jeudi 3 octobre 2024

Les enfants d'Elisabeth de Hélène Legrais






Elne (Pyrénées Orientales, 24 décembre 1939 ) Teresa resserra le col de sa vielle vareuse  sur son cou, l'humidité glaciale de la plage lui collait à la peau même ici à des kilomètres de la mer plombée de décembre. Teresa  se dévissa le cou, juste le temps d'apercevoir du coin de l'œil, le portail qui se refermait derrière la voiture , une nouvelle prison, une de plus qui ne disait pas son nom. Dans un crissement de pneu, d'une double volée de marches, qui s'enroulaient de part et d'autre d'une terrasse circulaire faisant office de perron, au dessus se dressait la masse sombre d'un grand bâtiment de trois étages surmonté d'une verrière en forme de campanile. Oué maravilla !" Quelle merveille " , une main soutenant ses reins douloureux, Susana s'extirpa de l'Opel avec un cri d'admiration; Mira Teresa , un vrai château!  Teresa dédaigna répondre. Depuis Argelès, Susana s'était extasiée, devant les coquettes villas nichées au coeur des pinèdes, indifférentes, au sort des réfugiés parqués à quelques centaines de mètres de leur jolie clôture peinte en blanc; les champs et les vignes, ou choux frileux et ceps dénudés s'alignaient en rang impeccables, quelques boutiques aperçu en traversant Elne, et les femmes qui échangeaient devant leurs étals les dernières nouvelles. En cette saison la nuit tombait très tôt et à cinq heures de l'après-midi, le crépuscule noyait déjà d'ombre la campagne environnante. La directrice de cette maternité mise sur pied dans l'urgence par l'Ayada suiza a los niño de España( le Secours Suisse aux enfants d'Espagne)  ne ressemblait pas à l'image que Teresa s'en était faite, à peine plus âgée qu'elle même, vingt cinq ans peut-être, elle était tout sauf impressionnante : Un petit bout de femme menu aux yeux limpides et au large front intelligent. Deux jeunes femmes en bonnet et tabliers blancs, dévalèrent l'escalier de gauche à leur rencontre. La première offrit son bras à Susana pour l'aider  à monter les marches, Teresa refusa, l'aide de l'infirmière blonde, un combattant marche seul ! Chaque pas lui coûtait, c'est ainsi vacillante et fière qu'elle franchit le seuil du bâtiment. Des flammes claires dansaient dans la cheminées répandant une douce chaleur, sept ou huit femmes étaient réunis autour d'une grande table de bois blanc, certaines tenaient des nouveaux nés dans leurs bras, les autres semblaient sur le point d'accoucher. La directrice fit signe aux deux nouvelles de la suivre : Que diriez vous d'un bain bien chaud avec une serviette de toilette et du savon? Vous vous sentirez bien mieux une fois propre! Eh bien vous n'êtes pas encore déshabillée? Je vais vous aider à retirer cette vieille veste d'uniforme ,elle est raide de crasse et elle grouille sans doute de vermine, il vaudrait mieux la brûler, Jamais !Teresa fit deux pas en arrière, alors nous la laverons ! C'est s'en doute un souvenir, peut-être appartenait elle à un soldat de vos amis , quelqu'un qui vous est cher? C'est la mienne, je suis milicienne, je me suis engagée le jour de mes dix huit ans annonça fièrement Teresa. Vous étiez brancardière ?Chargée de transmissions ? Combattante !  les sourcils de la directrice se froncèrent , Teresa porta l'estocade avec un fusil, dans une brigade d'infanterie. J'ai combattu à Teruel et sur le front de l'Ebre , j'ai été blessé au bras , voulez vous voir ma cicatrice ? Vous avez tué ? Teresa haussa les épaules, quelquefois je suppose, quand ça mitraille de partout, comment savoir qui a touché...Mais on me confiais surtout des missions de liaisons. Elle avait aussi couper ses cheveux à ras, quand elle avait vu les gendarmes mobiles séparer les hommes des femmes, avait refuser de quitter ses compagnons de combat, une trentaines de miliciens, s'était ainsi dissimulée au milieu des hommes soldats, le calot rabattu sur les yeux , Teresa avait ainsi partagé pendant plusieurs mois une chabola ( hutte) faîte de roseaux et d'un bout de tôle ondulée à moitié enterré dans le sable avec une demi douzaine de ses frères d'armes. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus leur dissimuler sa grossesse et c'était Andrés lui même qu'il l'avait supplié de ce dénoncer afin de rejoindre l'îlot des femmes et de bénéficier ainsi des conditions de vie un peu meilleures. Une maigre paillasse dans une baraque glaciale sans même un plancher pour isoler du sable, cinquante grammes de pain et un verre de lait en plus , valaient ils de se retrouver ainsi seule et abandonnée ? Désormais elle n'était plus une combattante, juste une femelle pleine qui attendait de mettre bas... Le groupe des femmes réunis dans la salle octogonale du rez de chaussée s'était amenuisé, les plus valides devaient aider à préparer le repas et à mettre la table. Seules restaient autour de la table une Andalouse dont le ventre énorme semblait sur le point d'éclater et les mères berçant toujours leurs progénitures. Ce qui ramena à Teresa des images dont elle avait gravée dans sa mémoire , la bombe larguée par l'avion italien avait frappé l'immeuble de plein fouet, et puis les sirènes avaient sonné la fin de l'alerte et la population, s'était répandue hagarde dans les rues de Barcelone dévastée, Teresa et son unité avaient l'ordre de rechercher des survivants dans ses décombres; ils s'étaient mis au travail avec ardeur, de tous ses amas de briques et les blocs de béton, jusqu'à cette petite main minuscule pendait inerte , par dessus le bras de sa mère. A Table ! Señora c'est l'heure du repas, la vie de la maternité d'Elisabeth était maintenant son quotidien, l'histoire de femmes solidaires, dans le désespoir et l'espoir l'emmène vers une autre page de sa vie, elle fait la connaissance de Remei cette couturière, professeur de coupe dans un atelier de Badalona avait passé la frontière en camion par la côte à Portbou , l'accueil de la population de Cerbère, le premier village français après la frontière, Remei avait passé quelques mois à Argelès avec son mari Joan et ses parents avait été transférés dans un autre camp sur la plage de Saint-Cyprien . Remei était en plein travail au Marruecos ( Maroc) c'était le nom que les femmes avaient donné à la salle de l'accouchement parce que l'on y transpirait  et qu'on y souffrait beaucoup. Et puis les cavaliers maures de France ne revenaient ils pas les terroriser encore dans leurs rêves? elles avaient baptisé chacune de ses chambres du nom d'une ville espagnole , Madrid la nursery, Séville la pièce pour les enfants malades, Cordoue celle pour les femmes enceintes et aussi Barcelone, Bilbao, Santander , Saragosse , San Sebastian etc...un peu d'Espagne en terre d'exil pour leur tenir chaud au coeur. Mercedes  avait donné naissance à une petite Rosa Maria et Remei voulait y voir un bon présage, lors d'une distribution de vêtements collecté par des associations d'entraide, elle avait récupéré des pulls en laine fine, la laine détricotée, le fil lavé et rembobiné en pelote, elle avait pu ainsi confectionner une brassière rayée rose et blanc et de minuscules chaussons. Teresa ne faisait pas de travail de couture, car sa mère ne lui avait pas enseigné et disait: " L'Espagne à suffisamment de femmes habiles à tirer l'aiguille au coin du feu, maintenant ce dont elle a besoin c'est des femmes instruites, capables de prendre des responsabilités et de participer à la vie du pays, il faut construire une Espagne neuve" lui répétait sa mère en brandissant sous son nez, avec une moue de dégoût , comme s'il s'agissait d'un torchon malpropre et puant, une de ses merveilles de napperon en dentelle qu'elle confectionnait les yeux fermés. Llibertat "Liberté en Catalan" c'est le prénom que Teresa à choisi pour sa fille, Isabel resta la plume en l'air au dessus de la feuille du papier ou s'apprêtait à noter toutes les indications nécessaires pour aller déclarer cette nouvelle naissance à la mairie d'Elne; Teresa ne lui laissa pas le temps d'objecter quoi que ce fût " Et ne dites pas que ce sera un fardeau trop lourd à porter pour une petite fille! N'est ce pas au contraire le plus beau programme qu'on puisse lui proposer pour sa future vie de femme. Comment savoir à présent l'état d'esprit de son "homme" Ils s'étaient rencontré au fond d'un fossé , un tir nourri d'artillerie les avaient obligés à plonger à l'aveuglette pour se mettre à l'abri. Ce n'était qu'une fois le calme revenu qu'ils s'étaient dévisagés avec stupeur, avant d'éclater de rire, un obus avait fait exploser non loin d'eux un geyser d'argile et leurs visages étaient recouverts d'un masque rouge qui trouait seulement leurs yeux écarquillés et les dents blanches d'Andrès . Teresa avait trouvé ce sourire irrésistible! Elle n'avait guère eu de nouvelles de lui depuis son arrivée à Elne, juste un petit mot de remerciement par le biais d'un conducteur de camion pour le chocolat et la boîte de gâteaux  qu'elle lui avait fait parvenir en début d'année. Remei qui va à Argelès va lui apporter une lettre de Teresa lui annonçant la naissance de sa fille. La réponse d'Andrès lui parvint une semaine plus tard; il s'inquiétait de savoir si sa fille tétait bien, si elle prenait du poids, il approuvait sans réserve le choix de son prénom et demandait que lors de sa prochaine venue à Argelès, la señorita Isabel lui apporte les papiers nécessaires pour pouvoir reconnaître Llibertat , afin que la petite porte son  nom;  il ajoutait qu'il avait pensé un moment s'engager dans la Légion étrangère française pour continuer à se battre contre le fascisme, puisque la France était désormais en guerre contre l'Allemagne , mais bien sûr maintenant qu'il était père, il avait changé ses plans, il concluait par des mots tendres, qui firent monter des larmes dans les yeux de Teresa. Bien qu'elle voulut partir rejoindre Andrès en cherchant dans le bureau de la directrice ces papiers, elle fût dissuader car elle courrait un grand risque avec le bébé de se faire arrêter. Elle restait à la maternité et on lui avait confier la tâche d'aller chercher les courses en vélo en trainant une carriole qui servait aussi à ramener la sage femme quand un accouchement se précipitait et que la voiture était occupée ailleurs, durant le trajet en luttant contre la tramontane, elle avait dévorée des yeux le paysage, elle mit pied à terre à l'approche des premiers étals, elle venait quasiment tous les jours à Elne, elle préférait les jours du marché le vendredi, les odeurs fortes de fromage, d'épice, de morue séchée et d'anchois, les couleurs vives des fruits et des légumes , tous le monde la connaissait à présent et certains pas tous bien sûr, lui rendaient son salut et échangeaient quelques mots avec elle ,chez la souriante Maguy aux grands yeux noirs elle achetait ses légumes apprenant que sa cliente venait du château d'En Bardou , elle lui avait demandé si elle avait un enfant et depuis elle lui demandait des nouvelles de la petite Llibertat, son amabilité envers " l'Espagnole" suscitait parfois chez ses voisins du marché quelques réflexions acides , cette fille avait du cran ! et Teresa aimait çà, un vieux bonhomme bourru qui proposait ses tresses d'ail et d'oignon à deux étals de là  avait fini par lui confier entre deux longs silences que Maguy était déjà la cible de certaines critiques bien avant de l'avoir rencontrée, elle était en effet ce que l'on appelait " une fille mère " Elle avait aussi appris à cette occasion qu'il pourrait être  profitable de ne pas dévoiler sa connaissance du français, dont elle était si fière; devant une étrangère, on ne se gênait pas pour parler ! " Que voulez vous qu'elle y comprenne Elle avait ainsi pu  se tenir au courant de la débâcle française face à l'armée allemande, les habitués du marché d'Elne ne parlaient  que de la guerre et de l'exode provoqué par l'avancée  inexorable des Allemands. Le retour était toujours pénible, la carriole  pleine pesait son poids et Teresa devait appuyer de toutes ses forces sur les pédales pour ne pas rester engluée dans la boue. Une grosse voiture noire était garée devant le perron de la maternité qui semblait prise d'une effervescence inhabituelle, elle faillit se heurter à soeur Betty qui dégringolait l'escalier de pierre " Mon Dieu , mon Dieu quel honneur!" Que se passe t-il ? Le Maître est venu nous rendre visite ! Au premier abord, le petit monsieur replet aux lunettes rondes et à la calvitie, coiffée d'un chapeau mou lui disait rien; affable et attentif, il s'enquérait de la santé et de l'histoire de chacune en homme visiblement habitué à côtoyer  du monde, à évoluer en public. C'est alors que la lumière se fit dans l'esprit de Teresa Pau Casals ! le célèbre violoncelliste avait quitté l'Espagne après la promonciamiento (coup d'Etat) des militaires  mené par Franco contre la République espagnole en 1936;  refusant de jouer la moindre note de musique sous la botte fasciste . Il s'était installé juste de l'autre côté de la frontière , à Prades, au pied du Canigou qui régnait sur les plaines du Roussillon,. Depuis que la Retirada avait jeté des centaines de millions de ses compatriotes dans les camps, Pau Casals que les Catalans appelaient Pablo, se démenait pour leur venir en aide. Certaines  femmes de la maternité l'avaient sollicité au début de l'année et il leur avait envoyé de l'argent, la señorita Isabel touchée lui avait écrit pour le remercier de sa générosité, il lui avait répondu et protestait : Qu'étaient quelques billets en regard du réconfort et des soins prodigués à ses compatriotes par le personnel du Secours Suisse aux enfants ? Il promettait que, dès que son emploi du temps le lui permettrait il viendrait à la maternité manifester son soutien de vive voix. Il avait attendu début juillet, mais il était là. Et vous mon enfant d'où venez vous ?Elle se retourna surprise, le Maître lui souriait, sans même réfléchir, Teresa se mit au garde à vous, par habitude parce qu'elle ne savait plus manifester son respect autrement depuis des années, depuis qu'elle avait endossé son uniforme de milicienne, elle entendit des femmes pouffer. Pau Casals n'eut pas l'air de s'en moquer, bien au contraire, la mine grave, il se redressa de toute sa taille pour répondre à son salut militaire. Par quelle unité avez vous servi , soldat interrogea t'-il?  et ce terme que plus personne n'avait employé à son égard depuis son départ du camp embua ses yeux  Fin juillet le Maréchal Pétain était venu visiter les camps de Barcarès et de Saint-Cyprien afin de se rendre compte de la situation par lui même. Pendant cinq jours et cinq nuits , la pluie était tombée sans discontinuer, il n'y avait plus d'électricité, les ponts étaient submergés, la route et la voie ferrée coupées et en bout de course aux confins de la plaine, aux embouchures de l'Agly, de la Têt et du Tech, les plages étaient submergées . Pour une fois, elle s'était dit que la détention d'Andrès au fort du Miradou avait des avantages , il n'était pas à la merci des intempéries. Après les inondations d'octobre on avait demandé des volontaires dans les camps pour réparer les dégâts, beaucoup de soldats français étaient prisonniers en Allemagne. La brigade de travail d'Andrès était partie pour Ille sur Têt afin de remettre en état les berges de la rivière et le canal d'arrosage qu'on appelait le Ribéral . On avait averti par message que Andrès  était libre au maquis , Llibertat qui avait fêter son premier anniversaire . Alors cette sortie à Prades, avec permission officielle , Teresa se rendit chez une certaine Brigitte Salète , dont la famille tenait un café hôtel , comme si elles étaient de vieilles connaissances elle se firent une vigoureuse embrassade elle laissa son bar  à son parrain et accompagna Teresa et Llibertat vers des vignes, elle montra du doigt  un cabanon, voici le casot, vous n'avez rien à craindre, il appartient à ma famille, puis elle laissa Teresa et sa fille, elle avait cru mourir sur place, là au milieu des vignes , quand Andrès avait couru vers elles , un autre maquisard faisait le guet. Une lettre de la mairie d'Elne reçu à la maternité , la préfecture à ordonné à chaque municipalité de resencer tous les juifs présent sur le territoire de la commune et on me demande de fournir la liste des mères et des enfants qui se trouvent au château . La señora Isabel  répondit qu'elles étaient toutes reparties dans leur camp d'origine. La vie d'Hénia ne doit pas être facile, seule avec son bébé, et son mari caché dans une maison du village, il faudra penser à lui envoyer un nouveau colis de lait en poudre, heureusement qu'elle peut compter sur l'amitié de la famille Capdet, il y a de braves gens tout de même! Le rendez vous avait été fixé à minuit à l'entrée de Llupia , un village juste avant Thuir , Teresa ralentit , en approchant des premières maisons, puis se gara et éteignit les phares de l'Opel . Soudain une silhouette sortit de derrière un arbre et vint toquer à la vitre du côté passager. La señora Isabel entrouvrit la portière et elles reconnurent l'accent prononcé de Maurice Eckstein , elle sortit et buta contre Hénia qui étreignit la directrice avec reconnaissance, Monsieur Capdet, le paysan français qui cachait son mari était là aussi, les deux hommes allèrent chercher le landau où le petit Guy dormait sous la couverture qui l'avait envelopper le jour de sa circoncision , Monsieur Eckstein le souleva délicatement pour ne pas le réveiller contemplant avec intensité le visage joufflu sous ses fins cheveux blonds, comme s'il voulait imprimés dans sa mémoire l'image de ce fils, qu'il ne reverrait sans doute pas d'ici de  longues semaines, puis il déposa un baiser sur le front chaud pour qu'on ne voit pas ses larmes qui noyaient ses yeux. dans le rétroviseur elle aperçut le coeur serré , Maurice Eckstein , flanqué de son ange gardien qui repartait vers sa cachette en poussant le landau vide, la mère et l'enfant étaient désormais à l'abri. Mais tu te trompes voyons ! Ce n'est pas le chemin du château, Lili posa sa main apaisante sur celle de sa mère, assise  à ses côtés sur la banquette arrière de la voiture. Regarde , il y a les panneaux Maternité Suisse d'Elne, C'est bien ici . Ce n'est pas parce que je suis vieille et que j'ai besoin de lunettes, j'y ai quand même passé quatre ans de ma vie ! Teresa saisit la main  qu'il lui tendait et s'extirpa  péniblement de l'habitacle, Maudite vieillesse ! Ses articulations lui faisaient mal et sa hanche l'obligeait à présent à s'appuyer sur une canne; elle allait avoir quatre vingt huit printemps dans trois semaines . Teresa rajusta sur son chemisier le coeur en or et grenat , cadeau de mariage de son cher Andrès et jeta un regard curieux au travers de ce portail , c'est alors qu'elle la vit la maternité, de ce côté une aile du château  avait disparu remplacé par une grande verrière  verticale décorée d'un vitrail qui donnait sur sa piscine bleu turquoise. Un grand monsieur aux gestes amples et au large sourire vint à leur rencontre, Il se présenta : François Charpentier, maître verrier de son état et heureux propriétaire de ce château , où il avait plaisir à les accueillir en ce grand jour, Llibertat lui tendit la lettre d'invitation qu'elles avaient reçue. il y avait déjà foule aux pieds des marches et sur la terrasse circulaire devant la porte d'entrée. " Vous êtes maman Teresa" s'exclama t'-il , j'ai tellement entendu parlé  de vous , permettez moi que je vous embrasse et vous devez être la petite Lili poursuivit il , vous êtes très attendues vous savez ? il les devança, jusqu'en haut du perron où se tenait le maire d'Elne, un moustachu jovial lui même descendant d'exilés  républicains espagnols. Arrivée devant la porte vitrée , Teresa lâcha le bras de sa fille, en décembre 1939, c'était seule qu'elle avait tenu à entrer, pour la première fois dans ce bâtiment dont elle ignorait encore qu'il allait devenir sa maison pour quatre années . C'était seule à nouveau qu'elle voulait en repasser le seuil cinquante huit ans après avoir été obligée de le quitter en avril 1944, les Allemands avaient réquisitionnés , ses occupants avaient trois jours pour déguerpir ; il fallait déménager le matériel, le personnel, les femmes et les enfants dans un  nouveau lieu d'accueil en Aveyron . Elisabeth proposa à Célia et Teresa d'y partir avec elles , mais elles avaient toutes deux décliné l'invitation . Le mari de Célia était toujours en Allemagne et elle tenait à ne pas s'éloigner de l'Espagne, Teresa , elle voulait bien sûr rester à proximité d'Andrès toujours au maquis, dans les montagnes, s'est ainsi que leurs chemins se sont séparés . Mais le brouhaha des conversations, éloignait jusqu'à leurs souvenirs, elle rouvrit les yeux. Et vit Célia, sa fille Celita, plusieurs personnes encore comme  Hénia, Guitou, Juju et Sébastien Capdet qui avait aidé monsieur Eckstein et enfin Elisabeth elle était aussi menu et petite  que dans son souvenir, plus même puisqu'elle s'était tassé avec l'âge et qu'elle s'appuyait comme Teresa sur une canne, ses cheveux de neige n'étaient plus nattés en couronne autour de sa tête, mais son regard n'avait rien perdu de sa vivacité et de son intelligence elles s'étreignirent longuement. Le château d'En Bardou où été installé la maternité Suisse à été racheté le 1er juillet en 2005 par la ville d'Elne, grâce notamment à une grande souscription populaire. Le but est de poursuivre, l'œuvre d'Elisabeth Eidenbenz en y créant une auberge humanitaires pour accueillir des femmes et des enfants victimes de divers conflits qui ensanglante notre planète. 

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