vendredi 19 juillet 2024

Autobiographie d'un Yogi de Paramahansa Yogananda




Aucune des petites humiliations de l'enfance ne s'est effacée de mon esprit . J'étais conscient en dépit éprouvé à ne pouvoir marcher ou m'exprimer librement. Le besoin de prier naquit du sentiment de l'impuissance de mon corps. Une vie affective intense s'épanouissait dans un silence composé d'un chaos de mots étrangers où je finis par distinguer les syllabes du bengali ; la langue de mon entourage. Combien de grandes personnes se leurrent dans l'idée que l'esprit d'un enfant n'a d'autres soucis que les jouets ! Ces ferments psychologiques et le sentiment de mon corps provoquaient de nombreuses crise de larmes. Je naquis à Gorakhpur le 5 janvier 1893, ville de Provinces Unie de l'Inde du N-E dans la décade du XIX siècle, et j'y passai les huit premières années de ma vie. Nous étions huit enfants : quatre garçons et quatre filles ; mon père et ma mère étaient des Bengalis de la caste des Kshatriyas ( deuxième caste, originellement celle des dirigeants et des guerriers) Mon père Bhagabati Charan Ghosh , était bon  grave et parfois sévère, nous l'aimions profondément tout en le respectant ; mathématicien et logicien de valeur, il vivait principalement par l'intelligence. Ma mère était une reine des coeurs et nous élevait avec amour. Ce fut sous la direction de notre mère que nous fîmes connaissance avec les Ecritures . Les récits du Mahâbhârata et du Râmâyana ( textes épiques très anciens, mélange d'histoire, de mythologie , de philosophie) Ma mère témoignait quotidiennement  son respect à mon père en nous habillant avec soin chaque après-midi pour l'accueillir à son retour du bureau. Sa charge correspondait au titre de vice président de la Compagnie des chemins de fer du Bengale Nagpur , l'une des plus importante de l'Inde ; son travail impliquait de fréquents déplacements et c'est ainsi que durant mon enfance nous habitâmes successivement plusieurs villes . Ma mère faisait constamment des largesses aux pauvres. Mes parents au début de leur mariage devinrent disciples du grand Lahiri Mahâsaya de Bénarès . Sa photo, dans un cadre orné, ne cessa de décorer l'autel familial quelle que fut la ville où père dut séjourné pour les besoins de sa charge. Soir et matin, ma mère et moi méditions tous deux devant un autel improvisé, faisant des offrandes de fleurs macérées dans un extrait de bois de santal ; la myrrhe , l'encens et nos dévotions honoraient la divinité qui était incarné en Lahiri Mahâsaya  Cette photo eut une singulière influence sur ma vie, la pensée du maître ne cessait d'approfondir en moi , tandis que je grandissais. Souvent au cours de la méditation, son image sortait du cadre et s'asseyait en face de moi, comme vivante, sitôt que j'essayais de toucher ses pieds divins, elle redevenait photo et rentrait dans le cadre. je lui adressais continuellement des prières aux moments de peine ou d'ennui et j'y trouvais un appui inébranlable. D'abord je m'attristai le sachant mort , mais plus tard je me convainquis de sa mystérieuse omniprésence et cessait de me lamenter. Il avait souvent écrit à ceux d'entre ses disciples qui manifestaient trop d'empressement à le voir ! " Que vous sert la vue de mon enveloppe charnelle, alors que je demeure toujours à la portée de votre Kâtastha (vision spirituelle)" Vers l'âge de huit ans, je fus redevable à la photo de l'incomparable guru d'une guérison miraculeuse ceci me fortifia mon amour. Comme nous résidions à Ichapur ( Bengale) je fus atteint du terrible choléra asiatique et l'on désespéra de me sauver, les médecins se déclaraient impuissant à me guérir ; à mon chevet, ma mère m'en joignit avec ferveur de contempler le portrait de Lahiri Mahâsaya  accroché au mur au-dessus de ma tête. Agenouille toi devant lui en esprit! fît elle me sachant incapable de bouger un doigt, si tu parviens à l'adorer de toute ton âme, ta vie sera épargnée. Je contemplai la photo et soudain une vive lumière enveloppa mon corps et se répandit dans la pièce ; la nausée et les autres symptômes disparurent, je me sentis guéri , au même instant, j'eus la force de me pencher et d'effleurer les pieds de ma mère, lui témoignant ainsi que sa foi inébranlable dans le divin guru est récompensée ; elle pressa plusieurs fois la joue contre l'image miraculeuse. Cette photo est l'un des biens les plus précieux donnée à mon père par Lahiri Mahâsaya lui même, elle porte en elle des vibrations sacrées. Les préparatifs du mariage de mon frère ainé  furent particulièrement grandioses, ma mère accueillit à Calcutta  nombre d'invités arrivés de très loin, elle les installait dans uns une spacieuse maison, tout été prêt: les mets délicats, le trône sur lequel Ananta sera porté à la maison de sa future épouse, les lampions multicolores, les chameaux et les éléphants en carton pâte, les orchestres hindou, les amuseurs professionnels, les prêtes de l'ancien culte. Mais peu avant le grand jour , j'eus une vision de mauvaise augure, au environ de minuit, je fus réveillé par un froissement particulier du moustiquaire entourant le lit, le frêle rideau s'écarta et je vis ma mère bien aimée, " Réveille ton père, prenez tous les deux le train à quatre heures du matin ,venez immédiatement à Calcutta, si vous voulez me revoir à ces mots elle s'évanouit. Papa! papa!  maman est en train de mourir ! ma voix terrifiée le réveilla aussitôt; ce n'est qu'une hallucination et rien de plus protesta mon père , ta mère est en excellente santé. Vint le matin, qui nous apporta la triste nouvelle: Mère gravement malade : mariage remis, Venez de suite ! Nous n'arrivâmes à Calcutta que pour confronter le désespérant mystère de la mort. je sombrai dans un état de dépression d'où la vie semblait absente, nous regagnâmes Bareilly mon père et moi sitôt les rites d'incinérations furent consommés . Quatorze mois après la mort de maman, j'appris qu'elle m'avait laissé un message de la plus haute importance, mon frère me remit une petite boîte et fait connaître le message de ma mère: " Que ces paroles soient ma suprême bénédiction, mon bien aimé Mukunda certains faits peu ordinaires ayant suivi ta naissance, tu n'étais qu'un bébé, alors que pour la première fois ta destinée me fut dévoilée, je te portai dans la demeure du guru à Bénarès, j'eu de la peine à apercevoir Lahiri Mahâsaya figé dans l'attitude de la plus profonde méditation ; je te caressais tout en priant que le divin guru ressente notre présence et nous bénisse. tandis que ma muette supplique se faisait plus fervente , il ouvrit les yeux et m'ordonna d'approcher, je m'agenouillai à ses pieds sacrés, le maître te prit sur ses genoux et posa la main sur ton front dans un geste de baptême spirituel. " Petite maman, ton fils sera yogi :Telle une locomotive spirituelle, il mènera beaucoup d'âmes au Royaume de Dieu. C'est ainsi mon cher fils, que je fus convaincue que ta vie te mènerait loin des ambitions de ce monde, un évènement absolument unique me confirma cette idée et m'oblige maintenant à te laisser un message, à mon lit de mort " Il s'agit d'une rencontre avec un sage du Pendjab , un domestique entra un jour en coup de vent dans ma chambre , annonçant : " Maîtresse, un étrange sâdhu ( personne qui suit son chemin de discipline spirituelle ou sâdhanâ ) il insiste pour voir la mère de Mukunda , ces mots si simples me bouleversèrent , je m'inclinais à ces pieds, je sentis que je me trouvais en présence d'un authentique homme de Dieu. " Mère fit il, les divins maîtres ont voulu que tu saches que ton temps sur cette terre est révolu, ta prochaine maladie sera aussi la dernière, tu sera dépositaire d'une amulette d'argent , je ne te la remettrai pas aujourd'hui , elle se matérialisera demain tandis que tu méditeras à ton lit de mort, tu priera ton fils Ananta de la garder un an durant et de la remettre ensuite à ton second fils Mukunda, qui comprendra la signification de l'amulette, don de ses maîtres. Il la recevra au moment où il se sentira prêt à renoncer au monde afin de chercher Dieu " Une lueur d'illumination m'envahit lorsque j'eus pris possession de l'amulette, d'une forme ronde, elle paraissait d'une antiquité fabuleuse et portait des caractères sanscrits, je devinai qu'elle venait de maîtres de vies passées qui , invisiblement guiderai mes pas. L'amulette exerçait sur moi une influence silencieuse. C'est au milieu des neiges de l'Himâlaya  que je comptais rencontrer le maître dont le visage m'apparaissait  souvent dans des visions . Je fis une fugue avec Amar un ami du lycée pour ma quête spirituelle, mais Ananta et le frère d'Amar arrivèrent trois jours plus tard à Rishikesk , j'étais en colère. On s'est arrêté à Bénarès où mon frère avait élaboré un stratagème pour me faire rencontrer un jeune homme qui discuta avec moi et voulut me faire comprendre d'abandonner mon idée d'être moine . " Tu iras au devant de toutes sortes d'imperfections et seras dans l'incapacité de trouver Dieu si tu persiste à fuir les responsabilités quotidiennes ; tu ne peux purger ton karma ( Effet des actions passées, en cette vie ou la précédente) sans passer par les expériences de la vie du monde" A Calcutta mon père m'adjura d'une façon touchante de mettre un frein à mes instincts de vagabondage ne fût ce que à la fin de mes études secondaires. En mon absence , il avait pressenti un saint pandit Swâmi Kebalâmanda qui promit de venir régulièrement à la maison , " le sage sera ton professeur de sanscrit "m'annonçât- il. Mon père ignorait que Swâmi Kebalânanda  était un disciple  exalté de Lahiri Mahâsaya , par une rare fortune, j'eus le bonheur de vivre durant dix ans dans l'entourage de Lahiri Mahâsaya . Chaque soir, sa maison de Bénarès était un lieu de pélerinage, d'habitude le guru se trouvait dans le petit salon au rez- de chaussée , il se tenait dans la posture du lotus sur un siège de bois sans dossier et ses disciples formant un demi cercle autour de lui. Une divine extase illuminait ses yeux qui, toujours mi-clos, étaient braqués comme un télescope sur des mondes, d'éternelles béatitudes. Il parlait rarement, quelquefois, son regard se fixait sur un disciple qui éprouvait le besoin d'être aidé, les paroles bienfaisantes jaillissaient alors comme une cascade lumineuse. Un calme inébranlable s'irradiait en moi sous les regards du Maître, son parfum me pénétrait comme celui d'un lotus infini; être auprès de lui, sans même échanger une seule paroles pendant des jours et des jours suffisait à bouleverser mon âme de fond en comble ,qu'une barrière invisible se dressât sur le chemin de la concentration, il me suffisait pour en venir à bout, de méditer aux pieds du Maître! Là , les états les plus inaccessibles se révélaient à ma portée. Le divin guru était en vérité, un temple vivant de la Divinité dont les portes secrètes restaient ouvertes à tous les disciples par la dévotion . Sa sagesse nous submergeait comme un océan aux vagues innombrables , il possédait la clé merveilleuse ouvrant la chambre aux trésors des védas ( pensée védique) Le Maître ne nous encourageait jamais à croire aveuglément " Les mots ne sont qu'une carapace " avait il coutume de dire " Vous devez vous convaincre par vous même de la présence de Dieu par la joie du contact divin que l'on réalise par la méditation , la clé du yoga gardera son efficacité lors même que je ne serai plus parmi vous, cette technique ne peut ni se perdre , ni se tarir ni être oublié . Persévérez dans la voie libératrice du Kriyâ Yoga  dont la force réside dans la pratique. Des mois heureux passaient, le lecteur a sans doute déjà deviné que je n'étais pas particulièrement assidu aux cours! Le Maître accepta sans commentaires ma présence perpétuelle, et a mon grand soulagement il fait rarement allusion au collège. Avant le petit déjeuner nous faisions une promenade au bord du Gange; ces sorties matinales avec mon guru sont inscrites à tout jamais dans ma mémoire! Il m'est aisé de me représenter à ses côtés, le soleil du matin réchauffe le fleuve, la voix du Maître chargée d'authentique sagesse résonne claire à mes oreilles, un bain et enfin le repas de midi, soigneusement préparé par les jeunes disciples suivant les injonctions du Maître. Il enseignait aux disciples à suivre un régime simple, conforme à leur constitution . Le Maître mangeait peu, le plus souvent du riz assaisonné de curcuma , de jus de betteraves ou d'épinards avec du ghee de buffle ( beurre clarifié) quelquefois il prenait du Dahl  de lentilles ou du channa ( fromage de lait caillé) épicé avec des légumes , au dessert des mangues, oranges avec un gâteau de riz. Dans l'après-midi , les visiteurs affluaient à l'ermitage , le Maître les accueillait toujours avec bonté et courtoisie. D'ordinaire mes maitres du collège de Serampore me traitaient avec bienveillance " Mukunda est vraiment sur enivré de religion" m'ayant ainsi classé ils me dispensaient d'interrogatoires. Après quatre années d'universités je pouvais affronter les épreuves de licence proprement dite, mais je passai encore beaucoup de temps auprès de mon Maître qui un soir m'interrogea gravement " Quand commence tu tes examens de licence ?"Dans cinq jours Maître " " J'espère que tu es prêt?" Plein d'anxiété je me figeai, Maître protestai je vous savez parfaitement que c'est avec vous que j'ai consacré tout mon temps plutôt qu'aux études! Comment oserais je affronter ces redoutables épreuves ? Tu dois les affronter ! Avec la détermination spirituelle du Maître et la volonté d'exécuter son ordre en juin 1914 je fus en possession de mon diplôme de l'université de Calcutta. Je m'agenouillai aux pieds de mon Maitre lui rendant grâce de ses incomparables bienfaits ( le pouvoir d'influencer l'esprit d'autrui et le cours des évènements est un vibhuti ( pouvoir yoguique)" Maître acceptez moi comme moine dans l'Ordre des Swâmis" pendant des années il avait refusé d'accéder à ma demande, cette foi ci il acquiesça de bonne grâce. "Je suis heureux que tu aies persisté dans ton désir d'être moine "C'était un jeudi ensoleillé du mois de juillet 1914, au balcon de son ermitage de Serampore le Maître teignit en ocre, couleur traditionnelle de l'Ordre des Swâmis , une étoffe de soie blanche, lorsque la robe fut sèche, mon guru me drapa dans ses plis, symbole de renonciation . " Un jour , tu te trouveras en Occident, où l'on préfère la soie expliqua t'il ; symboliquement je t'ai donc choisi la soie au lieu du coton traditionnel" puis me dispensa de tout les rites de cérémonie et m'invita simplement à choisir un autre nom . Yogananda répliquai je après un moment de réflexion. Ce nom signifie : Béatitude (ananda) acquise par l'intermédiaire de l'union divine (yoga) ce nouveau nom à une double signification c'est l'ascension à la béatitude suprême (ananda) grâce à une qualité divine ou état : amour, sagesse, piété, dévouement et yoga est l'acquisition de l'harmonie avec la nature dans son immensité :océan , montagne ou cieux . L'idéal  de service désintéresser à l'humanité de renonciation à toutes attaches personnelles ou ambitions conduit la plupart des Swâmis , à prendre une part active dans une œuvre humanitaire ou d'éducation dans l'Inde ou occasionnellement à l'étranger . Ignorant tous les préjugés de caste, de religion, de classe, de couleur, de sexe ou de race, un Swâmi est rempli de l'idéal de la fraternité humaine ; son but , c'est la fusion totale avec l'Esprit, la Conscience de l'état de veille ou de rêve imprégnée de cette pensée . Le Swâmi est dans le monde , tout en n'étant pas du monde. En Occident , le jour est proche où la science intérieure de la maitrise de soi sera considéré comme aussi essentielle que celle extérieure, qui conquiert la nature. A l'aube du nouvel âge atomique, la preuve scientifique du fait désormais indiscutable que la matière est une condensation de l'énergie élargira l'esprit humain . L'esprit humain peut et doit libérer en lui même des énergies plus puissantes que celles qui se cachent dans la pierre ou les métaux sans quoi le géant atomique nouvellement lâché sur le monde se retournera contre l'humanité , dans sa rage aveugle de destruction. Dans l'antiquité les yogis ont découvert le secret que la conscience cosmique est intimement liée à la maîtrise du souffle. La force vitale ordinairement absorbée au cours de l'activité cardiaque doit être libérée en vue d'activités supérieures par une technique permettant d'apaiser le rythme chassant  des souffles . Quelques années plus tard en 1918, je me résolue à fonder une école où les jeunes garçons reçoivent une éducation complète à Ranchi à quelques trois cent kilomètres de Calcutta que je baptisai du nom de Brachacharya  Vidy à laya , les élèves apprenaient des méthodes yoguiques de concentration et de méditation ainsi qu'un système unique de développement  physique le Yogoda dont j'avais découvert les principes . L'Amérique ! ce fut ma première pensée lorsqu'une rapide vision se déroula devant les yeux de mon esprit plongé dans la méditation, la vision continuait, une foule me regardait intensément dans le champ de ma conscience; peu d'heures après ma vision, j'étais dans le train pour Calcutta et le lendemain je reçu l'invitation d'être délégué pour l'Inde au Congrès International  des Religions en Amérique qui se tiendrait cette année à Boston , j'étais anxieux je ne sais pas parler en public ! je n'ai rarement donné des conférences et jamais en anglais . En anglais ou pas tes paroles sur le yoga seront les bienvenus en Occident me répondit Guruji , le seigneur y pourvoira ! la veille de mon départ  pour les Etat Unis me trouva chez Srî Yukeswar  : " Oublie que tu es né parmi les Hindous , mais n'adopte pas pour autant toutes les manières des Américains; reste toujours ce que tu es , un enfant de Dieu il me bénit : Tous ceux qui t'aborderons avec foi , en cherchant  Dieu seront aidés , sous tes regards, le courant spirituel émanant de tes yeux pénètrera leur cerveau, transformant leurs habitudes matérielles et les rendant davantage conscient de Dieu . ta puissance sur les âmes sincères sera très grande partout ù tu iras, même dans les solitudes tu t'attirera des amis. Ces deux pronostics, se sont réalisés , arrivés seul en Amérique, sans un ami, j'ai trouvé des milliers d'âmes prête à recevoir l'enseignement millénaire du yoga. J'ai  quitté l'Inde en août 1920, grâce au généreux chèque de mon père, je pus rester en Amérique après la clôture du Congrès. En 1924 je traversais l'Amérique adressant la parole à des milliers d'auditeurs, tournée qui s'acheva par des vacances dans le Nord de l'Alaska . avec l'aide d'étudiants généreux, j'établis en 1925 mon quartier général du Domaine du Mont Washington, Los Angelès . Reviens dans l'Inde, je t'ai patiemment attendu pendant quinze ans, bientôt je vais quitter mon corps et voguer sur les eaux de l'Esprit, Yogânanda reviens! La voix du Srî Yukeswar résonnait au tréfond de mon être, tandis que je méditais. L'air béni de l'Inde, notre vapeur le Rajputana avait accosté le 22 août 1935, les amis m'accueillirent sur le quai avec des guirlandes. Puis je parcourus l'Inde et me rendit chez la femme yogi qui ne mange jamais, après de longues heures de route impraticable en voiture Giri Bala apparut à la porte de sa maison, petite, drapée de soie jaune d'or, elle avança modeste , hésitante à l'ombre de son voile de swadeshi , ses yeux brillaient comme des braises, son visage doux et bienveillant suggérait la réalisation divine ,le détachement total des biens de ce monde. Elle approcha humblement acceptant en silence de nous laisser prendre des photos et des films. La sainte s'assit jambes croisées, sur la véranda, tout en portant les marques de la vieillesse, elle n'était pas maigre, sa peau au teint olivâtre était claire et suggérait la santé. Dites moi Mère, est il vrai que vous vivez sans manger ? elle garda le silence, lorsqu'elle le rompit :" Depuis l'âge de douze ans et quatre mois jusqu'à ce jour  j'ai soixante huit ans c'est à dire près de cinquante six ans. Je n'avais que douze ans lorsque j'entrai dans la famille de mon époux, ma belle mère se moquait nuit et jour de ma gloutonnerie, c'était si pénible à endurer que mes facultés spirituelles se réveillèrent : Seigneur répétais je daigne m'envoyer un guru qui m'enseigne de vivre de ta Lumière et non de nourriture, je n'ai jamais eu d'enfants voici quelques années je suis veuve . Je dors très peu ,car pour moi, il n'y a pas de différence entre le sommeil et l'état de veille , je suis très peu sensible aux changements des saisons, aux températures , jamais je n'ai été malade; lorsqu'il m'arrive de me blesser, je ne sens presque pas la douleur . Je n'ai pas d'excrétions et peux contrôler la respiration et le battement de mon coeur. Mon guru  et d'autres grands prêtres m'apparaissent souvent dans les visions." Mère , demandais je pourquoi n'enseignez vous à personne l'art de vivre sans manger ". " je ne le peux pas, mon guru m'a expressément recommandé de ne pas divulguer mon secret, il ne veut pas contre carrer les plans divins de la création; les fermiers m'en voudraient à mort si j'enseignais aux hommes à vivre sans aliments ! Les beaux fruits de la terre pourriraient inutilement, il semble que la misère , la famine nous poussent à rechercher le sens véritable de la vie. Prouver que l'homme est Esprit, démontrer que l'ascencion divine apprends progressivement à vivre de Lumière éternelle et non pas d'aliments grossiers . La Sainte se réfugia dans un silence méditatif, son regard plongea au dedans d'elle même et les profonds miroirs de ses yeux devinrent inexpressifs; elle poussa un soupir particulier prélude à la transe exatique ou l'on n'a plus besoin de respirer. Pour un temps son âme s'évada vers le Royaume où toutes les questions sont superflues , où tout est béatitudes. Giri Bala , repris je lorsque la Sainte eut rouvert les yeux , donnez moi en souvenir un lambeau de l'un de vos saris ! Bientôt elle revint avec une grande pièce de soie de Bénarès aux mains et se prosterna devant moi , Mère , dis je avec vénération , laissez moi plutôt toucher vos pieds sacrés . L'hindouisme n'est pas une religion exclusive, il y a place en lui pour l'adoration de tous les prophètes du monde ; ce n'est pas une religion missionnaire. L'hindouisme enseigne aux hommes à adorer Dieu suivant leur propre croyance ou d'harma ( loi naturelles universelles permettant à l'homme d'échapper à la souffrance et à la dégradation ) Les guerres , les crimes ne paient les milliards de francs dispersés dans la fumée des explosions auraient suffit à bâtir un monde nouveau, presque entièrement affranchi des maladies ou en tout cas de la misère. Non plus une terre où règne , crainte, chaos, famine, pourriture et danse macabre, mais un vaste monde de paix, de prospérité, de connaissances sans cesse accrues. La voix de Gandhi, celle de la non violence, en appelle à la conscience supérieure de l'homme. Que de nations, scellent un pacte, non avec la mort mais avec la vie, non avec la destruction mais avec l'édification, non avec l'Annihilateur mais avec le Créateur. Le pardon est sacré, il préserve le monde dans son intégrité, la quiétude d'âme. Le pardon et la douceur sont les qualités de ceux qui ont acquis la maitrise de soi . Ils représentent la vertu éternelle. Je ne veux pas que l'Inde, grandisse sur les cendres des autres nations , je ne veux pas que l'Inde exploite un seul être humain . Les problèmes épineux de l'Inde nouvellement indépendante seront résolus par ces grands hommes que, de tout temps, elle n'a jamais manqué de produire .

 

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