcle française face à l'armée allemande, les habitués du marché d'Elne ne parlaient que de la guerre et de l'exode provoqué par l'avancée inexorable des Allemands. Le retour était toujours pénible, la carriole pleine pesait son poids et Teresa devait appuyer de toutes ses forces sur les pédales pour ne pas rester engluée dans la boue. Une grosse voiture noire était garée devant le perron de la maternité qui semblait prise d'une effervescence inhabituelle, elle faillit se heurter à soeur Betty qui dégringolait l'escalier de pierre " Mon Dieu , mon Dieu quel honneur!" Que se passe t-il ? Le Maître est venu nous rendre visite ! Au premier abord, le petit monsieur replet aux lunettes rondes et à la calvitie, coiffée d'un chapeau mou lui disait rien; affable et attentif, il s'enquérait de la santé et de l'histoire de chacune en homme visiblement habitué à côtoyer du monde, à évoluer en public. C'est alors que la lumière se fit dans l'esprit de Teresa Pau Casals ! le célèbre violoncelliste avait quitté l'Espagne après la promonciamiento (coup d'Etat) des militaires mené par Franco contre la République espagnole en 1936; refusant de jouer la moindre note de musique sous la botte fasciste . Il s'était installé juste de l'autre côté de la frontière , à Prades, au pied du Canigou qui régnait sur les plaines du Roussillon,. Depuis que la Retirada avait jeté des centaines de millions de ses compatriotes dans les camps, Pau Casals que les Catalans appelaient Pablo, se démenait pour leur venir en aide. Certaines femmes de la maternité l'avaient sollicité au début de l'année et il leur avait envoyé de l'argent, la señorita Isabel touchée lui avait écrit pour le remercier de sa générosité, il lui avait répondu et protestait : Qu'étaient quelques billets en regard du réconfort et des soins prodigués à ses compatriotes par le personnel du Secours Suisse aux enfants ? Il promettait que, dès que son emploi du temps le lui permettrait il viendrait à la maternité manifester son soutien de vive voix. Il avait attendu début juillet, mais il était là. Et vous mon enfant d'où venez vous ?Elle se retourna surprise, le Maître lui souriait, sans même réfléchir, Teresa se mit au garde à vous, par habitude parce qu'elle ne savait plus manifester son respect autrement depuis des années, depuis qu'elle avait endossé son uniforme de milicienne, elle entendit des femmes pouffer. Pau Casals n'eut pas l'air de s'en moquer, bien au contraire, la mine grave, il se redressa de toute sa taille pour répondre à son salut militaire. Par quelle unité avez vous servi , soldat interrogea t'-il? et ce terme que plus personne n'avait employé à son égard depuis son départ du camp embua ses yeux Fin juillet le Maréchal Pétain était venu visiter les camps de Barcarès et de Saint-Cyprien afin de se rendre compte de la situation par lui même. Pendant cinq jours et cinq nuits , la pluie était tombée sans discontinuer, il n'y avait plus d'électricité, les ponts étaient submergés, la route et la voie ferrée coupées et en bout de course aux confins de la plaine, aux embouchures de l'Agly, de la Têt et du Tech, les plages étaient submergées . Pour une fois, elle s'était dit que la détention d'Andrès au fort du Miradou avait des avantages , il n'était pas à la merci des intempéries. Après les inondations d'octobre on avait demandé des volontaires dans les camps pour réparer les dégâts, beaucoup de soldats français étaient prisonniers en Allemagne. La brigade de travail d'Andrès était partie pour Ille sur Têt afin de remettre en état les berges de la rivière et le canal d'arrosage qu'on appelait le Ribéral . On avait averti par message que Andrès était libre au maquis , Llibertat qui avait fêter son premier anniversaire . Alors cette sortie à Prades, avec permission officielle , Teresa se rendit chez une certaine Brigitte Salète , dont la famille tenait un café hôtel , comme si elles étaient de vieilles connaissances elle se firent une vigoureuse embrassade elle laissa son bar à son parrain et accompagna Teresa et Llibertat vers des vignes, elle montra du doigt un cabanon, voici le casot, vous n'avez rien à craindre, il appartient à ma famille, puis elle laissa Teresa et sa fille, elle avait cru mourir sur place, là au milieu des vignes , quand Andrès avait couru vers elles , un autre maquisard faisait le guet. Une lettre de la mairie d'Elne reçu à la maternité , la préfecture à ordonné à chaque municipalité de resencer tous les juifs présent sur le territoire de la commune et on me demande de fournir la liste des mères et des enfants qui se trouvent au château . La señora Isabel répondit qu'elles étaient toutes reparties dans leur camp d'origine. La vie d'Hénia ne doit pas être facile, seule avec son bébé, et son mari caché dans une maison du village, il faudra penser à lui envoyer un nouveau colis de lait en poudre, heureusement qu'elle peut compter sur l'amitié de la famille Capdet, il y a de braves gens tout de même! Le rendez vous avait été fixé à minuit à l'entrée de Llupia , un village juste avant Thuir , Teresa ralentit , en approchant des premières maisons, puis se gara et éteignit les phares de l'Opel . Soudain une silhouette sortit de derrière un arbre et vint toquer à la vitre du côté passager. La señora Isabel entrouvrit la portière et elles reconnurent l'accent prononcé de Maurice Eckstein , elle sortit et buta contre Hénia qui étreignit la directrice avec reconnaissance, Monsieur Capdet, le paysan français qui cachait son mari était là aussi, les deux hommes allèrent chercher le landau où le petit Guy dormait sous la couverture qui l'avait envelopper le jour de sa circoncision , Monsieur Eckstein le souleva délicatement pour ne pas le réveiller contemplant avec intensité le visage joufflu sous ses fins cheveux blonds, comme s'il voulait imprimés dans sa mémoire l'image de ce fils, qu'il ne reverrait sans doute pas d'ici de longues semaines, puis il déposa un baiser sur le front chaud pour qu'on ne voit pas ses larmes qui noyaient ses yeux. dans le rétroviseur elle aperçut le coeur serré , Maurice Eckstein , flanqué de son ange gardien qui repartait vers sa cachette en poussant le landau vide, la mère et l'enfant étaient désormais à l'abri. Mais tu te trompes voyons ! Ce n'est pas le chemin du château, Lili posa sa main apaisante sur celle de sa mère, assise à ses côtés sur la banquette arrière de la voiture. Regarde , il y a les panneaux Maternité Suisse d'Elne, C'est bien ici . Ce n'est pas parce que je suis vieille et que j'ai besoin de lunettes, j'y ai quand même passé quatre ans de ma vie ! Teresa saisit la main qu'il lui tendait et s'extirpa péniblement de l'habitacle, Maudite vieillesse ! Ses articulations lui faisaient mal et sa hanche l'obligeait à présent à s'appuyer sur une canne; elle allait avoir quatre vingt huit printemps dans trois semaines . Teresa rajusta sur son chemisier le coeur en or et grenat , cadeau de mariage de son cher Andrès et jeta un regard curieux au travers de ce portail , c'est alors qu'elle la vit la maternité, de ce côté une aile du château avait disparu remplacé par une grande verrière verticale décorée d'un vitrail qui donnait sur sa piscine bleu turquoise. Un grand monsieur aux gestes amples et au large sourire vint à leur rencontre, Il se présenta : François Charpentier, maître verrier de son état et heureux propriétaire de ce château , où il avait plaisir à les accueillir en ce grand jour, Llibertat lui tendit la lettre d'invitation qu'elles avaient reçue. il y avait déjà foule aux pieds des marches et sur la terrasse circulaire devant la porte d'entrée. " Vous êtes maman Teresa" s'exclama t'-il , j'ai tellement entendu parlé de vous , permettez moi que je vous embrasse et vous devez être la petite Lili poursuivit il , vous êtes très attendues vous savez ? il les devança, jusqu'en haut du perron où se tenait le maire d'Elne, un moustachu jovial lui même descendant d'exilés républicains espagnols. Arrivée devant la porte vitrée , Teresa lâcha le bras de sa fille, en décembre 1939, c'était seule qu'elle avait tenu à entrer, pour la première fois dans ce bâtiment dont elle ignorait encore qu'il allait devenir sa maison pour quatre années . C'était seule à nouveau qu'elle voulait en repasser le seuil cinquante huit ans après avoir été obligée de le quitter en avril 1944, les Allemands avaient réquisitionnés , ses occupants avaient trois jours pour déguerpir ; il fallait déménager le matériel, le personnel, les femmes et les enfants dans un nouveau lieu d'accueil en Aveyron . Elisabeth proposa à Célia et Teresa d'y partir avec elles , mais elles avaient toutes deux décliné l'invitation . Le mari de Célia était toujours en Allemagne et elle tenait à ne pas s'éloigner de l'Espagne, Teresa , elle voulait bien sûr rester à proximité d'Andrès toujours au maquis, dans les montagnes, s'est ainsi que leurs chemins se sont séparés . Mais le brouhaha des conversations, éloignait jusqu'à leurs souvenirs, elle rouvrit les yeux. Et vit Célia, sa fille Celita, plusieurs personnes encore comme Hénia, Guitou, Juju et Sébastien Capdet qui avait aidé monsieur Eckstein et enfin Elisabeth elle était aussi menu et petite que dans son souvenir, plus même puisqu'elle s'était tassé avec l'âge et qu'elle s'appuyait comme Teresa sur une canne, ses cheveux de neige n'étaient plus nattés en couronne autour de sa tête, mais son regard n'avait rien perdu de sa vivacité et de son intelligence elles s'étreignirent longuement. Le château d'En Bardou où été installé la maternité Suisse à été racheté le 1er juillet en 2005 par la ville d'Elne, grâce notamment à une grande souscription populaire. Le but est de poursuivre, l'œuvre d'Elisabeth Eidenbenz en y créant une auberge humanitaires pour accueillir des femmes et des enfants victimes de divers conflits qui ensanglante notre planète.
lundi 26 août 2024
Voiture électrique: ils sont devenus fou! de Francois-Xavier Pietri
vendredi 19 juillet 2024
Autobiographie d'un Yogi de Paramahansa Yogananda
Aucune des petites humiliations de l'enfance ne s'est effacée de mon esprit . J'étais conscient en dépit éprouvé à ne pouvoir marcher ou m'exprimer librement. Le besoin de prier naquit du sentiment de l'impuissance de mon corps. Une vie affective intense s'épanouissait dans un silence composé d'un chaos de mots étrangers où je finis par distinguer les syllabes du bengali ; la langue de mon entourage. Combien de grandes personnes se leurrent dans l'idée que l'esprit d'un enfant n'a d'autres soucis que les jouets ! Ces ferments psychologiques et le sentiment de mon corps provoquaient de nombreuses crise de larmes. Je naquis à Gorakhpur le 5 janvier 1893, ville de Provinces Unie de l'Inde du N-E dans la décade du XIX siècle, et j'y passai les huit premières années de ma vie. Nous étions huit enfants : quatre garçons et quatre filles ; mon père et ma mère étaient des Bengalis de la caste des Kshatriyas ( deuxième caste, originellement celle des dirigeants et des guerriers) Mon père Bhagabati Charan Ghosh , était bon grave et parfois sévère, nous l'aimions profondément tout en le respectant ; mathématicien et logicien de valeur, il vivait principalement par l'intelligence. Ma mère était une reine des coeurs et nous élevait avec amour. Ce fut sous la direction de notre mère que nous fîmes connaissance avec les Ecritures . Les récits du Mahâbhârata et du Râmâyana ( textes épiques très anciens, mélange d'histoire, de mythologie , de philosophie) Ma mère témoignait quotidiennement son respect à mon père en nous habillant avec soin chaque après-midi pour l'accueillir à son retour du bureau. Sa charge correspondait au titre de vice président de la Compagnie des chemins de fer du Bengale Nagpur , l'une des plus importante de l'Inde ; son travail impliquait de fréquents déplacements et c'est ainsi que durant mon enfance nous habitâmes successivement plusieurs villes . Ma mère faisait constamment des largesses aux pauvres. Mes parents au début de leur mariage devinrent disciples du grand Lahiri Mahâsaya de Bénarès . Sa photo, dans un cadre orné, ne cessa de décorer l'autel familial quelle que fut la ville où père dut séjourné pour les besoins de sa charge. Soir et matin, ma mère et moi méditions tous deux devant un autel improvisé, faisant des offrandes de fleurs macérées dans un extrait de bois de santal ; la myrrhe , l'encens et nos dévotions honoraient la divinité qui était incarné en Lahiri Mahâsaya Cette photo eut une singulière influence sur ma vie, la pensée du maître ne cessait d'approfondir en moi , tandis que je grandissais. Souvent au cours de la méditation, son image sortait du cadre et s'asseyait en face de moi, comme vivante, sitôt que j'essayais de toucher ses pieds divins, elle redevenait photo et rentrait dans le cadre. je lui adressais continuellement des prières aux moments de peine ou d'ennui et j'y trouvais un appui inébranlable. D'abord je m'attristai le sachant mort , mais plus tard je me convainquis de sa mystérieuse omniprésence et cessait de me lamenter. Il avait souvent écrit à ceux d'entre ses disciples qui manifestaient trop d'empressement à le voir ! " Que vous sert la vue de mon enveloppe charnelle, alors que je demeure toujours à la portée de votre Kâtastha (vision spirituelle)" Vers l'âge de huit ans, je fus redevable à la photo de l'incomparable guru d'une guérison miraculeuse ceci me fortifia mon amour. Comme nous résidions à Ichapur ( Bengale) je fus atteint du terrible choléra asiatique et l'on désespéra de me sauver, les médecins se déclaraient impuissant à me guérir ; à mon chevet, ma mère m'en joignit avec ferveur de contempler le portrait de Lahiri Mahâsaya accroché au mur au-dessus de ma tête. Agenouille toi devant lui en esprit! fît elle me sachant incapable de bouger un doigt, si tu parviens à l'adorer de toute ton âme, ta vie sera épargnée. Je contemplai la photo et soudain une vive lumière enveloppa mon corps et se répandit dans la pièce ; la nausée et les autres symptômes disparurent, je me sentis guéri , au même instant, j'eus la force de me pencher et d'effleurer les pieds de ma mère, lui témoignant ainsi que sa foi inébranlable dans le divin guru est récompensée ; elle pressa plusieurs fois la joue contre l'image miraculeuse. Cette photo est l'un des biens les plus précieux donnée à mon père par Lahiri Mahâsaya lui même, elle porte en elle des vibrations sacrées. Les préparatifs du mariage de mon frère ainé furent particulièrement grandioses, ma mère accueillit à Calcutta nombre d'invités arrivés de très loin, elle les installait dans uns une spacieuse maison, tout été prêt: les mets délicats, le trône sur lequel Ananta sera porté à la maison de sa future épouse, les lampions multicolores, les chameaux et les éléphants en carton pâte, les orchestres hindou, les amuseurs professionnels, les prêtes de l'ancien culte. Mais peu avant le grand jour , j'eus une vision de mauvaise augure, au environ de minuit, je fus réveillé par un froissement particulier du moustiquaire entourant le lit, le frêle rideau s'écarta et je vis ma mère bien aimée, " Réveille ton père, prenez tous les deux le train à quatre heures du matin ,venez immédiatement à Calcutta, si vous voulez me revoir à ces mots elle s'évanouit. Papa! papa! maman est en train de mourir ! ma voix terrifiée le réveilla aussitôt; ce n'est qu'une hallucination et rien de plus protesta mon père , ta mère est en excellente santé. Vint le matin, qui nous apporta la triste nouvelle: Mère gravement malade : mariage remis, Venez de suite ! Nous n'arrivâmes à Calcutta que pour confronter le désespérant mystère de la mort. je sombrai dans un état de dépression d'où la vie semblait absente, nous regagnâmes Bareilly mon père et moi sitôt les rites d'incinérations furent consommés . Quatorze mois après la mort de maman, j'appris qu'elle m'avait laissé un message de la plus haute importance, mon frère me remit une petite boîte et fait connaître le message de ma mère: " Que ces paroles soient ma suprême bénédiction, mon bien aimé Mukunda certains faits peu ordinaires ayant suivi ta naissance, tu n'étais qu'un bébé, alors que pour la première fois ta destinée me fut dévoilée, je te portai dans la demeure du guru à Bénarès, j'eu de la peine à apercevoir Lahiri Mahâsaya figé dans l'attitude de la plus profonde méditation ; je te caressais tout en priant que le divin guru ressente notre présence et nous bénisse. tandis que ma muette supplique se faisait plus fervente , il ouvrit les yeux et m'ordonna d'approcher, je m'agenouillai à ses pieds sacrés, le maître te prit sur ses genoux et posa la main sur ton front dans un geste de baptême spirituel. " Petite maman, ton fils sera yogi :Telle une locomotive spirituelle, il mènera beaucoup d'âmes au Royaume de Dieu. C'est ainsi mon cher fils, que je fus convaincue que ta vie te mènerait loin des ambitions de ce monde, un évènement absolument unique me confirma cette idée et m'oblige maintenant à te laisser un message, à mon lit de mort " Il s'agit d'une rencontre avec un sage du Pendjab , un domestique entra un jour en coup de vent dans ma chambre , annonçant : " Maîtresse, un étrange sâdhu ( personne qui suit son chemin de discipline spirituelle ou sâdhanâ ) il insiste pour voir la mère de Mukunda , ces mots si simples me bouleversèrent , je m'inclinais à ces pieds, je sentis que je me trouvais en présence d'un authentique homme de Dieu. " Mère fit il, les divins maîtres ont voulu que tu saches que ton temps sur cette terre est révolu, ta prochaine maladie sera aussi la dernière, tu sera dépositaire d'une amulette d'argent , je ne te la remettrai pas aujourd'hui , elle se matérialisera demain tandis que tu méditeras à ton lit de mort, tu priera ton fils Ananta de la garder un an durant et de la remettre ensuite à ton second fils Mukunda, qui comprendra la signification de l'amulette, don de ses maîtres. Il la recevra au moment où il se sentira prêt à renoncer au monde afin de chercher Dieu " Une lueur d'illumination m'envahit lorsque j'eus pris possession de l'amulette, d'une forme ronde, elle paraissait d'une antiquité fabuleuse et portait des caractères sanscrits, je devinai qu'elle venait de maîtres de vies passées qui , invisiblement guiderai mes pas. L'amulette exerçait sur moi une influence silencieuse. C'est au milieu des neiges de l'Himâlaya que je comptais rencontrer le maître dont le visage m'apparaissait souvent dans des visions . Je fis une fugue avec Amar un ami du lycée pour ma quête spirituelle, mais Ananta et le frère d'Amar arrivèrent trois jours plus tard à Rishikesk , j'étais en colère. On s'est arrêté à Bénarès où mon frère avait élaboré un stratagème pour me faire rencontrer un jeune homme qui discuta avec moi et voulut me faire comprendre d'abandonner mon idée d'être moine . " Tu iras au devant de toutes sortes d'imperfections et seras dans l'incapacité de trouver Dieu si tu persiste à fuir les responsabilités quotidiennes ; tu ne peux purger ton karma ( Effet des actions passées, en cette vie ou la précédente) sans passer par les expériences de la vie du monde" A Calcutta mon père m'adjura d'une façon touchante de mettre un frein à mes instincts de vagabondage ne fût ce que à la fin de mes études secondaires. En mon absence , il avait pressenti un saint pandit Swâmi Kebalâmanda qui promit de venir régulièrement à la maison , " le sage sera ton professeur de sanscrit "m'annonçât- il. Mon père ignorait que Swâmi Kebalânanda était un disciple exalté de Lahiri Mahâsaya , par une rare fortune, j'eus le bonheur de vivre durant dix ans dans l'entourage de Lahiri Mahâsaya . Chaque soir, sa maison de Bénarès était un lieu de pélerinage, d'habitude le guru se trouvait dans le petit salon au rez- de chaussée , il se tenait dans la posture du lotus sur un siège de bois sans dossier et ses disciples formant un demi cercle autour de lui. Une divine extase illuminait ses yeux qui, toujours mi-clos, étaient braqués comme un télescope sur des mondes, d'éternelles béatitudes. Il parlait rarement, quelquefois, son regard se fixait sur un disciple qui éprouvait le besoin d'être aidé, les paroles bienfaisantes jaillissaient alors comme une cascade lumineuse. Un calme inébranlable s'irradiait en moi sous les regards du Maître, son parfum me pénétrait comme celui d'un lotus infini; être auprès de lui, sans même échanger une seule paroles pendant des jours et des jours suffisait à bouleverser mon âme de fond en comble ,qu'une barrière invisible se dressât sur le chemin de la concentration, il me suffisait pour en venir à bout, de méditer aux pieds du Maître! Là , les états les plus inaccessibles se révélaient à ma portée. Le divin guru était en vérité, un temple vivant de la Divinité dont les portes secrètes restaient ouvertes à tous les disciples par la dévotion . Sa sagesse nous submergeait comme un océan aux vagues innombrables , il possédait la clé merveilleuse ouvrant la chambre aux trésors des védas ( pensée védique) Le Maître ne nous encourageait jamais à croire aveuglément " Les mots ne sont qu'une carapace " avait il coutume de dire " Vous devez vous convaincre par vous même de la présence de Dieu par la joie du contact divin que l'on réalise par la méditation , la clé du yoga gardera son efficacité lors même que je ne serai plus parmi vous, cette technique ne peut ni se perdre , ni se tarir ni être oublié . Persévérez dans la voie libératrice du Kriyâ Yoga dont la force réside dans la pratique. Des mois heureux passaient, le lecteur a sans doute déjà deviné que je n'étais pas particulièrement assidu aux cours! Le Maître accepta sans commentaires ma présence perpétuelle, et a mon grand soulagement il fait rarement allusion au collège. Avant le petit déjeuner nous faisions une promenade au bord du Gange; ces sorties matinales avec mon guru sont inscrites à tout jamais dans ma mémoire! Il m'est aisé de me représenter à ses côtés, le soleil du matin réchauffe le fleuve, la voix du Maître chargée d'authentique sagesse résonne claire à mes oreilles, un bain et enfin le repas de midi, soigneusement préparé par les jeunes disciples suivant les injonctions du Maître. Il enseignait aux disciples à suivre un régime simple, conforme à leur constitution . Le Maître mangeait peu, le plus souvent du riz assaisonné de curcuma , de jus de betteraves ou d'épinards avec du ghee de buffle ( beurre clarifié) quelquefois il prenait du Dahl de lentilles ou du channa ( fromage de lait caillé) épicé avec des légumes , au dessert des mangues, oranges avec un gâteau de riz. Dans l'après-midi , les visiteurs affluaient à l'ermitage , le Maître les accueillait toujours avec bonté et courtoisie. D'ordinaire mes maitres du collège de Serampore me traitaient avec bienveillance " Mukunda est vraiment sur enivré de religion" m'ayant ainsi classé ils me dispensaient d'interrogatoires. Après quatre années d'universités je pouvais affronter les épreuves de licence proprement dite, mais je passai encore beaucoup de temps auprès de mon Maître qui un soir m'interrogea gravement " Quand commence tu tes examens de licence ?"Dans cinq jours Maître " " J'espère que tu es prêt?" Plein d'anxiété je me figeai, Maître protestai je vous savez parfaitement que c'est avec vous que j'ai consacré tout mon temps plutôt qu'aux études! Comment oserais je affronter ces redoutables épreuves ? Tu dois les affronter ! Avec la détermination spirituelle du Maître et la volonté d'exécuter son ordre en juin 1914 je fus en possession de mon diplôme de l'université de Calcutta. Je m'agenouillai aux pieds de mon Maitre lui rendant grâce de ses incomparables bienfaits ( le pouvoir d'influencer l'esprit d'autrui et le cours des évènements est un vibhuti ( pouvoir yoguique)" Maître acceptez moi comme moine dans l'Ordre des Swâmis" pendant des années il avait refusé d'accéder à ma demande, cette foi ci il acquiesça de bonne grâce. "Je suis heureux que tu aies persisté dans ton désir d'être moine "C'était un jeudi ensoleillé du mois de juillet 1914, au balcon de son ermitage de Serampore le Maître teignit en ocre, couleur traditionnelle de l'Ordre des Swâmis , une étoffe de soie blanche, lorsque la robe fut sèche, mon guru me drapa dans ses plis, symbole de renonciation . " Un jour , tu te trouveras en Occident, où l'on préfère la soie expliqua t'il ; symboliquement je t'ai donc choisi la soie au lieu du coton traditionnel" puis me dispensa de tout les rites de cérémonie et m'invita simplement à choisir un autre nom . Yogananda répliquai je après un moment de réflexion. Ce nom signifie : Béatitude (ananda) acquise par l'intermédiaire de l'union divine (yoga) ce nouveau nom à une double signification c'est l'ascension à la béatitude suprême (ananda) grâce à une qualité divine ou état : amour, sagesse, piété, dévouement et yoga est l'acquisition de l'harmonie avec la nature dans son immensité :océan , montagne ou cieux . L'idéal de service désintéresser à l'humanité de renonciation à toutes attaches personnelles ou ambitions conduit la plupart des Swâmis , à prendre une part active dans une œuvre humanitaire ou d'éducation dans l'Inde ou occasionnellement à l'étranger . Ignorant tous les préjugés de caste, de religion, de classe, de couleur, de sexe ou de race, un Swâmi est rempli de l'idéal de la fraternité humaine ; son but , c'est la fusion totale avec l'Esprit, la Conscience de l'état de veille ou de rêve imprégnée de cette pensée . Le Swâmi est dans le monde , tout en n'étant pas du monde. En Occident , le jour est proche où la science intérieure de la maitrise de soi sera considéré comme aussi essentielle que celle extérieure, qui conquiert la nature. A l'aube du nouvel âge atomique, la preuve scientifique du fait désormais indiscutable que la matière est une condensation de l'énergie élargira l'esprit humain . L'esprit humain peut et doit libérer en lui même des énergies plus puissantes que celles qui se cachent dans la pierre ou les métaux sans quoi le géant atomique nouvellement lâché sur le monde se retournera contre l'humanité , dans sa rage aveugle de destruction. Dans l'antiquité les yogis ont découvert le secret que la conscience cosmique est intimement liée à la maîtrise du souffle. La force vitale ordinairement absorbée au cours de l'activité cardiaque doit être libérée en vue d'activités supérieures par une technique permettant d'apaiser le rythme chassant des souffles . Quelques années plus tard en 1918, je me résolue à fonder une école où les jeunes garçons reçoivent une éducation complète à Ranchi à quelques trois cent kilomètres de Calcutta que je baptisai du nom de Brachacharya Vidy à laya , les élèves apprenaient des méthodes yoguiques de concentration et de méditation ainsi qu'un système unique de développement physique le Yogoda dont j'avais découvert les principes . L'Amérique ! ce fut ma première pensée lorsqu'une rapide vision se déroula devant les yeux de mon esprit plongé dans la méditation, la vision continuait, une foule me regardait intensément dans le champ de ma conscience; peu d'heures après ma vision, j'étais dans le train pour Calcutta et le lendemain je reçu l'invitation d'être délégué pour l'Inde au Congrès International des Religions en Amérique qui se tiendrait cette année à Boston , j'étais anxieux je ne sais pas parler en public ! je n'ai rarement donné des conférences et jamais en anglais . En anglais ou pas tes paroles sur le yoga seront les bienvenus en Occident me répondit Guruji , le seigneur y pourvoira ! la veille de mon départ pour les Etat Unis me trouva chez Srî Yukeswar : " Oublie que tu es né parmi les Hindous , mais n'adopte pas pour autant toutes les manières des Américains; reste toujours ce que tu es , un enfant de Dieu il me bénit : Tous ceux qui t'aborderons avec foi , en cherchant Dieu seront aidés , sous tes regards, le courant spirituel émanant de tes yeux pénètrera leur cerveau, transformant leurs habitudes matérielles et les rendant davantage conscient de Dieu . ta puissance sur les âmes sincères sera très grande partout ù tu iras, même dans les solitudes tu t'attirera des amis. Ces deux pronostics, se sont réalisés , arrivés seul en Amérique, sans un ami, j'ai trouvé des milliers d'âmes prête à recevoir l'enseignement millénaire du yoga. J'ai quitté l'Inde en août 1920, grâce au généreux chèque de mon père, je pus rester en Amérique après la clôture du Congrès. En 1924 je traversais l'Amérique adressant la parole à des milliers d'auditeurs, tournée qui s'acheva par des vacances dans le Nord de l'Alaska . avec l'aide d'étudiants généreux, j'établis en 1925 mon quartier général du Domaine du Mont Washington, Los Angelès . Reviens dans l'Inde, je t'ai patiemment attendu pendant quinze ans, bientôt je vais quitter mon corps et voguer sur les eaux de l'Esprit, Yogânanda reviens! La voix du Srî Yukeswar résonnait au tréfond de mon être, tandis que je méditais. L'air béni de l'Inde, notre vapeur le Rajputana avait accosté le 22 août 1935, les amis m'accueillirent sur le quai avec des guirlandes. Puis je parcourus l'Inde et me rendit chez la femme yogi qui ne mange jamais, après de longues heures de route impraticable en voiture Giri Bala apparut à la porte de sa maison, petite, drapée de soie jaune d'or, elle avança modeste , hésitante à l'ombre de son voile de swadeshi , ses yeux brillaient comme des braises, son visage doux et bienveillant suggérait la réalisation divine ,le détachement total des biens de ce monde. Elle approcha humblement acceptant en silence de nous laisser prendre des photos et des films. La sainte s'assit jambes croisées, sur la véranda, tout en portant les marques de la vieillesse, elle n'était pas maigre, sa peau au teint olivâtre était claire et suggérait la santé. Dites moi Mère, est il vrai que vous vivez sans manger ? elle garda le silence, lorsqu'elle le rompit :" Depuis l'âge de douze ans et quatre mois jusqu'à ce jour j'ai soixante huit ans c'est à dire près de cinquante six ans. Je n'avais que douze ans lorsque j'entrai dans la famille de mon époux, ma belle mère se moquait nuit et jour de ma gloutonnerie, c'était si pénible à endurer que mes facultés spirituelles se réveillèrent : Seigneur répétais je daigne m'envoyer un guru qui m'enseigne de vivre de ta Lumière et non de nourriture, je n'ai jamais eu d'enfants voici quelques années je suis veuve . Je dors très peu ,car pour moi, il n'y a pas de différence entre le sommeil et l'état de veille , je suis très peu sensible aux changements des saisons, aux températures , jamais je n'ai été malade; lorsqu'il m'arrive de me blesser, je ne sens presque pas la douleur . Je n'ai pas d'excrétions et peux contrôler la respiration et le battement de mon coeur. Mon guru et d'autres grands prêtres m'apparaissent souvent dans les visions." Mère , demandais je pourquoi n'enseignez vous à personne l'art de vivre sans manger ". " je ne le peux pas, mon guru m'a expressément recommandé de ne pas divulguer mon secret, il ne veut pas contre carrer les plans divins de la création; les fermiers m'en voudraient à mort si j'enseignais aux hommes à vivre sans aliments ! Les beaux fruits de la terre pourriraient inutilement, il semble que la misère , la famine nous poussent à rechercher le sens véritable de la vie. Prouver que l'homme est Esprit, démontrer que l'ascencion divine apprends progressivement à vivre de Lumière éternelle et non pas d'aliments grossiers . La Sainte se réfugia dans un silence méditatif, son regard plongea au dedans d'elle même et les profonds miroirs de ses yeux devinrent inexpressifs; elle poussa un soupir particulier prélude à la transe exatique ou l'on n'a plus besoin de respirer. Pour un temps son âme s'évada vers le Royaume où toutes les questions sont superflues , où tout est béatitudes. Giri Bala , repris je lorsque la Sainte eut rouvert les yeux , donnez moi en souvenir un lambeau de l'un de vos saris ! Bientôt elle revint avec une grande pièce de soie de Bénarès aux mains et se prosterna devant moi , Mère , dis je avec vénération , laissez moi plutôt toucher vos pieds sacrés . L'hindouisme n'est pas une religion exclusive, il y a place en lui pour l'adoration de tous les prophètes du monde ; ce n'est pas une religion missionnaire. L'hindouisme enseigne aux hommes à adorer Dieu suivant leur propre croyance ou d'harma ( loi naturelles universelles permettant à l'homme d'échapper à la souffrance et à la dégradation ) Les guerres , les crimes ne paient les milliards de francs dispersés dans la fumée des explosions auraient suffit à bâtir un monde nouveau, presque entièrement affranchi des maladies ou en tout cas de la misère. Non plus une terre où règne , crainte, chaos, famine, pourriture et danse macabre, mais un vaste monde de paix, de prospérité, de connaissances sans cesse accrues. La voix de Gandhi, celle de la non violence, en appelle à la conscience supérieure de l'homme. Que de nations, scellent un pacte, non avec la mort mais avec la vie, non avec la destruction mais avec l'édification, non avec l'Annihilateur mais avec le Créateur. Le pardon est sacré, il préserve le monde dans son intégrité, la quiétude d'âme. Le pardon et la douceur sont les qualités de ceux qui ont acquis la maitrise de soi . Ils représentent la vertu éternelle. Je ne veux pas que l'Inde, grandisse sur les cendres des autres nations , je ne veux pas que l'Inde exploite un seul être humain . Les problèmes épineux de l'Inde nouvellement indépendante seront résolus par ces grands hommes que, de tout temps, elle n'a jamais manqué de produire .
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