En arrivant sur l'estive de l'Oule, Ferrasse avait senti l'odeur écœurante de la pourriture ; au premier coup d'œil il avait vaguement espérer se tromper, il avait alors plissé les yeux encore plus qu'à l'accoutumée pour filtrer la réalité et s'offrir un instant de paix supplémentaire. La brebis vivait encore, immobile, elle laissait échapper un faible bêlement, pas une plainte juste quelque chose qui ressemblait à de l'incompréhension de rester coincer entre deux rives. Il jura, mais à voix douce, en rage caressante pour maudire la mort et consoler la bête, souleva sa tête avec un geste tendre et contempla, hagard la tripe nue qui convoitait le soleil. C'était la Rousse, celle qu'il avait élevée au biberon et qui depuis lui collait au train en menant le reste du troupeau. Ferrasse regarda autour de lui, comme pour chercher une aide, un miracle, il n'y vit que les montagnes et l'aridité de sa solitude. Alors, sans cesser de traiter la mort de vieille putain, il tira son couteau, l'ouvrit d'une secousse , le porta à la gorge de la Rousse la plainte cessa; alors il retira la lame ensanglantée et se retourna vivement pour vomir, en s'essuyant la bouche, il vit les autres, toutes les autres éventrées, fracassées, massacrées, l'affaire n'était pas longue à comprendre, affolé par l'attaque d'un prédateur, le troupeau avait foncé sur un pic et les bêtes en panique étaient allées s'abîmer vingt mètres en dessous; puis le tueur avait paisiblement fait le tour par les ressauts herbeux, en avait étripé quelques unes et s'en était allé en laissant le surplus du festin. Eventrée, la Rousse avait attendu la libération de la mort ou la caresse du berger, les deux étaient arrivées en même temps. Alors peu à peu, un seul mot enchâssé dans les jurons, chassant les chiffres , comme le battant de la cloche sonnant le glas de la détresse: l'ours, l'ours, l'ours , la bouche amère , aux portes de Sarradeil, l'évidence était venue, claire, limpide, glacée : " Qu'il crève!" Depuis la tuerie du vallon de l'Oule, au Café de la Paix, on ne parlait que de guerre, et Germain le maire cherchait à calmer la colère, celle qui prend naissance dans la peur; chaque jour à l'heure de l'apéro, en bout de zinc, bien en vue, il brandissait des articles de journaux ou des courriers de la préfecture en disant:" On ne va pas se laisser faire!" souffles suspendus, on attendait qu'il en dise plus : "La préfecture a pris conscience du problème ...donc ils vont envoyer quelqu'un pour repérer la bête et prendre les dispositions nécessaires pour nous en débarrasser ! Mais quelqu'un qui ? Un flic ! A l'exclamation stupéfaite de l'assistance; il étendit les mains pour l'apaiser puis, prenant un air vaguement conspirateur, précisa : Un fonctionnaire de l'Office français de la biodiversité précisa- t'il pompeusement, un policier donc, un flic des petites fleurs et des blaireaux, mais un flic quand même," que voulez vous de toute façon, il faudra en passé par là pour se débarrasser de cette foutue bête ! "Deux mois à peine après l'attaque du troupeau de Ferrasse , le flic était arrivé à Sarradeil; personne ne l'avait vu approcher, parce que le taxi l'avait laissé avant le dernier virage et qu'il avait fini à pied. A vrai dire, personne ne s'était préparé à ça ni de près ni de loin. Du porteur d'uniforme il pouvait en venir autant que de cèpes en automne, en estafette, en moto ou même à pied . Des bleus de la gendarmerie, des verts comme ceux des forêts ou des gris comme celui là, même en civil si ça leur chantait; on savait y faire depuis longtemps dans la haute vallée et on connaissait les règles de l'accueil qui donnaient envie de repartir s'en faire de vagues. Mais ce que Sarradeil n'avait absolument pas prévu, c'était que le flic en question , celui qui viendrait d'au-delà du pont de l'Artiguas pour mettre la main sur le vieil ennemi, sur le tueur des estives, que ce flic là serait une femme. C'en était pourtant une, sans ambiguïté, une femme flic, comme le précisait l'écusson tricolore. Le silence disait maintenant la détresse qui ressassaient depuis deux mois la phrase définitive et assassine qu'ils comptaient servir à l'intrus en guise de bonjour. Elle n'en fut pas surprise, c'était même pour çà qu'elle était venue en tenu. La Corse, la Guyane ou les monts d'Arrée l'avait assez bien préparée aux Pyrénées . Quitte à se faire détester autant ne pas tourner autour du pot et jouer cartes sur table. Elle traversa s'en hâte, cette marée d'hommes , s'épargna une salutation à la cantonade et vint tout droit au bar; elle demanda une bière, Emma l'a servit , la policière but paisiblement s'en aucun mot ne s'échappe des cachots de méfiance où ils s'étaient enfermés. Puisqu'elle aimait le silence et que la bière était fraîche, elle en demanda une deuxième; alors seulement Emma la regarda tout entière, elle devait faire son mètre soixante dix, bien campée sur des jambes solides, des cheveux bruns et libres jusqu'aux épaules, un assez beau visage et des yeux verts. Ce ne fut d'abord qu'un brouhaha puis il y eut çà et là quelques mots clairs..." Il était temps quand même! ils n'avaient qu'à le lâcher au bois de Boulogne! "A vrai dire la policière n'écoutait pas, elle buvait lentement sa bière, ce genre d'accueil, c'était de la routine, puis ce n'était pas pour les hommes qu'elle était venue, c'était pour l' ours . Si elle avait pu choisir , elle aurait été un animal sauvage libre, elle avait senti cette évidence dès son premier affût, elle avait treize ans, un renard et elle s'était longuement observé, parfaitement immobiles, elle avait espérer un dialogue avec la bête, mais au premier mot l'animal avait fui. Ce fut une leçon: le monde sauvage était sans paroles, depuis elle était devenue une redoutable coureuse des bois, dormant dans des tanières et buvant au creux des sources. Mais c'est en renonçant aux gestes et aux verbes inutiles qu'elle avait véritablement trouvé sa part de nature. Elle y avait gagné une réputation de taciturne à l'œil sévère, grande connaisseuse des peuples des forêts. Sans l'avoir vraiment cherché, d'une opportunité à l'autre , elle s'était retrouvée à l'Office français de la biodiversité, flic en somme ; mais flic de la nature. Dans son service, on avait vite compris que ses talents pouvaient mieux être utilisés qu'à verbalisés les tireurs de perdreaux , elle était devenue une experte incontournable de la grande faune sauvage, capable de débusquer les plus discrets des loups du Mercantour ou de suivre à la trace un lynx sans que ce dernier n'en sache rien. Voilà pourquoi elle était là, à boire une bière au Café de la Paix de Sarradeil : pour savoir ou se planquait un ours multirécidiviste l'animal rôdait dans la vallée, mais personne n'était fichu de le retrouver. il restait une gorgée de bière au fond du verre quand une phrase dépassa toutes les autres; " Moi si je le vois, je le bute ! " C'est là qu'elle avait posé son verre d'un geste un peu brusque et que, du coup le silence était revenu. Elle avait alors dit, fermement, clairement s'en se retourner Chiche! Elle à dit Chiche! elle nous a provoqués! C'était Faurassin, l'adjoint à l'assainissement qui avait résumé le problème à sa manière. Putain Germain je suis sûr qu'elle est pour ! çà va aller pour une fois que la préfecture nous à pas roulés dans la farine; la fille est là pour faire capturer l'ours, une fois qu'elle l'aura repéré, des types du gouvernement, l'endormirons et l'embarquerons. Le vieux Vineaux balança, goguenard " T'as qu'à croire !Une bonne femme pour choper l'ours...Et mes brebis , brailla t-il est ce qu'il les a endormies avant de les tuer ? Putain il les a éventrées ,Germain n'aimait pas la tournure que prenaient les choses notamment depuis que Ferrasse avait perdu son troupeau. Avant quand les prédations touchaient une vallée ou l'autre, on y faisait: portés par les manifestations des éleveurs, des élus étaient reçu à la préfecture et en revenaient avec quelques promesses et un dossier d'indemnisation. Mais il y avait eu le carnage sur l'estive de l'Oule et la presse régionale et nationale s'était jeter sur cet os à ronger. Toutes les caméras s'étaient tournées vers le berger pleurant ses bêtes et maintenant il semblait bien que la tête lui tournait. Le vieux Frayche du Roumegou dit : "Et s'il l'enlève , on n'aura plus d'indemnisations ! Tout le monde regarda ses godasses, au fond d'eux, tous savaient bien que l'ours avait bon dos et qu'avant lui, on avait eu aussi des bêtes mortes : les chiens, les orages et la malchance prenaient leurs parts chaque année. En ce temps là il fallait se débrouiller, tenter le coup sur les assurances et le plus souvent se serrer la ceinture. Puis l'ours était venu et on leur avait annoncer qu'on paierait les dégâts. C'était vrai en cas d'attaque , des techniciens du gouvernement venaient , observaient, faisaient des relevés décidaient si oui ou non l'ours était dans le coup et allongeaient des sous sans trop faire d'histoires . Ca payait plutôt bien la misère. Les premiers jours, la garde était partie avant l'aube et n'était revenue qu'à la nuit toute crottée de montagne glaiseuse . Mais après une semaine de course harassantes , elle avait été obligée d'admettre que la partie serait rude. Taillé à la perpendiculaire de la vallée principale et bien en dessous du village qui s'accrochait au versant ensoleillé, le ravin de l'Astériale , un torrent tumultueux avait terminé le travail et y coulait encore, étranglés par deux versants boisés que la pente rendait peu à peu inaccessible ; c'était pourtant là que quelques anciens à l'âme folle avaient taillé un chemin pour aller domestiquer le cours d'eau et y placer un moulin, trois maisons s'y étaient ajoutées au cours des siècles et cela avait donné un vague hameau où vivaient de nombreux fantômes, une colonie de chauve-souris, douze brebis et une vieille femme. La Vieille de l'Astériale était toujours vêtue de noir ; elle et son hameau vieillissaient ensemble à l'abri du monde. Cà et là , entre fougères et ronces, on devinait de puissantes lauzes qu'avaient du faire le pavage aux temps heureux du moulin mais la plupart du temps une boue collante y attendait le pèlerin égaré; on y allait ainsi , un peu à l'aveugle s'attendant à chaque pas à repartir en arrière. Pourtant, tout d'un coup, sans crier gare, il échappait à la forêt et débouchait sur un pré parfaitement entretenu par les brebis de la Vieille . Si les bêtes s'y trouvaient placides et broutantes, nulle barrière pour les contraindre : l'ancêtre était là et son chien veillait, elle ne fit aucun bruit, et une fois à la lisière ne bougea pas d'un cil, mais pourtant le chien la repéra, et gronda . Asha fit un pas de plus pour se mettre dans la lumière et salua de la main, la Vieille ne releva pas la tête et continua la mécanique bien huilée de son tricotage. elle dit simplement : Couche toi ! Et le chien fut renard tapi dans l'herbe , immobile, l'œil fixe et les oreilles dressées. "Je suis désolée de vous déranger, c'était des mots de convenance, clairement posés là pour entrer en contact. Alors seulement la Vieille releva la tête, regarda longuement la nouvelle venue, jaugea l'allure et l'uniforme , puis laissa tomber paisible : Il n'y a pas de dérangement" " Je suis envoyé par le gouvernement pour essayer de localiser l'ours qui à fait une attaque sur l'estive de l'Oule; elle est grande la vallée, elle est belle surtout ici j'aime beaucoup. La Vieille tira sur un brin de laine revêche et troubla à son tour le silence; votre gouvernement il lui veut quoi à l'ours ? Le gouvernement ne veut pas qu'il soit tué . Viens fille assied toi. Alors l'ancêtre parla . Autrefois il y avait des ours ici du temps de mon père , de mes vingt ans, pas beaucoup ces bêtes là, il leur faut de la place et ça n'aime pas vivre en groupe; ça vit seul, ça traîne, ça rôde, ça ne fait rien de bon; avec ses grosses pattes il chaparde les fruits des vergers, le nid des ruches et parfois les brebis. Les hommes n'aiment pas l'ours, ils n'en veulent pas, ils n'en ont jamais voulu , voilà ce qui te faut dire à ton gouvernement, ma fille et leur dire qu'il à du partir bien loin, ça marche ces bêtes là ! Et vous ?vous l'aimez ?L'ours ne mange pas mes brebis, alors je n'ai rien contre lui .Alors oui autrefois on disait qu'une femme avait aimé un ours , et que de cet ours elle avait eu un fils ,elle lui raconta le périple de Jean de l'Ours. Mais finalement ce conte sans âge affirmait tranquillement que les hommes de la montagne reconnaissaient l'ours comme un ancêtre, leur vieux père sauvage. C'est un sauvage, eux qui ont mis tant de siècle à être des hommes, ils ne veulent pas de ce père là, ils craignent pour leurs femmes, voilà je te l'ai dit! Cet ours a pris une femme, il peut en prendre d'autres et ils le savent; elle rangea prestement son tricot, se leva épousseta sa robe et saisit son bâton. "S'il est allé à l'Oule, tu le trouvera là haut, où alors il sera parti de l'autre côté des montagnes; mais pas à l'Astériale çà non !" cette fois elle avait crié comme pour insulter le ciel, elle était déjà loin, dos voûté ,pied sûr. Elle eut un coup au coeur, une excitation de prédateur, puis rapidement observa les alentours, pas de trace nette au sol , mais bien assez d'indice pour être certaine que la bête était venue; au-delà, la piste filait tout droit dans la pente, vers l'Astériale nota t'-elle mentalement; comment avait elle louper ces indices à l'aller, où justement elle regardait avec attention, l'ours était passé entre temps , elle eut un frisson délicieux et murmura pour elle " Je te tiens vieux père" le jour s'en allait il allait faire sombre dans ce vallon encaissé, elle retourna au bord du chemin, préleva les poils coincés dans l'arbre puis remonta d'un pas rapide vers Sarradeil. "Je l'ai vu !" Tous avaient lâché leur verre, "Mais enfin Lajacques ! tu ne l'as jamais vu l'ours comment peux tu être sûr que c'est lui ! Je l'ai vu avec mes yeux et puis je l'ai vu avec ma peur ! C''était où petit, c'était où ? Je suis allé à l'Astériale, bon enfin, j'y suis allé pas par le chemin, je suis arrivé dans la ravine au-dessus du moulin, et puis là j'ai vu la Vieille , elle était seule , il n'y avait même pas son chien, appuyée sur son bâton comme si elle attendait quelqu'un. Il est arrivé du côté des rochers, il a flairé l'air et il a regardé la Vieille en roulant des épaules, la Vieille a commencé à lui parler, sans crier tranquillement, puis elle chantait, alors il a commencé à se balancer des épaules, il balançait aussi la tête en avant et à pousser des grognements et comme la Vieille s'approchait, il s'est levé sur ses pattes de derrières et là il a commencé à danser. Silence absolu dans le café, yeux ronds, bouches ouvertes, alors tous le crurent et l'un murmura blême: " Comme les montreurs d'ours ..." Tous à un moment où a un autre par leurs chemins secrets, ils étaient allés consulter la Vieille, tous à un mauvais tournant de leur vie, l'avait suppliée de leur donné une tisane , une formule à répéter, tous y était allés leurs nuits de lune noire et tous au soleil de la bienpensante , la traitaient de sorcière et de folle , tous, mais voilà qu'elle faisait danser l'ours ! Comment oser le tuer, si elle dansait avec lui . J'irai moi ! Ferrasse était debout, ce fut soudain la course folle éperdue , tous les guerriers de Sarradeil cavalaient derrière Ferrasse pour l'empêcher de faire l'irréparable. "Asha vite "dit Emma en quelques mots désordonnés , le souffle court , elle lui fit le récit de Lajacques, "calme toi c'est parfaitement impossible, je connais assez les ours pour te dire que jamais l'un deux, je veux dire à l'état sauvage, n'ira s'approcher d'un humain qui lui pousserait la chansonnette." "Tu connais les animaux, mais moi je connais mes hommes et là je peux t'assurer que Lajacques n'a pas menti." Asha courut à perdre haleine sur la terre détrempée à l'Astériale "Entre fille il y a du feu, elle lui dit que les hommes montaient pour tuer l'ours ; alors si tout le monde veut qu'il disparaisse, il vaut mieux que ce soit avec moi. tout tournait autour d'Asha, elle était absolument incapable de se lever, sa voix était terriblement faible. "Comment? Mais de quoi parlez vous ?et pourquoi je me sens comme ça ? Que m'avez vous fait ?" La vieille souriait avec douceur, "j'ai pris ta main voilà tout. Je vais l'inviter à une dernière danse." Avant que le chemin ne descende plus franchement Lajacques se figea comme un chien d'arrêt, il viendra de là , on le verra ; c'était un éperon rocheux qui s'avançait dans le vallon comme une proue de navire. Et là , groupés, serrés, blottis les uns contre les autres, ils virent : pas un n'aurait su dire comment elle était vêtu, ses cheveux gris étaient libres et le vent y dessinait des arabesques étranges, elle regarda vers eux et instinctivement ils se tassèrent sur la roche . Ce fut d'abord un frémissement de branches basses, puis une coulée discrète dans les genêts et enfin une masse sombre, il resta là immobile presque imperceptible dans le paysage . Tous deux partagèrent le bruissant silence de la montagne, comme s'il fallait que chacun se fasse à la présence de l'autre, puis elle se mit à lui parler, les hommes écoutèrent de toutes leurs forces, mais il n'y eu que le vent, le ciel et l'ours qui surent ce qu'elle disait. Et lentement , très lentement, roulant de ses énormes épaules, avançait le museau, flairant, grognant, il vint à elle sans qu'elle ne cesse de lui parler. C'est là qu'elle se mit à chanter, la bête secoua deux ou trois fois la tête et les épaules , puis leva ses pattes arrières ; sans hâte, sans cesser de chanter , elle porta les mains à son corsage et en tira un objet : C'était un large poignard, elle le serra contre sa poitrine pointe en avant, puis en chantant plus fort encore, sa voix allait dans les aigus furieux, elle s'en fut en deux pas vifs se blottir contre lui. Alors le vieux roi resserra ses lourdes pattes sur elle et vint s'empaler dans la lame au plus profond de leur chant commun . D'un même mouvement, ils s'affaissèrent sur l'herbe et leurs corps n'en firent qu'un . Elle l'a planté, elle a tué l'ours ! on ne pourrait mieux dire .De ses bras maigres la Vieille avait ouvert le coeur de l'ours, lui de ses pattes puissantes, l'avait entraînée dans la mort en la broyant toute entière. Germain observa le visage de la Vieille, ses yeux étaient fermés, elle souriait il lui sembla que l'ours aussi et il en fut profondément troublé.